TEXTES CRÉOLES ANCIENS

 

              Le corpus regroupe une soixantaine de textes anciens en créole, écrits entre 1721 (date du début de la colonisation française à Maurice) et 1929. Cet ensemble comprend entre autres des extraits de récits de voyage, des témoignages de procès judiciaires, des contes, des poèmes, des proverbes, des devinettes ritualisées (sirandanes), des chansons, des annonces de journaux (Le Mauricien, Le Cernéen, L’Albion, L’Essor, etc.). Contrairement à d’autres territoires, la grande majorité des textes ont été écrits par des locaux qui auraient acquis le créole dans leur enfance, que cette langue fut ou non celle qu’ils utilisaient pour s’adresser à leurs parents.

 

1734 Chaudenson 1734 : 77
1749 Grant
1769 Bernardin de St Pierre
1777 Chaudenson 1981:78
1778 Chaudenson 1981:78
1779 Chaudenson 1981:78
1784 Chaudenson 1981:78
1793 Mauritius Archives
1802 Milbert 1812
1805 Pitot 1805
1816 Le Brun 1816
1818a Freycinet 1827:407-11
1818b Chrestien (Freycinet 1827:411-12)
1818c Freycinet 1827:403-06
1818d British Parliamentary Papers
1822a Colonial Office
1822b Chrestien 1822 (1831: 5-26)
1823 Scarr XXX
1828 Lambert 1828

1830 Vicars 1830
1831 Chrestien 1831
1832a Chrestien 1838-1839
1832b Le Cernéen 18 mai 1832
1835 Nicolay 1835
1837 Maure 1840
1839a Le Cernéen 1 janvier 1839
1839b Le Cernéen 3 janvier 1839
1839c Le Cernéen 4 janvier 1839
1839d Le Cernéen 5 février 1839
1839e Le Cernéen 4 avril 1839
1839f Le Cernéen 9 avril 1839
1839g Chrestien ( Le Cernéen 18 avril 1839)
1839h Le Cernéen 11 juillet 1839
1839i Le Cernéen 7 mai 1839
1840a Lloyd 1840
1840b Le Cernéen 3 octobre 1840
1846 cirandane çanpéc 1846
1850 Zistoire Moucié Caraba 
1855a Lolliot

1855b Le Mauricien 21 avril 1855
1855c Le Mauricien 24 avril 1855
1855d Le Mauricien 26 avril 1855
1855e Le Mauricien 25 mai 1855
1855f Le Mauricien 28 mai 1855
1855g Le Mauricien 27 juillet 1855
1855h Le Mauricien 1 août 1855
1855i Le Mauricien 9 août 1855
1855j Le Mauricien 28 septembre 1855
1860 de Chazal 1860
1865 Pitot H.
1867 Descroizilles 1867
1880 Baissac 1880
1885 Anderson 1885
1888 Baissac 1888
1888 Baissac Cirandanes 1888

1892 Antelme 1892
1897 L'Albion 17 décembre 1897
1920a Leoville L'Homme
1920b Decotter 1920
1925 Soulsobontemps 1925
1929 L'Essor 15 novembre 1929

 

 

 

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1734 : Affaire Pierrot ; coups et blessures (Archives nationales de l'Ile Maurice, JB 1, fol. 1, 26-3, 1734).

 

« Il auroit aperçu un noir qui estoit blessé et qui lui auroit dit <CM>moy fini mouri</CM>, … et le dit enfant fu <CM>sakabar</CM> ».

 

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Letters from Mauritius in the eighteen century by Grant, Baron de Vaux

(Mauritius, 1886)

 

p: 166

 

letter dated June 1749

 

… they will direct their hand to the point where it lies and exclaim, in their corrupted French,

 

<CM>ça blanc là li beaucoup malin ; li couri beaucoup dans la mer là haut ; mais madagascar li là</CM>

 

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1769 Bernardin de St Pierre

 

Voyage à l'Ile de France (publié en 1773)

 

 « Le patron me dit dans son mauvais patois :

 

« <CM>ça n'a pas bon, Monsié</CM> ».

 

Je lui demandai s'il y avoit quelque danger, il me répondit :

 

« <CM>Si nous n'a pas gagné malheur, ça bon</CM> » (I, 257) 

 

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1777 Chaudenson 1981:78

 

1777 : Affaire du Chevalier de la Poëze (Archives mauriciennes, JB 29) :

 

« Ayant demandé à ce noir pourquoi il inquiétait cette négresse, le noir lui répondit :

 

<CM>quesque cela te fout, moi voulé baiser ly</CM> ».

 

 « Ce noir se sentant frappé lui dit en le menaçant du poing

 

<CM>pourquoy toi battre moi qui toi faire moi</CM> ».

« <CM>Toi va paye moi ça</CM>, avance si tu l'oses ».

« Viens si tu es <CM>capable qui toi faire toi battre moi</CM> ».

« <CM>Qui toi vouler faire moi, Battre si toi oser</CM> ».

« <CM>Moi voulé baiser ça négresse là</CM> ».

 

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1778 Chaudenson 1981:78

 

1778 : Interrogatoire de Louis, esclave (Arch. Maur., JB 29) :

 

            « A répondu que <CM>jamais, mentir n'a pas bon</CM> ».

 

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1779 Chaudenson 1981:78

 

1779 : Affaire La Douceur (Arch. Maur., JB 33) :

 

«  - A répondu <CM>Pardonne moy, Monsieur, moy n'apa été batté ça Blanc là</CM> ».

 

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1784 Chaudenson 1981:78

 

1784 : Affaire Rouillon (Arch. Maur., JB 42) :

 

Réponse d'une esclave à son maître qui lui reprochait sa paresse :

« <CM>Moi vieux, Monsieur, Moi malade, vendez moi ».

« Moi faire bien et vous battez mon corps</CM> ».

 

Le maître après la mort de la femme s'adresse en créole à son mari :

« <CM>Papa, votre femme fini mort, moi tué ly</CM> ».

 

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Archives 1793

 

29 janvier 1793 : JB 78

 

<CM> qu'il ne vouloir  pas avoir la guerre avec lui (…) 

 

ah mondieu tirez cet homme

 

moi n'a pas vouler la guerre avec camarade</CM>

 

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1802 Milbert 1812

 

in Chaudenson 1981 : 85

 

 - [A propos des singes] :

 

 « <CM>Ca petit di monde là n'a pas voulé palé pour na pas travail</CM> » (I, 240-1)

 

-        [Réponse d'un esclave à qui l'on demande s'il n'est pas fatigué] : « <CM>Monsié, pas di tout, répondit-il, moi venir voir femme à moi</CM> » (I, 271)

 

-        « J'ai plus d'une fois entendu, dans le port, les nègres appeler nos matelots « <CM>ça li nègre blanc</CM> »

 

-        «  Je lui demandai des indications en l'appelant « <CM>papa</CM> » (c'est le nom qu'on donne généralement aux noirs esclaves, de même qu'on appelle maman les négresses privées de liberté) : « <CM>Moussié</CM>, répondit-il, <CM>moi n'est pas papa ; moi libre comme vous - même, comme moussié tel et tel</CM> » (II, 71)

 

-        [L'auteur s'est fait un voler un bouton de col en or que l'on retrouve après fouille dans l'anus d'un jeune esclave] « <CM>Ah ! moi voir comme li venir dans mon li qui ; quand maître avez zoté chimise, vous laissé si chaise, moi assisé disi, remué comme ça disi chaise, bouton li veni dans mon li qui</CM> » (II, 180-1).

 

Le dernier texte, le plus long, paraît d'une authenticité douteuse (« zoté », « si », « disi »), mais il n'est pas impossible que l'esclave au contact de son maître ait vu son propre système se modifier sous l'influence du français et par le désir du domestique d'imiter le parler du maître.

 

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1805 Pitot 1805

 

REFUTATION DU BERNARDIN DE St PIERRE

 

PAR THOMI PITOT

 

Page 372

 

Question.        <CM>Vous bien content, donc, Papa ? </CM>

Réponse.         <CM>Hé ! Hé ! pourquoi mô n'a pas content ? </CM>

Q.              <CM>Qui bon nouvelle donc faire vous content comme ca ? </CM>

R.              <CM>Ah ! ben oui ; mo connais nouvelle moi ; mô content comme ça même. </CM>

Q.              <CM>Où vous couri, papa ? </CM>

R.              <CM>Mô couri bitation, donc. </CM>

Q.              <CM>Vous maître li bon, hein papa ? </CM>

 

Page 373

 

R.              <CM>Ah ! hé !… oui, va, li bon même. </CM>

Q.              <CM>Vous n'a pas gagné coups de fouette ? </CM>

R.              <CM>Coups de fouette ? di mounde faire son zouvraze li gagne coups de fouette ? mô n'a pas volor, moi, mô n'a pas maron, pourquoi mô gagné coup de fouette ? </CM>

Q.              <CM>Vous gagné bien manzé, papa ? </CM>

R.              <CM>Mo gagné manioc, mo gagné maye</CM>.

Q.              <CM>Ça même ? </CM>

R.              <CM>Qui encore va gagné ? </CM>

Q.              <CM>Vous manzé maye sec, donc ? </CM>

R.              <CM>Non, va. </CM>

Q.              <CM>Qui manzé encore ? </CM>

R.              <CM>Ah ! bé ! mo ramasse brède à soir, mô n'a pas couri la pesse ? mô gagne posson, gagne sévrettes ; - mô n'a pas zardin donc ? mô gagne ziromon, bananes. </CM>

Q.              <CM>Mais, papa, vous n'a pas simise, donc, vous n'a pas kilotte ; n'a rien ? </CM>

R.              <CM>Si fait, dans mô case, y en a. </CM>

Q.              <CM>Qui donne vous ça ? </CM>

R.              <CM>Quequefois, m'sié li donné. Quequefois mô assété. </CM>

Q.             <CM> Où vous gagné l'argent pour asséter ? </CM>

R.              <CM>Hé ! Hé ! vendé cosson, vendé tabac, dimanse travaille pour di mounde. </CM>

Q.             <CM> Mais, papa, quand vous malade, qui soigné vous ? </CM>

R.              <CM>Ah ! hé ! n'a pas l'optal, n'a pas sourzin? </CM>

Q.              <CM>Vous, noir bitation, ou bien vous commandèr ? </CM>

R.              <CM>Mô noir bitation. </CM>

Q.              <CM>Vous n'a pas envi vini commandèr ? </CM>

R.              <CM>Ma foi, non : mô n'a pas bisoin ça, moi. </CM>

Q.              <CM>Papa, vous y en a femme, ou bien vous tout cèle ? </CM>

R.             <CM>Mo y en a femme. </CM>

Q.             <CM>Li zoli, vous femme ? </CM>

R.              <CM>Hé ! hé !… … ça blanc -là ? </CM>

Q.              <CM>Dire donc ; li zoli, hein ? </CM>

R.              <CM>Mô trouve li zoli, va. </CM>

Q.              <CM>Vous conné bon Dié, papa ? </CM>

R.              <CM>Hé ! hé ! mô n'a pas conné bon Dié pour blanc, moi : mô conné bon Dié qui dans mon paye. </CM>

Q.              <CM>Li bon ça bon Dié -là qui dans vous paye, hein ? </CM>

R.              <CM>… Y en ça qui bon, y en a ça qui mauvais. </CM>

Q.              <CM>Vous per ça bon Dié là qui mauvais ? </CM>

R.              <CM>Non, va : quand ça qui bon, li content moi, ça qui mauvais n'a pas capave faire moi di mal. </CM>

  

Page 374

 

Q.              <CM>Qui li va donné vous, ça bon Dié là qui bon ? </CM>

R.              <CM>Ah ! bé ! li na pas donné moi n'a rien ; li empesse moi gagné grand malher ; quand mo mort li faire moi arrive dans mo paye ? </CM>

Q.              <CM>Vous bien content, vous paye, donc papa ? </CM>

R.              <CM>Ah ! - … soûrement mo bien content. </CM>

Q.              <CM>Qui meyer, vous paye ou bien Maurice ? </CM>

R.              <CM>Hé ! … Maurice bon, mon paye li bon aussi …</CM>

Q.              <CM>Mais, papa, quand vous capave quitte Maurice pour alle dans vous paye, vous va allé ? </CM>

R.              <CM>Hé ! hé ! mô n'a pas pense ça, moi, qui mô va faire dans mô paye ? mô n'a pas saclave ? </CM>

Q.              <CM>Ah ! bin ; quand vous arrive dans vous paye, vous n'a pas libe donc ? </CM>

R.              <CM>Non va ; mô saclave la guerre ; quand mô arrive là ; zotte prend moi encore pour vendé moi. Quand mô fini mort, mô va allé dans mon paye, à v'là tout. </CM>

Q.              <CM>Comment zotte faire la guerre dans vous paye ? </CM>

R.              <CM>Hé ! missié, li tard, oui ; laisse mo allé. </CM>

Q.              <CM>Allons, bonsoir, papa. </CM>

R.              <CM>Ah ! ça, bonsoir, m'sier. </CM>

Q.              <CM>Bonsoir. </CM>

 

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Journal de Jean le Brun, 9 juillet 1816

 

Qu'est-ce donc qu'un veritable chrestien? La mère dit :

 

<CM>Nous n'a pas capables de dire vous ce que c'etait, mais nous connai que depuis que sautres allons entendre vous nous trouvons nos coeurs changès autrefois nous aimions valles courir aux comédies mais appresent nous trouvons quet chose qui dire n'a pas bon pour chretiens. Chretiens na pas preche contre dieu. Avant vous te vini, nous n'a pas connai [?] n'a rien sautres pretes na pas été instruire sautres, nous vivres comme bête. Mais au jour d'huit [sic] nous connai un petit peu. Nous connait nous sommes grands pecheurs, nous connaie avons besoin lagrace de dieu pour senger coeur, nous connai n'a pas baptême qui faire nous autres chretiens, oui avant nous te croire ça. Car mère dire nous ça nous été pauvre ingnorans na pas connai [?] na rien di tout nous té croire quand pauvre fini mort tout fini avec nous. </CM>

 

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Freycinet 1818 (publié en 1827)

 

LIVRE II. _ DU BRÉSIL A TIMOR INCLUSIVEMENT

 

nouveau langage a dû se régulariser ou conserver sa rudesse originelle, selon les idées et le degré de culture d'esprit de ceux qui le parlent. On distingue donc le créole mozambique de celui des noirs indiens, malais et malgaches, et plus encore du créole usité, par goût et par habitude, parmi les mûlatres et les personnes riches de l'île. Je donnerai un exemple de ceux de ces dialectes qui diffêrent le plus entre eux : tels sont le créole malgache et le créole des Européens, si je puis m'exprimer ainsi.

            Le premier morceau m'a été communiqué par M. Benomi Michel : j'ai cherché à le rendre intelligible au lecteur par une traduction très littérale, à laquelle j'ai joint quelques notes explicatives ; je regrette de n'avoir pu en faire disparoître certaines expressions choquantes ; mais elles tiennent absolument au genre.

 

LE CHASSEUR

CONTE EN LANGAGE CRÉOLE DE L'ILE-DE-FRANCE.

 

<CM>Acoute zaut' (1) mo parlé ! enne zour ça nous té (2) la sasse cerf grand-rivière. L'her solé lévé, mo pour alle prend mon poste au pavé ; mo passe dréte cote ça grand pié di-bois piant Aughiste conné là ; à v'la mo sivre la rivière pour saute l'aut' coté : mo ramasse enne tondre, mo guette li ; li encor fimé. Ah ah ! qui dou-monde qui té pass' là ! N'a pas nous zence ça, zaut' fait que lévé.

 

Aster (4) mo baisse en bas pié (5) frambouése ; comm' ça mo trouve la tarace. Comment dou-monde entré dans di-bois (6) en montant piti la-ravine là ! Mo dir non ! marron (7) même ça, fanigasse ! Parié noir madam Lissir, ça qui té couri (8) n'a pas lon-tems là. Mo sivré la tarace, mo sivré, mo sivré, sivré, mon fizi en bas mon le-bras ; mo marce comment ici comment ça ; gros pié di-bois di fer tombé là ; mo senti la fimé, mo dire : non, zaut' n'a pas loin ! mo faire dé pas, mo baisse en bas comme ça, mo trouve son la-caze, couvri ensembre (9) bacoua marron. Mo dire : non ! n'a pas comm' ça, asper (10) va ! Mo va alle dréte son la-porte même.

 

Mo marce, mo commence arrive (12) proce li même, a v'la mon li-pié marcé la haut (13) enne brance sec, li faire (14) cararaca ; hi-i-i-i-i-i, papa! comment (15) cerf, mo dir' vous ; our-r-r-r-r-r dans di-bois pa-pa-pa-pa-pa. Mo crié : « Arrête là, zanf ... ! » Li diré « Non va ! na pas toi la zourdi. Mo parti moi. « Comment ! to n'a pas sivré zaut' ! _ Bon ! to pense qui mo béte ! Bon morceau (17) dou-monde comm' ça, mo tou sel, mo all' taque zaut' : hé hé! laisse zaut' couri pito ! ''

 

Mo alle dans son boucan, mo trouve bon morceau la plime tanke (19), ensembre la peau batate, mo dir' vous ! La plime paye-en-qui, la paye maye en milon. Lon-tems zaut' té là ! Mo quitte là, mo sivre la rivière, touzour mo alle dans mon poste, mo tende comment dou-monde marce, tsiaka, tsiaka, tsiaka, tsiaka. Aster mo arrêté : mo trouve Marezanne, missié (20) Desfontaines là. Li vini, manami (21), farau (22), ensembre zipe guingan karikal, pariaka mi dans lé-rein; li arrive proce moi, mo dir' li : '' Où to allé, pit... ! '' Li n'a pas conné (23) qui li va fair encor ; li fini sézi (24) ! Aster li dir' moi : '' Ah ! mon dié, papa, mo dimande vous grâce ; mo va donne vous ça qui vous voulé ; laisse moi couri. _ Vouti (25) f … moi l'camp ! Qui mo fair toi moi ! '' Aster mo laisse li allé, mo dir' li : '' Couri''.

 

Mo sivré touzour sentié pour gagne dans mon poste. A v'la mo arrive bord la rivière là ; mo trouve ça vié noir Moudiawa (26), missié carrière là (27) ; li assize bien là haut roce (28), la pesse (29) madam-céré (30), fiou, fiou, fiou, fiou, fiou, fiou ; mo dir' li : '' To fini pri (31), papa ! _ Eh bien ! qui li va dire encore !'' Mo dir' li : '' Amene (31) to pagné ici. ''  Mo guette (32) là dans ; mo trouve bon zangui (33), camaron bon morceau, mo dir' vous ! Sifé va (34), zoudi là, mo va faire cari moi ; mo prend tout, mo mette dans mon boursac : mo laisse li ninque dé (37) piti madam-céré même ; apré li couri.

 

Mo arrive dans mon poste ; mo resté zousqu'à midi, mo n'a pas tendé (38) na rien ; apré mo tendé lé voix li-cien donné (39). Enne piti mament mo tendé cote (40) Bazile là bas, di-i-i-i-i ! Hé ! mo dir', là dans sa (41), va ! Aster, enne piti mament encore, dou-monde comm' ça, mo tou sel, mo all' taque zaut' : hé hé ! laisse zaut' couri pito ! '' Grand-Louis appelle moi; mo prend mon cimin (42), mo vini. </CM> 

 

Écoutez, vous autres, moi va parler! Un jour, comme cela, nous sommes allés à la chasse du cerf à la Grande-Rivière. A l'heure du soleil levant, moi allé pour prendre mon poste au pavé (au chemin); moi passé juste à côté de ce grand pied de bois puant (sorte d'arbre) qu'Auguste connaît là; et voilà moi suivre la rivière pour passer de l'autre côté;  moi ramasse un tondre (3); moi regarde lui; lui encore fumer. Ah ah! quelle personne a passé là! Ce ne sont pas de nos gens cela, eux autres ne font que de se lever.

Alors moi baisse sous un framboisier; de cette manière moi trouve la trace (empreinte des pieds). Comment quelqu'un seroit entré dans le bois en montant par cette petite ravine là ! Moi dire non ! ce doit être un noir marron cela, enfant de g… ! Je parie que c'est le noir de madame Lessur, celui qui s'est sauvé il n'y a pas long-temps. Moi suivre cette trace, je la suis, je la suis, je la suis, mon fusil sous mon bras ; moi marcher par-ci et par-là : un gros pied de bois de fer est là par terre ; moi sentir la fumée, moi dire : non, les autres ne sont pas loin ! Moi faire deux pas, moi baisse en dessous comme ça, j'apercois leur case, recouverte avec du vacoas (11) sauvage. Je dis : Non ! il n'en sera pas ainsi, attends, va ! Je vais aller droit à leur porte même.

            Je marche, je suis près de les atteindre; mais voilà que mon pied marche sur une branche sèche qui fait cararaca; hi-i-i-i-i-I (signe d'un prompt départ), papa! (16) comme un cerf, vous dis-je; our-r-r-r-r-r (signe d'une course rapide) dans le bois pa-pa-pa-pa-pa (bruit des pas précipités); je crie : « Arrête-là, j… f… ! » Eux dirent : « Non, va ! ce ne sera pas toi aujour-

d'hui.'' Je m'en vais moi. '' Comment (dit l'un des auditeurs), tu ne les as pas poursuivis ! __Bon ! penses-tu que je sois une bête ! Tant de personnes comme cela, moi tout seul, moi aller les attaquer. Hé hé ! laisse-les se sauver plutôt ! ''

            J'entre dans leur boucan (18) ; je trouve quantité de poils de tenrec, avec des pelures de patates, je vous l'assure ! des plumes de paille-en-cul, de la paille de maïs en meule. IL faut que les autres (ces gens), aient été là long-temp ! Je m'éloigne de là, je suis la rivière, toujours pour me rendre à mon poste ; j'entends comme quelqu'un qui marche, tsiaka, tsiaka, tsisaka, tsiaka (imitation du bruit que fait une personne qui marche sur des feuilles sèches). A cette heure je m'arrête : je trouve Marie-Jeanne, de ce M. Desfontaines. Elle vient, mon ami, requinquée, avec une jupe en guingan de Karikal, un paliacat autour des reins ; elle arrive près de moi, et je lui dis : « Où vas-tu, p… ! » Elle ne sait pas encore ce qu'elle doit faire ; elle reste stupéfaite ! Maintenant elle me dit : « Ah ! mon Dieu, papa, je vous demande grâce ; je vais vous donner ce que vous voudrez ; laissez - moi partir. __ Veux-tu me f… le camp ! Que ferois-je de toi,

Moi suivre toujours le sentier pour gagner mon poste. Voilà que j'arrive au bord de cette trivière là ; je trouve ce vieux noir, Moudiawa, de M.Carrière que vous connoissez ; il est assis à son aise sur une pierre, à la pêche des madame-céré ; fiou, fiou, fiou, fiou, fiou, fiou (imitation du bruit que fait la ligne quand on la jette dans l'eau). Je lui dis : « Te voilà pris, papa ! __Eh bien ! que va-t-il dire encore ! » Je lui dis : « Approche ton panier ici. » Je regarde dedans ; je trouve de bonnes anguilles, une grande quantité de camarons (35), je vous l'assure ! Oui, par ma foi, aujourd'hui même, je vais faire un cari (36), moi ; je prends tout, je le mets dans mon bissac : je ne lui laisse rien que deux petits madame-céré ; après quoi li s'enfuit.

            J'arrive à mon poste ; j'y reste jusqu'à midi sans rien entendre ; après j'entends la voix des chiens donner. Un petit moment après j'entends du côté de Bazile là-bas, di-i-i-i-i (imitation de l'explosion d'une arme à feu) ! Hé ! dis-je, celui-là est dans le sac, va ! Alors, un petit moment encore après, Grand-Louis m'appelle ; je me remets en route, et je reviens

 

(1)            <CM>Zaut'</CM> pour vous autres, ou les autres. <CM>Zaut'</CM>  signifie aussi parfois eux.

(2)            <CM></CM>, pour été, ou plutôt avons été.

(3)            <CM>Tondre</CM>, morceau de bois creusé, rempli de coton charbonné, qui sert d'amdou aux noirs.

(4)            <CM>Aster</CM>, à cette heure, alors, maintenant.

(5)            <CM>En bas pié</CM>, en bas du pied, dessous, sous.

(6)            <CM>Di-bois</CM> pour du bois. Ordinairement les noirs joignent notre article au substantif, et n'en font ainsi qu'un seul mot ; on en voit de fréquens exemples dans ce morceau : comme <CM>la-ravine</CM>, pour ravine ; <CM>le-bras</CM>, pour bras ; <CM>la-case</CM>, pour case, maison ; <CM>li-pied</CM>, pour pied, &c.

(7)            <CM>Marron</CM> signifie proprement sauvage. On donne ici ce nom aux nègres esclaves qui se sauvent de chez leur maître pour aller vivre dans les bois.

(8)           <CM>Couri</CM>, courir, partir, se sauver.

(9)           <CM>Ensembre</CM>, ensemble, avec.

(10)         <CM>Asper</CM>, espère, attends.

(11)         Feuille d'une sorte de palmier

(12)         <CM>Commence arrive</CM>, signifie j'arriverai bientôt, à l'instant.

(13)         <CM>La haut</CM>, sur, dessus.

(14)         <CM>Li faire</CM>, elle fait.

(15)         <CM>Comment</CM>, comme.

(16)         <CM>Papa</CM>. Nous n'avons pas en français l'équivalent de ce mot créole, qui signifie monsieur d'une classe inférieure; en pareil cas nous dirions mon garçon. Ce nom donné par un noir à un autre est toujours un signe de respect; il en est de même du mot maman pour les femmes.

(17)         <CM>Bon morceau</CM>, un grand nombre, une grande quantité.

(18)         Lieu où l'on fait la cuisine.

(19)         <CM>La plime tanke</CM>, mot à mot, la plume tanrec. Les noirs appellent indistinctement plumes, les poils, les cheveux et les plumes proprement dites.

(20)         <CM>Missié</CM>, monsieur.

(21)         <CM>Manami</CM>, mon ami.

(22)         <CM>Farau</CM>, élégant ; mais plutôt, requinqué.

(23)         <CM>Li n'a pas conné</CM>, elle ne connoît pas, elle ne sait pas.

(24)         <CM>Li fini sézi</CM> ; littéralement : elle est finie saisie, elle est saisie, stupéfaite, interdite.

(25)         <CM>Vouti</CM>, veux-tu.

(26)         <CM>Moudiawa</CM>, nom d'une caste particulière de noirs Mozambiques.

(27)         <CM></CM>, celui que vous connoissez. Plus haut on a : <CM>bord la rivière là</CM>, ce qui signifie, la rivière que vous connaissez, la rivière dont on a parlé déjà.

(28)         <CM>Bien</CM>, à son aise. <CM>La haut roce</CM>, sur une roche, une pierre.

(29)         <CM>La pesse</CM>, à la pêche.

(30)         <CM>Madame-céré</CM>, madame-céré, sorte de poisson ainsi nommé.

(31)         <CM>To fini pri</CM>, tu es pris, te voilà pris ; ou littéralement toi fini pris.

(32)         <CM>Amène</CM>, apporte.

(33)         <CM>Guette</CM>, regarder, jeter les yeux.

(34)         <CM>Zangui</CM>, anguille.

(35)         <CM>Camaron</CM>, sorte de crustacé.

(36)         <CM>Sifé va</CM>, pour si fait va ; oui, par ma foi.

(37)         <CM>Cari</CM>, sorte de ragoût de l'Inde fortement épicé.

(38)         <CM>Ninque dé</CM>, rien que deux.

(39)         <CM>Tendé</CM>, entendu. Na rien, il n'y a rien, rien.

(40)         <CM>Lé voix li-cien donné</CM>, la voix des chiens donner (terme de chasse).

(41)         <CM>Cote</CM>, du côté.

(42)         <CM>Là dans sa</CM>, celui-là est dans le sac.

 

</BODY>

 

 

 

 

 


 

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auteur=1818b_chrestien_(freycinet_1827:411-12)

</HEAD>

 

<BODY>

 

Chrestien 1818 (Freycinet 1827)

 

Page 411

 

Ce petit conte fait parfaitement connoître la nature des idées, la rudesse de langage, et la manière de raconter des noirs de pioche mozambiques. Le morceau suivant, d'une facture plus polie, d'un style aussi plus relevé, est tout bonnement l'imitation libre d'une des fables de  la Fontaine. L'auteur, M. François Chrétien, s'est essayé avec le même succès sur plusieurs autres morceaux du même genre, où, tout en conservant la naïveté de l'original, il a su l'exprimer sous une forme aussi agréable que nouvelle.

 

LE LIEVRE ET LA TORTUE (2)

 

FABLE TRADUITE EN CRÉOLE.

 

<CM>Ein' (3) torti avec lièvre été voulé (4) parié

Ein' zour qui va mié galoppé (5)

Pour arrivé drette (6) ein li-pié banane :

« Tout d'bon, maman (7) torti, vous y en a trop l'arzent (8),

»Vou l'esprit li maron dans milié la savanne (9).

»Avec moi là vous lité (10) à présent ! »

Dir' lièvre avec (11) torti qui coute li tranquille (12).

« N'a pas pèr mon zami (13) ; »

Torti répond' li,

»Vous, ça qui blancs appell' di-monde agile (14), </CM>

 

(1)           <CM>Cimin</CM>, chemin, route.

(2)            Je n'ai pas cru devoir donner ici le texte même de la fable qu'on a imitée et qui est universellement connue en France.

(3)            <CM>Ein'</CM>, pour <CM>eine</CM>, signifie une ; on doit prononcer ei-ne.

(4)            <CM>Été voulé</CM>, voulurent.

(5)            <CM>Mié galoppé</CM>, mieux galopper, marcher avec plus de vîtesse.

(6)            <CM>Drette</CM>, juste, en droite ligne.

(7)            <CM>Maman</CM> signifie madame, d'un rang inférieur. (Voyez la note 10, de la page 408.)

(8)            Vous avez trop d'argent.

(9)            Votre esprit est allé marron vers le milieu de la savanne, est décampée au milieu des champs.

(10)         <CM>Vous lité</CM>, vous voulez lutter.

(11)         <CM>Avec</CM>, à la.

(12)         Qui l'écoute tranquillement.

(13)         Je n'ai pas peur, mon ami.

(14)         Vous, ceux qui sont blancs, vous appellent gens (<CM>di-monde</CM>) agiles.

 

 

Page 412

 

» <CM>Moi porté mon la-caze, et li rèd' mon li-pié (1) ;

»Mais c'est égal, moi va parié,

»Moi connois comment va faire :

»Mésuré vous cimin ; chaquein' son l'esprit (2). »

Quand fini mesuré ; à v'la li té (3) parti.

P'tit papa Lièvr' crié - li : « Mon commère,

»Emmèn' (4) la gazett', prend gard' vous ennuyé !

»Quand vous trouvé galant, n'a pas besoin causé ;

»Quand mêm' couroupas (5), vou - p'tit frère (6),

»Passé vous à côté,

»Ou bien moi va gagné. »

Et p'tit papa lièvre amisé (7),

Cassé bouquet (8) pross' (9) la rivière,

Dans l'herbe frais (10) roulé, sauté,

Et torti-là touzours marcé.

Lièvre à la fin guetté (11)

Li voir torti dans bitte (12).

Li voulé galoppé (13) bien vite,

Mais son nation là trop tourdi (14),

Et li té perdé (15) son pari</CM>.

 

            Après un tel essai, il est permis de concevoir la possibilité de reproduire en créole un grand nombre de morceaux de notre littérature. Je

 

 

(1)            Moi porte ma maison, et lui roide mon pied.

(2)            Chacun a son esprit, ou, chacun voit les choses à sa manière.

(3)            <CM>Li té, elle été. Li</CM>, siginifie insdistinctement lui ou elle.

(4)            <CM>Emmen'</CM>, emportez.

(5)            <CM>Couroupas</CM>, limaçon.

(6)            <CM>Vous p'tit frère</CM>, votre petit frère. Il y a en effet quelque ressemblance grossière entre une tortue et un limaçon, chargés l'un et l'autre de  ce qu'on nomme vulgairement leur maison.

(7)            <CM>Amisé</CM>, s'amusoit.

(8)            <CM>Cassé bouquet</CM>, cueilloit des fleurs.

(9)            <CM>Pross'</CM>, proche de, au bord de.

(10)         <CM>Frais</CM>, fraîche.

(11)         <CM>Guetté</CM>, regarder.

(12)         <CM>Dans bitte</CM>, au but.

(13)         <CM>Galoppé</CM>, courir.

(14)         <CM>Li trop tourdi</CM>, est trop étourdie, trop légère.

<CM>Li té perdé</CM>, lui été perdu, il a perdu.

 

</BODY>

 

 


 

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auteur=1818c_freycinet_1827:403-06

</HEAD>

 

<BODY>

 

1818c Freycinet 1827:403-06

 

Historique volume 1, deuxième partie, livre 2. 

 

Page 403: 

 

"<CM>Chéga</CM>, ou plutôt <CM>Tchéga</CM>"

 

<CM>

Chéga de Magasin - Bon - Goût; Air mozambique

Chéga de Maman Jeanne; Air mozambique

Autre Chéga Mozambique

Quatrième Chéga Mozambique

Cari Lalo; Air malgache

 

Tamtam

</CM>

 

</BODY>


 

<HEAD>

auteur=1818d_british_parliamentary_papers

</HEAD>

 

<BODY>

 

1818d British Parliamentary Papers - Slave Trade vol 69 

 

-Further papers and communications relative to the slave trade at the Mauritius and Bourbon, and the Seychelles

 

p: 37

           <CM>moi n'a pas connais parler François, ni les autres non plus</CM>.

 

(P-Louis 7/8/1818)

signé Lahausse

 

p : 45

27/4/1818

 

J'atteste qu'ils parlent le langage créole bien, et mieux peut-être que certains de mes noirs de la même caste, dont je puis prouver l'existence dans la colonie depuis plus de vingt ans. D'ailleurs quand ils se trouvent beaucoup de noirs de même caste sur une habitation, ils se réunissent entr'eux, parlent leur langue et se bornent à apprendre du François ce qui tient à leurs besoins, et à ce qu'ils ont à demander [sic] à leurs maîtres, qui souvent encore pour les entendre ont besoin d'interprêtes pour comprendre de 10, 15 et 20 ans de colonies. Il suffit encore d'aller sur les habitations pour convaincre de ce que j'avance.

 

Signé Husson

 

DICt    Slave trade      v72      p179    Cure pipe        dates 3/9/1826

 

</BODY>

 

 

 


 

<HEAD>

auteur=1822a_colonial_office

</HEAD>

 

<BODY>

 

 

1822a Colonial Office                        CO167/64       Extracts from Trial of Ratsitatane

 

(various witnesses)    26 fev 1822

 

<CM>Anglais monte français restez. Dimain nous voulé la Guerre avec zotres pour Touyé vous</CM>.             F94

 

Sur quoi Brutus lui avait dit <CM>Si pas qui ça betise là et s'est en allé.</CM>

 

Le nommé Brutus a passé devant leur boutique et leur a dit en passant, vous ne savez pas vous autres que ça prince malgache qui au bagne fini sorti là haut montagne pour faire la Guerre, sans dire si c'était aux blancs ou aux noirs.   f 170

 

Lui a demandé ''<CM>hé bien qui ci ça</CM> et lui a dit <CM>c'est ça lé Roi malgache qui fini aller làhaut montagne qui z'autres guetter</CM> ; que Jupiter a repété <CM>qui bétise ça est ce qui moi capable quitter mon maître pour ça le Roi malgache là</CM>.        

f 175

 

27 fev

 

<CM>Lui Lapaix était marron bon à vini</CM>     f 210

 

A répondu <CM>Si vous peur laisse moi faire tout seul, moi capable avec Tonnerre</CM>       f 218

 

<CM>simbou</CM>  ((head pad))  f 223

 

<CM>langouty</CM>          f 352

 

</BODY>

 

 

 


 

<HEAD>

auteur=1822b_chrestien_1822_(1831:5-26)

</HEAD>

 

<BODY>

 

1822b Chrestien 1822 (1831: 5-26)

 

LES ESSAIS D'UN BOBRE AFRICAIN,

 

SECONDE EDITION,

 

Augmentée de près du double

 

ET DÉDIÉE

 

A MADAME BOREL JEUNE

 

PAR F. CHRESTIEN.

 

Ile Maurice

 

IMPRIMERIS DE G. DEROULLEDE & Co,

 

IMPRIMERIE DU GOUVERNEMENT

 

 

A Madame Borel jeune,

 

A TONNEINS.

 

 

Madame,

 

            Séparé de vous par l'immensité des mers et probablement pour jamais, mais toujours pénétré des marques de bonté et de bienveillance que, dans des tems malheureux passés, j'ai constamment trouvées tant auprès de vous qu'auprès de votre cher époux, mon bon et vieil ami, c'est sous vos auspices que j'ai osé faire paroître cette seconde édition de mes poésies créoles. Puissé-je, ainsi, par le patois naïf de nos heureux climats, rappeler dans votre mémoire les premières et douces années de la vie et exciter un instant ce pur sourire que le cœur accorde, si volontiers, aux souvenirs de la patrie ; puisse surtout ce bien faible hommage vous prouver les sentiments inaltérables de respect et d'attachement avec lesquels je suis,

 

Madame,

 

Votre très obéissant et très-affectionné serviteur et ami,

 

F. CHRÉTIEN.  

 

Port-Louis, Ile Maurice, le 15 Août 1831.

Page 4

 

A mes amis

 

*

Air : Braves de la Germanie, &.

 

Mes amis, de la tristesse

Le penchant n'est pas heureux,

Gardons plutôt la sagesse

De nos gais et bons aïeux ;

Et, conjurant de la vie,

Les chagrins et les soucis

Puisez un grain de folie

Dans le gaulois du pays.

 

*

 

De cette courte préface

Il ne faut pas augurer

Qu'aux couronnes du Parnasse

Mon dessein soit d'aspirer ;

Mais du Temps la voix sévère

Peint mon avenir fâcheux !

Et je veux au moins vous faire

Un peu gaîment mes adieux.

 

F. CHRESTIEN

 

 

 

Page 5

 

LES ESSAIS D'UN BOBRE AFRICAIN.

 

 

L'amant malheureux.

 

Air : Du Bastring.

 

<CM>Vous n'a pas voulé content moi

Zène fille, zène fille !

Vous n'a pas voulé content moi

Zène fille parlé - moi pourquoi ? </CM>

 

Mineur.

 

<CM>Tous les zours dé ç’tems mon berloque

Moi donné vous la viand' salé

Zanana, cate-cate manioc

Cari poisson, mais grillé !

            Encor vous n'a pas content moi

            Zène fille, zène fille

            Encor vous n'a pas content moi

            Zène fille parlé - moi pourquoi ?

Bonne-année moi donn' vous la harde

Moi soizir ça qui plis zoli

Dans boutiq' touzours moi prends garde

Ça qui fair content vous l'esprit !

 

Encor vous n'a pas content moi, &a.

 

 

Quand di-vent cassé vou la-caze

Dé c'tems l'ouragan arrivé

Quand y en-a trou dans vou - faitaze

Dir'moi qui c'ella va boucé ? </CM>

 

 

Page 6

 

<CM>Encor vous n'a pas content moi, &a.

 

Quand moi n'a pas soin vou - marmitte

Dir' moi comment vous vini gras

Vous connais galoppé bien vite

Quand y en-a bouillon couroupas ?

 

            Encor vous n'a pas content moi, &a.

 

A soir quand dansé dans la-case

Vous té voir mon lé-rein lassé ?

Vous connais bien dans badinaze

Zamais-là mon bobre arrêté !

 

Encor vous n'a pas content moi

            Zène fille, zène fille !

            Encor vous n'a pas content moi

            Zène fille parlé - moi pourquoi ? </CM>

 


 

 

 

 

Page 7

 

Le scrupuleux

 

Air : De Paul & Virginie.

 

<CM>Dir' moi donc ça qui faut faire

Bon-Dié comment moi souffri !

Moi trop content mon commère</CM>          }bis

<CM>Et faut pas moi son mari,

Tout ça fair' moi tourné la tête,

Si-pas qui coté mon l'esprit ;

L'Amour va fair' moi vini bête !..

Donn' moi boir' pour moi tourdi.. </CM>      bis

 

<CM>Zour qui nou té fair' batême

Moi dir' vous li té zoli !

A forç' moi content li-même

Mon li-zié colle avec li

Li té sanzé comment mamz'elle

Ein' riban rouz' peignoir à pli

Encor' qui té garni dentelle !..

Donn' moi boir' pour blié-li..

 

Quand nous sorti dans l'Eglize

Tout blancs guetté nous passé.

Comme cett' fille est bien mise

Comm' ça mêm' zaut té parlé

Moi té comment tambour mazore

Moi n'a pas voulé parle encore !..

Donn' moi boir' pour blié-li.. </CM>

 

*

 

page 8

 

LE MARTIN ET LE SINGE

 

FABLE

 

<CM>Moussié Martin ein' zour là-haut di-bois

Dans son la-bousse eté gard' ein' bibasse ;

Comper' Zaco par là rodé quéqu'fois

Ça zour-là même été vini là-sasse,

Li trouv' Martin : “Salam donc mon zami

“ Comment vous - là zoli zourdi,

“ Qui c'ella frotté vou - l'habit

“ Moi parié vous va fair' mariaze

“ Ou bien vous va dansé dans pitit badinaze ;

“ Ma foi si vou - la-voix bell' comment vous - faro

“ Zaut' n'a pas largué vous sitôt ! ”

Martin avalé ça comment dir' confitire,

Li vir son li-zié, li dress' son figuire,

Ein' coup là li voulé çanté,

La bousse - ouvert bibass' tombé,

Comper' Zaco li ramassé :

Merci, coco, ça-mêm' moi té voulé :

Tendé pourtant encore ein' mon parole,

Vous vié.. mais vous besoin l'école !

“ Ça qui son la-bouss' li trop doux

«  Ein' zour li capabl' trompé vous ”

Bonzour, papa, bibass' li goût !.. </CM>

 

*

 

page 9

 

L'IVROGNE

 

Air : Plus on est de fous, &a.

 

<CM>Zanot toi fair' moi trop misère

Tou l'arack va rendé toi fou,

Moi n'a plis connais ton manière

A-v'la qui tous les soirs toi soûl ?

Moi vé - pas souffri d'avantaze

A la fin moi va prend galant

Et si toi n'a pas vini saze

Moi fair' toi coqui</CM> (bis) <CM>comment blanc</CM> (ter.)

 

<CM>Moi lassé coudre ton cimize

Oui, ça trop fort en vérité

Dans bazard, dans camp, cot' l'églize,

Faut qui toi la guer' la zourné ?

Moi vé pas souffri d'avantaze, &a.

 

Dir' moi donc quand nous dans la ville

Si di-mond' n'a pas va honté

Aulier toi sivre moi tranquile

Comment soldats toi balancé ?

Moi vé pas souffri d'avantage, &a.

 

Toi connais rien qui la-cantine

Tout ton commissions toi manqué

Mais çimin cot' moussié Périne

Ça zamais toi n'a pas blié

Moi vé pas souffri d'avantage, &a.

 

Quand toi té boir comment barique

Toi vini dormi côté moi,

Toi ronflé comment la-mizique</CM>

 

 

Page 10

 

<CM>Est-c' qui toi pensé moi di-bois ?

Moi vé pas souffri d'avantaze

A la fin moi va prend galant

Et si toi n'a pas vini saze

Moi fair' toi coqui</CM> (bis) <CM>comment blanc</CM> (ter.)

 

 

LE JALOUX

 

Air : Je veux être un chien, à coup de pieds, &a.

 

<CM>Ensemble mon frèr' Sans-Façon

A soir nous té conduir' Lison

Ça n'a pas difficil' pour croire ?

A v'là quein' sacré l'africain

En passant attrap' son la-main</CM>.

 

            (On parle.) <CM>Eh ! papa soldat, quand même la plime poule dans vou - sapeau, avec grand couteau amare dans vou - lé-rein, moi n'a pas pér vous, si vous connois ? ça femme-là pour moi tout sel' moi n'a pas la mode malgace.. vous tendez ? </CM>

 

(Continuation de l'air.)

 

<CM>Moi dir' li fant-d'cien

A coup d'pieds à coup d'poings

Moi cass' ton la-guél dans ton maçoire ?

 

Comm' nous la gorze été gratté

Dans ein' la-cantin' nous rentré

Ça n'a pas difficil' pour croire

Garçon qui té vidé flacon

Fair' li-zié doux avec Lison ? </CM>

 

(On parle.) <CM>Mon zami, fair' vou - louvraze tranquille hem ?. vous - maître n'a pas mette - vous là pour guetté les filles ?..

 

Moi dir' li fant-d'cien

A coup d'pieds, &a. </CM>

 

 

Page 11

 

<CM>V'la qui nous commencé lassé

Avec Lison nous assisé !

Ça n'a pas difficil' pour croire ?

Ein' noir à-bord qui té passé

Tout-iniment tir' son condé ?.. </CM>

 

(On parle.).. <CM>Papa matelot doucement vous in-pé, ça n'a pas goudron pour vous manié !

 

 

Moi dir' li fant-d'cien

A coup d'pieds &a,

Comment nous té passé bazard

Nous - dé marcé en bas l'hangard

Ça n'a pas difficil' pour croire ?

Moi voir' dans noir ein' vié maman

Avec Lison parl' tout douç'ment. </CM>

 

            (On parle.) <CM>N'a pas ça, maman - gâteau, vende vou - marçandise mais n'a pas besoin montre l'esprit mon femme, moi n'a pas content ça ?

 

Moi dir' li fant-d'çien

A coup d'pieds à coup de poings

Moi cass' ton la-guél dans ton maçoire ! </CM>

 

 

LE GRILLOT & LA FOURMI

 

FABLE

 

<CM>Comper' Grillot qui dans son la-saison

A-soir çanté conmment violon,

Quand lé-temps frais fair' fermé son la-caze

Son la-voix n'a plis fair' tapaze

La-bouss' li sec, bon-tems fini,

Vivres n'a pas., n'a pas maïs,

Li couri voir madam' fourmi : </CM>

 

Page 12

 

<CM>“ Salam, donc mon commère !

“ Ça qui ein' femm' … son pitit magazin

“ Quand mêm' vidé ; toujours li plein ;

“ Mais dir' moi donc comment vous faire ?

'' Ensemble vous, moi voulé fair' zaffair :

“ Prête avec moi morceau du riz ?

“ Quand soleil fini tourné dans la plaine

            “ Moi va vini

            “ Rendé vous li

“ Si vous réfusé moi, vous fair' moi trop la peine

“ Et, quand moi mort, bon-Dié va pini vous !..

“ Tou-ça li bon, dir' Fourmi, mon compère

“ Dans lé tems chaud, moi n'a pas fou ;

“ La nuit', li-zour dans milié la savanne

“ Tous les zours moi çanté

“ Comment mam'zell' qui marié :

“ Vous çanté, mon zami, à s'ter-là prends ravanne

“ Et puis dansé !.'' </CM>  

 

 

LA CRÉOLE PHILOSOPHE

 

Air : Gigué maman, &a.

 

<CM>N'a pas pèr moi facé, coco,

Pass' qué vous prend Thérèse

Moi sîr vous va quitt' li bientôt

Après moi va bien-aise ;

Pour trouvé galant

Qui constant

Tout d'bon li difficile

Plitôt moi marié pour sanzé

Vaut-mié resté tranquille. </CM>

 

Page 13

 

MINEUR

 

           <CM>Si vous pensé

            Moi va ploré

Vous té gagné miguelle

Ma foi n'a pas noir qui manqué

Ça comment zirondelle ;

Dommaz' zaut comment - li touzours

            N'a pas resté dans place.

Si comm' ça qui z'homm' fair' l'amour

Ça doit fair' di-mond' lasse.

N'a pas pèr moi facé, coco,

Pass'qué &a.

 

Comm' ça pass'qué va quitté vous

Faut metté son rob' noire ;

N'a plis n'a rien va trouvé goût

N'a pas manzé ni boire ?.

Ou bien pour fini son çagrin

Faut couri la-cantine

Et pour blié mari coquin

Fair' aussi la coquine ?…

 

N'a pas pèr moi facé, coco,

Pass'qué vous prend Thérèze

Moi sîr vous va quitt' li bientôt

Et puis moi va bien aise.

Pour trouvé galant

Qui constant

Tout d'bon li difficile

Plitôt moi marié

Pour sanzé

Vaut mié resté tranquille. </CM>

 

Page 14

 

LA DANSE ET LE MARIAGE

 

RONDE

 

Air : L'âge a su borner nos désirs, &a.

 

<CM>A v'la nous tous fini ranzé

Comment dir' mozambique

A s'ter faut qui nous tous çanté

Pour nous faire la-mizique :

Ma foi-dié quand moi dansé

Moi capabl' passé manzé..

            Et !

Quand tendé contredanse

Qui violon commencé

            Crié,

Mo plis content marié

            Zizé ?

 

Marié, pourtant, li devrait goût

Pisqué pour fair' mariaze

Mam'zell' touzours fair' li-zié doux

Quand mêm' zaut-là li saze :

Si vous tendé li parlé ;

Zamais moi té soupiré !

            Et

Quand tendé contredanse

Qui violon commencé

            Crié

Zaut' plis content la danse

Qui zaut content mari ! </CM>

(A part.)         <CM>.. Menti ! </CM>

 

 

Page 15

 

<CM>Entre marié et puis dansé

Allons - nous fair' partaze

Faut bien qui lé-quer arrêté,

Qui-fair' touzours volaze ?

Si vous content rigaudon

Fair' l'amour aussi li bon

            Bon !

Quand tendé contredanse

Qui violon commencé

            Crié

Quand mêm' vous fair' la danse

N'a pas besoin, blié

            Marié ! </CM>

 

 

 

LE LION EN SOCIÉTÉ


FABLE

 

<CM>Grand-papa Lion, ein' Béf et puis Cabrit,

Zaut' tous les trois bon zami,

Ensemble fair' marcé ein' zour pour fair la-sasse ;

Lion pour chaquèn marqué son place :

A v'là zaut' mett' li-Cien dans bois ;

Ouah ! ouah ! à v'là li-Cien donné la voix !..

Ein' gros Cerf qui té bête

Dans p'tit moment li fini pris ;

A v'là zaut fair' grand fête :

Ein' parlé : moi va fair' caris

L'autre, moi va donné la viand' mon pitits ;

Lion dir' : c'est moi qui va fair' la partaze,

C'est moi tout s'el qui çéf ici.

Et zaut' porté chaquèn son part dans son la-caze

A v'là nous trois.. fair' trois morceaux,

N'a pas piti, n'a pas gros, </CM>


Page 16


<CM>Tout gal'.. mais c'ella qui première,

Vous connais, li pour moi

Pass'qué moi mêm' lé-Roi !

Ça qui second'.. mett' dans mon carnacière

Pass'qué mon lé-dents

Li grands :

Ça qui troisièm'.. hum! hum! vous tendé mon la-voix

N'a pas besoin parlé dé fois ?.. </CM>



LE PAUVRE DIABLE


Air: Du petit matelot.


<CM>Moi resté dans ein' p'tit la-caze

Qui faut baissé quand pour rentré ;

Quand mon la-têt' dans son faitaze

Mon li-pié là haut son plancé.. </CM>  (bis.)

<CM>Moi n'a pas besoin la limière

A soir quand moi voulé dormi

Car pour moi trouvé la lin' claire</CM> (*)

<CM>N'a pas manqué trous Dié merci. </CM>        (bis.)

 

<CM>Mon li-lit ein' p'tit natt' malgace

Mon l'oreiller, morceau bois-blanc ;

Mon gargoulett', ein' vié cal'basse

Où moi mett' l'arack zour de l'an</CM>.        (bis.)

<CM>Quand mon - femm' pour fair' badinaze

Sam'di comm'ça vini soupé

Moi fair' couit dans mon p'tit la-caze

Bréd' diboute et moutouc grillé</CM>..          (bis.)

 

Page 17

 

<CM>Dans mon coffre n'a pas ferrire

Zamais moi n'a pas fermé li ;

Dans bambou comm'ça sans serrire

Qui va fouill' mon quat' langoutis</CM>.        (bis.)

<CM>Dimanç' quand moi gagné zournée

Si moi y en a morceau tabac

Pour fair' faro mon la-fimée

Moi mett' li dans pip' couroupas</CM>          (bis.)

 

 

MONSIEUR & MADAME DENIS.

 

PARODIE

 

(Même air.)

 

Monsieur Denis.

 

<CM>Mon coco vous souvini

Dans lé temps la Compagni

Vous mett' condé paliaca !

Vous zoli comme ça !.. </CM>            (bis.)

<CM>Tout blancs guetté nous passé

Et zaut' tout crêvé rié.. </CM>             (bis.)

 

Madame Denis.

 

<CM>Tout d'bon vous faire moi pensé

Moi té commencé blié

Vous té y en-a bonnet blanc

Comment vous çarmant.. </CM>                     (bis.)

<CM>Et derrière ein' p'tit la-qué

Qui té donn' vous l'air fronté.. </CM>  (bis.)

 

Monsieur Denis.

 

<CM>Quand vous sorti tous lé-soir

Vous mett' ein' grand mant'let noir</CM>.

 

Page 18

 

<CM>Zipon amar' dans lé-rein

Comment vous té bien.. </CM>                       (bis.)

<CM>Et dé grands poss' la toil' blanc

Pour mett' tout qui-qu'soz' là dans</CM>.     (bis.)

 

Madame Denis.

 

<CM>Nous mett' balein' dans corsêt

Nous té rêd' comment piquêt

Et zaut quilotte à-goussêt

Moi té bien connais</CM>..                           (bis.)

<CM>La-clé là-dans fair' clin-clin !

Quand moi pens'-ça, moi sagrin.. </CM>         (bis.)

 

Monsieur Denis.

 

<CM>Quand zaut' appell' moi Zanot

Si-fais va moi té faro !

Fill' fair' moi signe - dans çimin

Moi fair' mon faquin</CM>                            (bis.)

<CM>V'là zaut' dir' moi Papa Zean !

Moi foi Dié moi mal - content. </CM> (bis.)

 

Madame Denis.

 

<CM>Quand di mond' commencé vié

Si-pas pourquoi zaut' sanzé ?

Vous té zoué tromp' la zourné

Pour fair' moi dansé..  </CM>                        (bis.)

<CM>A-s'ter là ma foi tiéga</CM>

(Avec un soupir.)

<CM>Quand mêm' zour' sam'di.. n'a pas.. </CM>  (bis.)

 

Monsieur Denis.

 

<CM>Mon femm' faut tendé raison

Quand vié, dansé n'a pas bon : </CM>

 

 

 

Page 19

 

<CM>Si vous y en-a sentiment

Faut fair' comment blanc.. </CM>                  (bis.)

<CM>Quand la-têt' commenç' branlé</CM>

(avec gravité)

<CM>Dé ç'tems là prié bon Dié.. </CM>                  (bis.)

 

 

LES DEUX RATS.

 

FABLE.

 

<CM>Ein zour comm' ça

Comper' lé-Rat

(Lé-Rat au port, qui touzours dans la-caze)

Été trouvé morceau fromaze ;

Comment li bon garçon

Li té cherché son compagnon

Qui resté dans l'habitation :

A-v'la zaut - dé qui mette à table,

Papa lé-Rat qui fair' l'aimable

Boire et rié

Trinqué, çanté,

Comment blancs quand li ribotté :

Comment zaut' dé pour manzé n'a pas lasse

A-v'la di brit, quéquein' passé,

Tic.. tic.. pauvre lé-Rat sauvé ;

Son cari resté dans son place ;

Di-brit fini

L'autre lé-Rat sorti ;

Doucement, doucement, appellé son zami :

'' N'a pas pèr.. n'a pas pèr.. vini manzé compère

'' A-s'ter n'a rien va gâté nou - zaffaire</CM>

 

 

Page 20

 

''<CM>Grand merci, repondé c'ella qui z'habitant,

'' Moi n'a pas faim quand n'a pas manz' tranquile

'' Morceau patate assez ; mais vous là qui gourmand

'' Resté vous tout sél dans la ville ! </CM>

 

 

 

 

LE MAL D'AMOUR

 

Air : Je loge au quatrième étage, &a.

 

<CM>En-verté ça mauvais quiqu'çoze

Quand di-monde après fair' l'amour

Depuis moi content mam'zell Rose

Moi soupiré la nuit li-zour.. </CM>                             (bis.)

<CM>Si moi gouté morceau cat-catte

Mon lé-quer n'a pas trouvé goût !

Quand mêm' rougaill' zambrevatte

Moi n'a pas manze à rien dit tout. </CM>                    }(bis.)

 

<CM>Quand moi lonzé dans mon la-caze

Vous pensez qui moi va dormi ?

Mon li-zié collé dans faitaze

Et mon l'esprit maziné li

Si moi rêvé mon la misère

A forç' moi ploré comme ein' fou

Lé-Rat pensé çatte en colère

Et zaut' sauvé vit'ment dans trou. </CM>                    }(bis.)

 

<CM>Si-pas moi pourquoi tout mam'zelle

Fair' souffri ça qui content li ?

Moi voir dans di-bois tourterelle

N'a pas langui pour prend mari.  </CM>                  (bis.)

 

Page 21

 

<CM>Mais moi dir' vous, sans badinaze,

Mon pauvre lé-corps qui maigri

Quand n'a pas faire bientôt mariaze

Va sec comment dire la mori.  </CM>             }(bis.)

 

<CM>Peut-être vous n'a pas va - croire

Ça métié-là faire moi lassé

Quand mêm' sél'ment ein p'tit coup boire

Moi n'a pas lé-quer avalé..    </CM>                          (bis.)

<CM>Si les z'homm' connais la misère

Qui femm' souvent fair' li souffri

Li vaut mié n'a pas trouvé claire

Pour son li-zié n'a pas voir li.  </CM>             }(bis.)

 

 

 

 

CHANSON DE NOCES.

 

Air : Poissard

 

<CM>N'a pas besoin badiné

V'la zaut' fini fair' mariaze

Tous camarad' va çanté

Pour rend' plis goût nous - badinaze

Ça blanc-là ein' bon garçon

Moi voulé dir' li mon çanson.  </CM>             (bis.)

 

<CM>Vous connais vous té - malin

Vous filé cot' balizaze ?

Mais l'amour ein' p'tit coquin

Qui mett' vous dans çimin mariaze

Vous lé-quer qui té fronté

Ma foi Dié fini bien dompté..  </CM>                         (bis.)

 

 

Page 22

 

<CM>Tout d'bon moi tout sèl rié

Quand di-monde y en a malice

Qui fair' li voulé sauvé

Mais l'amour va fair' li zistice :

'' Quand mêm' toi cour' dans di-bois,

'' Li dir', moi qui va tient bon toi.. </CM>                   (bis.)

 

<CM>Madam' vous fini tendé

Maitre qui va rend' li saze

Quéqu'fois comm'ça sans pensé

Ein' mari voulé fair' tapaze

Appellé l'amour vit'ment

Vous va voir baissé son vaillant. </CM>                      (bis.)

 

<CM>Mon z'ami v'là vous marié

Vous n'a pas besoin l'école

Moi sir vous va travaillé

Mais pourtant couté mon parole :

N'a pas fair' vous l'aranz'mens

Pour prend la berloq' trop long-tems. </CM> (bis.)

 

 

LE LOUP & LE CABRIT.

 

FABLE

 

           <CM>Ein' zour à soir papa Loulou

Eté boir' dans bord la-rivière

Cabrit touzours qui four' par tout

La-même aussi allé cerçé son la-misère :

'' Diabre, '' dir' ça Loulou-là,

'' Qui fair' toi fronté comm' ça,

'' Est-c' qui côté moi qui ton place,

'' Qui c'ella montré toi l'esprit</CM>

 

Page 23

 

<CM> '' Toi brouillé mon boir' mon zami

'' Et toi croir' moi va fair' toi grace ?''..

_'' Moussié Loulou n'a pas facé

'' Comment vou - di-lau va gâté

'' Moi sivre mon cimin bien saze ;

'' Moi qui en-bas, vous qui là-haut

'' Comment va brouillé vou - di-lau ?'' 

Loulou répond' :­_ '' Toi croir' mon facé badinaze

'' Ton la-bouss' connoit bien parlé

'' Mais ça bonne-anné qui passé

'' Tous les zours, dans ton la-caze,

'' Cout' qui toi ranzé, moi connais ;

'' Avec tout noir tach'ment toi dir' qui moi mauvais

'' Faut touyé li, ça mêm' ton la-prière !

_ ''  Moussié Loulou comment moi capabl' faire

 '' Ça qui vous plaigné tant

''  Dans ça tems-la moi té encor' zenfant

''  Qui tété son maman ? ''

_ '' Eh bien quand n'a pas toi, ton frère,

'' Ou bien ton père

'' A-v'là long-tems toi fair' mon zoreill' li tourdi ! ''

Quand fini ça Loulou attrap' Cabrit

Ein' coup la même li sec au bord la mare

Après ça manzé-li…. Comment dir' ein cambare ! </CM>

 

LE RÉSIGNÉ

 

Air : Un jour de cette automne, &a.

 

<CM>Dans çimin la Vill'bague

Ein' zour après midi

Moi trouvé mam'zelle Zane</CM>

 

Page 24

 

<CM>Après çarié maïs..

Moi sivre mon çimin tranquille

Moi couté mon l'esprit.

 

Moi trouvé mam'zell' Zane, &a.

 

Moi dir' : tout d'bon commère

Vou-li-zié là zoli !..

Moi sivre mon çimin, &a.

 

Moi dir' tout d'bon commère, &a.

 

Allons - nous fair' z'affaire

Moi qui va vou - mari ?

Moi sivre mon çimin, &a.

 

Allons nous fair' z'affaire, &a.

 

V'la-ti pas mam'zell' Zane

Rié comme ein' foli ?

Moi sivre mon çimin, &a.

 

V'la-ti pas mam'zell' Zane, &a.

 

Li dir' ma-foi compère

Vous trop vié mon zami…

Moi sivre mon çimin, &a.

 

Li dir' ma-foi compère, &a.

 

'' Quand di-mond n'a pas ziste

'' N'a pas bon fair' mari ?''..

Moi sivre mon çimin, &a.

 

 Quand di-mond n'a pas ziste, &a.

 

Quand moi tend' son parole

Moi té fini cami !

Moi sivre mon çimin tranquille

Moi couté mon l'esprit. </CM>

 

 

Page 25

 

LE LIEVRE ET LA TORTUE

 

FABLE.

 

<CM>Ein' Torti avec Lièvre été voulé parié

Ein' zour qui va mié galoppé

Pour arrivé drette ein' li-pié banane :

'' Tout d'bon, maman Torti' vous y en a trop l'arzent

'' vou - l'esprit li maron dans milié la savanne,

'' Avec moi là vous lité à présent ?

Dir' Lièvre avec Torti qui couté - li tranquille

'' N'a pas pèr mon zami

Torti répond' li

'' Vous ça qui blancs appell' di-monde agile

'' Moi porté mon la caze et li rèd mon li-pié

'' Mais c'est égal, moi va parié,

'' Moi connais comment va faire ;

'' Mesuré vou - çimin ; chaquein' son l'esprit ; ''

quand fini mesuré ; à v'la ti té parti,

P'tit papa Lièvr' crié - li ; '' mon commère

'' Emmèn' la gazett', prend gard' vous ennuyé !

'' Quand vous trouvé galant n'a pas besoin causé

'' Quand mêm' couroupas vou - p'tit frère

'' Passé - vou' à côté

'' Ou bien moi va gagné.

Et p'tit papa Lièvre amisé,

Cassé bouquet pross' la rivière,

Dans l'herbe frais roulé, sauté,

Ramass' l'astron pour son soupé

Et Torti-là touzours marcé.

Lièvre à la fin guetté</CM>

 

 

Page 26

 

<CM>Li voir Torti dans bitte

Li voulé galoppé bien vite

Mais son nation là trop tourdi

Et li té perdi son pari. </CM>

 

*

 

Fin des poésies créoles

 

Page 27

 

MÉDITATIONS MÉLANCOLIQUES

*

 

PREMIERE

 

*

 

LE PREMIER AMOUR.

 

(Stances composées en passant près de l'église des Pamplemousses)

 

Laissez - moi, tristes souvenirs,

Ne venez plus briser mon âme ;

De l'amour la céleste flamme,

Ne doit plus guider mes soupirs.

 

De l'humble clocher du village

J'entends l'airain religieux,

De l'innocent et du vrai sage

L'hymne du soir s'élève vers les cieux !

Déjà du jour la lumière chancelle :

Heure paisible et solennelle,

Timbre sonore, chants pieux,

Quel moment peignez-vous au cœur d'un malheureux ?

 

Jadis au même instant, palpitant de tendresse,

J'allais joindre l'objet de la plus pure ivresse ;

Je passai près de vous, enclos silencieux,

Où l'inflexible mort entasse nos ayeux :

A des Dieux différents j'adressais mon hommage !..

Tout est changé, le tems, mes goûts et l'âge.

 

Je frémis cependant à cet auguste son,

Quel prestige enchanteur trouble encor ma raison ?

 

</BODY>

 

 

 


 

<HEAD>

auteur=1823_scarr_xxx

</HEAD>

 

<BODY>

 

1823  Scarr XXX

 

Deryck Scarr "Slaving and Slavery in the Indian Ocean" (Basingstoke: Macmillan) includes the following from a court case dated 16 december 1823 (Mauritius Archives ref. JB 151):

 

<CM>Tiens voilà ton fusil ­  moi fini ­ casse la et si mon été en a couteau, moi va bien arrange toi, coquin détachement. </CM>

 

Scarr gives a very free translation of this:

 

'Hang on to your gun - I'll end up smashing it - and if I had a knife with me I'd see to you, you coward of a detachment'

 

 </BODY>

 


 

<HEAD>

auteur=1828_lambert_1828

</HEAD>

 

<BODY>

 

1828 Lambert 1828

 

VARIÉTÉ

 

CATÉCHISME EN CRÉOLE

 

DE

 

L'ILE MAURICE EN 1828

 

Communiqué par M. le Capitaine LARAY

  

St. Demande. _  <CM>Mon cher zanfant vous connéz qui vous ?

R. _ Oui, moi un criatire de Bon Dieû, pass qui li qui été faire moi, mon le côr et mon nâme.

D. _ Comment vous capable connéz qui vous y-en a un nâme dans vous le côr ?

R. _ Pass qui mo trouve quique chose dans mon le côr qui capable pencée et conné sa qui mo y-en a besoin, et quique fois mon l'esprit li contant, quique fois li triste et chagrin ; sa qui mo le côr na pas capabe faire sans mon nâme.

D. _ Qui differance qui y-en à entre vous nâme et vous le côr ?

R. _ Mon le côr nanqui - la viande ensemble disang et li capable mort, mais mon nâme li ein esprit, li toujours vivant qu'à même mon le côr finie mort.

D. _ Pourquoi qui Bon Dieû été faire vous le côr et vous nâme ?

R. _ Pour servie li et connét li bien dans sa monde ici, pour après qui moi vat mort, mon nâme capabe allée avec Bon Dieû et pour qui moi vat toujour bien heureuse dans le Ciele.

D. _ Comment vous dévrez apprendre pour conné Bon Dieû, et pour servie li bien ?

R. _ Par le Saint-Ecritire dans viée et dans Nouveau-Testament, qui y-en à tout la parol de Bon Dieû.

D. _ Qui li montrée vous touts sa écritire qui y-en a parole Bon Dieû dans sa Livre là ?

R. _ Toutes sa Ecritire là, montrée moi qui Bon Dieû, li dans li même, et li va toujours pour nous, pass qui li qui été faire son jensse.

D. _ Qui Bon Dieû dans li même ou dans son manière ?

R. _ Bon Dieû li dans li même ou dans son manière, li ein Esprit, li partout, li na pas y-en à commencement, li n'a pas y-en à la fin, li bien bon, bien grand, bien sainte, bien charitable, bien jiste et bien fidélle.

D. _ Qui Bon Dieû li pour nous, nous qui son jensse ?

R. _ Comme Bon Dieû, li bien grand, et li même qui été faire nous et été donné nous la vie, li vat soigné nous aussi et faire nous dibien ; jousqu'à apprésent li même nous Seigneur, nous Gouverneur et li même vat nous zige à la fin.

D. _ Qui manière qui sa Ecritire là dire vous pour servie Bon Dieû ?

R. _ Mo dévrée servie Bon Dieû en faisant bien attention touts son commandement et sivrée touts son commandement qui li été donné nous, et na pas faire sa qui li été défendie nous.

D. _ Qui Commandement qui Bon Dieû été donnez nous ?

R. _  Li été donné avec Juife ein la loi qui y-en a dix Commandement dans viée Testament et li en a deux dans Nouveau Testament.

D. _Répétez tout sa dix commandement de Bon Dieû, qui dans viée Testament ; qui été première Commandemant ?

R. _ Toi na pas vat y-en a l'autre Bon Dieû qui moi divant toi.

D. _ Qui deuxième Commandement ?

R. _ Toi na pas va faire auquine zimage taillée, ni auquine samblance de quique chose qui y-en a la haut dans le Ciele, ni la haut la terre, pour toi adoré ly.

D. _ Qui troisième Commandemant ?

R. _ Toi na pas prendre Bon Dieû pour badinage.

D. _ Qui quatrième Commandement ?

R. _  Rappelez toi bien le jour qui Bon Dieû été posé, pour toi adorée li sa jour là.

D. _  Qui cinquième Commandement ?

R. _ Respect ton papa et ton mama, pour tou jours capabe long la haut la terre.

D. _ Qui sixième Commandement ?

R. _ Toi na pas vat sazinée toi même ni person.

D. _ Qui septième Commandement ?

R. _ Toi na pas vat prendre femme ton cammrade.

D. _ Qui huitième Commandement ?

R. _ Toi na pas vat volore.

D. _ Qui neuvième Commandement ?

R. _ Toi na pas servie témoin pour quique chose qui na pas té vrai.

D. _ Qui dixième Commandement ?

R. _ Toi na pas vat envie ni jalou pour quique chose qui pour ton cammarade.

D. _ Qui manière qui plus court pour conné tout sa dans Nouveau Testament ?

R. _ Y faut qui vous contant le Seigneur vous Bon Dieû, avec tout vous licaire, et vous cammarade comme vous même.

D. _ Comment faut qui vous contant Bon Dieû, avec tout vous licaire ?

R. _ Pour contant Bon Dieû avec tout mon licaire, mo dévrez conné son bonté avant tout quique chose qui y-en a la haut la terre, et qui moi vat y-en à l'esprit pour faire li contant.

D. _ Comment vous devrez faire voir qui vous content Bon Dieû ?

R. _ Par sa trois choses.

Première chose, mo devré faire et rendée sa qui Bon Dieû été demandée moi.

Deuxième chose, y faut mo faire avec bon caire sa qui Bon Dieû té dire moi faire.

Troisième chose, y faut mo souffrie avec patience toute sa qui capabe arrivée avec moi.

D. _ Qui manière qui Bon Dieû té dire vous, pour vous adoré ly ?

R. _ Mo devrée prende la peine pour écouté et comprendre bien son sainte parol et bénie li pour son grandeur et son bonté, mo devréz demande li pour quique chose qui mo y-en à besoin, et remercie li pour sa qui mo finie gagnée.

D. _ Qui manière qui vous devrée contant vous cammarade comme vous même ?

R. _ Pour contant mon camarade comme moi même, y faut mo bon avec zaute, comme si moi même été dans zaute place.

D. _ Comment vous devrée faire voir que vous contant vous cammarade ?

R. _ Par sa trois choses.

Première chose, mo devrée écouté et respée touts sa qui plus qui moi.

Deuxième chose, mo devrée parlé sa qui vrai et faire tout sa qui jiste avec touts mon camarades.

Troisième chose, mo devrée faire tout sa qui  moi capabe pour faire dibien avec touts dimonde, cammarade, étrangé, ou bien zénemie.

D. _ Vous fini dire moi sa qui faut faire enver Bon Dieû et enver tout dimonde, vous capable dire moi comment faut faire pour vous na pas tombé dans pêchés ?

R. _ Mo devrée quité tout sa pêchés qui mo y-en a dans mon licaire, la haut mo la langue, et tout sa mauvais mazination qui mo y en à dans mo la vie.

D. _ Qui pêchés qui y-en à dans licaire ?

R. _ Pêchés qui y-en à dans licaire, sé quand moi oblie Bon Dieû, quand mo fière, quand mo entétée, quand mo malin, quand mo jalou pour quique chose qui pour mon cammarade, et quand moi contant tout sorte mauvais pencée et passion qui mo contant. 

D. _ Qui ply grand pêché qui nous y-en à la haut la langue ?

R. _ Plus grand pêchés qui moi y-en à la haut la langue, c'est quand mo jourée, quand mo modie quiqu'in, quand mo méprisée le nom de Bon Dieû, quand mo moqué quique chose qui saintes, et quand moi parlée mantie et quique chose qui mahonête (sic). 

D. _ Qui mauvais chose qui y-en à la haut la terre ici qui vous devré quité ?

R. _ Plus mauvais chose qui mo devrée quité, set de na pas divinie un gourmand, un soulard, un sicanair, ni perdie mon lé temps pour faire sa qui mauvais, surtout dans jour de Dimanche quand mo devrez plutôt priée Bon Dieû et faire dibien avec mon cammarade.

D. _ Dire moi si vous jamais été cassée sa Commandement qui Bon Dieû été donné nous, si vous faire quique pêchés contre li ? 

R. _ Mon licaire dire moi qui mo na pas été sivré son Commandement, et mo finie pêché contre li, par pencée, par parole et par mon conduite.

D. _  Comment vous été pêchés contre Bon Dieû, par pencées, par paroles et par vous conduit ?

R. _ Pass qui mo été laissée mauvais pencée resté trop long temp dans mon l'esprit, mo été vômieux movais causée, que sa qui bon ; et mo été faire trop souvant sa qui mal et négligée pour faire sa qui bon.

D. _ Comment vous été divini un grand pêcheur ?

R. _ Pass qui mo été vinie au monde avéc un mauvais pencée pour sa qui mal, mo été trop sivrée sa mauvais pencée là.

D. _ Comment vous été vinie au monde avec un mauvais pencée comme sà ?

R. _ Touts dimonde été énée dans le pêchés pass qui zautre été zanfants d'Adam, première dimonde qui été pêché contre Bon Dieû.

D. _ Pourquoi vous été sivrée sa mauvais pencée là, pendant qui vous été connée qui li voulait condire vous pour faire sa qui mal ?

R. _ Moi na pas té devrée sivrée sa mauvais pencée là, pour sa même qui mo na pas y-en à auqu'in essquize qui raisonable pour faire divant Bon Dieû.

D. _ Qui vous meritée àcôse vous pêchés ?

R. _ Mon pêché té méritée la colaire et la malidiction de Bon Dieû qui bien saint qui été faire moi.

D. _ Comment la colaire de Bon Dieû li si mauvais que sa, jousqu'à vous na pas capable souffrie ?

R. _ La colaire de Bon Dieû li bien grand, pass qui li capabe faire nous souffrie pour nous pêchés la misaire la haut la terre ici et la peine de mort, et faire nous tourmenté dans l'enfer avec diable pour toujour.

D. _ Comment vous capabe évitée la colaire de Bon Dieû, qui vous pêchés méritée ?

R. _ Bon Dieû li bien bon et li toujours y-en pitié pour nous ; àcôse sa même li été envoyé Jésus-Christ dans sa monde ici, pour' li pardonné sa qui fini pêché, comme l'Evangile été dire nous.

D. _ Qui sà Evangile ?

R. _ L'Evangile li un bon nouvelle qui été vinie par Jésus-Christ, qui été dire davance dans viée Testament, mais li faire nous comprend bien claire dans Nouveau-Testament.

D. _ Qui li Jésus-Christ ?

R. _ Jésus-Christ li pitit pour Bon Dieû, qui été avec Bon Dieû avant que Bon Dieû été faire le ciele avec la terre, et li été vinie un homme, et été resté parmi dimonde, avelas 1,800 ans.

D. _ Dire moi si Jésus-Crist li na pas Bon Dieû aussi, qu'à même li finie vinie un homme ?

R. _ Qu'à même li un homme, li Bon Dieû aussi, pass qui li un person qui bien grand, pour sa même sa mirac qui Bon Dieû avec zomme été joindre ensambe ; son nom li Emanuel, sa voulé dire Bon Dieû.

D. _ Qui Jésus-Christ été faire la haut la terre ici, afin pour sauvais sa qui finie pêché ?

R. _ Li été faire trois choses.

Première chose, li été faire voir par son parol avec tout dimonde sa qui Bon Dieû voulait zaute faire.

Deuxième chose, li été montré zaute son exemple et son manière de son saintété dans son lavie.

Troisième chose, li été souffrie la mort pour li gagné grâce divant Bon Dieû pour toutes nous pêchés, et pour nous capabe resté toujour vivant à côté Bon Dieû.

D. _  Comment Jésus-Christ li capabe gagné grâce pour nous pêchés et pour nous toujours vivant, par son bonté et par son souffrance ?  

R. _ Nous pêchés été méritée la mort, mais Jésus-Christ, qui pitit pour Bon Dieû, voulait qui li souffrie la mort pour nous pêchés, pour nous gagné grâce par son bonté.

D. _ Dire moi si Jésus-Christ li encore avec dimonde qui fini mort ?

R. _ No, li finie monté la haut dans le ciele au boute trois jours ; et li assisé à côté la main droit de Bon Dieû.

D. _ Qui Jésus-Christ li après faire apprésant la haut dans le Ciele ?

R. _ Li après parlée avec Bon Dieû pour pardonée toutes nos pêchés et li gouverné tout qui que chose pour faire dibien son jensee.

D. _ Comment vous devrée faire pour rentré dans la bande de son jensse, pour vous gagné la bonté de Bon Dieû avec zaute ?

R. _ Mo devrez repentie pour tout mo pêchés, qui mo té faire et confessé tout mon pêchés divant Dieû, et demandé li pardon : y faut qui moi croire que Jésus-Christ vat sauvais moi, dans tout mon pêchés ; et y faut moi obeïe li comme mon Seigneur et mon Gouverneur.

D. _ Qui manière y faut que vous repentie pour tout vous pêchés ?

R. _ Pour moi repentie pour tout mon pêchés, y faut qui mo bien fâchée qui moi finie manquée Bon Dieû ; y faut moi haï tout sa qui Bon Dieû na pas contant, et prend garde pour na pas faire encôre.

D. _ Qui manière qui vous devrée croire, avec tout vous licaire, que Jésus-Christ vat sauvais vous dans tout vous pêchés ?

R. _ Mon devrée croire avec tout mon licaire, que Jésus-Christ vat sauvait moi et tout dimonde dans toute nous pêchés ; y faut mo fiée li pour li capabe sauvais moi dans mon pêchés, comme li croire qui vat bon pour moi.  

D. _ Par qui raison qui vous y-en a, pour croire que vous capabe sauvais ou évitée la colaire de Bon Dieû ?

R. _ Si nous, nous repentie pour nous pêchés qui nous finie faire, et fiez nous avec Jésus-Christ, li vat pardonné nous pêchés et sauvais nous nâme.

D. _ Mais vous licaire na pas missants ; vous y-en a asez la force et l'esprit pour vous repentir vous pêchés ? pour vous confié vous nâme avec Jésus-Christ et pour obeïe li ?

R. _ Nous y-en a licaire qui na pas y-en a la force et l'esprit pour nous capabe commander nous même, mais Bon Dieû été promis son sainte Esprit, si nous dimande li pour nous licaire pencée sa qui sainte, et pour aidée nous pour faire son volonté.

D. _ Comment vous devrée priée pour Bon Dieû contant vous, et pour li donné vous son Saint esprit ou l'autre bonté qui li y-en à ?

R. _ Dans toute nous la prière et dans tout sa qui nous faire, nous devrée espérée la bénédiction et la bonté de Bon Dieû, qui bien charitable, acôse li content Jésus-Christ, pass qui nous finie pêchés et nou na pas méritée na rien sa qui bon.

D. _ Bon Dieû na pas té donné auqu'ine l'autre sicoure pour aidée nous pour comprendre dans la voi de Ciele ?

R. _ Bon Dieû été donné son sainte parol avec Juife et avec Chrétien, et li été envoyée son Prêtre pour aidée nous pour comprendre son parol et pour rentré dans nouveau alliance de Jésus-Christ.

D. _ Par qui manière qui vous capable rentré dans nouvelle alliance de Jésus-Christ ?

R. _ C'est par le baptême.

D. _ Qui sa baptême ?

R. _ Baptême li un signe qui zaute faire avec dileau, Qui zaute faire un la croix la haut fron, à même temps zaute nomé au nom di Père, di Fils et di Saint-Esprit. 

D. _ Pourquoi y faut qui nous baptisé avec nom di Père ?

R. _ Pass qui Bon Dieû li Père pour note Seigneur Jésus-Christ et qui toute sorte bonté été sortie de lui, acôse Jésus-Christ et Bon Dieû li Père ou papa pour tout dimonde, quand zaute véritable Chrétien.

D. _ Pourquoi faut qui nous baptisez avec nom de Fils ?

R. _ Pass qui Jésus-Christ qui été dire davance et annoncée le Salue, et acôse li qui nous capabe gagné salue et la bonté de Ciele, pour gagné pour nous comme notre grand Prêtre et le Roi.

D. _ Pourquoi y faut qui nous baptisez avec nom de Saint-Esprit ?

R. _ Pass qui dans ancien temps, mirac de Saint-Esprit été faire nous la preuve de son Salue, et Saint-Esprit qui aprésant aidée nous pour obéïe et comprende Evangile et espérée pour son salue.

D. _ Dans qui sa baptême avec nom de Père, di Fils et de Sainte-Esprit li obligée vous pour tinie ?

R. _ Par mon baptême mo été promie au nom di Père, di Fils et di Saint-Esprit qui mo vat vivre comme un nouveau criatire et comme un bon chrétien.

D. _ Comment vous devrée tinie pour mémoire et pour célébrer pour la more de notre Seigneur Jésus-Christ ?

R. _ Par la sainte Cène.

D. _ Qui la sainte Cène ?

R. _ Dipain et divain qui notre Seigneur été ordonné pour prende.

D. _ Qui dipain voulé dire ?

R. _ Dipain quand nous cassée li, voulait dire que comme nous cassée li sa dipain là, comme sa même le côr de Jésus-Christ été déchirée et cassée la haut la croix pour nous.

D. _ Pourquoi qui nous faire sa cérémonie là ?

R. _ Pour dire, que nous prende part dans son bénédiction quand li achetté nous pêchés par son la mort.

D. _ Qui li obligé nous, pour faire, quand nous prend la Sainte-Cène du Seigneur ?

R. _ Sa qui prende part dans la Cène de Seigneur devrée bien pencée, et remercie pour la bonté de Jésus-Christ, qui été mort pour nous, sa obligée nous pour contant li et servie li jusqu'à la fin nous la vie.

D. _ Quand nous finie faire la volonté de Bon Dieû et servie Jésus-Christ jusqu'à la fin nous la vie, qui vous voudrée gagné quand vous fini mort ?

R. _ Moi voudrée, quand moi finie mort, qui mo nâme va allée avec Bon Dieû et Jésus-Christ, et que li vat bien heureux.

D. _ Mais dire nous, qui sa landroit là, qui y-en a l'Esprit, qui vous été dire qui nous nâme va allée quant nous mort ?

R. _ Dans un landroit qui bien grand ; qua même nous na pas voire li, même en didans li finie séparée, y en à un landroit pour Anges, un androit pour le dimons et un landroit pour nâmes dimonde qu'a même bons ou missant.

D. _ Qui sa Anges ?

R. _Li bon esprit, qui servie Bon Dieû et adorée li dans le Ciele, et Bon Dieû envoyé zaute souvant avec son commission la haut la terre ici en bas.

D. _ Qui sa Démon ?

R. _ Zaute mauvais esprit ; dans commencement zaute été anges pour Bon Dieû, mais zaute fini faire trop pêchés contre Bon Dieû, pour sa même que Bon Dieû finie pousée zaute, et aprésant zaute tenté dimonde pour faire tout sorte pêchés.

D. _ Mais toutes sa l'esprit là, quand même bon ou missant, Jésus-Christ na pas commandé zautre toutes ?

R. _ Oui Jésus-Christ commandée zautes toutes, et li gardée ses Anges pour veillée son jensse, pour diable na pas capable faire narien avec son jensse, nanque quand li donné permission.

D. _ Qui vat divinie le Démon à la fin ?

R. _ Zaute encore dans la chaine aprésant pour pinie zaute avec plus grand punission dans jour de jugement.

D. _ Quand vat vinie sa jour qui vat jigée nous, vous té dire qui nous le cor vat vinie vivant encore ?

R. _ A la fin dimonde Jesus-Christ vat dicende la haut la terre pour jigée toutes dimonde, dans sa temps là tout sa qui mort va levée.

D. _ Qui vat faire avec dimonde quand zaute finie vivant encor ?

R. _ Jésus-Christ vat appelé zaute divant son chaise de jigement ; là, sa qui bon avec sa qui mauvais vat rendie chaq'in zaute compte avec li, pour conduite qui zaute été tinie dans sa monde ici en bas.

D. _ Comment sa qui jiste vat tinie divant Jésus-Christ sa jour là ?

R. _ Sa qui jiste vat tinie avec licaire bien claire et léger, et avec contentement, comme zanfants Bon Dieû, pass qui zaute été faire la volonté de Bon Dieû, et zaute été tassée de sivrée exemple de Bon Dieû même dans son sainteté.

D. _ Et comment sa qui missant vat divinie divant Jésus-Christ ?

R. _ Sa qui missant vat tinie divant Jésus-Christ avec peur, et couverte avec la hônte, comme zanfants de diable, pass qui zaute té faire la volonté de diable, et zaute comme diable même dans son missanceté.

D. _ Comment Jésus-Christ vat traité dimonde sa jour là ?

R. _ Li vat placée sa qui jiste à côté la main droit, et sa qui missant à gosse, et li vat condanée zaute comme devrée mérité.

D._ Qui va faire avec sa qui missant ?

R._ Sa qui missant va envoyée dans difeu dans l'Enfer avec zaute le côr et zaute nâme, pour zaute vat tourmentée et misaire avec diable, et avec sa qui missant pour toujour.

D._ Et qui va faire avec sa qui bon ?

R._ Le Seigneur Jésus-Christ vat aménée sa qui bon avec li au ciele, avec zaute le côr et zaute nâme pour resté avec Bon Dieû et avec son sainte Anges, dans toutes sorte de plaisire et bonheur pour toujour, (éternelment). </CM>

 

Réduit, le 13 avril 1828

 

</BODY>

 

 

 


 

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auteur=1830_vicars_1830

</HEAD>

 

<BODY>

 

1830 Vicars

 

Representation of the state of government slaves and apprentices in the Mauritius; with observations by A RESIDENT who has never possessed either land on slaves in the colony.            London, 1830

 

p 14

-        the talent for communicating [religious] instruction is not possessed by all; and the spoken and understood by the slave population of the Mauritius is a peculiar French patois in which an English person even after a long residence, rarely attains such a proficiency as to be able to apply it fluently to the sacred subjects of religion * (*see Note C)

 

ex note C p: 61

                                                           HYMN

 

<CM>Après quéques bonnes années

Qui va passé vit'- vit'ment ;

Comment nous zaut va sanzé.

Quand nous allé l'enterrement !

 

Moi na pas casab [sic error for capab] resté

Bien long-tems là-haut la terre ;

Mon - âme li allé Bon-Dié,

Mon li corps dans cimitière.

 

Quand Bon-Dié va fair' l'appel,

La trompette va sonné fort !

Si-pas – moi tremblé tout sél,-

Quand va lévé tous les morts !

 

Si-pas, - comment li a fair', -            ?? va ?

Comment li va zizé moi ?

A'sterè-la, ça fair' moi pèr,

Maziné ça grand lê Roi !

 

Tout-d'bon moi va fair' la prière,

A'sterè-là qui moi vivant, -

Faut pas moi gagné misère,

Pour li pini moi long-tems.

 

Seigneur Bon-Dié pardonné moi,

Et fair' moi ein bon lè quèr,

Pour moi capab' servi Toi,

Pour moi gagné vrai bonher !

 

Moi fair' mon possib' vous plair', -

Caque zour moi na pas fair' mal ; -

Malade vini, - na pas pèr, -

Quand-même la mort, - c'est égal</CM>

 

p 17/18

 

It is very desirable that they should be well acquainted with the French language, for without this foundation time would be lost before a facility of communication could be acquired; …

 

</BODY>

 

 

 


 

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auteur=1831_chrestien_1831

</HEAD>

 

<BODY>

 

1831 Chrestien

 

DEUXIEME PARTIE DU BOBRE AFRICAIN.

 

 

LE MEUNIER SON FILS & L'ANE.

 

TRADUCTION LIBRE DE LAFONTAINE.

 

<CM>Ein' zour ein' pauvre z'habitant,

Pour gagné la toil' dans boutique,

Eté voulé vend' son bourrique :

Li parlé son garçon qui té appellé Zean :

_'' Ecoutez - moi bien, mon zenfant,

'' Demain, grand matin la lin' claire,

'' Nous va prend nous - bourriqu' Sizon

'' Et puis amarr' li dans bâton

'' Pour porté - li dans Port comment coçon,

'' Comm'ça mêm' qui bon la-manière

'' Pour li n'a pas trop fatigué,

'' Et moi croir' li va bien vendé.

Lendemain, avant coqs commencé son tapage,

Maman Sizon là-haut bâton,

Tout fier comment tach'ment qui gagné grand maron,

Zaut' tous les trois sorti dans l'entouraze.

Bourriqu' là, moi dir' vous, content comment lé-Roi,

Dans son lé-quèr li dir' : '' Ma foi

'' Quand zaut' comm'ça touzours va faire

'' Moi bien connais qui la-croupière

'' N'a pas blessé moi par derrière ? ''

P'tit moment comment zaut' marcé

Côté zaut dés blancs té passé ;

Ein'-là qui té content cause ein' pé badinaze :

'' Comm'ça, li dir', la mod' li déranzé

'' Bourriqu' dans palanquin et di-mond' qui porté !

_ Z'habitant-là pensé : '' Son parol' là li - sage,

'' Zean metté par terre Sizon

'' Et puis monté là-haut li, mon garçon,

'' Et moi sivre vous dans la plaine.

_ Ein' blanc marçand qui voir zaut' li crié :

'' A présent là donc ça qui zêne

'' Là haut bourrique et ça qui vié marçé ?

'' Pitit - moussié, vitement descendé ;

'' Pour vous - papa donnez vous - place,

'' Depuis long-tems li devrait lasse

'' Et di-monde, sélment, qui voir vous, va honté !

_ Allons, v'la zaut' encore ein' fois çanzé,

Zean qui marçé, bonhomm' là haut bourrique.

Trois mam'zell', à stèr-là, arrivé dans çimin,

Ein' là qui son la-langu' malin :

'' Comm'ça donc, grand-papa ça-mêm' vous domestique

'' En-verté ça zenfant et vous fair' moi çagrin,

'' Bon-dié va content vous quand vous pitié di-monde !

_ Bonhomm' là répondé : '' Le diable te confonde

'' Avant nous arrivé

'' Avec ça bourriqu' là mon la têt' va tourné. ''

Pourtant zaut' dés prend' son çimin, marcé ;

Sizon divant,  z'habitans par derrière ;

Ein l'autre blanc trouvé zaut', li - rié ;

'' Ma foi ! li dir', di-monde y en a manière

'' Bourriqu' là vini grand moussié,

'' Dés blancs pour sivre-li !.. encor là moi tonné

'' Comment son paquêt l'herb' n'a pas dans zaut' la tête !

_ Bonhomme à stér : '' Mon Dié moi fini bète

'' Allons, Zean, allons - nous sayé

'' Si zaut' la-bousse - avec nous va fermé.''

Et là-haut Sizon pauvre diable

A v'là zaut - dés fini monté :

Bourriqu' comm'ça li vini misérable

Dans son lé-corps partout di-l'eau coulé,

Dés di'mond' là haut li ! bien assez pour reinté ;

Ein camarad' ça blancs-là qui passé

Dir' zaut'_ '' moi croir' n'a pas la peine

'' Pour tous les trois sivre çimin au - port

'' Et bourriqu' là va mort avant passé la-plaine.

Pauvre bonhomme à ster là dir'_ '' nous tort

'' Pour sivre zaut' parol' ! moi vaux mieux dans la-çaine

'' Moi n'a pas voulé coûte à rien

'' Oui, quand même vous - l'esprit va viré la-zournée,

'' Quand mêm', pour zaut' content, vous fouillé tout l'année

'' Tout di-monde, à la fois, zamais va dir' li bien. </CM>

 

 

LE ROI D'YVETOT

 

TRADUCTION LIBRE DE BÉRANGER.

 

Même air :

 

<CM>Eté y-en-a ein' p'tit lé-Roi

Qui fair' tout l'mond' bien aise

N'a pas fier, li sizé, ma foi,

Comment nous là-haut chaise ;

Son femme à-soir dans son li-lit

Amar' son mouchoir pour faire li

Dormi !

 

Oh ! oh ! oh! oh! Ah! ah! ah! ah!

Comment li bon ça lé-roi là

là, là.

 

Li n'a pas fair' grand l'embaras

Quand diné dans la-caze

Morceau cari tout - sél dans plats

Assez pour son ménaze

Et pour gardien, quand li rodé

Son vié li-çien, sans guernadié

Assez !

Oh ! oh! &a.

 

Ein' çoz'moi n'a pas va cacié

Li content la bouteille

Mais blancs même avec li parlé :

'' Faut boir' di-zus la treille

Et li-rié quand son z'enfant

Faire ensemble ein' p'tit l'amiz'ment

Souvent !

Oh ! oh! &a.

 

N'a pas dir' li content l'argent

Pour fair' di-mond' misère

Pour métté z'impots, comment blanc,

Ça n'a pas son manière ;

Et pour fair' plis grand son pays,

Zamais li touyé son zamis

            Aussi !

Oh ! oh! &a.

  

Quand son commandér n'a pas bon

Li n'a pas fair' mistère,

Ça lé-roi là tendé raison

Li connais qui li faire ;

Li dir' : '' mon garçon, écoutez,

'' Vous n'a pas connois vous - métié

'' Allez !''

Oh ! oh! &a.

 

Li laissé prêtres pour çanté

Tous les zours la prière,

Mais dans cabar quand zaut' mêlé

Ça n'a pas son zaffaire ;

Li connais bien parle avec li ;

'' Chaquén' son cimin, son l'esprit

'' Zami ! ''

Oh ! oh! &a. 

 

Dans qui pays ça le roi là ?

Moi n'a pas capabl' dire

Moi croir' pour trouvé li, comm'ça,

Fau couri dans navire ;

Et moi sîr quand vous trouvé

Comment moi vous n'a pas lassé

Crié

Oh ! oh ! oh! oh! Ah! ah! ah! ah!

Comment li bon ça lé-roi-là

là, là. </CM>

 

 

LES FEMMES & LE SECRET

 

TRADUCTION LIBRE DE LAFONTAINE

 

*

 

<CM>Quand vous y-en-a quiqu'çoze cacié,

N'a pas besoin parlé vous - femme !

Comm'ça, donc, zaut' tout sél qui son la bouss' gratté !

Mais moi connais beaucoup moussié

Qui, pour ça, fair' comment madame.

Ein' blanc qui moi sis-pas qui nation son l'esprit,

Ein' zour, à soir, dans son li-lit,

Eté voulé connais sis-pas son femm' Nicole

Eté capable arrêté son parole ;

Ah ! grand bon Dié moi va mort, li crié,

Moi grand' malad'.. mon ventre trop mordé

Ayo !.. mais qui ci-ça !.. moi mêm' n'a pas va croire

V'là-là, pourtant et ça n'a pas z'histoire !

Ein' di-zef, tout de bon, sorti dans mon lé-cor !

Ein' di-zef !.. ça aussi trop fort :

N'a pas besoin parlé.. vous tendé mon zamie,

Zautres va dir' moi poule et ça fair' moi facé.

Ça femme' là tout bas li pensé :

'' Quand li té coq peut-être été vaut mié ? ''

Lendemain, à s'tér-là, petit zour li partie

Li fouillé son commer' zisqué dans son godon,

'' Y-en-a mirâcle ici, li dir', mon commère !

'' Mon mari fair' di-zef…. gros comment ziromon!

'' Mais quand zaut' connois ça moi va souffri misère

'' Et bien sîr moi gagné batté,

'' Ainsi fair' moi plaisir.. n'a pas besoin parlé ?''

Mais ça qui là qui son la-langu' bourlé,

Pour galoppé, son la-zamb' li légère ;

Sitôt l'autre parti li cerçé son commère

Pour causé, vous connais, commér' n'a pas manqué,

Et ça fois-là di-zéfs fini monté !

Pauvre blanc-là été pondre au moins trente,

L'autre commer', dans son causé,

Eté parlé y-en-a cinquante,

Et quand tous zaut' la bouss' fini mêlé là-dans

A soir ça di-zefs-là fini vini dés-cents. </CM>

 

 

LE RAT QUI S'EST RETIRÉ DU MONDE

 

TRADUCTION LIBRE DE LAFONTAINE

 

<CM>Ein' zour ein' vié lé-rat qui voulé vini saze,

Et qui lassé métier mauvais sizet,

Pour fair' son la-priér tout sél dans cabinêt

Eté commandé son la-case

Drétt' dans milié ein' gros fromaze :

Li vini prêtre à-s'tèr comm'ça

Blancs dir' l'hermit' ça prêtre-là

Et n'a pas bien long-tems li fini vini gras

Tout comment li été dans lé-tems son zênesse,

Bon-Dié content ça qui dir' son la-messe ?

_ A-vlà à s'ter, l'autre lé-rat passé

Avec çà l'ermit' là demandé çarité :

_ Tous son - parents, ça qui resté grand'-terre

Envoyé - li parlé son la-misère :

'' Çats entêtés pour fair' zaut' grand la guerre

'' Et li - çerçé l'arzent pour prend morceau du riz,

''  Di-blé, manioc, ou bien maï ! .. 

L'ermite à ster dire li : '' mon cher frère !

'' Pour vous qui moi capable faire ?

'' Dans zaffaires di-mond' moi-là n'a pas mêlé,

'' Laiss' moi tranquil' dans mon la-caze,

'' Bon-Dié soulaze - vous, salam mon frère..allez :

Quand fini ça li ferm' son l'entouraze.

 

Qui prêtre à stér là vous pensé

Qui moi voulé parlé,

Prêtre chrétien ?…. n'a pas ça :

Ein' prêtre zanguerna.

Moi croir' bien, quand mêm' dans fable,

Prêtre chrétien li touzours çaritable. </CM>

 

 

LE VIEUX MÉNÉTRIER

 

PARODIE DE BERANGER.

 

Air : C'est un lonla landerinette, &a.

 

<CM>Si vous connais moi vié - monde,

Qui zouyé bobre quéqu'fois,

Pour fair' zaut' dansé la-ronde,

Zour dimançe au bord di-bois ;

Quand y-en-a quéquén malade

Mon bobre fair' li lévé !..

Et lon lan la, mon camarade,

Dans mon tonnell' vini dansé.

 

Oui dansez dans mon tonnelle,

Ça la-caz' pour l'amitié,

Zamais là vous voir mam'zelle

Avec son zami boudé ;

 

Et bien souvent, p'tit mariaze,

Là-même été commencé !..

Et lon lan la, vous tous qui saze,

Dans mon tonnell' vini dansé.

 

Moi dir' vous dans mon tonnelle,

Zamais di-monde facé,

Et quand zautre y-en-a quérelle,

Pour boir'même qui litté ;

A soir en bas son l'ombraze,

Di vin frais toujours coulé !..

Et lon lan la, vous tous qui saze,

Dans mon tonnell' vini dansé.

 

Si quéqu'fois y-en-a mam'zelle,

Qui son zaloux va lévé,

Vini voir, dans mon tonnelle,

Son mari pour dispitté ;

Li na plis faire tapaze,

Sitôt zaut' fini trinqué !

Et lon lan la, vous tous qui saze,

Dans mon tonnell' vini dansé. </CM>

 

 

LE CHAT & LE VIEUX RAT.

 

TRADUCTION DE LAFONTAINE

 

<CM>Dans lé-tems zanimaux eté connais causé,

Ein' çat qui té malin zisqué li-mêm' tonné,

Avec pauvres lé-rats eté fair' grand la guerre ;

Quand mêm' li-çien, l'assommoir, souricière,

N'a rien capabl' passé divant,

Pour lé-rats-là, li-mêm' qui commandant ;

Mais métier mort fair' bientôt di-mond' lasse.

Comment çat avec zaut' fair' tous les zours la-çasse,

Lé-rats n'a plis voulé sortis,

Dans son rôdé çat-là touzours camis ;

Quand li voir ça, li dir : '' Bon mon compère,

'' A ster-là moi va fair' manière

'' Qui z'autre encor n'a pas tout d'bon,

Li-mêm' serr' son li-pieds avec morceau cordon.

Lé-rats vini, à ster, pour fair' bal dans la caze,

Y-en-a qui guetté-li :

'' Toi fini mort, donc, Dié-merci !

'' Bien sîr toi té volor la viande ou bien fromaze,

'' Ton maître, ça zour là, eté y-en-a l'esprit,

'' A ster là nous va croir' tout d'bon y-en-a zistice ;

'' Et bien long-tems comm'ça toi va dormi !

'' Salam, grand papa çat, zour qui fair' ton service,

'' Ça zour-là mêm' nous va dansé

'' Avec la-hard' faro qui nous capabl' gagné.''

Mais zaut' la-bouss' n'a pas long-tems causé,

A-v'là çat li vini encor

Comment dir' zamais li té mort ;

N'a pas la peine à ster pour zaut' sauvé,

Et la mézir zautre en bas, çat parlé :

'' Y-en-a morceau l'esprit encor dans mon boursaque,

'' Ça la maliç' dans tems la-compagni ;

'' Et quand mêm' zaut' dans trou, dans miraill' dans fataque,

'' Mon lé-dents trouvé vous.. vous tendé mon zami !''

Son la-viande à la fin fini dans carnacière,

Et comment son gourmand eté encor lévé,

Son l'esprit qui touzours marcé,

Fair' li çoisir l'autre manière,

Mais ça coup-là son poste eté çanzé!

Comment dir' bon - dimond' li dormi la cousine,

Dans son lé-corps partout li metté la farine,

Li-ziés tout séls n'a pas gagné

Avec ça mêm' li sentinelle;

Tous zên' lé-rats, à ster sorti pour badiné,

Quand mêm' moussié, quand mêm' mam'zelle,

Côté li zaut vini sauté;

Vous connais bien pour amisé

Zên' zens li là pour galoppé bien vite,

Et quequ'zein, tems en tems, çat métt' dans son marmitte,

Ein' vié coco, tout sel, n'a pas fié:

" Moi tort, peut-êtr', li dir', dans mon la tête,

" Si moi guetté toi loin moi croir' moi va raison ;"

Et ça lé-rat là n'a pas bête !


Quand vous n'a pas bien sîr où vous mett' vous li-pié,

N'a pas marçé vaut mié! </CM>



NÉCROLOGIE BURLESQUE


Such was his worth, my loss is such

I cannot love too well or grieve too much


Oldsworth

<CM>Ploré, ploré, auzourdi mon li-zié

Ploré quand même vous lassé


Mon bourriqu' Sansouci hier fini manqué!

Sansouci ! Sansouci ! mon dié qui bon bourrique

Quand li prend son çimin nà pas dir' li marcé

Li volé, tout comment moustique;

Quand li porté di bois, bazard ou bien çarbon

Si son paquêt trop lourd zamais li va dir' non;

Quand même li vaillant, y-en-a bon caractère

Zamais li, pour bien dir', qui commencé la-guerre;

Quand marcé, son la-têt' li drett comment lé-Roi !.

A force li té content moi,

Quand li voir moi li-zour ou bien commenç' la brine

Son li-ziés, moi dir' vous, li clairs comment la-line ;

Pour dir' la vérité

Quand li trouvé mam'zell' li té content causé;

Mais y-en-a bien di-mond' zaut dir' dans son famille

Qui bien souvent content causé avec lé-fille.

Ah ! pauvre Sansouci !..

Bon parent, bon di-mond', bon séclâv', bon zami,

Bon papa, bon tonton, bon frère, bon pitit

Quand même moi tout sél à soir dans mon la-caze

Moi n'a pas blié ton visaze :

Ton li-pieds, ton la-voix, ton la-peau, ton la-qué

Oui, quand mêm' moi va vié

Tout ça fair' moi ploré!!! </CM>

 

Par un ami.

 

Nota. L'Ile Maurice était, depuis quelques temps, inondée d'un flux de nécrologies plus prolixes ou plus ampoulées les unes que les autres et dont les éloges outrés ou mal écrits ne pouvaient que contrarier leur but: une bouffée de gaieté produisit la petite pièce que l'on vient de lire, qui n'avait et ne pouvait avoir d'autre objet que d'attaquer le genre, sans jamais se proposer de ridiculiser les infortunés que la mort avait frappés: quelques personnes cependant ont paru le penser, mais je ne puis m'en offenser, elles ne connaissaient apparemment ni mon caractère, ni le genre d'esprit qui sourit.

 

 

PIERROT OU L'HEUREUX ÉPOUX.

 

*

PARODIE DU SÉNATEUR DE BÉRANGER.

 

*

 

Même Air :

 

<CM>Quand moi zène moi té - bête,

N'a pas y-en-a la raison ;

Mais l'esprit dans mon la-tête,

Poussé comment ziromon.

Depuis Moussié content moi,

Moi riç' tout comment lé-Roi :

            Qui bon blanc,

            Moi content,

Pour bien dire son l'arzent,

Ma foi Dié moi gagné souvent.

 

Moussié dir' moi : '' Prends Thérèze,

'' Son z'enfants va ton pitits.''

En verté moi té bien aise,

Ça z'enfants là li zolis ;

V'là zautre appell' moi papa,

Tout di-mond' zaloux pour ça ?

            Qui bon blanc, &a. 

 

Moussié donné - nous la caze,

La harde n'a pas manqué,

Avant, p'tit morceau bagaze,

Dans mon boursaqu' té rentré ;

Thérèz' touzours bien faro,

Zaut' dir' : ça mêm' femm' Pierrot !

            Qui bon blanc, &a.

 

Quand pour accoucé Thérèze,

Malad' n'a pas badiné;

Dans mon lé-quer moi bien-aise

Voir çiruzien galoppé.

Moussié zour-en-zour plis bon,

Fair' caress' mon p'tit garçon !

            Qui bon blanc, &a.

 

A soir quand fair' badinaze,

Dans nous quartier pour dansé,

Thérèz' çerç' moi dans la-caze

Pour dir' moi : Pierrot allé.

Moussié té défendé li

Pour li zaloux son mari !

            Qui bon blanc,

            Moi content,

Pour bien dire son l'arzent,

Ma foi Dié moi gagné souvent. </CM>

 

 

 

LES ANIMAUX MALADES DE LA PESTE.

 

TRADUCTION LIBRE DE LAFONTAINE.

 

*

 

<CM>Ein' zour comm'ça,

Dans tout pays grand'terre,

Ein' bien mauvais malad' qui zaut' dir' Choléra,

Avec tous zanimaux eté fair' grand' la-guerre,

Et maniér' li té travaill' là,

N'a pas long-tems tous va dans cimetière.

Lé-roy Lion à s'tér dir' zautres : '' Mon z'enfans

'' Moi té tendé quand blancs y en-a mauvais zaffaire

'' N'a pas besoin fouillé long-tems ;

'' Pour fair' bon Dié fini son la-colère

'' Y-en-a quéqu'zein qui touyé son lé-corps,

'' Allons voir, à s'tér là, qui mérité pour mort

'' Et quand mêm' zautres-là n'a pas couri la messe,

'' Parlez zautres péçés comment dire à confesse :

'' Moi, pour bien dir', moi n'a pas va caçié

'' Quéqu'fois cabrit moi té manzé

'' Quand pour sauvé zautres gagné paresse

'' Et souvent, quand moi faim,

'' Moi manzé son gardien.''

Zacot, qui couté li, dire à s'tér là : _'' Mon maître

'' En vérité - dié vous trop bon !

'' Qui celle-là va pensé vous n'a pas té raison

'' Manzé cabrit ou bien mouton ?

'' Et ça n'a pas ein' grand l'honnér, peut-être,

'' Pour son gardien qui mort dans vous lé-dents !''

Comm' ça zacot té dire et zautres tous contents.

 Tigre, Loulou, été parlé chaquéne

Quand son tour arrivé

Mais, ma foi, n'a pas té la peine

Ça zens là n'a pas fair' péçé

Et zautres tous li doux, li sazes

Sirop di-miel dans zaut visazes

Comment mam'zell avant marié.

_ Pauvre bourriqu' qui branlé son la-tête

Pour conté son paquêt arrivé à s'tér là :

_'' Moi là n'a pas voulé faire ici l'embaras,

li dir, '' ein' zour, qui peut-être moi bête,

            '' Moi passé dans l'habitation

'' Où prêtres fair' planté son bréde et son loignon,

'' Quand prend di-bien l'égliz' sis pas ça malhonnête ?

'' Mais l'herbe senti bon, diable dans mon l'esprit

'' Morceau fataqu' moi té manzé tout - crid,

'' Ça n'a pas té pour moi, moi parlé sans malice.''

_ Couh ! à v'la tout zaut la-bouçe à ster-là li bouilli,

Zautres crié :_ '' Condir' li la police

'' L'herbe qui pour jésuit ça coquin-là manzé,

'' Ça même fair' bon Dié façé,

'' Et son la tête à s'ter là faut coupé !''

_ Ma foi son compte été fini bien vite,

Et li, ça zour là mêm' n'a plis besoin marmitte.

 

Quand pour zizé ça qui rice ou qui fort,

Pauvre diable, tout sél, qui toujours tort ! </CM>

 

 

 

LE COQ ET LE RENARD.

 

TRADUIT DE LAFONTAINE.

 

*

 

<CM>Ein' vié coq encor gaillard

Là haut di-bois, ein' zour, été faire sentinelle ;

Ein' zanimau qui blancs appell' renard

Qui content metté poul' dans son cari brinzelle

Ensemble ça coq-là fair' semblant bon zami :

_'' Bon la tête, li dir' ça qui y en a lé-zaile

'' A vlà vous là haut là comment dir' paille-en-qui

'' Mais qui fair' ça ? _ Descendez donc, compère,

'' Dié merci nous la guerr' fini

'' Vini embrassé - moi comment si vous mon frère

'' A force moi content mon liziés pleins di-l'eau !

Coq-là répondé-li_ '' Espère encore morceau,

'' Nous dés tous séls, n'a pas la peine,

'' Moi voir dé gros li-ciens galoppé dans la plaine

'' Tout les quatre à la fois nous capable embrassé ?

_'' Non, dir' papa renard, moi y-en-a grand l'ouvraze

'' Moi va manqué l'appel auzourdi moi pressé

'' Et moi couri dans mon la-case :

Quand fini-ça, mon ami, li filé !.. ….

Laisse à s'ter là ça vié coq-là rié !

 

Enguéz' di-mond' quequ'fois li doux

Mais li passé sirop pour ca qui trompé vous. </CM>

 

Fin des poésies créoles.

 

 </BODY>

 

 


 

<HEAD>

auteur=1832a_chrestien_1838-9

</HEAD>

 

<BODY>

 

1832a Chrestien

Album tropical (1838-9 ?)

 

 

L'HUITRE ET LES PLAIDEURS.

 

TRADUIT LIBREMENT DE LAFONTAINE

 

(MAI 1832)

 

 

<CM>Ein' zour, au bord di-leau, dés blancs été trouvé

Ein' zhuître qui la mer là-même été metté ;

Z'huître li gras, li frais, na pas ditout farouce

Pour dés blancs-là di-leau vini dans son la-bouce, 

- Faut connais à stèr-là qui célla va gagné

Car si vous croire, chaquène été trouvé premié :

- «  moi té voir li tout d'suite, »

Dire ein ça blancs-là ;

L'autre parlé comm'ça :

- « Si mon li-pieds té galopp' aussi vite

» Comme mon dés li-ziés pour trouvé z'huître-là,

» Ma foi n'a pas la pein' pour nous gagné dispite »

- Av'la Moussié Dandin arrivé là à s'tère,

Ça dés blancs-là prend li pour zizer son z'affaire

Et Dandin, sérié comment blancs fair' sermon,

Avalé z'huître et dire : « en vérité li bon.

» Et, pour zaut' tous les dés n'a pas fair' la bataille,

» Chaquèn' va prend ein' morceau son la-caille

» Dans zaut' la caze à s'tèr allez - vous, mon zami

» Et dormi bien dans zaut' li-lit. »

 

Avant pour dispité vous couri la police,

Si vous n'a pas voulé zautres dir' vous nigaud

Comptez vous bien l'arzent qui faut

Pour vous gagné zistice ;

Et n'a pas fair', quand mêm' vous va gagné raison

Comment mon camarad' défunt Zean-la-Guérite

Qui fair' gras son coçon

Pour qui marrons mett' - li dans son marmitte. </CM>

 

 

LA GRAND'MAMAN

 

CHANSON PHILOSOPHIQUE.

 

DANS LE SENS DE LA PROCLAMATION AUX NOIRS, DU GÉNÉRAL COLVILLE.

 

(JUIN 1832.)

 

 

Air : Mon épouse fait ma gloire &a. (du Sénateur)

 

 

<CM>Colas tous les jours vous boire

Plitôt couté - moi causé ;

Vous-la trop content z'histoire

Qui fair' vous l'esprit viré ?

N'a pas vaut-mié vous croir' moi

Fair' vous comment l'autrefois ;

Travaillez

Toujours gais

Après-ça vous vo dansé

Et zamais vous gagné batté !(*)

 

 

2.

 

Et puis quand fini la danse

Vous capable boire ein' coup

Mais gardez-ça pour Dimance

Pour zaut' n'a pas grondé vou ;

Dans la s'maine mon zenfans

Fair' vous - maîtres li contens.

Travaillez

Toujours gais

Après-ça vous va dansé

Et zamais vous gagné batté.

 

 

3.

 

Quand moi sorti dans la messe,

Ça moi n'a pas cacié vous,

Vous papas dans mon zênesse

Été fair' moi li-ziés doux ;

Et Sam'dis, après soupé,

Moi dir' vous tchéga roulé !

Travaillez

Toujours gais

Après-ça vous va dansé

Et zamais vous gagné batté</CM>.

 

(*) Observez l'époque.

 

 

4.

 

<CM>Quéqu'fois comme'ça dans l'office

Quand fini l'ouvraz' pour blancs

Li rend' moi pitit service

Et tous lés dés nous contents ;

Mais zamais, bon-Dié connaît

Nous z'enfans mauvais sizet

Travaillez

Toujours gais

Après ça vous va dansé

Et zamais vous gagné batté.

 

 

5.

 

Mais moi té souffri misère…

Vous papa fini manqué !

Moi sivré - li dans cim'tière

Et puis pour moi consolé

Tous les mois moi prend mari ; </CM>

(avec une larme)

<CM>Ça n'a pas fair' blié li !

Travaillez

Toujours gais

Après ça vous va dansé

Et zamais vous gagné batté.

 

 

6.

 

Gouvernèr mêm' dans son lettre

Va parlé vous comment moi ;

Ça mêm' comment dir' vous maître

Ça mêm' Grand Papa ma foi ;

Si vou - yen-a l'ambition

Si vous tendé la raison,

Couté li

Son l'esprit

Va dir' vous : Dansez, causé,

Mais zamais quitté travaillé. </CM>

 

 

LA TOURTERELLE

 

ET LA SERINE DU CAP

.

 

TRADUCTION LIBRE DE LA TOURTERELLE ET LA FAUVETTE DE FLORIAN.

 

(OCTOBRE 1832.)

 

La beauté passe, un talent reste

On en jouit même en autrui.

FLORIAN.

 

 

<CM>Ein' serine encor zène et zaut' dir', bien zolie

Pour çanté bon matin lévée avant li-zour ;

Ein' tourterelle, son zamis,

N'a pas l'autre métier qui touzours fair' l'amour ; 

-«  Mo commère, li dir', vous - l'esprit n'a pas drette

« Qui vous gagné avec tous vous - çansons ?

«  Moi, pour parlé tout d'bon, moi content la toilette

«  Moi content fair' viré la tête des garçons

«  Et quand zaut' soupiré dans coin mon l'entourage

«  Moi dir' vous, moi rié tout s'el dans mon la caze ;

» Mais vous, quand vous çanté

» Parlez moi vrai, qu'y vous gagné ?

- » Peut-être vous raison, dir' l'autre, la mizique

» N'a pas pour tout di-monde et chaqène son façon ;

» eine content dansé, l'autre content bonbon ;

» L'autre content la flîte ou bobre mozambique,

» Qui cella capable dir' son l'esprit mêm' qui bon ?

Quand fini ça, madame Tourterelle

Été resté long-tems dans son l'habitation.

Ein' zour, comment li té sorti la messe,

Li trouvé son zamie et zautres tous les dés

Été commencé vini viés :

Quand fini dir' bonzour et fair' morceau caresse,

Sérine à s'tèr dire li :-» Eh bien ! tous vous galants

» Comment zautres ça va ? tout d'bon v'la bein long-tems

» Moi n'a pas trouvé vous visaze !..

» Et, Dié merci, vous té y-en-a lé tems

» Pour écouter l'amour dans vous la-caze !

- » Ah ! mon commèr', dir' l'autre, assez causé ;

» Comment zozeaux quand gardien fair' tapaze

» Quand fini voir moi vié

» Zautres tous envolé,

» Zizé vous mêm' si mon léquèr bourlé ?..

- «  Oh ! moi répondé li son petit camarade

» N'a pas ça cagrin-là qui va fair' moi malade ;

» Si mon la voix morceau tremblé, tremblé.

» Moi n'a pas quitté mon métié ;

» Quand moi tendé toujours di-monde bien çanté

» Morceau plaisir encor vini dans mon zoreille

» Et moi blié moi fini vieille ! </CM>

 

 

DOMINGUE,

 

ARRIERE PETIT FILS DU DOMESTIQUE DE

 

PAUL ET VIRGINIE,

 

A SA MAJESTÉ LA REINE VICTORIA.

 

 

The voice of the people if not

Eloquent, is at least fearless and true.

 

Madame la Reine!

 

<CM>Vous grand Madame blanc, moi pauvre noir... Comment moi va capable causé avec vous ? – mais, si vous connais, en bas nous la peau comment di-bois d'ébenne, y-en-a morceau léquèr pour content vous, pour béni - vous comment dire nous maman même, pour dire vous grand merci la liberté qui vous tonton été faire nous gagné et pour prier bon Dié pour li soulaze vous dans l'ouvraze, bon morceau qui vou y en a, pour condire tous ça grands l'habitations là qui dans vous zordres !

 

Moi té dans mon la-caze tranquile après commande mon vouve pour la-pèce pour mon pitits…. A v'la moi tendé tout d'ein coup : « Nous lé-Roi fini mort… Nous « bon lé-Roi fini manqué ! – Ah ! mon Dié ! moi dire, grand malhèr fini arrivé ! – petit moment moi tende encore… : « Y-en-a eine zène Madame, bon madame, zolie « madame, son famille même, qui fini vini la Reine. » - moi soupiré à s'tèr, mon léquèr li fané comment à soir quand di vent frais vini dans la montagne ! – et puis moi voir encore tout dimonde après dire vous : Salam, salam, - zautres tous voulé crire vous, soldats sortis ensemble zautres pavillons, zofficiers tous contens, tous farauds, la mizique soufflé, canon tiré !! – eh ! eh ! moi dire, moi aussi voulé s'en mêlé, quand même mon l'esprit n'a pas connois parlé, di-monde qui bon n'a pas va pousse - moi, pèt-être ? – et puis, Madame la Reine, moi prié bon Dié aussi pour vous toujours ça va bien, pour vous toujours content, pour qui zamais la guerre vini faire vous çagrin ! – et puis si vous mariez…. Ah ! par exemple Madame la Reine moi engaze vous pour vous marié, moi : -Faut vous prend eine bon garçon, eine bon-vivant (comment zautres parlé) qui tout di-monde va dire « li bien », qui va content vous bien comme il faut, qui son l'esprit va travaille la zournée pour vous - la-bouce touzours rié. – Quéque zour, pèt-être, vous va gagné zenfans qui va dire vous : -maman maman ! – Si vous connois, ça parole-là li douce comment sirop di-miel ; li faire sauté léquer comment soleil quand li sorti dans la mer après qui l'oragan fini ! – et puis ça mari-là, ça zenfans là, tout ça là va comment vous même et nous tous va content zautres comment vous même.

 

Moi tombe dans vous li-piés. </CM>

 

</BODY>

 

 

 


 

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auteur=1832b_le_cernéen_18_mai_1832

</HEAD>

 

<BODY>

 

1832b Le Cernéen 18 mai 1832

 

((Jean-Pierre))

            Il a vue M.Durand et Lamour après crocher dans bagasse.

Le défenseur : Est-ce long-temps avant la rixe que M.Durand a frappé Lamour ?

R : Oui, long-temps ; M. Durand a frappé Lamour avec un morceau de bagasse et de suite Lamour a jeté à terre.

 

((Augustin))

<CM>R : Tout ça zaffaire là, aussi, moi n'a pas connais.

Q : Vous connais faire serment ?

R : Non.

Q : Vous connais bon Dié ?

R : Non. </CM>

 

((Charles))

<CM>Q : Vous connais faire serment ?

R : Sarron ?

Q : Vous connais faire serment ?

R : Ah ! Sarment ? oui.

Q: Comment vous faire?

R : Faire sarment bon Dié. </CM>

 

((Jean-Baptiste))

<CM>Q : Vous connais faire serment ?

R : Non.

Q : Vous connais bon Dié ?

R : Moi connais.

Q : Comment vous faire serment?

R : Moi pas encore allé l'église.

Q : Vous n'a pas connais faire serment ?

R : Moi n'a pas connais. </CM>

 

((Figaro))

<CM>Q : Vous connais faire serment ?

R : Non.

Q : Vous connais bon Dié ?

R : Oui.

Q : Comment vous jurez bon Dié ?

R : Moi connais jurer bon Dié, quand moi parle la vérité li va soulage moi.

Q : Combien bann'années vous y enna ?

R : Quatorze. </CM> ((Il a trois fois cet âge))

  

</BODY>


 

<HEAD>

auteur=1832c_le_cernéen_5_juin_1832

</HEAD>

 

<BODY>

 

5 juin 1832

 

Letter to the editor signed Pèdre, esclave de MM Pitot (but obviously written by a blanc)

 

je passé mes journées à chanter sur un air Mozambique, en m'accompagnant de mon Bobre: <CM>Tété tombé, tété dibouté</CM>.

 

</BODY>

 

 

 


 

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auteur=1835_nicolay_1835

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<BODY>

 

1835 Nicolay

 

 

PROCLAMATION.

 

Pour noirs escalves dans Maurice.

 

(TRADUCTION EN LANGUE CRÉOLE.)

 

           <CM>Dépuis nous lé-Roi été nommé moi pour Gouvernère dans pays - ci, moi té content maniére qui zautre, presque tous, été travaille, été vivre !

 

            Moi té content, sirtout, quand moi té voir qui vous été amisé tranquiles zour bonne-année qui fini passé ; sans tapaze, sans la guerre, sans trop boire ; parcequé moi pense qui toujours ça va allé comme ça, et qui vous va mérité di bien qui lé Roi voulé faire avec zautres.

 

            La mésire vous va gagné l'espris, qui vous va connais la loi, vous va connais, aussi, qui tout di monde doit travaille, doit faire son l'ouvraze, doit sive l'ordre son chef : tout di monde, quand même pitits, quand même grands, quand même rices, quand même pauvre, doit travaille son métier ; parcequé bon-Dié même été marqué nous pour ça ; parcequé Bon-Dié même été voulé qui tout di monde gagné, avec son l'ouvrage, ça que li y en a besoin ; et vous lé-Roi, li même, la zournée travaille dans son l'esprit pour maziné ça qui capable faire vous di bien, ça qui capable rende vous contents ! Si nous n'a pas travaille, comment nous va gagné manzé ? Comment nous va gagné la caze, la hardes ; comment nous va nourri nous femmes, nous pitits, nous famille ? Comment nous va gagné médecines pour nous pauvres zenfants quand zautres y en a besoin ? Dans tous pays, eine noir bon sizet qui bien travaille la zournée pour son maître, sans volor, sans souler, sans la guerre, sans couri maron ; qui, à soir tourné dans son la caze pour trouvé, tranquiles, son femme, son zenfant, son - camarades, celle-là li mérité pour lé-Roi guetté li comment dire son pitits … Celle-là li mérité pour appelé lé Roi son papa !

 

            Lé-Roi fini faire eine la Loi qui nous tous va sivre bientôt, et qui va faire vous connais vous l'ouvraze ; qui va faire vous connais ça qui y en a pour faire : lé-Roi, ensemble tous Anglais, fini acheté vous avec vous maîtres pour vous libres, ça qui noirs z'habitans dans six bonne-années ; ça qui noirs domestiques, zouvriers etc dans quatre bonne-années ; et, dans ça tems là, si zautres été bien travaille, zautres tous va libres. Mais souvini - vous bien qui ça la liberté là comment dire dans zautres la-main, et si zautres paresse, si zautres faire frontés, si zautres n'a pas couté l'ordre zautres chef, si zautres boire, si zautres n'a pas travaille, si zautres volor, courri marron … La liberté là n'a pas va vini tout-à l'hère et zautres va faire li arquiler pour plisiers bonne années !

 

            Premier zour ça mois qui vini là, qui appelé Février, zautre tous va perdi son nom Esclaves et zautres va appelé Zapprentis, comment ça qui zautres appelé Noirs 14 Ans ; mais, comment moi té déjà dire vous, noirs zhabitans va libres tout a fait dans six bonne années ; et noirs domestiques, zouvriers, etc. dans quatre bonne années. A s'tèr moi voulé dire vous la loi qui pour vous maîtres et pour zautres,

 

            '' ART. Ier. –CHAPITRE 4. –Tous noirs zapprentis va servi son maître comment bon sizet, et va sivre son l'ordre dans son l'ouvraze quand li drette avec la loi.''

 

'' ART. Ier. –CHAPITRE 5. Tous maîtres va soigné zautres zapprentis quand zautres malades, oui quand zautres porté bien sans faire zautres tort, et comment la loi même faire li connais.''

 

            Par ça la loi là, vous bien voir qui zautres maîtres doit soigné zautres dans l'hôpital ; doit nourri zautres, doit donné zautres la hardes et veillé pour personne n'a pas faire zautres tort. Et zautres, zapprentis, doit sivre les ordres zautres maîtres et travaillé pour li sans faire li tort.

 

            Pour tous noirs qui travaille dans l'habitation, dans sucrerie ou dans zatteliers, la loi été marqué zautres pour travaillé 45 l'hères dans la semaine pour zautres maîtres, et comme ça, quand zautres va travaille bien pour zautres maîtres dans ça tems là, zautres va capables gagné eine zour entier ou eine zour et demi, comme ça, dans la semaine, pour travaillé pour zautres mêmes. Mais lé-Roi li voulé ça travail-là va tombé dans l'ouvraze zautres maîtres qui va payé vous, ou bien quand vous maîtres n'a pas besoin zautres, vous va capables travaillé pour l'autre di-monde ; ou bien dans zautres zardins, ou bien dans quelques l'ouvrazes comment paniers, nates, sacs, coffres, enfin dans zautres métiers ; pour avec l'arzent qui vous va gagné vous capables metté morceau bouillon ensemble vous di-riz sec et nourri et soigné vous zenfants qui n'a pas capables travaille ; car celles-là, vous maîtres n'a pas doit nourri li, ni soigné li ; et l'arzent qui vous va gagné là-même doit servi pour ça.

 

            Tous noirs qui appellés domestiques, va vini libres tout à fait dans quatre bonne années.,  mais pendant ça tems-là zautres va doit servi bien zautres maîtres et faire tout l'ouvraze qui domestiques faire toujours.

 

            Pour zautres n'a pas perdi l'arzent qui zautres capables gagné quand zautres travaille comment bon noir, nous va faire léve eine bireau ou, quand zautres voulé, vous va capables metté ça l'arzent là, pour zautres prend li quand va besoin.

 

            Va y en a Zizes dans tous quartiers pour tendé vous maîtres quand son zapprentis va faire li tort ; et pour tendé zautres aussi, quand vous maîtres va faire vous tort. Ça Zizes-là Protectèrs pour zautres maîtres et Protectèrs pour zautres aussi et li va faire pini ça qui va mérité. – Ainsi, vous bien connais, moi fini bien parlé vous, qui faut qui zautres travaille bien comment bons noirs, sivre bien l'ordre zautres maîtres, faire bien zautres l'ouvrage, pour vous maîtres n'a pas porté plainte avec zizes et faire vous pini. – Quand la loi va sorti, vous va connais manière qui va pini - vous, et vous va voir qui quand tous zautres camarades, qui été bons - sizets, va libres, tous ça qui été soulé, contents la guerre, tous ça qui été paresse, fronté, zouères &c va obligé travaille encore pour son maître.

 

            Ainsi, moi engaze vous bien écouté mon paroles ; travaillé bon cœur ; ein pè mié qui l'autrefois ; n'a pas écouté mauvais la-bouçe qui va voulé dérange vous dans vous l'ouvraze, apprendre la religion pour vous vini Chrétiens, et faire vous maîtres contents, pour moi aussi content et pour qui moi faire tout ça qui moi capable pour voir zautres dans zautres bonher. </CM>

 

Port-Louis, Ile Maurice, 17 Janvier 1835.

 

W. NICOLAY.

 

</BODY>

 

 

 


 

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auteur=1837_maure_1840

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<BODY>

 

- 1837 Maure 1840

 

SOUVENIRS d'un vieux colon de l'ile Maurice

[André MAURE]

                                                                       La Rochelle 1840

 

<CM>Mama Rita</CM>      p : 352-3

 

complains that although there have been protectors of slaves etc, nothing is done for those with full civil rights but in difficulties. Example

 

(Mama Rita dans un bureau particulier d'indemnité)

 

<CM>-        N'a pas ici qui appelle bureau l'indignité ?

-        Oui : qui vous voulé ?

-        Moi vini Trois-Islots, moi y en a, en noir, en négresse et en petit créole ; o vela papier qui parlé. Moi pauvre, moussié ; gouvernement donné moi morceau du riz, moi misère. Blanc diré moi, ici donné l'argent, moi vié, n'a pas capable travail.

-        Sizé, bonne femme. </CM> (On avance un fauteuil)

 

Ici commence une scène dégoûtante. La cupidité, qui veut arracher à la misère sa dernière ressource, prend tous les masques, toutes les formes, use de tous les moyens pour y parvenir.

 

<CM>-        Comment vou appelé ?

-        Moi appelé Rita, Mama Rita ; moi créole madame Magon, Ville bague li qui été affranchi moi.

-        Vous voulé l'argent, bonne femme ?

-        Qui na pas voulé, tout dimande [sic, error for /dimun/ ; 'dimonde' ? PB] content l'argent, moi ici, moi voulé.

-        Eh ben, nous va donné vous. Vous na pas zenfans ? na pas papa, na pas mama ?

-        Personne, moussié. Moi vié comme ça, comment moi va gagné papa, mama ? na pas personne, moi tout seul.

-        Si nous donné vous cent piastres, vous va content ?

-        Grand merci, bon Dieu, moi va bien content…</CM>

 

p 70     <CM>ça citoyen la République été un bon blanc ; avec li toujours bon poids. </CM>

 

</BODY>

 

 

 


 

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auteur=1839a_le_cernéen_1_janvier_1839

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<BODY>

 

1839a Le Cernéen

 

from Le Cernéen no. 927, 1.1.1839                          

 

<CM>Moussié La Gazette,

 

Vous ti dire Moussié Sirandale fin' donne nous boire zour Noël di vin, la bierre ensemble la liquère. Laut' zour vous ti dire Gouvernère bête à cause li causé quiqu' çose qui li n'a pas coné : à c't'hère vous même qui bête, vous parle ça qu'vous n'a pas coné. M. Sirandale ça même qui zize pour nous, li ti donne ene grand bal dans son la case. Coument nous ti hérés ! Assise dans fauteuils ; boire dans verre zize ; domestiques na pas manqué, zendarmes !. !. y en a di vin, y en a la bierre, y en a la liquère ; tout madame si l'eau cologne dans moussoir. Mo même la misique avec Prosper. Moussié Sirandale dire nous comme ça moutié français, moutié anglais : amisez mo z'enfants, badinez ; ça même nous banne année azourdi. A v'la tout la nouit nous dansé, zisqu'à viélon na pas capabe marcé ; colophane na pas. Sitôt la LIBERTÉ finie, nous tire galop zisqu'à nous fine soûlé ! Moussié Sirandale même toné.

 

Y en ena dispite même : Myrtil qui fin trouvé son femme avec Philogène là haut grénier.

 

L'hère nous maziné pour quitte bal, a v'la camrades saut' dans parc cabris, ça povre moussié Sirandale pour dire li merci, prend trois cabris, coupe son la tête, f….. la haut l'épaule ; la tête même quitte divant la porte. La zoie aussi gagne malhor ; quatre fine saboulé. Pauvre Moussié Sirandale ! Son zendarme où li ? Après donne la liquère tout zènes filles la Rivière Grampant. l'hère pour TIOMBO PIOSSE, COURAZE NA PAS li zié bourlé coument piment, li plié raide, reinté qui n'a pas pelle reinté même, pa la moutié all' l'hôpital. A soir vini cabris la zoie, tout ça dans marmite.

 

A v'la Moussié la Gazette, ça qu'vous na pas ti coné ; Si vous na pas voulé croire moi donne di l'eau béni : mo boire !

 

ZEAN ENSEMBLE PROSPER

MISICIENS LA RIVIERE GRAMPART  </CM>

 

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auteur=1839b_le_cernéen_3_janvier_1839

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1839b Cernéen 3 jan 1839

 

<CM>Vou ti dir moussié Sirandale ti donn' enne bal pour noirs la rivière Grampart ; qui fer vous n'a pas coz sa qui grand zize au Port té donne zènes filles, banané – av'la enne famé bal cenne là. Na pas pour dir, mais si fé va ça grand blanc là li bien content neingresses va ! Y ty en a partout, plein son la salle, plein son la varangue, plein son cabinet. Violon ronflé là dans, na pas badiné. Femme grand zize, son mamzelles, zot' tout vine appiyé dansé avec nous comment dir zot servant' comment nous. Grand zize aussi li dansé, mais dommage, son li pié fine cassé enne coté pov' diabe. Av'la blanc qui na pas fier là. Quand même vous la peau li noire, zot' na pas embrasse. Na pas blié coz' ça dans vous la gazette pour nous gagne encore enne bal. Nou liquerre na pas va content tant qui nous na pas va danse enne galop avec gouverner li même.

            Salam don, moussié la gazettte.

            Caroline, qui vend' bouquet derrière l'Eglise Zanglé. </CM>

 

 </BODY> 

 

 

 


 

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auteur=1839c_le_cernéen_4_janvier_1839

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1839c Le Cernéen

 

4 jan 1839 ‘‘ ANECDOTES’’

<CM>… Mais qui va faire, mo blizé, mo fine libre, na pas capable servi mon maître encore…

… Eh bien ! figuire, ou li ton sabre donc – Mo na pas yana. </CM>

 

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auteur=1839d_le_cernéen_5_février_1839

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1839d Le Cernéen 5 février 1839

 (“Chroniques de la civilisation nouvelle”:)

 

Un affranchi auquel on demande ce qu'il  va faire maintenant qu'il est libre, répond :

            <CM> « mo va ramasse brèdes l'habitation, sisé dans mo la case, coui manzé » </CM>

 

Un autre :

           <CM>  « ac'te hère nous libres, Gouvener donne nous deux livres dou riz » </CM>

 

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auteur=1839e_le_cernéen_4_avril_1839

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1839e Le Cernéen 4 avril 1839

 

Déclarations recueillies par un planteur du quartier de Pamplemousses :

 

<CM>Phorphire, Cupidon, Adonis : Nous allé au bord la mer.

Aza, Louison, Maguitte, Victoire, Augustin : Allé Montagne Longue</CM>

(d'autres noms) : <CM>Fini loué la case la Plaine Pamplemousses.

…                    : Allé la Pointe Piments

                        : Allé au Port</CM>

(A la question : chez qui ?) : <CM>Nous va rodé place

                                               : Na pas conné

                                               : La Reine dire nous tous libres pour allé posé

                                               : A côté mo maman mort, moi aussi mort

                                               : Mo allé Réduit

                                               : Mo va sivre l'Amour

(lezot legzamp) : « Mais qui va faire, mo blizé, mo fine libre, na pas capable servi mon maître encore. » </CM>

« Un gendarme avait arrêté plusieurs vagabonds, dimanche dernier sur la route de Pamplemousses. L'un d'eux voyant le bon gendarme désarmé lui dit :

<CM>_ Eh bien ! Figuire, ou li ton sabre donc.

_ Mo na pas yana. </CM>

Et les vagabonds de renverser le gendarme et de se sauver”.

  

</BODY> 

 

 

 


 

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auteur=1839f_le_cernéen_9_avril_1839

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1839f Le Cernéen 9 avril 1839

 

<CM> « moussié, mo ti promis mon maître reste avec li ». </CM>

 

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auteur=1839g_chrestien_le_cernéen_18_avril_1839

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1839g Chrestien

 

LE CERNÉEN   18 avril 1839

 

Quelques fois aux grelots de la folle saillie ;

Sous des voiles légers la morale s'allie.

F. Ch.

 

Un coin du feu à la campagne

ou

Fonclair et Pierrot

(la scène se passe dans la caze de Pierrot)

 

<CM>Fonclair</CM> (habitant entrant) :

<CM>Bonsoir, Pierrot mais qui toi gagné donc ?…

Ton li-ziés li rouzes comment zozeau-foude, toi n'a pas causé et toi l'air triste comment di-monde qui fini cassé son pipe ?

 

Pierrot, ancien commander</CM> (half and half)

<CM>Ma foi, moussié, moi n'a pas caçié vous ; moi té après comment vous voir

moi-là ; et, pour dire vous la vérité, moi lé boire eine petit coup ; parce qui

eine côté moi bien aise, et pis eine côté moi moi çagrin.

 

Fonclair

Comment toi çagrin… qui capable faire toi la peine à s'tèr la ? – A v'là tout ton

camarades fini gagné zautres bonhèr, tout ton famille, tout ton zamis fini libres !…

est-ce qui ton zaffaires n'a pas allé bien…  est-ce qui ton poules fini gagné la Rouzeole aussi ?

 

Pierrot

N'a pas ça, moussié ; grand merçi Bon Dié, mon poules, mon coçon, mon cabrits, tout mon

famille ça va bien. – Mais ça n'a pas empèçé qui moi çagrin !

 

Fonclair

Diable ! … mais ciplique moi ça ein pé ?

 

Pierrot

Ah ! mon Dié, moussié, vous même va voir sis pas moi raison. – Vous connois moi libre longtemps moi ; défint vous papa, qui Bon-Dié va béni li toujours, été donne moi la liberté, morceau l'arzent, morceau la terre, et pis li dire moi comme ça : '' Pierrot, mon garçon, quand toi voulez resté moi, restez ; moi va soigné toi, quand toi malade comment l'autrefois ; moi va donné toi cinq roupies tous les mois et toi va sivre la bande comment toujours : si toi voulez allé, allez, mon garçon. – à s'ter-la toi capable faire ton volontés.'' – Moi dire ou di-l'eau été vini dans mon liziés, quand moi té tendé vous papa causé comme ça ? – et moi réponde li tout de suite – ''Ah ! mon dié, moussié, comment vous capable pensé qui moi va quitté vous ? … moi qui fini habité dans vous lacaze, dans vous l'habitation ? … moi, qui fini voir lévé tous ça zenfans-là qui mon femme été son nénaine ?

Zamais ! Moussié, zamais ! – ou bien ça jour-là mon l'esprit va fini çaviré.'' Comme ça moi té parlé, et manière vous bon papa été guetté moi, li encore là divan mon li ziés. – Mais n'a pas ça à s'tèr, moussié ; vous connais bien aussi qui mon papa, qui sivré la mode Malgace, été y-en-a dés, trois femmes dans l'habitation ? - Son dernier pitit, mon frère Lindon été resté dans séclaves (sic) zisqué à s'ter-la, li té dans sicriers ; pour bien dire, dans la main eine blanc qui bein soigné son zens ; bon la caze, bon vivres, bon lahardes, bons médecines… Car n'a pas manqué blancs qui soigné son zapprentis à s'tèr ! – Mais zênes-zens, vous connais, tout ein-pé fouca-fouca ? Zautres n'a pas couté, paroles grand monde, zautres sivré mauvais l'esprit et ça Lindor-la li maziné qui tant qui li n'a pas faire son farces, zamais li va croire li libre tous d'bon ; et farces-là, vous connois qui sis-ça ? – Eh ! bien, moussié, Lindor-la li été rentré dans vagabondaze !!

 

Fonclair </CM> (surpris)

<CM>Mais qui sis-ça métier-là, Pierrot, vagabondaze, zamais encore moi té tendé eine parole comme-ça ?

 

Pierrot

Ma foi, moussié, moi nommé li à pé-près comment moi té tendé blancs parlé ; mais ça n'a pas métier ; - ça eine manière emmène vous lé-corps pour vous proméné la zournée, dans la miziQue et dans bazar ; comment li cien qui fini perdi son maître; pour vous n'a pas travaille, pour rammasé malade dans la cantine et dormi dans la rie. Et voir vous - même sis-pas moi raison pour moi çagrin, à s'tèr-là qui moi fini tendé qui la Police commencé s'en mêlé et qui mon petit frère Lindor va faire mette li en prison ?

 

Fonclair

Faire vous consolé, mon pauvre Pierrot ;

Moi voir bien sa doit faire vous la peine,

Mais allez vous causer ensemble vous frères.

- Quand di-monde fini gouté la prison, et fini la misère fini taqué li morceau, li capable connois qui tout di monde doit travaille, doit sivre la zistice ; et qui n'a pas y-en a liberté qui capable empêçe vous faire faire vous l'ouvrage et vous devoir.'' </CM>

           

            11 avril 1839.  LE BOBRE AFRICAIN

 

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auteur=1839h_le_cernéen_11_juillet_1839

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1839h Le Cernéen 11 juillet 1839     <CM>Ti-anons lor paz en</CM>

 

En attendant l'Album Tropical, (...), M.F. Chrestien offre au Public les SCENES POPULAIRES DE L'EPOQUE, en patois créole, et intitulées :

un coin du feu à la campagne ;

la veillée de village ;

Pierrot dans les embarras de la paternité ;

Se débitant au bureau du Cernéen ; prix deux shillings comptant.

 

Incessament, et suivant le succès de cet essai :

Adresse de Domingue à la reine Victoria ;

Pierrot dans la diplomatie ;

Les appâts d'un bal du faubourg.

Enfin, plus tard :

Les brigands de la plaine des roches, (…)

 

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auteur=1839i_le_cernéen_7_mai_1839

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1839i Le Cernéen 7 mai 1839

 

 <CM>

1. Grand nouvelle fini vinie,

La liberté fine gagné ;

La Reine qui bein content nous,

Li voulé qui nous posé.

A c't'hère qui nous mamzelles,

Plis souvent si nous va piossé :

En avant, marçons,

La case Anderson,

Parasol sous l'bras, la peau bef dans li pié

Bardeau la haut la tête (bis).

 

2. Comment vous v'lez nous travail,

M'sié Sirandale li même causé ;

Li dir com'ça: ` c't'hère vous libres,

Vous pitit piossé n'a pas.

Au port li va gagne ène métier,

Ene métier bien attitré.

En avant, etc.

 

3. A c't'hère la qui nous servantes,

Travail na pas bésoin,

Dourmi na pas va manqué,

Ça même qui nous métier

Mo tende côte l'hôpital

Viélon commence ronflé.

En avant, etc.

 

4. Dommaze nous li pié faire mal,

Soulié ein pé zéné.

Blizé tir pour marcé,

Apporte li dans la main.

Sitot trouvé calesse

Bien vite attace costime (1)

En avant, etc.

 

Ceci veut dire cothurne

 

 

5. A c't'hère là faut nous faraud.

Zènes gens na pas manqué,

Zaconats, zindiennes, mousselines,

Di l'eau Cologne en bas lé bras ;

Fané, fané partout,

Vous coné dans bal faire çaud.

En avant, etc.

 

 6. Bon dié ! bon dié ! comment nous héré !

Ça bal là tout d'bon famé :

Gateau, paté, di vin,

Na rien qui fine blié

Bal même moussié Sirandale

Na pas ti zoli comme ça.

En avant, etc.

 

7. Nous papa même ça grand blanc là,

Li donne la peine pour son pitit

Li faire semblant allé Seychelles :

All' voir, li alle l'Angleterre.

Li grand cam'rade la Reine,

Ça même nous gagne cadeau.

En avant, etc.

 

 8. La police empèce promener,

M'sié Finniss fini mâté ;

Gouverner li v'lé causé,

Grand blanc dir li, assez ;

Quand même bitation fine sec,

Mo v'le mo zenfans héré.

En avant, etc.

 

</CM>

 

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auteur=1840a_lloyd_1840

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<BODY>

 

J A Lloyd

handwritten report to the Colonial Office dated 4 April 1840

CO 167/226

 

<CM>Cure Pipe </CM>

 

p3 <CM>Bozour Mushee</CM>

 

p3 <CM>A'ce terre, nous ti lib, qui faire nous tlavai? </CM>

 

p4 <CM>Zout n'a pas ti besogne l'arzan, pour gagner lib XXXX fin gagner. </CM>

  

p4 <CM>Ab beh lé n'a pas negre! </CM>

 

p7 <CM>barachoix</CM>

 

p12 <CM>bon pa</CM>

 

p15 <CM>beauperes, tantines</CM>

 

</BODY> 

 


 

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auteur=1840b_le_cernéen_3_octobre_1840

</HEAD>

 

<BODY>

 

1840b Le Cernéen  3 oct 1840

 

<CM>

Çà manioc, coup de poing

Çà n'a pas bon jamais manze l'aloi

Tayèr mousié, li na pas conne ça

N'a pas voulé, di zoeuf n'a pas y en a

</CM>

</BODY> 

 

 

 


 

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auteur=1846_cirandane_çanpéc_1846

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<CM>

CIRANDANE … çanpéc.

 

1.  Piti batte maman … La cloce.

2.  Dileau diboute... Canne.

3.  Bois d'ibainne dans dileau... Anguy.

4.  Yanna einne grand-maman, li faire piti, li faire piti, li faire piti, li commande boucoup piti natte, tout son piti dourmi par terre… Ziromon.

5.  Vous zouindre einne grand bande doumonde ; quand vous encore loin, li dire vous bonzour ; quand vous finne arrive proce, zotte n'a pas dire n'a rien… Gournoye.

6.  Tant-que li vivant, n'a pas parlé ; qua li finne mort, li parlé… Barvatte.

7.  Tous noirs mon papa li pied torte… Li cien fizi.

8.  Dileau pendi… Coco.

9.  A soir li prom'né partout, li zour son la tète en bas, son li pied la haut… Soursouri.

10. Yana einne grand bande marmaille, qua solé coucé, vous trouve zotte tout clair, qua solé lévé, zotte tout cacié… Zétoille.

11. Mo marcé dans einne piti çimin, zamé mo va pozé, zamé mo va tourné… La Rivière.

12. Dans dileau yana la corde… Z'ouritte.

13. Li mince corps, li yana boucoup lé dent, li n'a pas la bouce, li capabe manzé lizour, la nouy sans pozé, tant qui vous voulé… La scie.

14. Tout mon piti noir mette boné rouze… Coq.

15. Bréde dourmi… Ziromon.

16. Li n'a pas lé dent, li manzé tout lé zour dipi bomatin zousqu'à soir, zamé li avalé… Moulin canne.

17. Bréde galoupé… Yévre.

18. Mo yana einne bande piti noir, zour zotte fite, zot habillé tout en rouge… Cévrette.

19. Einne laqué, sept lapattes, quatre zoreilles, la guelle dans la boue… Li cien manze dans marmitte.

20. 4 pattes la haut 4 pattes, 4 pattes aspère 4 pattes, 4 pattes n'a pas vini, 4 pattes allé, 4 pattes resté… çatte la haut çéze aspère lé rat, lé rat n'a pas vini çatte allé, çéze resté.

21. Mo yana einne quiqu'çoze, qua même léve la lahaut li toujour bas… Lé bas.

22. 4 pilé 1 vanné… çouval pouce mouce.

23. Yana 14 pieds dipi son licou zousqu'à dans lé reins, qua vous mizoure tout son corps né qu'einne pied dimi… Homar.

24. Mo yana einne piti noir son l'esprit dans son néné… Li cien.

25. Mo yana trois noirs qui travaillent toujour dans même place, zamé zotte n'a pas avancé, zotte n'a pas arquilé… Cilindres Moulin.

26. Qui marcé la tête en bas… Coulou soulièt.

27. Mo yana einne piti noir son l'esprit dans son la patte… çouval.

28. Qui yana son lezo la haut son la peau… Barique.

29. Quand mo allé bégné la Rivière, mo laisse mon tripe la caze…Matelat.

30. Qui ça qui li zour li plein et la nouy li vide… Soulié.

31. Qua mo allé la Rivière mo çanté, qua mo tourné mo ploré… Barique galère.

32. Si vous lavé pas, prétte moi li, si vous lavé, n'a pas pretté… Battoir.

33. Mo louvraze zamé fini… Ramasse bouteilles cassées.

34. 4 pattes apré 4 pattes, 4 pattes monté, 4 pattes tourné, 4 pattes resté… Licien apré zaco.

35. Mo té va boire divin, si té yana dileau, mo boire dileau pass'qui n'a pas dileau… Navire tombe au sec.

36. Si zotte vini, zotte n'a pas va vini, mé si zotte n'a pas vini, zotte vini… Z'bitant plante p'tit pois, li père pizon vinne manzé.

37. Tourou sans fond… Bague.

38. Yana einne band' bébette qui travaille dans même l'endroit, zotte tendé l'einne à l'autre, mé zotte n'a pas capabe trouvé zotte figuire ou zotte vizage… Moutouc.

39. Einne bande Mam'zelle au bord cimin zotte tout baisse la téte… Banane.

40. Mo expédié einne Commissionnaire, sitot li gagne la réponse mo finne conné… L'hameçon.

41. Li manze son tripe et li boire son disang en même temps… La lampe.

42. Bancal au bord di leau…Grounouille.

43. Mo yana boucoup zouli l'assiette bien fine quand li tombé zamé cassé… Feilles.

44. Mo yana piti barique qui tini dé sorte divin… Dizef.

45. Yana belle la caze, rempli p'tit Mazambique ladans qui travaille tré bien… Mouce dimiel.

46. Yana la caze qui peinte en verd par dohors, en blanc en didans et tout ça qui démére là dans, zotte tout noir… Z'attes.

47. Mo yana dé bassin bien zouli, gazon tout tout en tour, çaqu'ienne einne l'Ilote dan milié, quand zotte débordé, vous trouve son dileau coulé caqu'einne son coté ; mé, canal qui fourni dileau dans tout lé dé bassin, vous n'a pas capable trouvé… Lizié.

48. La terre li blanc… Papier.

la semence li noire…L'écritire.

liquèr récolté… Z'amitié.

 

Qui la Plaine qui pli haut ? Cé la plaine line.

 

Qui différence entre einne Zize et einne escalier ? Einne Zize faire vous lève la main, l'escalier faire vous lève li pied.

 

Dans qui mois lé femme parlé moins ? Mois Février.

 

Quand vous coupe dipain, qui li dire ? Li di-mini.

 

</CM>

 

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auteur=1850_zistoire_moucié_caraba

</HEAD>

 

<BODY>

 

1850 Zistoire Moucié Caraba 

 

in Chaudenson 1981 : 121-3

 

<CM>

 

ZISTOIRE MOUCIE CARABA

 

             Acoute bien zotte, a force sa zistoire la li gou y en a capable gagne dourmi, mo dire vou.

            E ti y en a enne vié blan qui ti gagne troi piti ; li ti y en a enne moulin, enne bourique ensemble enne satte. Enne zour, sa vié bonome la, li gagne gran malade, pour mor même, li appelle son troi piti, li dire, mon piti, mon piti, arla mo va mor, napa la peine zotte appelle blan au por pour faire la partaze parcequi toi qui pli gran la, mo donne toi mon moulin, toi mo donne toi mon bourique, et toi qui pli piti la mo donne toi mo satte. – Arla, comman li encore parlé la, son labouce sèque tou din cou, li mor même. – Astore sa qui piti la qui té gagne satte, li sagrinne, li dire mo gran frère la qui té qui gagne moulin, li va faire moudre diblé dans son moulin, lotre li va sarrié lafarine avec son bourrique, zotte dé va gagne l'arzen, mé mouan qui té gagne enne faye satte la, qui mo va faire, mo va mor fin. Arla son dé gran frère li dire, arranze toi mor fin quan to voulé qui nous embrasse. – Astore sa qui pli gran li dire moi mouan alle moudre diblé dans mon moulin, lotre dire moi mouan alle donne l'erbe mon bourique, arla zotte dé courir. – Astore sa qui pli piti la dire, quan mo va fini touille mon satte, mo vande son la po ave dou mounde pour faire barsaque taba, mo coui son laviande, apré mo manze li, qui mo va faire, mo va mor fin. Coman li té souplaigné la, satte été dourmi en ba lili astore li sourti, li dire : mon mètre, mon mètre, napa bisoin vous sagrinne, quan voulé coute moi, vou va vini rice. Son mètre dire : qui toi faye satte couman toi, pito to alle sasse lé ra pour to manzé. Satte li entété, li dire : mon mètre, quan vou voulé don moi sa qui mo demande vou, vou va vini rice. Son mètre dire : hé bin qui to voulé. Satte mo voulé botte avec enne sac. Son mètre dire : hé bin mo va coute toi pacequi mo conné to bien malin. Arla son mètre donne li sa qui li té demandé.

            Arla astore satte metté son botte dans son li pié, li amarre son sac dans son lé rin, astore li allé, li allé, li allé zousqua li arrive dans enne gran carré doublé, astore li ouvri bien la bouce son sac, li mette la dan bon morceau laceron, li té amare enne pti la corde bien longue, astore li arquillé, li cacié dans fon boursaille, rien que son li zié même té dohore, mo dire vou, un poti moman, arla enne gran B… lièvre vini cri, cri, cri, cri, avla li voir la lasseron, li antre dan son sac pour li manzé ; manami ! satte trouve sa, li halle son piti lacorde tou din cou, avla lièvre fini pri. Avla lièvre li dire : grasse papa satte, grasse papa satte, mo napa faire encore. Satte na pas coute tou sa. Li touille, apré li mette li dans son sac.

            Avla astore li allé, li allé, li allé. Li arrive cote la caze lé roi, li voulé entré, soldat qui té la garde la porte lé roi napa voulé lésse li entré. Avla lé Roi qui tende dou monde barbouille barbouille dan son la porte, li dire : mé qui barbouille dan mon la porte la don. Son domestique dire li : enne faye satte sa qui dire li voulé parlé parlé ave vou. Lé Roi dire : hé bin, laisse li entré. Arla satte entré, li dire lé Roi : lé Roi, arla enne lièvre mon mètre, Moucié Caraba envoye pour vou. Lé Roi dire : dire gran merci Moucié Caraba. Lendimain arla satte li alle encore are son saque, li mette la dan enne pognée la farine maille la, li cacié encore. Arla enne perdri li trouve sa la farine maille la, li entre dan sac pour li manzé, arla satte li halle encore son piti la corde, li gagne sa perdri la. Arla li alle encore la caze lé Roi, li dire lé Roi : lé Roi, arla enne perdri mon mètre envoye pour vou. Lé Roi appele son doumistique, li dire : donne - moi enne cou boire sa satte la, arla satte boire, quan la fini boire li dire : sifé va ! Mon di san li fané. Gran merci lé Roi. Apré bon dié vou même mon mètre. Arla coman satte dessande sacalié pour li couri, li trouve sartié apré mette souval carosse lé Roi. Li dire : qui faire sa carosse la. Sarretier dire li : pour lé Roi alle proumener ensemble son mamzelle dans la gran soumin bor la rivière la.

            Arla satte fine tendé sa, li galoupé ti, ti , ti, ti, ti, san posé ; arla li arrivé, li dire : mon mètre, mon mètre quan vou voulé coute moi, zourdi même vou va vini rice. Astore li amene son mètre bor la rivière, li dire li : tire vou la harde, entre dan di lo, son mètre dire : qui faire entre dan di lo fré fré la. Satte dire : entré toujour moucié vou va voir. Arla quan son mètre fine entré dan di lo, li armasse tou son laharde, li cacié li en ba roce (guette voir son malice, sa satte la). Arla astore li monte li lor rempar la rivière, li guette si pa carosse lé Roi vini. An piti moman, li voir carosse lé Roi vini gran trin. Arla li cri : à mouan, à mouan ! ah ! moundié ! bondié ! arla marron volore la harde mon mètre apré bègne dan di lo. Arla lé Roi tende sa li faire arrête son carrosse, arla satte alle parle li, li dire lé Roi : lé Roi, mon pauvre mètre Moucié Caraba qui té envoye touzou lièvre are perdri la, li té vini pour bégné dan di lo. Arla couman li té apré bégné, marron vini volore tout son la harde (al voi li même qui té cacié la harde son mètre en ba roce oui). Arla lé Roi dire son doumistique : galoupé, ouvre mon l'armoire, apporte enne ressanze pour Moucié Caraba. Manami ! Moucié Caraba fini mettre sa la harde lé Roi, a force li zouli, doumounde na pas capave conne li, piti lé Roi napas capave guette li drette. La noui, li zour ça piti lé Roi rève, rève Moucié Caraba même.

            Astore Moucié Caraba fine entré dan carrosse lé Roi, satte galouppe divan. Li arrive coté en a enne gran bande apré casse maille, li dire zotre : acoute bien mon zami, si lé Roi dimande zotre pour qui sa maille là, dire moucié Caraba ça, si zotre na pas dire, mo va faire mon gri gri are zotre, n' pas va y en a enne qui va doubouté dimain bon matin, arranze zotre. Manami ! Arla sa noir la tendre sa, à force père, caca caca tou sel. Arla satte couri, astore carrosse lé Roi passé. Lé Roi dire : pour qui sa maille la mon zami ? Zotre tou répondé : pour Moucié Caraba ça ! Arla satte vini coté enne lotre bande noir apré coupe canne, li faire zotre père aussi. Lé Roi passé : pour qui sa canne la mon zenfan ? Zotre tou répondé : pour Moucié Caraba ça ! Astore doumestique lé Roi qui té size derrière carrosse, li tonné, li dire : cou ! Manami ! Sifé va ! Ça qui appelle risse. Satte été toujour couri divan. Arla li arrive cote enne gran la caze gran couman légliz. Ça la case té lacase enne loulou. Satte li entré, li dire comme ça loulou : loulou mo napa té voulé passé dan vou la porte san mo vini dire vou bonzour. Loulou dire : to bin fé mo piti. Arla zotre dé cozé, cozé, astore satte li dire : mo té tendé loulou quan vou voulé vou capable fondre enne cou, vou vini lion ou bien alphan, sa qui vou liquierre content. Loulou dire : to va voir tou ta lor mon piti. Arla li fondre enne cou, li vini lion. Monami ! Satte trouve sa, à force père li saute par la fenêtre, li monte la hau la caze, troi fois li manque tombé mo dire vou, a coze botte qui té dan son lipié glisse glisse la hau bardo. Arla loulou crié, napas père mon piti, dissandé. Arla satte dissandé, li dire : couman mo té père papa loulou. Mé loulou vou té sanzé pour vini lion, esqui vou va capable sanzé pour vini zozo ou bien lira. Oui mo capable. Arla li fondre in cou, li vini lira. Manami, satte guette sa, li saute la hau li, li empigne son latête même, li touille, apré li manze li. Couma li té fine manzé sa loulou la, li tendre carrosse lé Roi entre dan la cour. Li alle ouvri la porte carrosse, li dire : ça la caze mon mètre, vini proumouné proumouné, vou va voir.

            Arla lé Roi, son mamezelle, moucié Caraba dissandé, zotre proumouné proumouné par tou. Arla lé Roi dire : sifé va, mo qui lé Roi mo hanté, mon la caze napa zouli couman pour vou Moucié Caraba.

            Arla satte amène zotre dan enne gran la salle manzé coté té y en a enne gran latable, été y enna paté, bonbon toute sorte et divin qui té gou comman zamé divin été gout.

            Arla zotre tou size a table, sa qui manzé, manzé, sa qui boire, boire. Arla tou din cou lé Roi dire : Moucié Caraba quan vou voulé, mo va marié mo piti are vou. Manami ! Arla sa piti lé Roi tendre sa, li voulé dire son papa gran merci, mé son la bouce sèque aforce liquierre content.

            Moucié Caraba qui té povre diable comman mo même la, li demande pa mié. Arla zotre alle léglize pour marié. Quan fini marié lé Roi donne enne gran bal. Li faire satte size à cote li a table. Arla quan lève de table, satte passe à cote son mètre, li dire : hé bin mon mètre qui mo té dire vous ene zour ? Son mètre dire : sifé va, to appelle satte couman zamé été y en a satte. Quan fini soupé, satte li alle dan son la sambre pour li dourmi. Arla mo sivre li pour mo tire so botte. Quan so botte fini tiré, pour gran merci li f… moi enne cou de pié au qui, mo tombe ici.

 

</CM>

 

</BODY> 

 

 

 


 

<HEAD>

auteur=1855a_lolliot

</HEAD>

 

<BODY>

   

Pierre LOLLIOT

 

Poésies créoles, 1855

 

 A MM. de Rochecouste et E. de Chazal

 

__

 

<CM>Zot dé là zot voir bien, mo dir' ça sans menti,

Tout sels fin' conn' gardé touzours zot zenr' créole ;

Zot léquer là zamais té donn' nous démenti ;

Zot té touzours zot mêm' sans zamais zoué rôle,

Et té marcé tout dret' sans zamais zot çanzé,

Sans baiss' à droite à gauce et sans fair' la poussière,

Sans qui zamais personn' té par zot écrasé.

Mo conné pouquoi ça ! zot té tourné derrière

Pour guet ein pé cimin qui Créoles l'aut' fois

Té touzours conné sivre, et zot léquer té dire

Qui ça la route là, quand mêm' cimin dans bois,

Fin' marqué par l'honner comment là haut la cire ;

Aussi, zot na pas hont' met' zilet la toil' blé

Et quand mêm' pour sourti met zot çapeau la paille,

A cauz' qui zot conné qui zilet là doublé

Semb' ein léquer qui bon et qu'en bas son p'tit maille

L'aut la couvri zot front qui zamais té courbé.

Si mo té çoisi zot pour parrains mo l'ouvraze,

Na pas à cauz' zot riç' et qui mo per tombé ;

Non, personne mo croir' va tini ça langaze,

Car zamais mo té conn' ni flatté, ni menti.

Ça qui dans mo papié mo té faire comm' ça même ;

Mais pourtant mo té v'lé pour parrains mo pitit,

Dé vrais Mauriciens, Créol' comment li même.

</CM>

Page 3

 

<CM> 

ZEANNE.

 

__

 

 

Zeanne, vous conné, té vlé fair' la fière,

Et té prétend' trouv' ein mari,

Zène, bien fait, zoli, qui gagn' bon caractère,

            _ Et qui son di fé bien nourri.

Vous doit voir qui son goût, ma foi na pas té bête.

            Encor' li té vlé dé plis,

 </CM>

 

Page 4

<CM>

Qui son mari gagné l'arzent plein so cassette,

            Qui so parents bien établis,

Et qui li gagn' enfin tous sortes l'avantaze.

Mo dimand' vous ein pé si li na pas té fou,

            Et si so bavardaze

N'a pas té va fair' croir qui li vlé fair' zouzou !

Bon Dié qui tendé tout, à force couté li,

Ein' zour té prend parti rempli tous so caprice.

            Vite galant qui bien zoli,

Galant qui plein l'arzent, galant qui plein malice,

            Zot tous tapé la case.

Zeanne faire la pride et li faire semblant,

Qui cel' là na pas bon, qui cel' là na pas saze,

Qui cel' là so l'esprit li comment cerf-volant ;

            Ein' té gagné nénez qui ressemblé trompette,

L'aut', son li pié té plat comment dire battoir,

Cel' là na pas té conn' bien metté so çausette

Et cel' là dans la main, mal tini so mouçoir

            Zeanne té vlé fair' so quiq'çose,

Comment ça sorte zens qui trouvé tout mauvais,

Qui na pas capav' mêm' senti so l'oder rose,

Et qui zot dé la lèv' li touzours en biais.

Quand tous zènes zens là té voir qui Mamzel' Zeanne

            Té fair' so si pas quoi,

Zot té prend zot çapeau, zot lé gants av' zot canne

Sans dimandé restant, ni dimandé pourquoi.

Après zot fin' allé, l'autre dimound'encore

            La porte vini tapé,

Pour voir si gagn' moyen sembl' li poz' canapé.

Mamzel' Zeanne crié, comment ein' vié pécore :

Est-ce qui zot là croir' qui maris qui manqué ?

</CM>

 

Page 5

 

<CM>Ou bien qui zot gagné ? zot beau faire la mine,

Mo dourmi bien tranquille et sans mo siffoqué

            Semb' çagrin, ni mofine.

Mamzel' Zeanne trouvé, qui li faire très bien

Ensemb', zot cauz' ein' pé, dans ça sorte manière ;

Mais l'aze li vini, qui na pas conn' na rien,

Et na pas arrêté quand mêm' fair' la prière !

            Cagrin donn' li la main,

Pour rend' ça fille là pitit morceau moins fière.

            Av'là qui li vini vilain !

Là haut tout so la peau capav' voir qui plein rides

Vini là, par exprès, pour empêcer l'amour

Faire qui zènes zens siv' l'exemp cantharides,

Quand zot pèz' cancrélas, tourné tout à l'entour.

            Zeanne beau faire so la bête,

Metté senti bon dans mouçoir,

Plein la pommade dans la tête,

Frotté figuir' semb' pom' raquette,

Dipis bo matin, zisqu'à soir,

Bah ! tout ça pour na rien ! Lé temps fin' met' av' li !

Lé temps là, vous conné, na pas appel' quiq'çose !

Vous beau la guer' semb' li, li faire vous faibli ;

Vous beau trouv' li mauvais, faut vous boir' so la dose.

Ah ! si femme té va comment vié vié la case,

Té va capav' sayé fair' réparation ;

                        Mais dommaze,

                        Qui visaze

            Na pas dans so position.

            Zeanne vous bien pensé, té çançé zenr' parole ;

            La glace dire li, li lé temps prend galant.

            Li trop tard à présent pour pensé zoué rôle !

 </CM>

 

Page 6

<CM> 

Et pis, li té senti son léquer tout brilant !

            Li té saut' sauté la haut çaise,

Comment dir' ein-a pinaise.

Enfin li té décid' prend' ein' sorte mari,

Qui té loucé, boité, tout gàté, tout pourri.

Ah ! Zeanne, mo pauvre mamzelle,

Fallait pas faire to béguèle !

</CM> 

 

Page 7

 

 <CM>

LA MORT SEMB' COUPER' DI BOIS.

 </CM>

 

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<CM>

LA MORT SEMB' COUPER' DI BOIS.

 

__

 

Ein' pauv' couper' di bois tout courbé semb' brançaze,

Té transpir' comment bef tant so paquet té lourd.

La faut' aussi, mo croir, té beaucoup so grand l'aze

Car si civé té blanc, li té borgn' et té sourd.

A cause tout ça là, li té març' doucement,

            Et té blizé posé tout moment.

</CM> 

 

Page 10

 

<CM>Avlà li tant souffri semb' so pauvres zépaules

Qui li zet' son di bois et li dir' ça paroles :

Ah ! non zamais, zamais, capav' trouv' ein voler

            Qui plis qui moi gagné malher !

Souvent n'a pas dou riz, zamais sisé tranquille,

            Tous les grands matins parti pour en ville,

            Tourné' toutsouit'à çaque fois,

            Et touzours pour cassé di bois,

Ca même mo l'ouvraz ! Et quand la lin' lévée,

            Mo no (sic) pas fini mo corvée ;

Vaut mié cent fois la mort !__Avla li voir sourti

Ein' grand nàme tout blanc, qui dir' li, sans menti .

Avlà, moi, qui to vlé ? Mo té tendé to plainte !

Na rien, dir' bonhom' là ! Mo té boir trop l'absinthe,

Ca mêm' mo cauz' cauzé ; gagn' ein pé complaisance.

            Là haut mo lé dos met' mo brance.

__

 

Souvent mo tendé dir' vaut mié mort qui souffri,

Moi mo dir' qui tout ça, vous voir, nèque gri-gri.

</CM>

__


 

 

 

Page 11

 

<CM>LA DILIZENCE</CM>

 

 

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Page 13

 

<CM>LA DILIZENCE

 

__

 

 

Clic ! clac ! clic ! holà, gare, gare,

            Faut tout di mound' ranzé,

Allons vite dégazé.

Qui bouzin, qui tintamarre !

            Ça quique grand seigner,

            Quique parent la Reine,

 </CM>

 

Page 14

 

<CM> 

Ou pitêt Gouverner !

            Awoa, na pas la peine

            Cercé qui plis longtemps !

            Dilizence Quir-pipe,

            Encor' person' là dans.

            Ça qui cassé vous pipe !

Ça dilizence là so portrait plein plein zens,

Qui na pas pour trois sous ni l'esprit ni bon sens,

Qui contents touzours fair' plein di brit' l'étalaze,

Et qui croir' zot famé, quand zot fair' grand tapaze.

</CM> 

__

 

 

Page 15

 

<CM>LOULOU SEMB' P'TIT MOUTON. </CM>

 

 

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Page 17

 

<CM>LOULOU SEMB' P'TIT MOUTON.

 

__

 

 

Ça qui son lé bras là pli fort,

            Li mêm' qui zamais gagné tort.

Ein' bon ptit mouton, té boir bord la rivière,

Dans ein zoli l'endroit à còt' di l'eau bien claire,

Quand ein' gros gros loulou qui té fair' son tournée

Et té rodé, fouillé so vivres la zournée,

</CM> 

 

Page 18

 

<CM>Té voir ça pauv' Diab' là qui sans pensé n'a rien

Touzours boir' so la soif - Loulou dan so la raze,

Crié comment tonnerre : Eh ! toi, mauvais vaurien :

Qui té donné toi lé droit fair' comm' ça to ravaze,

Dans ça di l'eau qui pour moi tout sel ?

Ah ! bon Dié, m'sié Loulou, mo dimandé vous grâce

Dir' ça pauv' mouton là ; mais guetté bien mo place,

Après vous va dir' moi si pas mo criminel.

            Vous boir' en haut, mo boir' en bas,

            Entre nous dés ein a vingt pas ;

Fair' moi plaisir dir moi comment mo capav' faire

            Pour troublé vou di l'eau ?

Tais toi, p'tit polisson, ça na pas to z'affaire

Dir' ça vilain z'animau.

 Ça l'aut' banané là si pas qui to té dire,

            Mais mo conné bien

            Et ça na pas z'histoir' pour rire,

Qui to té traité moi comment dernier li cien.

Ca qui té dir' vous ça li bien content mensonze,

Causé pauv' p'tit mouton ; mo l'aze néqu' ein an ;

Vous voir bien qui mo mou comment morceau l'éponze

Et qui mo fèq' sourti dans ventre mo maman.

            Si na pas toi, mo conné ton frère.

Mo na pas frère ! Alors té ton cousin,

  Car zot assez fair' moi tous sortes la misère,

            Toi, to parents, mauvais coquin.

Zourdhi là, to voir bien, faut mo tir' mo venzeance.

Avlà Loulou souqué ça zoli ptit mouton

Et dans milié grand bois allé fair' so bombance.

Ah ! dire moi z'enfants si pas Loulou li bon ?

</CM>

__

 

Page 19

 

<CM>GOURNOUILLE AV' BEF. </CM>

 

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Page 21

 

<CM>GOURNOUILLE AV' BEF.

 

__

 

Ein gournouille té voir ein' bef

Qui son ventre té gros comment dire barrique.

Li qui na pas té plis gros qu'ein di zef,

Li honté si pitit, et sans gagn' per' colique

            Li gonflé, gonflé so la peau

Et li met' dans so cerveau,

 </CM>

 

Page 22

 

<CM>

Qui li capav' vini so la taill' ein' taureau.

Avlà, li dir so sèr' qui té bord la rivière,

Mo coco, guetté bien, ouvri bien vous paupière :

Na pas assez comm' ça ? Non ! Et ben à présent

            Mo croir' bien qui li même ?

Na pas li. Bah ! vous là, mo croir' vous medisant!

Ça fois ci mo plis gros ? Et pour so troisième,

            Li crévé comment tambour

            Et ça té so dernier zour.

 

Dimound' vlé touzours fair' comment té fair' gournouille.

Ça qui na pas pour zot, ça mêm' zot plis content

Saucisse trop pitit, zot vlé gagné z'andouille ;

Aussi, zot cass' lé rein et crévé bien souvent.

 </CM>

 

__

 

 

Page 23

 

 

<CM>PIÉ FILAO SEMB' PIÉ FATAQUE. </CM>

 

 

 

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Page 25

 

<CM>PIÉ FILAO SEMB' PIÉ FATAQUE.

 

__

 

 

Ein zour Pié Filao té dir' av pié Fataque :

Ah ! qui to là raison en colèr' semb' bon Dié !

To nèque bouz' bouzé comment dir la qué maque,

Mem' quand p'tit bengali met' la haut toi li pié ;

            Sitòt qui morceau la brise

            Soufflé dans bord bassin,

 </CM>

 

Page 26

 

           <CM>Là-haut toi li gagné prise,

            Toi plié comment rotin,

Tandis qui to voir moi, comment gros la montagne

            Dibouté dans coup de vent,

Et na pas per soleil dans milié la campagne

            Où mo poussé content.

Tout di vent pour toi gros, quand pour moi li pitit.

Encor, si pour poussé to té va çoisi place

            Et si to té va gagné l'esprit

            Vin' en bas moi qui corriace,

Mo té va tendé grondé morceau l'oraze ;

            Mais to nation nèque content

Faire ça qui li vlé, sans coûté ça qui saze,

Et touzours entêté poussé dans grand la plaine.

To l'état là, ma foi, li na pas ragoûtant ;

Zozo mêm' li manzé, to fail' fail' p'tit la graine.

Merci tous vous conseils, repond' p'tit pié Fataque

Merci, m'sié Filao, n'a pas bisoin çagrin !

Di vent là, vous voir bien, si mo per so z'attaque,

Na pas zisqu'à présent té cassé mo lé rein.

Prend' gard' plitòt pour vous ; vous va fair' bien mo croire,

            Na pas çanté victoire.

Comment li dire ça, divent divent là li vini

Mais ein' sorte divent qui faire tremblé la terre.

            Filao là na pas tini qui li tini !

Fataque baiss' en bas, comment dir' la Fouzère ;

            Mais divent là soufflé si fort

Qui Filao bientôt na plis gagné racine

            Et blizé tombé mort.

Après ça, li té bon néq' pour fair' la cousine !

 </CM>

 

Page 27

 

<CM>COCO, P'TIT ZACOT AV' GROS ZACOT. </CM>

 

 

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Page 29

 

 

<CM>COCO, P'TIT ZACOT AV' GROS ZACOT.

 

 

__

 

 

Ein' zoli p'tit Zaco ein' zour té ramassé

ein' gros coco bien vert qui na pas té cassé.

Li mord' li semb' lé dent et faire la grimace :

            Crécoquin qui li dir,

            Coco là na pas mir !

Maman té bien menti ! si mo té dans so place,

 </CM>


 

 

 

 

Page 30

 

<CM>Mo té va gagn' honté ;

            Coco là neque bon pour zetté !

Ca qui li dire ça, li flanqué li parterre.

            Ein' gros vilain Zacot qui té bord la rivière,

                        Vite ramassé li ;

Li guetté p'tit Zacot avec so l'air malice

Et dir' zourd'hi là mo gagn' bénéfice,

                        Li prend coco, li fourre li

Entre dé morceaux roce,

Tiré tout ça qui servi brosse

Cassé li p'tit morceau

Et boire son di l'eau.

Ca coup là, p'tit zacot fini resté tout bête,

Quand gros Zacot causé : Vous maman té raison

Coco là li bien goût ; mais met' dans vous la tête

Qui faut conn' ouvri li, pour trouver qui li bon.

 

__

 

Zènes zens couté bien ça qui dans ça z'histoire,

Faut vous conné travail avant qui conne boire.

 </CM>

___

 

page 31

 

 

<CM>MARMITE AV' PANELLE. </CM>

 

 

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Page 33

 

<CM>MARMITE AV' PANELLE.

 

 

__

 

Marmit' ein  zour té proposé

Panelle fair' ein' p'tit voyaze.

Panelle fini réfisé,

A cauz' qui li trouvé plis saze

Resté tranquil' dans so ptit coin,

Li qui déza na pas solide</CM>

 

Page 34

 

<CM>Et qui grand çoz' na pas besoin

Pour qui li vini z'invalide.

Mo bien facé réfisé vous,

Qui li dir' li mo cer marmite ;

Mais vous conné bien entré nous,

Qui nous dé na pas mêm' mérite

Et solid' comment si pas quoi ;

Mais mo na pas vlé vous voyaze

Capav' manqué néqu'à cauz' moi.

Parti, mais prend' garde naufraze !

Allons, vini na pas capon

Dire marmit' ensemb panelle ;

Pour vous mo va fair' cimin bon,

Mo va sogn' vous comment mamzelle

Et tir' tout macadam qui dir.

Avla panelle sivré so l'offre

Et senti mêm' morceau plaisir ;

Aulié resté tranquil' dans coffre

Ensemb' so cam'rad li marcé.

Caquein' là-haut so trois la patte

A çaqu' instant li trébicé,

Et pour na rien trainé savatte.

Pauv' diab' Panell' avant cent pas

Fini brisé par so cam'rade

__

 

Faut zamais qui bourzeois, çerç' litté semb' soldats

Zot bien sirs qui touzours zot va gagné bourade. </CM>

___

 

 

Page 35

 

<CM>EIN VIÉ BLANC AVARE SEMB' SO PITIT</CM>

 

 

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Page 37

 

<CM>EIN VIÉ BLANC AVARE SEMB' SO PITIT

 

__

 

 

Ein' zour, mo na pas conné comment,

Ein' blanc qui té gagné plein plein gros sacs l'arzent,

Mais qui té plis avare encor' qui li té rice,

            Té si tant bon l'himer

Qui li té dir' ma foi, faut mo pass' mo caprice

Et pour mo l'estomac faut mo morceau bon quer.

 </CM>

 

Page 38

 <CM>

            Avla li prend so parasol la toile,

Ein' ptit panier couvert semb' la voile

            Et fair' exprès arriv' ein pé tard

                       Dans bazar,

Pour gagné bon marcé quiques mangues Fizet.

En tournant qui li fair' ? Li met zot dans l'armoire,

Divant zot tous les zours dire son çapelet,

            Vous capav' croire,

Et contenté manzé ça qui fin' gât' gâté.

So garçon ein brigand, ein p'tit mauvais sizé

Qui té senti l'oder, nous conné l'oder mangue

Li monté dans nénez, pez' ein zour so la clé,

Invit' dé so zamis qui li conn' sans la langue

Et sans mo bisoin dir', zot trois là zot raflé

Si pas qui quantité. Zot à peine fini,

Qui bonhomm' là, papa, li rentré dans la case ;

So léquer li manqué, so li zié li tourdi.

Ah ! Coquins qui li dir', ça mêm' qui zot l'ouvraze !

Faut qui zot rend' mo mang' ou sans ça zot va voir

Si mo na pas va coup'zot li cou semb' razoir.

Papa, dire so pitit, na pas bisoin la peine,

Ni bisoin tant çagrin :

Nous té nèque manzé, guetté plitòt la graine

            Ca qui té gagn' farçin.

 </CM>

___

 

Page 39

 

<CM>EIN' COQ QUI FAIR' SON FAMÉ</CM>

 

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Page 41

 

<CM>EIN' COQ QUI FAIR' SON FAMÉ

 

__

            Zens qui vantards

Quand' même vous baiss' zot, ein' a touzours la langue ;

Quand vous là, zot crié couac comment canards

            Et zot doux comment mangue ;

Mais sitòt vous parti, zot vir' av' vous, papa

            Et zot qui té fair' vous grâce.

</CM> 

 

Page 42

 <CM>

Ein' zour ein' gros coq rouz', fail' cien comment si pas,

Qui pourtant té passé pour ein' vrai coq dé race,

Té cerç' moq' ein' p'tit coq sans la crêt' sans ergot,

            Mais qui té plein couraze.

Aubout dé trois coups d'patt' avlà coricoco

Qui so la têt' plicé, comment dire fromaze

            Et qui filé filé, comment si li di vent.

P'tit coq qui na pas té content la guerre,

Tourné prend so cimin, sans donn' li so restant.

A pein' li fin' allé vantard çanté derrière ;

Pauv' pitit, qui li dir, mo té gagn' pitié toi,

Mais faut mo convini qui to là plein couraze,

            Et qui to té bien la guerr' ma foi,

                        Pour to l'aze.

Ein vié coq qui té là, té tendé so bagoût

            Et té cont' li partout.

Av'la nous coq vantard qui cerç' av' li zaffaire

            Et qui vlé tap' av' li.

Li na pas té conné qui li faire !

Vié coq en trois quat' coups, met li la-haut lilit.

            Qui vous croir' ? qui li va saze ?

Na pas ; li dir dommaze

Qui ça coq là li vié, mais dans son zène temps

Li té doit bien bon ; li fail'fail à présent.

 </CM>

__

 

Page 43

           

<CM>LOULOU, CEVRE, AV' P'TIT CABRI. </CM>

 

Page 44

 

 

Page 45

 

<CM>LOULOU, CEVRE, AV' P'TIT CABRI.

 

__

 

Pour li gagné di lait ein' maman cèvr' ein zour

            Fini quitté so la cour.

Avant qui li rôdé z'herbaze,

            Li dir' ptit cabri. «Faut bien saze,

            Quand mêm' to là tout pitit.

            Attention faut to gagn' l'esprit,

 </CM>

 

Page 46

 

<CM>            Et zamais faut ouvert la case

            Sans to tendé ça mot passaze :

            Touyé Loulou, touyé Loulou !

Ainsi na pas faire zouzou,

Gardé bien ça dans to mémoire.

            Loulou qui té tend' ça z'histoire,

Après qui  cèv' fini sourti,

Vini causé semb' ptit cabri

Et dir' li : moi ça, coco, moi vous bon tantine

Qui vin' voir vous semb' plein praline ;

            Mo conné comment faut crié

Pour ouvert la port' sans prié !

Ptit cabri qui na pas té bête,

Dir li, pardon mo malhonnête,

Mais mo voudré guetté morceau

Qui coulère qui vous la patte

Ou bien qui forme vous miseau,

Pour voir si vous na pas pirate.

                        Loulou na pas conné

Comment diab' li va fair

Et té blizé tourné

Sans fini so z'affaire.

Faut prend précaution ensemb' zens qui malins ;

Guetté zot bien partout, prend' gard' qui zot coquins.

 </CM>

____

  

Page 47

 

<CM>DI ZOUITRE AV'ZENS CONTENTS PROCES. </CM>

 

Page 48

 

Page 49

 

<CM>DI ZOUITRE AV'ZENS CONTENTS PROCES.

 

__

 

Ein' zour dé viés-viés noirs, qui prom'né bord di leau,

Té trouvé dans di sable à côté la saline,

Ein' di zouitre tout frais : Çaquein' prend so couteau

En veillant son cam'rad' ; fallait voir' zot' la mine !

Zot ouvert zot' li ziés, zot' mont li sembl' lé doigt ;

Çaquein' croir' pour manz' li, li mêm' qui gagné droit ;

 </CM>

 

Page 50

 

<CM> 

Ein' voulé baiss' en bas, pour met' li dans so poce,

Quand so camrad' pouss' li. Ça qui pour gout' la sauce,

Qui li dir', ça qui ti voir primier, vous conné !

Ah ben, qui laut' causé, ça va car mo linette

            Ti la haut mo nénez.

Bon répond' son camrad vous croir' donc qui mo bête ?

            Mo na pas bisoin met' verre,

            Pour bien voir ça qui par terre.

Mo consèns, qui dir' l'aut' mais si vous té voir li,

Mo capav' fair' serment qui moi qui té senti.

            Pendant zot après dispite,

Avlà zot voir ein' gard' qui par là té passé.

            Zot appélé li vite,

Pour donn' di zouitre là ça qui doit ramassé,

Garde metté par terre son çapeau galonné,

            Prend di zouitre, ouvert la bouce,

Et divant zot bien dézéné.

Après ça li dir zot, avec so l'air farouce.

Tribinal condamn' zot prend çaquein' ein' morceau

La coque ça di zouitre, encor pour la zistice,

Zot na rien pour payer. Allons ! prend zot çapeau,

Galpé dans zot la caze et prend gard' la Police.

 

__

 

 

ptits noirs, couté moi ; faut zamais dispité,

faut zamais pour n'a rien gagn' zaffairs la police.

Zourd'hi là li trop cer, n'a pli capav' litté,

Zens qui dans tribinal, zot là zot trop malice.

 </CM>

 

Page 51

 

<CM>MOUCE A MIEL SEMB' MOUCE ZAUNE. </CM>

 

Page 52

 


 

 

 

Page 53

 

<CM>MOUCE A MIEL SEMB' MOUCE ZAUNE.

 

Ein' zour mouce zaune té voir

Ein' mouce à miel fair' so l'ouvraze,

Sicé bo matin zisquà soir

Plein flers, pour apport' dans la case

Tout ça di miel qui zot gagné.

Bonzour, qui li dir, mo commère,

 </CM>

 

Page 54

 <CM>

Comment ça va ? mais l'aut' grogné

Et comment li té fair' la fière,

Li répond' li : vous bien trompé

Zamais nous là te mêm' famille.

Ah ! dir' mouce zaun' vous zappé

Comm' si vous na pas té cinille !

Nous lé corps là pourtant pareil ;

Dir' qui nous couler là tout selle

Qui différé ; pour moi soleil,

Pour vous li noir_si pas qui belle !

Mais nous gagné même piquant.

Bon, bon, dir' mouç-à-miel, mo croire

Qui là-haut là nous ressemblant ;

Mais moi, mo met' tout mo la gloire

Défend' tout sel, zamais taqué ;

Tandis qui vous, vous quitt' vous nique

Quand dimound' passé pour piqué.

Et rend' zot gros comment barrique.

 </CM>

 

Page 55

 

<CM>LÉ RAT EN VILLE LÉ RAT L'HABITATION. </CM>

 

Page 56

 

 

Page 57

 

<CM>LÉ RAT EN VILLE, LÉ RAT L'HABITATION.

__

 

Ein' lé rat qui rest' en ville,

Té fair' son l'invitation

Av' ein lé rat qui tranquille,

Té resté l'habitation,

 

Pour manz' morceau la farine

Morceau la couen' coçon

 </CM>

 

Page 58

 

<CM>Qui te gagn' si bon la mine,

Qui té va dir' saucisson.

 

Zot té fin' metté l'assiète

La haut p'tit morceau ciffon,

Çaquein' té gagn' so serviette

So verr' av' so carafon.

 

Pendant zot fair' zot bombance,

Av'la zot tendé di brit.

Zot sauvé dans p'tit trou plance

Et fini perdi l'esprit.

 

Comment na plis gagn' tapaze,

Av'la zot sourti dans trou ;

Lé rat qui na pas té saze

Dir' allons, na plis Loulou.

 

Grand merci, mo camarade,

Dire lé rat z'habitant ;

Vin' manzé morceau salade

La caz', mo va bien content.

 

Mais vous voir vous la farine,

Na pas vaut morceau manioc.

Là bas, mo manz' mo racine

Sans zamais mo pensé bloc.

 

Ca z'histoir là li vlé dire !

Qui vaut mié morceau piment

Qui gâteau qui confitire,

Quand léquer na pas content.

 </CM>

 

Page 59

 

<CM>GARDIEN VACES AV' GARDIEN LA ÇASSE. </CM>

 

Page 60

 

Page 61

 

 

<CM>GARDIEN VACES AV' GARDIEN LA ÇASSE.

 

___

 

 

            Zean té gardien vaces so papa ;

            Zean na pas té gagné commère

Pour cauz' ein' pé semb' li _ Viv' comment couroupa

Touzours dans so la coque et sans gagn' ménazère,

Ah ! li bien ennouyant. _ Zean té donc ennouyé

Quand li tendé dans bois sourti gardien la çasse,

 </CM>

 

Page 62

 

<CM>

Qui té l'air galoupé semb' quique gros zibié_

Dipis grand grand matin, qui gardien là causé,

A force mo marcé, mo la zambe li lasse ;

            Vous même va zizé.

Après ein' gros gros cerf, mo néque fair' la course ;

            Dé fois mo té manq' li.

            Mo bien faim mo pitit,

Et trois sous mêm' na pas pour metté dans mo bourse.

Mo té voir li passé, dir' Zean qui té bon quer

            Et si vous vlé gardien mo vaces,

            Veillé zot bien dans tous zot places,

            Pit'êt' qui mo va gagn' bonher

Touyé ça gros cerf là ! Grand merci vous service

Dir' li gardien la çasse ; appélé mo li cien

Et prend' gard' vous tombé dans quique précipice.

            Avlà Zean qui parti

            Fisil là-haut l'épaule,

Et li cien qui senti

            Comment toujours son rôle.

Enfin cerf li lévé. Zean sans conné na rien,

Aulié touyé li, li blessé pauv' li cien,

            Qui vit' tourné dans place

Ou té gardien la çasse.

Zean blizé sivré li. Ça qui zot arrivé,

Zean trouvé bonhomm' là qui ronflé comment mort.

Li beau crié, ploré, met la main dans civé,

Arraç' zot par paquets, dimound' fin' volor vaces

Et Zean plaigné so sort

Quand li na plis trouvé mêm' ein pé zot la traces.

            A soir li té blizé

            Tourné sans so la case,

 </CM>

 

Page 63

 

           <CM>Av' so papa causé

            Son malher ! mais dommaze

So papa qui ça zour là, na pas té bon l'himer,

Pèz' ein' bâton citron et dire li, mo cer,

Mo té met' toi gardien vace

Et non gardien la çasse.

Faut qui çaquein' so mitier.

Faut minisier, minisier

Et çarpentier, çarpentier.

 </CM>

___

 

page 66

 

page 67

 

<CM>MILET SEMB' MILTONS.

 

__

 

Prend' garde mo pitits, na pas resté dans bord,

            Sivré toujours fond la rivière,

Car batatran vini derrière

Qui nèque cercé zot la mort.

Comme ça mêm' ein' fois ein' vié milet qui saze,

Semb' ein band' p'tits miletons

Qui té croir croir ça badinaze,

Té donné plein plein bons léçons.

 </CM>

 

Page 68

 

<CM>

Ça té dans mauvais temps,

Dans le temps qui l'oraze,

Débordements, coups'd'vent,

            Té fair' tout zot tapaze.

Ein zour av'là qui la rivièr' gonflé

Et qui di l'eau débordé dans la plaine.

            P'tits miletons néque crié, guêlé,

Sauté sans prend l'haleine

Et galpé comment fous. Zot dire guett' la terre

Si pas nous voir li !

Nous capav' dir' merci

La plie ensemb' tonnerre

Nous mêm' qui maîtr' ici !

Na pas bisoin croir' ça, tourné dans la rivière

Mo zenfants, mo zenfants, dir' ça vié milet là ;

Si zot na pas cout' moi, zot va gagné misère

                        Mo conné ça.

Ah bah ! dir' p'tits possons, touzours la même çose :

Salam, nous parti voir nous dibois, nous zardins ;

Nous va porté pour vous ein' zoli bouquet rose ;

Na pas per nous perdi, vous conné nous malins.

            Comment dir' par exprès

            Avlà na plis tonnerre ni l'oraze,

Et di leau li rentré dans tout so l'entouraze,

Ça fait que p'tits possons là té pris

                        Et fris.

Faut zenfants metté dans zot la tête

Qui conseil zens qui viés na pas bête.

</CM> 

___

 

page 69

 

<CM>PAUV' TITINE. </CM>

 

Page 70

 

Page 71

 

<CM>PAUV' TITINE.

 

__

Ah ! Zean vous v'lé mo mort

Par tout vous la misère ;

Assez fair' moi di tort

Et traîné moi par terre !

L'aut'fois vous té content,

Vous té trouvé moi belle,

Vous léquer té comment

Ein' pitit cironquelle ;

 </CM>

 

Page 72

 <CM>

Où mo té ramassé

Mo plaisir mo la peine,

Où li mo té versé

Tout di sang mo la veine.

Vous trouvé qui mo vié,

Dir' moi si mo la cause ?

Ah ! mo voir vous vaut mié

Cent fois mamzelle Rose.

 

Dir' moi qui li gagné

Pour li rend' vous si bête ?

Son civé li rogné

Comment piquants raquette !

P'tits noirs dans zot langaze,

Appell' li bross' coco ;

Dans zot vilain la case,

So lé dent là zéro.

 

Ein' côté so li zié

Envoyé la prom'nade

L'aut' côté qui cacié,

Honté so camarade !

So tournir' li la tour

Qui voir Grand' Rivière,

Capav' batté tambour

Par divant par derrière !

 

Zean mo na pas conné

Si pas qui sort' mofine

Av' vous li fin' donné

Pour vous blié Titine.

 </CM>

 

Page 73

 

<CM>Qui ça sort' yang enfin

Qui dans nou pauv' ménaze,

A soir av' bo matin,

Fair' comm' ça tant ravaze.

 

Vous na plis si fringant

Quand mo sogn' mon toilette,

Vous na plis si brigand

Quand mo fair' mon coquette.

L'aut' fois comment ein, coq

Vous té çanté toujours,

A présent vous dans bloc

Et bien bisoin sicours !

 

Ah ! si vous v'lé content

Encor' vous pauv' Titine,

Pour vous li va fair' tant,

Li va si miscadine,

qui tous blancs va tourné

pour dire li quiq' çose,

quand li va promené

semb' son rob' la toil' rose.

 

Mais Zean vous v'lé mo mort,

Vous néq' train' moi par terre !

Quand mo dir' qui vous tort

Qui vous fair' moi misère,

Vous parti consolé

Semb Rose qui plis belle,

Et vous vite envolé

Comment ein' z'hirondelle !

 </CM>

Page 76

 

Page 77

 

<CM>SI MO TÉ VA ZOZO.

 

__

 

Si mo té batt' lé zaile

Quand mo voir vous, coco,

A force qui vous belle.

 

Pour çanté mon çanson,

Mo té va çoisi brance

 </CM>

Page 78

 <CM>

A côt' ça p'tit gazon

Vous té crasé dimance.

 

Si mo té va bouquet,

Mo té va çoisi place

Dans milié vous corset

Quand vous guett' dans la glace.

 

Ou bien pouss' dans jardin

A côt' ça p'tit tonnelle

Qui çaque grand matin

Voir vous touzours plis belle.

 

Et si mo té di l'eau

Qui coul'là haut la mousse,

Mo té va pour tombeau,

Çoisi vous p'tit la bouce ! </CM>

_____

 

Page 79

 

<CM>P'TIT NOIR AV' P'TIT NÉGRESSE. </CM>

 

Page 80

 

<CM>A côt' ça p'tit gazon

Vous té crasé dimance.

 

Si mon té va bouquet,

Mo té va çoisi place

Dans milié vous corset

Quand vous guett' dans la glace.

 

Ou bien pouss' dans jardin,

A côt' ça p'tit tonnelle

Qui çaque grand matin

Voir vous touzours plis belle.

 

Et si mo té di l'eau

Qui coul' là haut la mousse,

Mo té va pour tombeau,

Çoisi vous p'tit la bouce !

 </CM>

––

 

Page 81

 

<CM>P'TIT NOIR AV' P'TIT NÉGRESSE.

 

___

 

 

Mo conné zènes zens

            Contents

Gagn' gagn' tout plein madames

            Pour femmes ;

Mo na pas comment zot

            Si sot ;

Pour moi, mo femm' tout selle

            Va belle.

 </CM>

 

Page 82

 

<CM>

Faut maris pour zaloux

            Bien fous ;

Moi, mo va touzours croire

            Z'histoire,

Sans dimandé pourquoi,

Ni quoi ;

Mo va laiss' mo la bile

            Tranquille.

 

Ah ! mo fini guéri

            Couri;

mo vlé dans mo ménaze

            Bien saze ;

Mo gagn' l'or av' l'arzent

            Si tant,

Qui mo femm' va la Reine

            Sans peine.

 

Comm' ça mêm' ein ptit noir

            A soir,

Té fair' ein' ptit négresse

            Caresse,

Pour voir si bon bagoût

            Li goût,

Car tout ça qui li dire

            Pour rire.

 

Ptit fill' là qui té fin,

Malin

Et na pas té coquette

            Ni bête,

</CM>

 

Page 83

 

<CM>

Dire ça ptit noir là,

            Vous là,

En verté vous bien drôle,

            Parole,

 

Vous voir dans vous l'ham'çon

            Posson ;

Vaut mié prend la cantine

            Çopine,

Et fair' pass' vous çagrin,

Coquin ;

Mo vlé reste zentille

            Et fille !

</CM> 

 

___

 

page 86

 

page 87

 

<CM>EIN' NOIR QUI NA PAS CONTENT PLAIGNÉ.

 

__

 

 

Dans mo la case,

Touzours bien saze,

Mo tend' souvent

Soufflé di vent ;

Mo tend' l'oraze

Fair son tapaze

Et mo pourtant

Touzours content.

 </CM>

Page 88

 

<CM>Dans mo marmite,

Pour li coui vite,

Dou riz tout sel

Avec di sel.

Ensemb' visite

Mo bientôt quitte

Car mo l'hôtel

Li sans di miel.

 

Là haut la terre

Ein'a la guerre,

Ein'a zens fous,

Ein'a filous ;

Av' mon misère

Qui zot va faire ?

Mo gagn' bambous

Néq pour loulous.

 

Touzours sans crainte,

Mo viv' sans feinte,

Sans per malher,

Sans per voler,

Sans goutt' l'absinthe

Qui dans tout plainte

Dans mon bonher

Na rien amer.

 

Mo gagn' la case

Sans l'entouraze ;

dans mon zardin,

quand bo matin,

 </CM>

 

page 89

 

<CM>

mo fair' partaze

sans l'étalaze,

sans sonn' tocsin,

av' mon voisin.

 

Mon p'tit terrasse

Li donné place,

Mais sans témoin,

Ça qui bisoin.

Lilit bagasse,

Mais sans grimace,

Li na pas loin

Dans mon p'tit coin.

 </CM>

___

 

Page 92

 

Page 93

 

<CM>EIN' HOMME QUI CONTENT BOIRE.

 

__

 

Bo matin

Mo çagrin

Mo misère,

Pourqui faire ?

Quand à soir

Pauvre noir,

Sans mémoire,

Après boire,

 </CM>

 

 

Page 94

 

<CM> 

Mo voir tout

Bien partout.

Dans l'absinthe

Çaque plainte

Li coùlé

Quand soulé.

La cantine

Tout mofine,

Mo senti,

Fair' sourti.

Quand la terre

Cimetière

Va, ma foi,

Couvri moi,

Pour qui faire

Tant mystère !

Lendemain

Li na rien.

 </CM>

___

 

Page 95

 

<CM>ZENES FILLES A PRÉSENT. </CM>

 

Page 96

 

Page 97

 

<CM>ZENES FILLES A PRÉSENT.

 

__

 

 

Zènes fill' à present

Comment zot fin' vin' bêtes !

Zot tous prend l'air méçant

Et na plis vié coquettes.

Quand zot bisoin sourti

Faut qui zot gagn' zot voile ;

Zot croir' pour converti

Faut mett' morceau la toile.

 </CM>

 

Page 98

 

<CM>

Zot na plis all' bazar

Pour fair' voir' qui zot belles,

Et zour qui par hazard

Zot lévé zot prinelles,

Zot croir' zot fair pécé,

Et zot gagné sottise

Bien vite dépéçé

All' confessé l'Eglise.

 

Zamais mo va pensé

Qui Père qui la cause ;

Son l'esprit trop sensé

Pour dir' qui faut qui rose

Zamais guetté soleil.

Bon Dié, dan son sazesse,

Na pas té donn' conseil

Faut touzours dans tristesse.

 

Zot croir' la r'lizion

Empêcé zot aimables,

Na plis çanté çanson

Pour zot na pas coupables ;

Mais dir' moi donc Bon Dié,

Qui zènes zens va faire ?

Bien sir' qui la moitié

Tout sel' dans moustiquaire.

L'aut' fois là dans cimin

Zot té fair' la zentille,

Zot té gagn' l'air malin,

Zot té senti vanille,

Zot té bien contents bal ;

A présent fin' çanzé,

Et zot croir qui li mal

Quand zot cerç' amisé.

 

Zot té peigné touzours

A la Quaisin mo croire,

Avec zolis p'tits v'lours

Qui té fair' balançoire.

Ah ! qui lé temps té bon

Et qui zot té zolies !

Aussi tous zènes zens

Té fair' ein' tas folies.

 

Quand zot té voir garçon

Zot té lév' zot l'ombrelle,

Tourné zot cotillon

Tout brodé semb' dentelle,

Et branné zot lé corps

Dans ein' sorte manière

Qui vous li ziés déhors,

Quand vous sivré derrière.

 

Zot zolis ptits li piés

Na pas té dans çaussire,

Dans gros vilains souliés

Qui son la peau si dire ;

Zot na pas té blizé

Fair' touzours la grimace,

Cinquante fois posé

Pour fair' ein' p'tit la marce.

 </CM>

 

Page 100

 

<CM>

Quand mo pens' ça lé temps,

Di l'eau dans mo la bouce.

Ah ! Pauvres zènes zens

Faut zot sicé zot pouce ;

Lé temps na pis bon

Na pas zot qui la cause ;

Mais faut gagn' la raison

Et pensé l'aut' qui'çose.

 </CM>

___

 

Page 101

 

<CM>EIN' L'INVITATION POUR DINER. </CM>

 

Page 102

 

Page 103

 

<CM>EIN' L'INVITATION POUR DINER.

 

__

 

Si to content moi bien, vin' ensemb' moi dîné ;

To va manz' ein' çat'ni semb' ein' carri brinzelles,

Ein' bon cat-cat manioc, et faut to maziné

Qui pour servi nous dé nous va gagn' dé mamzelles.

 

Pour dessert, to va voir bananes zinzelis

Et bons simiroués encore en bas la cendre :

 </CM>

 

 

Page 104

 

<CM>Au bord di l'eau nous va sisé dans nitcoulis,

En bas ein' pié coco qui son noix encor' tendre.

 

Mo té blié dir' toi qui mo gagn' bon di vin,

Qui mo tini bien frais au bord la rivière ;

To conné ça di vin qui rend' toi si malin,

Et qui Bon Dié donn' nous pour blié la misère.

 </CM>

___

 

Page 105

 

<CM>P'TIT BENGALI. </CM>

 

Page 106

 

Page 107

 

<CM>P'TIT BENGALI.

 

__

 

 

Bord la rivière

Dans la fouzère,

Quand to sauté

Quand to çanté,

To camarades,

Par to roulades

Tout désolés,

Vite envolés ;

 </CM>

 

 

 

Page 108

 

<CM>Zot gagné honte,

Ça na pas conte

Tant to zoli

P'tit Bengali !

 

To ptit tapaze,

To gazouillaze

Fair' cardinal

Qui zénéral,

Dressé la tête,

Resté tout bête

Et cerç' ein coin

Qui na pas loin,

Là haut ein' zarbre,

comment ein' marbre

pour dibouté,

quand to çanté.

 

Çaque p'tit plime,

Dans to costime,

Li plis brillant

Qui diamant.

To la bec rose

Na pas quiq' çose !

To p'tit li pié

Capav' défié

Pour so finesse,

So zentillesse,

Quand mêm' dicrin

Ça qui plis fin.

 </CM>

 

Page 109

 

<CM>

Bon Dié mo croire

Pour qui to boire,

To badiné,

Té maziné

Bord la rivière

Met' la fouzère ;

Quand pour di l'eau

To boir' morceau,

To fair' av' brance

To reverence,

Qui to zoli

P'tit Bengali !

 

Ah ! qui dommaze

Qui dans la caze

Souvent zenfants,

Qui si méçants,

Ein'a malice

Pour zot caprice,

Enfermé toi

Toi p'tit lé roi,

Sans prend la peine

Donn' toi la graine

Ou bien di l'eau

Tout p'tit morceau.

 

Quand to misère,

Sans mêm' ein' frère

Dans to prison,

To p'tit çanson

 </CM>

 

Page 110

 

<CM> 

Li semblé dire,

Dans so délire :

Ah ! p'tits zenfants

Qui si méçants,

Dans la fouzère,

Bord la rivière,

Laiss' moi sauté,

Laiss' moi çanté.

 </CM>

___

 

page 111

 

<CM>P'TIT NOIR AV' ZENDARME. </CM>

 

Page 112

 

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<CM>P'TIT NOIR AV' ZENDARME.

 

__

 

 

L'aut' zour là, tout en promenant

Av' mon dé la main dans mo poce,

Mo té vlé maziné comment

Là haut lé dos Bef ein' a bosse,

Quand ein' zendarm' bien habillé

Ensemb' son gros baton la Reine,

Dir' moi p'tit noir sans tortillé

Dégazé, sauvé dans la plaine.

 </CM>

 

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<CM>

Zendarme mo bien content vous,

Qui mo dir' li semb' politesse,

si vous voir moi gratt' mon li poux,

Na pas faut croir' qui par paresse.

Zendarme là sans sourcillé

Ensemb' son gros bâton la Reine,

Dir' moi p'tit noir sans tortillé

Dégazé, sauvé dans la plaine.

 

Zendarme fair' moi l'amitié

Vous qui touzours dans la Police,

Vous qui doit savant par mitié,

Dir' moi si pas ça pas caprice

Qui Bef ein'a … To babillé,

To guett' mon gros bâton la Reine,

Allons p'tit noir sans tortillé

Dégazé, sauvé dans la plaine.

 

Mais non, to voir zendarme bon,

Son l'esprit grand, son léquer tendre,

Ecouté son l'explication,

Faut réfléci pour to comprendre ;

Befs qui vini Madagascar

Zot là tout sels… Au nom la Reine

Allons p'tit noir comment li tard

Dégazé, sauvé dans la plaine.

 </CM>

___

 

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<CM>EIN' VIÉ NOIR AV' SO PITIT. </CM>

 

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<CM>EIN' VIÉ NOIR AV' SO PITIT.

 

__

 

PITIT.

 

Papa, tout d'bon l'autfois, te gagn' lé temps margoze,

Ein' lé temps ou li noirs té pour blancs ein' quiq'cose

Qui zot capav' loué, qui zot capav' vendé

Comment morceau la terre ? Ah cauzé mo tendé !

Est-ce qui vrai tous blancs te fair' nous la misère,

Té nèque batt' batt' nous, té touzours en colère

Bo matin zisqu'à soir et té néq maziné

Ça qui fair' plis di mal, ça qui plis raffiné

 </CM>

 

Page 118

 

<CM>Pour qui zot mett' av' nous ? Moi qui dans zot la caze

Qui fin' lèv' ensemb' zot, qui comprend zot langaze,

Zamais moi, mo va croir' qui zot la même ça

Qui té blancs l'autre fois et qui blancs zourd'hi là.

 

 

Papa.

 

To conné, mon p'tit, souvent faut voir pour croire,

Ça qui té vrai l'aut'fois, zourd'hi là li z'histoire ;

Mais noirs zot capav' dir' grans merci bon Dié,

Ça lé temps là zot tous na pas doit blié

 

 

Pitit

 

Mais pourtant mon papa, ça qui mo té tend' dire

Té bien vrai – Zot tous là, zot té vin' dans navire

Comment tout ça tas befs qui vin' Madagascar ;

Blancs té prend ça qui forts, mett' ça qui fail à part

Pour bien tiré parti quand zour qui fair' la vente,

Et Gouvern'ment pour ça té fair' payé patente.

 

 

Papa

 

Eh ben to voir, mon p'tit, qui na pas z'habitants

Qui té tous sels la cause et faut pas croir' tous blancs

Té mauvais _ Na pas ça _ Té gagn' aussi bons maîtres

Qui té conn' sogn' nous bien, et qui na pas té traitres ;

Pour ein' qui té méçant, té gagné cent qui bons.

 

 

Pitit.

 

Mais vous tous té z'esclav' ; dir' moi pour qui raisons ?

 </CM>

 

Page 119

 

<CM>Papa.

 

Pour qui raisons, si pas ; mais faut pas qui to croire

Qu'à présent faut touzours qui nous çanté victoire,

Gouvern'ment té tort donn' nous la liberté

Avant qui li té sir si nous capav' litté ;

Mais pour to comprend bien si mon cauzé li ziste,

Et pour to na pas croir' mo léquer inziste

Et na pas dir' merci ça qui fair' li di bien,

Mo va saye dir' toi : guett' nous vié li cien,

Si nous va tiré li dans l'endroit qui so place,

Où li nou nourri li, sans montré li la çasse,

To croir' qui si nous va largué li dans grand bois

Li va rodé zibié et trouvé primier fois ?

Na pas ; li va sauté, galpé sans son la çaine ;

Mais quand la faim vini, li va dans grand la peine,

Et nous qui va la cauz', car il fallait montré li

Comment faut li travail avant laiss' li courri.

 

 

Pitit.

 

Alors dir' mo papa, ça qui fallait zot faire,

Pour av' la liberté na pas donn' nous misère ?

 

 

Papa.

 

Mo va dir' toi pitit, moi qui néq' ein' pauv' noir,

Ça qui fallait zot faire, à cauz' qui mo té voir :

Fallait pas tant pressé tir' nous dans l'esclavaze,

Fallait bien voir avant si nous léquer té saze

Assez pour bien senti qu'ensemb' la liberté

Nous couraz', nous travail, tout té doit augmenté.

Comment nous vié li cien, fallait nous conn' la çasse

 </CM>

 

Page 120

 

<CM>Avant qui nous galpé, sans nous billet de passe.

Ah ! dans commencement, té na pas comment nous !

Tous noirs, to voir mo p'tit, té manqué vini fous ;

Mais semb' la liberté, personn' té pensé dire,

Qui faut l'honner marcé, pour son la route sire ;

Qui faut touzours travail, plis encore qu'avant,

Pour gagné dans la caz' touzours morceau l'arzent

Pour quand malad' vini : touzours dans la cantine

Là même té zot place, et souvent la cousine

Na pas té fimé, mêm' pour morceau dou riz sec.

Comment pauv' p'tits zozos, z'enfants ouvri la bec ;

Mais papas semb' mamans sans conné qui zot faire,

A force zot tourdis, croir' zot na pas misère.

Aussi, quand choléra té tap ensemb' nous tous,

Li té trouvé tous noirs, sans ein' pauvre trois sous,

Dourmi là haut la terr' sans mêm' ein' couvertire

Isés par la boisson, par mauvais nourritire,

Sans souci zot la vie et sans pens' zot zenfants,

Ça pitits qu'avant là tous noirs té si contents.

 

 

 

Pitit.

 

Ça qui vous dire là comment dir' ein' z'histoire :

Pour ça pauvres zenfants, mo na pas capav' croire

Qui zot papas laiss' zot sans sogn' zot p'tit morceau

Quand vous, quand vous guett' moi, vous li ziés pleins di l'eau

 

 

Papa.

 

Si mo ploré, z'enfant, à cause qui la terre

Va bientòt couvri moi ; mo pens' tout la misère,

Quand mo na pas va là, qui va tomb' la haut toi,

Si to na pas travail, si to na pas croire moi.

 </CM>

 

Page 121

 

<CM>Pitit.

 

Na pas per vous, Papa, Blancs va donn' moi l'ouvraze,

Quand zot va voir qui moi bon p'tit noir plein couraze.

A présent là sirtout qui mo fin' comprend' bien

Qui mêm' la liberté sans travail li na rien.

</CM>

 

</BODY> 

 

 

 


 

<HEAD>

auteur=1855b_le_mauricien_21_avril_1855

</HEAD>

 

<BODY>

 

Le Mauricien 21 avril 1855

 

<CM> 

MISSIÉ LA GAZETTE

 

Autréfois, vous conné,  ça dans lé temps margoze,

Noirs n'a pas té capav' dir' ça qui zot pensé ;

A présent, Dié merci, li na pli la même çoze

Çaquein' capv' [sic] écrir', çaquein' capav' causé.

Mo va donc dire vous, ça qui dans mo la tête

Car mo croir' qui vous bon et qui vous va content

Donne mo lécritir' place dans la gazette.

Mo voulé conn' ein pé, pourquoi dipis longtemps

La misèr' tappe av' nous dans ein' sorte manière

Qui nous tire la langue en verté pas trop fort.

Lé rat dans son p'tit trou, tangue dans so tannière,

Zacot mêm' dans grand bois la montagne Grand Port,

Na pas tir' la ficel' comment nous qui zens libres.

Malbars zot vir'viré dans milié grand cimin,

Zabitants, mo tendé, n'a plis capav' donn' vivres ;

Tous blancs la tête en bas, comment dans grand çagrin.

Pourquoi donc tout ça là ? Mo na pas capav' croire

Qui laguer' qui la cause ! Y-ein-a quiq' çose de pli

Dans temps français, ma foi, ça n'a pas ein' zistoire.

 

Zamais nous té conn' ça ! Quand sourti dans lilit,

Au moins té sir manzé, çaquein' Dans son la case

Té gagné maï - mouli, bon ration can manioc

Ou bien quiq'çoze enfin, Pour tirer son la raze ;

Tandis qu' à présent là, li capav' fitter croc

Dou riz n'a pas vini Dans fond pauvre marmite ;

Pourtant mo tendé dir' qui Français av' Anglais

Zot' fin' Donné la main ; qui zot met mêm' lévite

Parce qui zot laguer' dans ein' pays qui frais

Et qui Français capav' prête plein zot zamis.

Enfin ça qui bien sir, zot' fin' fair' cammarades

Comment p'tits dames céré fair' av' p'tits gouramis

Zot' vaisseaux navigué tous dans même la rades.

Ici mêm' vous voir ot' donné poignées de main,

Tire çapeau, papa, faire grand politesse,

Quand zot tourné lé dos, na pli dir' ''Quel gredin !''

Tout ça fini passé. Li lé temps la tendresse

Donc, vous voir bien, Missié, qui de ça côté là,

Zaffair' na pas all' mal et mo bien sir la Reine

Ti dir' lé roi Français en causant, Eh vous là ?

Acetez bien mon di sicre et vous va croir' sans peine

Comment moi, qui par là, commenc' fin' augmenté.

 

Mo va  dir' vous quiq'çoze et ça n'a pas mensonze,

Mo conné qui Français à présent boir' di thé :

Guet' Malbars ; quand vini, zot na pas manz' bred' sonze

Mais quand voir nous mangé, zot' aussi gouté ein pé

Après ça, croire moi, zot faire boui grand marmitte

Avec morceau safran, mêl' av' piment rapé.

Tout ça té pour dire vous qui di sicre vend' vite.

Mais vous va répond moi, qui donc qui vous pensé,

Qui fair tout ça di mal ? Vous conné, moi mo bête

Mais là dans mo l'esprit n'a pas va balancé

Vous voulez mo causé ça qui dans mo la tête :

Eh ben, vous mem' va voir, si pas mo gagn' raison.

Pourtant mo per ein pé, zot four' moi dans prison

Ah bah ! tant pis pour li! Gouvernement la cause

Car si li ti va vlé tiré dé trois sacs l'or,

Malabars n'a pas té va fair' tous sortes quiq'çose

Vend' di bois, vend' posson, marsandises dehors,

Zot té doit piocher et non pas fair' commerce

La ter' n'a pas manqué, y-ein-a plein la forêt,

Pour trouver n'a pas loin, faut pas all' la recerce

Lé bras mêm' qui na pas, mais terrain li tout prêt.

A présent, tout ici, dans la main malabars même,

 

Cinois fin' enfoncés, pourtant zot zens bien fins !

Volailles dans panier dizef pour dans carême,

Malbars meme qui vendé. – Qui band' famé grédins !

Si mo té gouverner, mo té va met zendarmes

Dipi soleil lévé, zisqu'à soleil coucé

Rod' rod' zot tout partout av' bons batons pour zarmes,

Et mo té va pez' zot' ! mais faudrait dépécé,

Car sans ça vous va voir, zot va touque Maurice,

Mette tous blancs la pioce et tous zens libr' aussi.

Nous gagné divant nous, ein famé précipice

L'odér qui dans son fond senti lognon roussi,

Faut veil au grain papa ; faut met' zot tous l'ouvraz

Tous ça scélérats-là, sans ça ma foi, missié

Pays - ici va perdi semb' zot vagabondaze ;

Car la moitié malbars, guet travail l'aut' moitié

Mo té pour continié, mais mo largue mo plime.

Eh vous là ? La vérèt' fin' arriv' Pavillon

Qui nous va divinis ? Qui sacré plat léguime ?

Choléra, la misère et la vérette bon,

Na pli besoin na rien, vaut mié fermé la boutique

Allé voir mo zenfants comment zot tous ça va,

Ah, ça la malle là, qui mauvaise pratique,

Pli tard, mon cer missié, moi fini lette là.

 </CM>

 

</BODY> 

 

 

 


 

 

<HEAD>

auteur=1855c_le_mauricien_24_avril_1855

</HEAD>

 

<BODY>

 

Le Mauricien 24 avril 1855

 

Nous demandons pardon à notre collaborateur Jean Pierre Louis*, d'avoir omis sa signature au bas de la lettre patoise insérée dans un de nos derniers Nos**. C'est vraiment une spécialité amusante et rare que celle qu'il nous a décelée et qu'il nous décèle encore aujourd'hui***. Nous pouvons lui affirmer que c'est un vif plaisir pour nous de l'imprimer et si il en éprouve lui-même à apprendre son succès près de nos lecteurs, qu'il le sache de notre bouche. La plaisanterie maniée avec la naïveté et l'esprit de notre collaborateur fait rire et ne fâche pas.

 

 

P.S :    <CM>L' autre jour quand vous té donn place mo lecritire

Vous prot' finn' blié mette mo signatire</CM>

 

 

* Il s'agit très probablement de celui qui a écrit la série de poèmes publiés dans le m. de 1855.

** Voir le long poème du 21 avril 1855

*** Il s'agit d'un poème de 36 vers, à propos d'une nouvelle parue dans La Sentinelle :

 

<CM> [ « Mo té lir bon matin qui bientôt dans milice,

Comment soldats tout d'bon, nous va tous engazés,…] </CM>

 

</BODY> 

 

 

 


 

<HEAD>

auteur=1855d_le_mauricien_26_avril_1855

</HEAD>

 

<BODY>

 

Le Mauricien 26 avril 1855

 

 <CM>

Vous qui doit conné tout, pisqué vous La Gazette,

Fair' moi plaisir Missié, dire moi la verté,

Car ça qui mo tendé, cass' ein' pé mo la tête,

Sans li capav' entré ; pourtant li répété

Par tant di mond' ici, qui faut croir' qui li ziste ;

Mais li bien étonnant et vous va dir' moi ça ;

Paul Emile, Francois, Zean Marie av' Auguste,

Tous mo voisins enfin, dir' moi qui comme ça

A présent nous gagné pour Cef la Colonie

Ein' famé Gouverner' qui bien content nous tous

Qui n'a pas vin' ici, pour faire l'économie

Et quand nous, va plaigné, va bien écouté nous.

Moi, mo trouv ça si fort, qui mo pas vlé croire

Et pourtant si li vrai, comment mo va content !

Dire moi, cer Missié, si na pas z'histoire ?

Comment li va famé, si la port' Gouvern'ment

Té va touzours ouvert, pour laisse entrer di monde,

Pour caus' ein pé zaffairs, pour conné si li bon

Percé barriqu' en bas, ou prend li par la bonde

Vendé rhum par ptits coups ou laiss' li par gallon

 

Mo tendé z'employés qui faire zot la fière

Na pli va guetté nous comme si nous li cien,

Na pli va front' fronté, zot va guette derrière

Et faire ça qui capav' pour fair' l'ouvraze bien.

Cefs mêmes dans bireaux, va vini plis honnêtes.

Faut espérer, Missié, qui zot va vini bons bébètes

Et na plis va trait' nous comm' ein' troupeau

Qui nous tous conné bien et qui son nom moutons.

Tout ça, li bien zoli ; mais y-ein-a l'autre çose

Qui faudrait fair' encor' et qui  té va famé,

Qui té va dans çapeau fair' metté riban rose ;

Sais pas si vous comprend ? Mo vlé dir' faut ramé

Pour tirer nous navir' qui dans di l'eau pourrie ;

Faudrait donc Gouvernèr donn' nous ein pé la main

Pour nous capav' gagné morceau bef la boucerie.

Faut pas comment touzours, dir', nous va voir dimain,

Lé temps fini vini. Si vous vlé vous bourrique

Hissé bien son çarette et donné vous l'arzent,

Faut vous nourri li bien, faut arrêt' laboutik

Pour prend morceau di son ; alors vous bien comprend

Qui li va gagn' liquer pour fair' bien son l'ouvrage

 

Vous bourrique va gras, vous poce li va lourd ;

Vous, vous va plein l'arzent, li, li va plein courage

Mais Gouvernèr mo croir', va fair semblant li sourd.

Dommaze qui mo bête et qui mo pauvre Diable,

Sans ça, mo té va dir' : Ecouter Zénéral. »

 

</CM>

 

</BODY> 

 

 

 


 

 

<HEAD>

auteur=1855e_le_mauricien_25_mai_1855

</HEAD>

 

<BODY>

 

Le Mauricien 25 mai 1855

 

<CM> 

Avant qui causé, faut mo dir' vous qui moi.

Zot apélé moi Zean ! mo mitié garde-çasse,

Pour veillé tous çasser qui çasse sans la loi.

Dans milié la forêt, là même qui mo place.

A présent là, laiss' moi tir' ein pé mo bagout.

Mo té l'aut' zour à soir, dans mo pauvre la case

Après crasé piment pour met' dans brèd' dibout

Ein plat qui va touzours trouvé dans mo ménaze,

Quand mo guetté par ter', brill' ein' morceau papié

Qui té doit servi moi pour ramassé quiqu' çose ;

Ça qui mo baiss' en bas, mo li zié li bourrié

Comment quand peppermint fair' léffet so la dose.

Vous conné qui ci-ça ? mo lequer té sauté

A cause papié là, té morceau la gazette

Qui té dir tout dimound', qui dans so la bonté,

Ein' Gouverner Français, Ah ! Qui Français honnête,

Té vlé rendé visite av' nous bon Zénéral,

Et qui dans quiques zours, li té va vin' Maurice.

Ah zamais vous va croir, qui di bien qui di mal

Mo léquer té senti ! mo té fair' sacrifice

 

Plitôt perdi mo place et resté sans l'arzent

Qui na pas vin' en vil' pour voir ein' fois encore,

Avant qui mo crêvé, Français qui mo content,

Et zot Pavillon là, Pavillon tricolore

Qui té pour nous l'aut' fois, dans temps M'sié Malartic,

Alors mo ti zène ! … Ah ! mais mo capav' dire

Quand même mo léquer li sec comment mastic,

A présent qui li vié, qui li té vin' la cire

Quand mo té maziné, qui comment l'autrefois,

Mais non ! … assez causé, pourtant rend moi service

Dir' ça gouverner là qui si blancs contents li,

Anglais, Français, tous zens qui resté dans Maurice,

Qu’ein vié vié noir aussi, ti vini pour voir li,

Na pas té pèr quitté, so licien, son la case,

Fair' si pas qui la rout' son bâton dans la main

Pour voir avant li mort ça z'habits ça visaze

Qui Bon Dié sel conné, si li va voir dimen.

 </CM>

</BODY> 


 

<HEAD>

auteur=1855f_le_mauricien_28_mai_1855

</HEAD>

 

<BODY>

 

Le Mauricien 28 mai 1855

 <CM>

M'sié Croolc

 

Faut convini Missié, qui dans vous la peintire,

Mang' Fizet là si bien, qui va dir' li vivant.

Faut qui vous plein l'esprit, pour dans tout so natire

Vous capav' peintiré ça frit qui si çarmant,

Qui li faire vini plein di l'eau dans la bouce.

Quand même zot dé là, neque là haut papié,

Va dir tout' d'bon qui zot dans zardin Pamplemousse

Sans menti, mangues là, vous fin' si bien copié,

Qui çaquein quand voir li, pour manzé gagn' l'envie ;

Qui vous fair' mo lédents neque faire crouc-crouc.

Croire moi, mo dir' vrai, zamais dans mo la vie

Mo té voir ein' dessin comment pour vous M'sié Croolc

 

</CM>

 

</BODY> 

 

 

 


 

<HEAD>

auteur=1855g_le_mauricien_27_juillet_1855

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<BODY>

 

Le Mauricien 27 juillet 1855

 <CM>

            M'sié la Gazette

Comment mo té tonné bon matin, quand mo té voir qui personne na pas té racont' ça zoli la Comédie qui Zofficiers Anglais té donné l'aut' zour ! Pourquoi ça Misié la Gazette

 

Pourtant Z'Anglais, Francais, zot tous fin' camarades

Et quand Francais zoué  tous zofficiers allé ;

Mêm' qui zot gagn' ein loze entre dé colonnades,

Qui zour concert M'sié Zeorz', nous tous nous doit rapp'lé,

Té fin' bien arranzé semb' pavillons tout sorte,

Bouquets, bell' la bouzie, enfin semb' si pas quoi,

Zisqu'à brances coco, qui té pleins dans la porte,

Si tant qui noirs té croir' ça la fête lè roi,…

Pitêt' qui Français na pas comprend langaze

Qui tous Z'Anglais parlé ; mais dir' moi, qui ça fait ?

A'vlà moi par exemple, est-ce qui dans la case

Zamais mo parl' Anglais ? Pour menti n'a pas fait.

Mo conn' neq' dé trois mots, Goddam avec by love

Very well, good morning, How ar' you my dear Sir

Give me my hat ou bien Boy, give me my glove.

Pour all' la Comédie et prend morceau plaisir

Na pas bisoin comprend !… Parol' mo capav dire

Qui ca z'officiers là té zoué pour tout d'bon ;

Aussi la sall' té plein. Capitaines navire,

Zanglais qui dans bireaux, caporals ein' galon,

Dé galons, trois galons, soldats ensemb' zot femmes,

Té neque rodé place. Et lozes ! Fallait voir.

Zofficiers, nèq' là dans, av' plein belles Madames :

Dans la salle, partout, na pas té fair' noir noir

A cauz' qui M'sié Racel té bien sogn' tous son globes

Racel là vous conné, li même qui çarzé

Allim ! Allim ! la lampe ; aussi tous ça bell' robes,

Na pas ein té gâté ; tout té bien arranzé.

Gouverner té là mêm' ensemb' tout son famille,

Zizes, tous gros gros zens, té cauz' cauz' ensemb' li

Et faire li la cour comment si li p'tit fille.

Tout dans la Comédie an verté té zoli.

Eh' vous là ! … mo dir' vous, zamais mo là va croire

Vié comment zot dir'. Na pas ça neq' z'histoire,

La poudre li metté pour li gagn' civés blancs

Fallait voir li l'aut soir, galpé galpé dans loze

Donn' la main par ici, par là, fair ' papillon,

Fair' galant semb' mamzel', pour senti prend zot rose.

Zènes zens divant li blizé baiss' pavillon.

 

Mais tout ça là na rien. La Comédie là qui li ! Vous vlé mo racont' vous li. Ein Missié té baiss' ein l'autre, l'autre là té rend' li, après zot té boir' ensemb', zot té rié, rié zisqu'à n'a pas bon. Après ça zot té la guerr' ensemb' encor' ; zot té tomb' par ein la fenêtre ; après ça ein' Missié qui té rice té fine vine domestique ; l'autre so camrade té cacié dans la cave et pis tous sortes quiq' çoses. Primier pièce là mo té bien cout' ; mais les zaut' ma foi mo té voir tout di monde rié tant, qui mo té tant rié voir zot rié qui mo té malade mo côté. Tout de bon vous là, zamais quand vous voir Anglais dans la rie, vous capav' qui zot' mêmes qui faire la Comédie qui farce comme ça.

Ein p'tit Noir.

 

</CM>

 

</BODY> 

 

 

 


 

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auteur=1855h_le_mauricien_1_aout_1855

</HEAD>

 

<BODY>

 

Le Mauricien 1er août 1855

 

 <CM>

M'sié la Gazette,

 

Mo na pas comment mo va faire, neque vous qui pour moi sourti dans mon zèné. –Ein  malbar fine donn' moi 4 poules avec ein coq pour faire ein lettre pour qui li dire merci zens qui vlé malbars gagne plein femmes. Rend' moi service dire moi comment faut faire ou plitôt mette li dans vous papié pour li arrivé. Mo croir qui li fine donne moi 4 poules av' ein coq pour fair' voir qui malbars aussi doit gagne trois quatre femmes.

 

Salam, Salam, Salam, Bara Sirdas la Reine !

Moi qui néqu ein Malbar, mo vlé dir' sans menti

Pourquoi tous z'habitants zot si tant dans la peine,

A cauz' qui vous, Sirdars, fin' fair' zot averti

Qui vous léquer content qui tous Malbars gagn' femmes

Plis qui zot gagn' bizoin, pour laver, pour canzer,

Zot qui zisqu'à présent té tant miser' Madames

Pour peign' zot grands civés et fair' coui zot manzer.

Z'habitants là vous voir, zot tous là zot canaille ;

Zot néq' contents plaigné ! Zot n'a pas vaut trois sous,

Zot cerce gagn' l'arzent, néq' pour sogn' zot marmaille

Pour envoy' zot l'écol', et zot bisqué voir nous

Laisse tous nous pitits galpé dans tous la rie

A cause qui nous sirs qui nous mèm' qui bientôt

Va prend blancs pour malbars et met' zot l'équirie

Pour sogn' nous zanimaux, zot qui fair' zot zabot

Et qui dir' qui Malbars ein' bien mauvais race,

Qui neq' content volor et qui gagn' trop l'arzent.

Grands Sirdars, vous raison mett' ein pé dans nous place

Et pensé qui Bibis faut qui nous gagné tant

Qui nous tous va soulé. Comm' ça mêm' son manière

Pour nous na pas çagrins fin' quitté nous papas

Pour vin' travail ici, dans ça pays misère,

Où li nous fair' na rien, mais à côt femm' na pas.

Et pis guett' à présent ; nou tous nous contents Tirques

Ein' famé nation, qui conné ça qui faut,

Et qui mo bien facé mo vin' voir neq' dans cirques

Car vrai, li conné bien ça qui femmes li vaut.

Vous croire qui tous blancs comment zot na pas faire ?

Awoa, mo conné plein Missiés qui contents

Quand même dans grand zour, fair' semblant gagn' zaffaire.

Pour all' voir'… Mais laiss' zot. –Nous va fair comment blancs.

Et grand merci, Sirdars ; nous va fair' plis encore

Caqu'ein va gagn' sérail, comment Omer-Paça

Et nous va lèv' bon matin semb' l'aurore

Comment mo tend' blancs dire …  Vous Sirdars qui v'lé ça –

Pour di sicre ma foi, ça qui capav' va faire :

Pourvi nous gagn' douriz et qui nous gagn' bibis

Restant na pas pour nous, ça na pas nous zaffaire.

Si nous té vin' ici, néque pour faire pitits.

Ainsi donc na pas cout' ça qui z'habitants dire

Et laiss' nous, Grands Sirdars, fair' ça qui nous voulé,

Dire zot désiré tout ça qui zot écrire

Car zotte tous là vous voir, neque bon pour guêlé.

 

</CM>

 

</BODY> 

 

 

 

 


 

<HEAD>

auteur=1855i_le_mauricien_9_aout_1855

</HEAD>

 

<BODY>

 

Le Mauricien 9 août 1855

<CM>

M'sié La Gazette

 

Mo té va rié bon quer, quand mo té lir' 'Commercial' si mo na pas té va senti dans son requête qui farce, quiq'çose qui pi. Li vlé moq' zens la Minicipalité mais mo trouv' tous noms qui li té donn' zot bien zis. Si son cef appel' Bagoût, té mett' li exprès pour saye litt' av' Gouvernement ; si son second là appell' Poupon à cauze nous encore z'enfants qui na pas conné tous nous droits ; msié L'Escalier là pour nous qui faut nous fair' tout ça qui nous capav' pour monter ; misyé Gros Lizié doit faire nous comprend qui nous lé temps na pas loin ; m'sié Calfat li là pour dir' nous na pas per' coups-de-vent qui Gouvernement va souffler semb' nous ; m'sié Martin té nommé pour touye tous ça carapattes qui sice nous di sang ; m'sié coco sec pour fair' voir qui nous capav' marcé sans nous bisoin cacié nous front ; m'sié Avale tout cri, pour fair' per tout ça p'tits li ciens qui nèq conn' zappé ; m'sié Coq di bois, m'sié Zozo pour çanté quand nous na plis va misère ; m'sié La Daube, pour donné manzé ça zens qui na plis va gagn' gouvernement pour nourri zot ; misié Canal pour dir' nous qui ça zour là va gagn' ein famé lessive pour faire ; m'sié Gros la tête pour ramass' bon sens pour zens qui ein'a bisoin ; m'sié Bacoa pour amarr' la main ça qui conn' prend tous les dés côtés et m'sié Bonhomme pour faire voir qui comment nous tous va contents, nous tous va bons.

Mo té va continié si mo té va sir qui 'Commercial' na pas pratiqué mais tous sa z'Abé qui dans son papier là fair' moi  per.

                                               Salam m'sye La Gazette,

Ein' P'tit Noir.

 

</CM>

 

</BODY> 

 

 

 


 

<HEAD>

auteur=1855j_le_mauricien_28_septembre_1855

</HEAD>

 

<BODY>

 

Le Mauricien 28 septembre 1855

<CM> 

Madame Fréry

 

Après tous compliments qui tous blancs fin' fair' vous

Laiss' moi, qui neq' ein noir, seyé dir' vous, Madame,

Ça qui dans mo léquer ! Pour dir' qui quiq'çose doux

L'aut' fois té dir' di miel. Qui té va croir' qu'ein' femme

Té va vin' ici pour fair' di mound' menti,

Et pour fair gagn' honté tous mouces là haut rose !

Violon dans vous la main li cauzé, li senti ;

Ça qui li dire là na pas appell' quiq'çose ;

Li plis doux qui di miel mêm'ça qui vin' Bourbon.

Mais faudrait bêt' pour croir' qui di bois gagn'ein' nâme !

Na pas possible ça ; vous là, vous ein démon

Et vous té vin' ici pour rend' nous fous, Madame.

Vous fair' nous blié tout quand nous tend' vous vini ;

Vous fair' tout nous di sang arrêt' dans nous la veine,

Car dans vous violon là gagn' nâm' Paganini

Quand vous çant' vous çagrin, quand vous dire vous la peine.

Vous fair' sourti la voix dans ein morceau dibois

Et pis vous va dir' nous qui vous na pas malice

Moi, quand mo va voir vous, mo va fair' sign' la croix

Ou bien mo va port' plaint' contre vous la Police.

Pourquoi perdi di mound', quand vous, dans Paradis,

Vous beauté, vous talent va fair' vous gagn'ein place ?

Saint Pierre, son gardien, comment zenfants va pris

Et va donn' vous la clé sans fair' mem'ein grimace.

Ein' noir.

 

</CM>

 

</BODY> 

 

 

 


 

 

<HEAD>

auteur=1860_de_chazal_1860

</HEAD>

 

<BODY>

 

1860 de Chazal 1860

 

 

Catéchisme Créole

 

<CM> 

Demande :  Qui ti faire nous, et qui faire nous vivre tous les zours ?

Réponse : Nous Papa qui dans ciel, nous Seigneur qui tout sél Bondié, dans ciel et la haut la terre.

D.       Est-ce qui Bondié faire tout qui chose ?

R.       Oui, Bondié faire tout, quand na pas Li, na pas té va yenna narien qui ti vivant.

D.       Qui sentiments nous dévré yenna pour Bondié ?

R.       Nous dévré content Li, tout nous liquère, tout nous name, tout nous siprit, tous nous la force.

D.       Pour qui faire Bon Dié ti faire nous ?

R.       Pour nous vine son pitits, son zenfants même, pour nous content Li, pour nous content faire dibien, comment Li content neinque faire dibien, et pour nous capave rende service, et gagne bonhère par nous dibien.  

D.       Est ce qui nous va vivre touzours la haut la terre à cote nous à présent ?

R.       Non, nous va quitte eine zour ça la terre là, et si nous bons, nous va vivre coment zanges dans ciel.

D.       Qui ci ça ciel ?

R.       Ciel, son condition meme à cote zanges vivre ; zote tous content camrades, et zote tous hérés à cote zote Papa qui dans Ciel.

D.       Et si nous na pas bons, à cote nous va allé ?

R.       Nous va alle à cote diables avec mauvais siprits, dans l'enfer.

D.       Qui ci ça l'enfer ?

R.       L'enfer, son condition la vie diables meme avec mauvais siprits ; zote na pas capave reste ensemble ça qui bons ; zote sauve loin zot Papa qui dans Ciel.

D.       Comment nous capave vine bons ?

R.       Nous capave vine bons quand nous conné cé qui Bon Dié ti dire doumounde pour montre zotre siprit ; après ça quand nous faire ça qui nous conné Bondié ti dire nous faire pour nous bonhère.

D.       Qui va donne nous la force vivre coume ça ?

R.       Nous Papa meme qui dans Ciel, qui ti vine la haut la terre, qui ti laisse doumounde voir Li dans eine lé corps comment doumounde meme, et coume ça ti faire cé qui ti bizouin pour tire nous péchés.

D.       Coument doumounde ti appelle Bon Dié quand Li ti vini la haut la terre ?

R.       Doumounde ti appelle Li « EMMANUEL » et ça nom là, dans son langage nation qui ti voir Li, voulé dire : « BonDié toujours ave nous » après ça zotre ti appelle li « NOUS SEIGNERE JESUS CHRIST ».

D.       Coument Li capave ide nous tire nous péchés, astère qui doumounde n'a pli capave voir li.

R.       Par son parole qui Li ti dire, et qui nous capave conné quand nous fine conne lire LA BIBLE, et par son siprit qui entre dans nous name, pour faire nous comprend son Parole qui a montre nous bon chimin.

D.       Coument vous appelle ça siprit la ?

R.       Nous appelle li SAINT ESPRIT ou bien ça qui soulaze nous, CONSOLATEUR.

 </CM>

FIN

 <CM>

Quand zote fine conne lire

Mo va montre zote l'autre quichose, qui Siprit Jésus Christ meme, ou ça qui Saint Esprit ti montre nous.

 </CM>

 

By Mr E. de Chazal

a sugar planter of Mauritius

 

 

 

</BODY> 

 

 

 


 

<HEAD>

auteur=1865_pitot_h

</HEAD>

 

<BODY>

 

1865 Henry Pitot

 

  

SOIRÉES D'ABAT-VENT

 

SOUVENIRS DE CHASSE

 

MAURICE

 

TYPOGRAPHIE MERCANTILE RECORD AND COMMERCIAL GAZETTE

 

1878

 

Page 7

 

COMPLAINTE D'UN TOURNEUR

 

 

DOUDY, COURSE DE 1863

 

Air : A coups de pied, à coups de poings, etc.

 

 

I

<CM>

Vlà qui na pas bon av' Anglé,

Quand au port çouval galoupé,

Doudy zot vini' fair' grand la çasse ;

Vrai, zot fin' gâté nous pay' la

Malice av' nous maît' qui yenna. </CM>

 

(Parlé.) –<CM>Bourzeois, pardon si azourd'hi mo largue av' vous ça çanson, mais mon liquèr fin' trop bourlé dipis dé bananés ; aprè, vous conné, Anglé longtemps té bons blancs và, zot mêm' qui donn' nous la liberté.

 

            Tout de bon, Azor,

Mo na pas cos' mentor,

Mo capav' fout en plan tout ça la çasse. </CM>

 

 

Page 8

II

 

<CM>Encor' dans bois nous rinté

Bourrer gros cerfs pour zot guetté,

Métier tournèr mo fini lasse ;

Voir ninqu’ ravnal's tout la zourné

Li ciens av' ball's çà mêm' tendé.

 </CM>

(Parlé.) –<CM>Mon maître, laisse cà bébête là, posé morceau, couh ! … vous qui sogne bien tout çà belles belles bices, faut pas vous touye tous zot maris ; magnère zot fair à présent camrades va fini par appèle zot braconniers.

           

            Tout de bon, Azor,

Mo na pas cos' mentor,

Mo capav' fout en plan tout ça la çasse. </CM>

 

 

III

 

<CM>Tout di mounde au port amisé

Comment zacot, faut nous resté,

Ninq' cerf mêm' qui nous trouvé trace ;

Nous bisoin manz' nous nâm' dans bois

Cà qu'appel, femm' … pour nous, avoih ! </CM>

 

 Page 9

 

(Parlé.) – <CM>Cà tout de bon même trop fort, nous li zié vini rouge, nous siprit vini bête. Ah ! bon dié, bon dié.

 

            Tout de bon, Azor,

Mo na pas cos' mentor,

Mo capav' fout en plan tout ça la çasse. </CM>

 

 

IV

 

<CM>Nous la bouç' sec, nous bo bavé,

Zamais nous té capav' guetté

(Gardien dans bois ça fouti place !)

Ein faill' mamzell' dans nous li zié,

Carêm' pour nous faut tout l'anné. </CM>

 

(Parlé.) – <CM>Ein' grand la vérité ça … zot blancs zot fout pas mal, zot conne rodé va, mais nous, nous bisoin reste comment mousié l'abbé. Hein ! guett' mousié Pipon rié.

 

            Tout de bon, Azor,

Mo na pas cos' mentor,

Mo capav' fout en plan tout ça la çasse. </CM>

 

 

Page 10

V

 

<CM>Zour fêt' mêm' pour nous zour malhor,

Dimanç, faut nous travaille encor,

Allons, compèr, plaign' nous la tace

Av' nous bon pèr, cà général,

Li va rentrer dans nous di mal. </CM>

 

(Parlé.) – <CM>Mousié stein laisse mo cose ein' parole av' vous, mais vous na pas bisoin facé. Vous ein grand blanc, mo conné ; mais avlà talèr dé bananés vous size dans grand Conseil Gouvernement av' ça petit blanc malice, misié Pitot ; zot mêm' fair' tous la loi paye Maurice ; pourquoi zot na pas encor mett' ein' couplet là-dans pour empêce la çasse simaine la course. Blancs, si fait va !

 

            Tout de bon, Azor,

Mo na pas cos' mentor,

Mo capav' fout en plan tout ça la çasse. </CM>

 

 

VI

 

<CM>Allons voir ça blanc zavocat,

Qui papa tout malbar, forçat,

Li va tir' nous dans ça la passe ;

Mais, non, pit-êt' nous bêt ! … si pas,

Vaut mié nous plaign' la gazette-là !

 </CM>

 

 

Page 11

 

(Parlé.) – <CM>Çà trop fort aussi, nous comment condamnés même ; allons plore avec çà dé trois missiés qui connent ronfle gouvernement, çà même zot appèle zindépendants, to conné.

 

            Tout de bon, Azor,

Mo na pas cos' mentor,

Mo capav' fout en plan tout ça la çasse.

 </CM>

 

 

VII

 

<CM>Mo çagrin la course papillon

Cein' qui fin' cang' avec calçon,

Zousqu'à dans bit trouvé son trace ;

Çà gros missié proç' magasin

Qui apré fam' dans tout cimin.

 </CM>

(Parlé.) – <CM>Compère cà blanc là, yenna diabe dans son caleçon ; qui ça magnère sivre, sivre femme camrade ; encor' li vilain bougre ave ça ; nous, nous métier apré bice ! …

 

            Tout de bon, Azor,

Mo na pas cos' mentor,

Mo capav' fout en plan tout ça la çasse.

 </CM>

 

Page 12

 

VIII

 <CM>

Captain' Anson fin' gagn' son part,

Bon çà, compèr, li trop vantard,

Son la zamb' mêm' comment zéçasse ;

Li tiomb' çà blanc par son li pied

Son moustaç' raid comment piquet.

 </CM>

(Parlé.) – <CM>Ah ! pour ceine là, bien fait ! çà grand anglé là li trop fair' son l'embarras dans nous paye Maurice … Ein' zour mo ti tend' missié Motet lire ein' la gazette qui ti donne li bien son compte. Bon ça !

 

            Tout de bon, Azor,

Mo na pas cos' mentor,

Mo capav' fout en plan tout ça la çasse.

 </CM>

 

IX

 <CM>

Nous bourzeois n'a pas badiné,

Pends gar' li tend' toi bougonné,

Plore avec li mo fini lasse ;

Li capav' crie misié Lovart

Lèr - là to va gagné ton part.

 </CM>

 

 

Page 13

 

(Parlé.) – <CM>Coute - moi, compère, guette nous bourzeois là - las, son figuire li commence renfrogné. Zourite, assez avec ton cantique, sans çà to trouv' zaffaire talèr.

 

            Tout de bon, Azor,

Mo na pas cos' mentor,

Mo capav' fout en plan tout ça la çasse.

 </CM>

 

X

 <CM>

Mais cout' çà grand la pli dohors

Bien fait pour tous çà gens au Port,

L'abavent mêm' pic' n'a pas place ;

La viand' cerf zot trop l'ambition

Si pas zot vlé fair' salaison.

 </CM>

(Parlé.) –<CM> Tombé, tombé la pli ! … dimain, yenna dé trois, mo conné, pour gagne la crampe ; nous bonhomme là pour frotte la main dans cîte ; gros cerf oussi n'a pas pour trouve clair, mo conné, mais c'est égal, yenna beaucoup pour passer,

 

            Tout de bon, Azor,

Mo na pas cos' mentor,

Mo mett' astèr mon yangot av' la çasse.

 </CM>

  

Page 14

 

<CM>ÇANSON MARTIN</CM>

 

Air : Dans un grenier qu'on est bien à vingt ans.

 

I

 <CM>

Tous blancs la-çass', quand fini bien dîné,

Quand bin di vin fin' mont' dans zot la tête,

Faut badiner, faut sauter, faut çanter,

Mousié Martin, ler - là ein pé casquette ;

Li tir' dans coin son morceau polisson,

Li cos' mentor, li n'a pas respect prêtre !

Pour fout bagout n'a pas yenna son maître

Av' son zistoire, av' son zoli çanson. </CM> (bis)

 

II

 <CM>

Ein' blanc Anglé aster li dir son tour,

Li largu' ein coup av' nous son bel' romance,

Ein zofficier faut touzours parl' l'amour,

Longtemps aussi çà té la mode en France ;

 </CM>

 

Page 15

 <CM>

Mais son parol' brouill' brouillé son façon,

Dé, trois blancs mêm' qui comprend li pit-être :

Mousié Martin, na pas yenna vous maître

Av' vous z'istoire, av' vous zoli çanson. </CM> (bis)

 

 

III

 <CM>

Blanc Plain' Wilhems tout suit' li répondé

Quand mêm' la rhim' fin' râclé son la gorze,

Bonhom' Dival li qui vlé s'en mêlé ;

Arqilé donc, all' siç' vous di sic' d'orze,

Aster' vous vié, faut vous tendé raison,

Longtemps, oui va, vous ti capav' pit-être !

Mais c'est égal, n'a pas yenna vous maître

Mousié, Martin, av' vous zoli çanson </CM> (bis)

 

 

IV

 <CM>

Mousié Ravet donn' ein coup son la voix,

Quand mêm' grinié li dir n'a pas en peine ;

Bravo, bravo ! tous blancs crie à la fois,

Çà qui vié dir' çà mêm' bon quand vous zène :

L'aut' après çà li çant' comment trompette

Mousié Malherb' so plor' Misié Pipon.

Quand mêm' tout çà n'a pas yenna vous maître

Mousié Martin av' vous zoli çanson </CM> (bis)

 

Page 16

V

 <CM>

Ein' grand Anglé çant' ein' l'enterrement

Son couplé là n'a pas gagn' son magnère ;

Ein blanc Grand Port rod' mamzell' av' l'argent,

Li malin bougr', mais n'a pas fair' paraître

Dans Cent Gaulett's çà missié Macpherson.

Quand mêm' tout çà n'a pas yenna vous maître

Mousié Martin, av' vous zoli çanson. </CM> (bis)

 

VI

 <CM>

Mousié Vacer fin' renfrogn' son figuire,

Mo voir mo-mêm' tous çà blancs fin' lassé ;

Çaquein astèr entré dans couvertire

Av' là dé, trois, déjà commenç' ronflé

Bonsoir, bourzeois, donn' nous ein coup pour boire

Mo vlé - à-soir tourdi mon la raison ;

Mousié Martin, quand mêm' vous n'a pas croire

Mo va rêvé tout la nuit vous çanson. </CM> (bis)


 

 

 

Page 27

 

COUPLETS

 

EN RÉPONSE AU Dr ROUGH

 

POUR LA CAHNSON FAITE SUR CES MOTS CRÉOLES

 

<CM> '' MO NA PAS CONNÉ''</CM>

 

DOUDY, 12 Juillet 1874.

 

Air de : Allons Babet, etc.

 

 

I

 <CM>

Doctèr, mo na pas bisoin dictionnaire

Pour montrer vous l'esprit nous causé là,

Mo voir bien vous sourti pay' Angleterre

Mais vous fair' trop semblant quand même ça ;

Zirlandais, zot toujours ein pé malice !

Vous va beau dir' qui vous n'a pas tendé

Langaz' francé dans nous bon pay' Maurice,

Zamais moi croir' qui vous n'a pas conné. </CM> (bis)

 

 

Page 28

 

II

 <CM>

Longtemps, oui va, quand vous té faique naître,

'' God dem '' bien sir' ti vous prémié causé

Ler là vous té encor' bébêt' pit-être

Pour bon l'esprit astèr vous fin' pousse ein grand bigre ;

Mais vlà dézà vous la bouç li rié,

Av' vous li zié qui clair comment pour tigre !

Dire à présent qui vous n'a pas conné. </CM> (bis)

 

III

 <CM>

Longtemps di lait çà même vous té boire,

Astèr vous cass' porter, di vin, brandy ;

Av' çà petit noir, n'a pas faut tant zistoire,

Pour vous dimand' roastbeef ou bien serry ;

Si vous bisoin pitit pois, pomm' di terre,

(Quand mêm' vous n'a pas bien causé francé)

Pour fair' comprend vous gagné son magnère,

Dire à présent qui vous n'a pas conné. </CM> (bis)

 

IV

 <CM>

Pitit baba dans lé bras vous nénène

Vous l'esprit là ti ninq' papa, maman ;

Après ça quand vous ti fin' vini zène,

 </CM>

Page 29

 

'' My dear, '' ''my love'' <CM>oussi vous té comprend

Han ! astèr là, si faut cout' tout zistoire,

Av' femme' Grand Port qui vous tiré causé

Ou bien av' çà Mamzell' la Rivièr' Noire ;

Dire à présent qui vous n'a pas conné. </CM> (bis)

 

V

 <CM>

Longtemps vous té zapprenti médecine,

Lèr là vous n'a pas té sogné soldats ;

Vous té famé pour pilil' av' quinine,

Pour toussé mêm' vous donn' calomelas.

Mais à présent vous fin' gagn' bon la tête,

Quand dans au Port, mo tend' vous fin' çapé

Madam' créol', av' mauvé la vérette ;

 Dire à présent qui vous n'a pas conné. </CM> (bis)

 

VI

 <CM>

Av' p'tit' fisil avant vous té la çasse

Ninq' coq-di-bois, zozo blanc, papillon,

Pour fair' dir plomb, vous servi dans son place

Ein long' di bois ou bien morceau bouçon ;

Aster vous gagn' grand poçe av' carabine,

Pour port' gros cerf quand vous capav' touyé :

Assez, doctèr', mett' av' nous vous mophine,

Zamais moi croir qui vous n'a pas conné. </CM> (bis)

 

 

Page 30

 

VII

 <CM>

Quand vous ti fin' allé dans pay' Grandterre

Pour fair' la çass' canard, pintad' coçon,

Lé Roi ti fin' si content vous magnère

Qui li ti vlé' donn' vous p'tit son tonton ;

Av' çà madam,' pour bien rempli vous rôle,

Couplet malgaç' vous té assez tiré ;

Quand là-dans mêm' sourti langaz criole

Dire à présent qui vous n'a pas conné. </CM> (bis)

 

VIII

 <CM>

Pour largu' la voix vous ti trop famé même

Zousqu'à tourdi vous nourriç' quique fois ;

Si pas qui prêtr' qui fair' vous baptême

Mais polisson av' vous yenna dans bois,

Paddy, Maghy, ça romanç' sans pareille ……

(Mousié Martin li mêm' fini tonné),

Encor' vous ronfl' çà bel çanson la treille !

Dire à présent qui vous n'a pas conné. </CM> (bis)

 

</BODY> 

 

 

 

 


 

<HEAD>

auteur=1867_descroizilles_1867

</HEAD>

 

<BODY>

 

Descroizilles 1867

 

Page i

 

 

AD ME VENTE FORTUNATI !!

 

“Tous les hommes ont droit à mes bienfaits ;  je sollicite le Riche en faveur du Pauvre, le Fort à protéger le Faible, l'Heureux à consoler l'Affligé !!!”

 

<CM>AVLA ZISTOIRE CRIOLE !

 

 

POUR PAUVRE LI VENDÉ

 

 

NAVIRE FINE ENGAZÉ</CM>

 

 

THE “MAURITIUS” IN DANGER

 

Come ye Boys, all of you to the main,

I will manage the Helm myself !!

 

<CM>SANS-SOUCI, QUI CAUSÉ !

LINDOR, FINE ARRANZÉ !!

 

Largué vous liquer et rié,

Avec ça pitit badinaze ;

Mais eine piastre donné, donné,

ET PAUVRE li va prend couraze!

 

Quand PAUVRE vous donné,

BON DIÉ qui vous prêté,

Et ave grand zintéré

BON DIÉ touzours rendé !!

 

Donné- Donné, _ Donné ! ! ! </CM>

  

Page ii

 <CM>

NAVIRE FINE ENGAZÉ

ZISTOIRE CRIOLE

SANS-SOUCI QUI CAUSÉ !!

 

Avla moi Sans-Souci,

Pour vous qui fo mo faire ?

Avla moi Sans-Souci,

Avla moi Sans-Souci !! </CM>

 

Look sharp ; Boys, yonder, there are black spots forerunning a tempest!

And suddenly the gallant CAPTAIN appears on the quarter deck;

Oh! Says he, true! There are very bad black spots down yonder,

Come quick, Boys, All of you! Let us turn them over,

I will take the helm myself!!

 

THE MAURITIUS IN DANGER

 

Je vois le coup de vent !

I tell you it is a cyclone !

If you are right, I will be wrong

 

J'aperçois le cyclone !

No man !  it is a coup de vent !

If I am right, you shall be wrong.

 

<CM>“ Dans mon grand bâtiment, quand coup de vent vini,

(Ça quiq chose Mr. Henry, cyclone li nommé,

Et défint Mr. Régnaud, coup de vent ti appélé).

“ Comça mo commandé jisqu'à li fine fini,

“ Tout mon zordre matelot répondé : Aye, aye, Sir :

“ Comça mo dire zot faut manœuvré aster,

“ Tiombo bien zot liquer, et dans zot MAURICE,

“ Tout dimal qui yena, zot va gagne SON MALICE.''

 

Guetté encore l'autre côté !! </CM>


 

 Page iii

 <CM>

NAVIRE FINE ENGAZÉ

AVLA TOUT SON CAUSÉ SANS-SOUCI

 

PLORÉ MON LIZIÉ PLORÉ,

Pourquoi aster la pli na pas tombé ?

Bobre Africain, liquer vire sangsie, Madame Carambolle ;

GRAND PÉTITION POUR VENDÉ CIMIN FER ;

CIMIN FER là, pangard li va faire Moss.

Zimpots faut tout dimound payé ;

Zimpots li trop boucoup ;

Zimpots faut balancé morceau ;

SON GRAND MISSIÉ CAUSÉ TOUT FINE RAMASSE ASAMB ;

Dans grand cimin Moka voler metté vous TOUT NI ;

Son mazination, ça “ bourbac '' Sans Souci ;

Céga Bourbon dans la caze grand Madam ;

NAVIRE QUI TI DANSÉ dans la rade Mahebourg ; (eine contredance à huit)

Zanciens Maurice Batisse, Grégoire, Sacouyé ;

Sipri Maurice fine vire BÉNOITON;

Cocodès, Crétin, Gandin, Cabotin, Cabotine, PITIT NINI;

PAUVRE MAURICE TOI QUI TI SI ZOLIE;

Ça  BON PRINCE pour nous qui ti pour vine ici;

PRINCE au Cap Alphant fine touyé;

Dé Cerf qui Maurice PRINCE li ti pour touyé;

Son causé nou BON PRINCE, qui nous ti va tendé;

GRAND ZAMIRAL COMA FAIRE QUAND NAVIRE ENGAZÉ.

Son conseils BON PRINCE, qui li ti pour donné;

Son bon Salam PRINCE quand li ti pour allé;

Son bon Salam Sans-Souci!!!

 

Largué vous liquer et rié,

Avec ça pitit badinaze ;

Mais eine piastre donné, donné,

ET PAUVRE li va prend couraze!

 

Quand PAUVRE vous donné,

BON DIÉ qui vous prêté,

Et ave grand zintéré

BON DIÉ touzours rendé !! </CM>

 

Don't smile, but frankly laugh

At this little joke, fun or farce,

But four shillings, leave you ought

And POOR PEOPLE, will bless you for your grace!

<CM>Ça badinaze là, quand ti pour arrangé,

Son nom ti pour signé, çaquenne, qui commandé:

Mais zot tout, coma Claude, letemps ti Paie trappé

Ler qui ti pour signé, dans Manioc _ galouppé,

Et dire Sécrétaire, asamb Président, zot nom qui fo metté,

Donc alors nous signé, SANS SOUCI Sécrétaire Président LÉVEILLÉ.

 </CM>

 

Page iv

 <CM>

ZERRATA!!

 

Missié Typographe là dire, vite fo envoyé

Ça “Çancarlat ” !! ça qui son malbar ti causé,

Mo dire na pas comprend, la haut papier metté;

Alors qui mo trouvé, Cancarla, li viré Zerrata;

Oh! Alors mo dire li, ça pitit bébète là

Na pas bisoin metté, sans ça faut tout coupé!!!

            Dans badinaze comça,

            Na pas bisoin metté Cancarla:

LA !!!

</CM>
 

 

Page 1

 <CM>

NAVIRE FINE ENGAZÉ

 

BADINAZE SANS SOUCI

 

Ploré, Ploré, mon Lizié Ploré,

La Pli, li n'a pas vlé tombé;

Ploré, Ploré, mon Lizié Ploré,

Douri n'a pas capab planté!

 

Grand Père Azor, vous qui boucoup malin,

Son raison là vous, vous dévé conné,

Pourquoi aster, à soir coma bomatin,

Li chaud, li chaud, pour n'a pas badiné?

Dipis six mois, la Pli n'a pas tombé,

Jisqu'à canne même, li dire Papa!

N'a pas dileau, disic n'a pas gagné,

Dans la terre même, rentré coma Couroupa.

 

L'autre jour mo ti tendé dé grand mounde causé,

Si pas zott menti, bon Dié même conné ?

Mais ça vrai même, mo oussi croire,

Ça dé vié gens là, jamais li n'a pas boire:

Mais vous grand Père Azor, qui tout bien maziné,

Vous même va guetté, sipas li badiné?

 

Eine dire quartier Mapou, quartier la Poudre d'Or,

Longtemps là-bas, li ti son pied disic même;

Pamplemousses, Piton, li oussi, li encor,

Longtemps li ti metté, coma si dire baleine:

Avlà dans temps M. Latourhoday,

Ti yena morceau dibois, dipis lé temps Français;

Zott ti fin gardé: Ça qui Papa la Pli:

Mais fini vendé li, après zott coupé li,

Avant, metté diblé, après canne planté,

Aster, li sec, blanc causé, coma la mance balié.

 </CM>

  

Page 2

 <CM>

L'autre dire, tout ça partie paye jisqu'à Flacq,

Trois Ilots jisqu'à côté Madam Ravenelle,

Vous bien conné, dans son pied Camisard,

Coté ti yena l'angar compère César;

A coté, ti yena, souvini, trois pieds jacq,

Tout ça fini coupé, canne partout planté;

Disic la manière, ça n'a pas badiné?

Eine paye entière, ça même tout travaille!

Mais na pas per, nous qui n'a pas marmaille,

Nous lizié nous guetté, nous l'esprit maziné,

Tout di bois fine coupé, bon Dié oussi facé,

Vous prend tout son dibois, son lapli li gardé,

Li donne tout ça gens là, qui n'a pas t'i embété

Dans grand cartier Grand Port asamb la Savanne

Morceau la Haut Flacq; morceau oussi Moka.

Si pas ça gens là-bas, zott tiré Sirandanne,

Ou bien zot prend nous bête, coma dire Macoa;

Avla aster ça même blanc, causé ninque di-bois,

Dans eine jour n'a pas eine, mais souvent dix fois:

Bon Dié pini moi si mo menti, faut dépécé, dépécé,

Ça vrai n'a pas quique choze badiné badinaze,

Faut vitement di-bois, partout partout planté,

Sans ça encore bientôt va gagne Grand carnaze!

 

Bomatin, bitation, la gazette arrivée:

Grand Misié dire Mr. Pierre, allons</CM> “Venez et lisez.”

<CM>Grand Misié dimandé; Causé dibois planté?

Commercial causé, pour Cimin Fer l'argent faut trouvé!

Grand Misié dire, Pierre, là qui fine enfoncé!

Ça même Douri, Divin, Rum, Tabac, tout payé:

Qui va faire mon zenfant, nous même ti voulé,

Nous bête coma lézoie, eine marcé, tout sivré.

 

Compère Azor, mo ti toujours dire vous

Blanc même qui yena toujours famé bagous.

 

Après ça Cernéen, Mr. Pierre li bien guetté

Grand Misié dimandé, Eh ben! Qui li causé?

Cimin Fer! Cimin Fer! Ça qui nous va soûlé,

Mon pitit, ton zenfant li aussi va payé,

Ou bien, acouté bien, mo causé tout de bon,

Coma grand mounde, toujours li bien conné causé,

Eine fois pour quique chose, qui n'a pas badiné:

Cimin Fer là, dans son la main Gouvernement

Jamais li va donné pitit morceau bon-bon.

 </CM>

 

Page 3

 <CM>

(Ah! la case grand-papa quand ti gagné la main?

Ça si n'a pas conné, mo va dire vous dimain).

Alors faut vendé li, vendé bien vitement,

Metté dans la Gazette: Anglais va galouppé,

Ça zotte boucoup content, zotte même va attrapé;

Quand même nous pour perdi, c'est égal, laisse li,

Faut bien ça qui acheté, li gagné son douri,

Li oussi yena femme, oussi yena zenfant,

Laisse li donc oussi gagné morceau l'argent.

Pour ça Cimin Fer là, ça même qui faut faire,

Sans ça zotte même guetté, li bien mauvais zaffaire;

To fine tendé Pierre, avla d'abord eine,

Ça qui vini après, n'a pas si tant la peine;

Comça Grand Misié li lingué Mr. Pierre,

Mr. Pierre li acouté, coma dire la prière.

 

Compère Azor, n'a pas guette moi travers.

Sans ça vous va metté chagrin dans mon liquer;

Vous vlé conné pourquoi, ajourd'hui mon causé

Dans vous zoreille sonné coma dire la mizique?

A cause ça na pas, faire moi vous gros lizié.

Ou bien coma eine boeuf, quand li senti moustique

Na pas facé, rié asambe mon chanson;

Rié, ça bon, li faire fanné disang,

Ploré toujours, ça touyé sentiment;

Quand Grand Misié sizé dans son sallon,

Comça même li causé, tout dimounde acouté;

Ça même mo maziné, quand pour conté zistoire,

Coma joué violon, faut vous chanson tombé;

Avla donc mo sayé ajourd'hui Pitit Noir!

Vous dévé souvini vous même compère Azor

Longtemps tyena [ty ena] eine blanc, zot dire Bobre Africain;

Li oussi faire chanson, causé créole encore.

Quand l'autre blanc tendé: Rié, rié, et trappé son lérin

Après eine l'autre Misié appelle M. Dihazier;

Li, li ti fine commandé ça Madame Carambolle,

Et jour qui ti joué li, acouté mon parole.

Dans Théatre, n'a pas place, pour dimounde dibouté,

Après dans son la tête, zott ti mette brance laurier:

Ça quique chose là vous même vous ti fine trouvé:

Manière causé créole, blanc li boucoup content,

Ça même sans Souci, siyé pitit moment;

Mais Bobre Africain là, li tyena [ty ena] drôle causé;

Eine jour dans grand la noce, tout dimounde assizé;

Eine chanson pour li, dé garçon faut chanter;

“ Mon zami pour vine sangsie, ah! mon liquer viré”

Manière ça sangsie là, ti bien drole zaffaire,

 </CM>

 

Page 4

 <CM>

Zott dire comça, place pour rentrer, ça sangsie là li per;

Mamzelles vini rouge, garçons baissé la tête,

Grand papa, grand maman, dire zaffaire n'a pas bête;

Après ça tout dimounde, rié rié pour tout di bon:

Lendimain, dé mamzelles fine fiancé dé garçons.

Ça pour M. Dihazier comça qui li viré

            “Servi Misié, servi Madame,

“Mon liquer toujours content,

“Boiré larac, batté tam tam,

“Faire gagné grondé souvent.

Mais maziné, compère ça quarante nannées fine passé,

Ça n'a pas dire hier; dimounde fine blié.

 

Avla Grand Misié, dire encore Mr. Pierre;

Encore yena boucoup, l'autre quique chose pour causé;

Mais pangard to va allé blagué blagué derriêre,

Ajourd'hui, tout de bon, là nous fine embété!

Mais n'a pas per mo là, mo va causé toujours;

Si to fine fatigué vaut mié dire moi bonjour

Ou bien nous guette encor ça Cimin Fer.

 

Disic n'a pas, passagers mort; Qui à faire?

Ca même manière, ti embète M. Fisher,

Jisqu'à li même fine sauvé Angleterre:

Eine dimound dire “ li bourbac ” ça malbar causé;

Na pas vrai, li malin, tout quique chose bien conné,

Zaffaire là na pas bon, ça même li sauvé:

Li na pas bète li, li na pas badiné,

Carias bientôt vini, li conné son lé-dent

Pour li guetté bon LIME, ça même allé divant.

Mr. Fisher fine allé, zot metté M. Mosse,

Ca même zenfant causé “ Cimin Fer vine Toupie ”

Faut zotte bien guetté, pangard li va faire Moss..

Comça avla l'aut jour, eine wagon touye son corps

Dans Cimin Fer Mesnil, li tout sel fine vini!

Ah! zaffaire comça faut n'a pas vine encor.

Zot ti  fine causé ça Tandraque Electrique

Dé difil fer metté, dipici Mahébourg,

Quand quique chose arrivé, causé Marche à rebours!

Mo croire ça eine bagou, un bien encor eine trique.

Mais zotte fine causé cinquante mille piastres couté;

Quand n'a pas causé bien, l'argent dehors jetté;

Mo croire compère Azor, ça qui vrai sirandane,

Pour faire dormi dibout en bas son pied banane,

( Coma ça grand zéco, eine grand misié Pamplemousses),

Eine jour qui son maitre, qui tyena [ty ena] bon la bouce,

 </CM>

 

Page 5

 <CM>

Et qui grand Quhaullxllhauxnhaillent,* ti vini getté li,

Li dire, acouté bien mon bon Zéco, zami!

Zéco, li dire li: Bon Zéco, est ti là?

Narien li répondé, narien, narien là-bas;

Li commencé pli fort; Zéco, Zéco, tout à lher li va noir!

Ah! Misié mo la même dourmi, en bas son pied banoir.

 

_____________

 

Compère Azor, ça zaffaire Cimin Fer

Boucoup dimounde, mo croire, qui na pas bien comprend,

Eh ben! Pitit moment acouté bien aster;

Après vous va guetté, son pitit, son maman:

L'argent fine boucoup coûté pour commandé,

Ça l'argent nous dévè, faut zintérêts payé,

Charbon, disuif, commis, tout ça là faut trouvé:

Donc ça dé quique chose, fo aussi nous metté;

Ça l'argent passager, disic, marchandise,

Ça qui pitit côté; l'autre coté boucoup fort:

A présent balancé, mais n'a pas faire bêtise,

Pitit tiré dans grand, sans ça vous qui va tort.

Avla l'autre jour, dans causé bon Mr. Gouverner,

Ou bien guetté, encore dans rapport Mr. Kerr,

Tout quique chose bien clair, tout vous trouvé aster,

Balancé fine donné pour ça bon Cimin Fer,

Dé cent soixante mille piastres perdi, eine banané!!

L'autre nané, trois cent ou quatre cent: Manière,

Blanc zott appélé ça, allé dans la rivière:

N'a pas paye zintérêts, Maurice prison metté,

Ça donc faut payé, ça n'a pas badiné:

Faut trouvé; qui va faire? Metté l'autre zimpôts!

Lahaut balle douri, déjà yena morceau,

Ça faut li reste encor, et quand n'a pas assez,

L'autre nanné encore pitit morceau augmenté;

Aster 24 sols, va capab monté eine piastre;

Aster mo maziné, Cimin Fer, dimounde fine comprend son farce.

Acouté donc; Cimin Fer là, BON DIÉ faut prié,

Eine l'autre dimounde, tout di bon faut acheté!

 

Cimin Fer, li fini guetté l'autre quique chose,

Si pas li va amer, encore coma margause.

 

_____________

 

 

Grand Misié dire Mr. Pierre, Sentinelle qui causé?

M. Pierre répondé, zimpots qui li chanté.

 </CM>

 

 

* Colonel.       (Traduction libre.)

 

 

 

 

Page 6

 

<CM>Grand Misié li sauté coma dire camaron!!

Zimpots, zimpots, ah! li gagne bien raison

Zimpots li trop boucoup pour disic qui nou faire!

Faut faire zéconomie, avlà eine grand zaffaire:

Faut grand papa li même, faut li bien maziné,

Coma vrai li va faire. pour morceau li coupé:

Mais ça n'a pas bagou, n'a pas pour badiné,

Sans ça mo dire vous. nous pour mort, enfoncés!

 

Bon Dié fine marqué, tout dimounde pour travaille,

Sans ça vini coquin, ou bien vini ivrogne;

Comça là oussi, nous tous vini canaille,

Si la fièvre vini, nous tous, nous coma borgne,

Mort come si dire mouce, au port M. Pitot,

Blizé faire enterrer, bomatin jisqu'à soir;

Gagné mauvais raison, si laisse pour tantôt.

Yena même qui dire n'a pas faire son devoir;

Si fait! Zimpots aster partout metté, metté,

Jisqu'avla tout dimounde fine crié: Assez!

 

Pour zot jiste, faut faire paye tout dimounde,

Quand même eine piastre, quand même six sous;

Dans tout la Colonie faut faire eine la ronde

Ça qui n'a pas payé, va rié coma fous!

Quand même malbar, créole, ou bien zanglais,

Arabe, malgache, chinois, ou bien encore français,

Ça même qui faut faire, acouté mo dire vous:

Est-ce qui dileau nous n'a pas boire nous tous?

Nous tous marcé dans grand cimin encor?

Vous même coma moi, mon bon compère Azor!

Quinine faut bien trouvé, Docter faut payé,

La soupe quand malade, faut bien oussi donné,

Quand vous mort, faut encore oussi faire enterrer.

Tout çala, dire moi qui payé à présent?

Ça qui yena la terre, après morceau la caze.

Li même zot tiombo, coma dire coup de vent!

Ça n'a pas jiste, ça n'a pas bon, ça n'a pas sage?

Faut grand papa, eine la loi li commandé,

Pour tout quique chose, li va marcé pli drette:

Sans ça zenfant, mon zistoire acouté.

Bientôt nous tous ici, nou va perdi la tête.

L'argent n'a pas fanné, come si dire diplomb;

Pour gagné malbar en tas, zot fine trop largué;

Après pour zopital, collège, zédication

Mo tend blanc causé; beaucoup trop dépensé:

Ça tout de bon, bien bon, Dimounde donné sipri;

Oui, mais ça sipri là, ventre n'a pas rempli.

 </CM>

Page 7

 

<CM>Grand Misié, li toujours dire moi: “ Canaille”.

Bon Dié ti donné toi la main, pour to travaille;

Grand Misié vous conné, jamais li embété,

Prêtre même li causé, li n'a pas carotté.

 

____________

 

Après compère Azor mo fine tendé,

Grand Misié, Mr.Pierre, encore li dimandé;

Pierre, to fine tendé, yena qui dire comça,

Qui nous ici, n'a pas, yena bisoin soldats;

Faut causé, Grand Maman, zot nous n'a pas voulé,

A moins qui zot vlé faire, eine Régiment Police,

Et zot prend M. Prince pour faire zot capitaine;

Ça oui qui ti va bien, embêté zot malice,

Ça qui dans grand cimin Moka, si vous joindre voler,

Qui va causé comça: “Mr. Dans vous montre qui l'her?”

Vous montre li souqué, vous l'argent li lingué


 

Vous quilotte amêné, laisse vous coma léver:

Comça Mr. Douglas, lot jour fini causé,

Et dans Gouvernement conté tout ça zaffaire;

Li dire ça qui voler laisse tout ni, coma nous premier père,

Ça bon grand Mr. Gouverner, ça jour là même à soir,

Envoyé zabit, quilotte et cocher dans dans noir noir,

 

 

Jamais li maziné, li té gagné l'honner,

 

 

Li metté quique chose, qui captaine Grand Maman

Fine porté li même, dans tout son fourniment:

Dans la gazette ça temps là, vous capab guetté encor,

Son causé M. Douglas, moi mo n'a pas mentor.

 

Grand Misié li causé, avla tout ça zaffaire,

Acouté bien aster, tout ça qui nous faut faire;

CIMIN FER VENDÉ, pour ça faut bien causé,

ET EINE GRAND PÉTITION, envoye bon Gouverner,

Pour dimande vendé, vitement Cimin Fer!

Tout dimound faut travaille, et tout zimpots payé,

Ça zimpots là li même, faut morceau balancé,

L'argent ça qui pour pauvres, ramassé dans quartiers,

Mr. Prince li assez bien, conné tout son zaffaire,

Son zofficier conné, ça qu'ici faut faire,

Et son garde, vagabonds, conné coma trapper,

Dans camp Malbar, la caze, cotte zot serré couma mouce,

Faire zot comprend fané, avant causé la bouce;

Coté son pied dileau, bon dimounde bien guetté,

Pour gagné li encore, partout dibois planté;

</CM>

 

Page 8

 <CM>

Sentinelle même, l'autre jour fini dire comça:

Quand jour vous marié, faut plante six pieds dibois,

Et chaque zenfant gagné, trois zarbres faut metté!

Ça dans paye Argovie, paye la Liberté!!!

Tout ça quique chose déjà, dans Conseil zott guetté,

Bon Gouverner li même, déjà fine causé;

Morceau gagné dans tout, guetté nous la misère,

Va sauvé coma dileau coulé dans la rivière;

Avla sipri grand mounde, zenfant n'a pas monqué,

Trop longtemps, trop boucoup, vrai, nous fine ploré!

____________________

 

Compère Azor, quique chose dans mon liquer,

Par trop longtemps, mo ti fine gardé;

Mais azourdhi, qui nous gagné malher,

Souvent zenfant, pour grand mounde, li enfoutant

Li appelle nous, “Ça gens létemps margauze”;

Bon Dié pini moi, ça ti bon temps, quique chose,

Et ça qui ziste, dans son liquer, chagrin ça vié létemps:

Guetté vous même? est-ce qui dans ça temps là

Jamais dimounde, ti mort faim coma Lérat,

Fine enfermé dans eine grand souricière,

Eine belle la caze gagné, narien pour son lé-dent!

Dans ça temps là, la toile blé nous manière,

Mouchoir carreau, la tête metté divant:

Mais dans ça temps là, narien n'a pas manqué,

Liquer content, tout samedi nous dansé;

Quand malade sogné, linge, la case, tout gagné,

Nous, nous femme, nous zenfant coma nous;_

Coma zott zenfant, et traite nous bien doux!

Banané, grand ration, dans salon grand Madame,

Violon compère Jérôme faire rié tout nous l'àme;

Après pitit Misié, pour faire nous tout content,

Céga Bourbon dansé ansamb Marijeanne!

Ça temps mo ti Grand Port et vous ti la Savanne;

Ah! oui compère Azor, ça temps là ti bon temps;

Mo dire ça temps là oussi nous ti pli bon:

Nous n'a pas ti faro, mais nous lévé nous front:

Dans ça temps là, dimounde licou coupé,

Cinq, six, dix banané n'a pas tendé parlé!

A présent malbar même, dimi ou eine douzaine

Eine banané pendi dans ça “Fort Blanc” la plaine.

 

Compère Azor, vous oussi, vous dévé souvini

Cotté giroffle, café, coton, l'indigo ti planté;

 </CM>

 

Page 9

 <CM>

Ça ti lé temps Mr. Philippe ou bien Mr. Pignard,

Ziroffle ramassé, ça qui ti faire content;

Léchelle dibouté, cassé li boucoup tard,

A soir pour égrenné, tout dimounde entouré,

Dans grand magasin, grand Madam, zenfants,

Nous tous sizé en rond, la main marcé, liquer content.

Ça coton là encore, ça qui drole zistoire,

Dans quartier Tambarin, son la graine ramassé

Coma montagne, et zenfant défint Mr. Grégoire

Quand la haut li zott joué, zott ti fine enterré;

Ah! oui compère Azor, tous zanciens fine allé!

Et tyena [ty ena] zanciens, pour na pas badiné;

Vous souvini, bonhomme Grégoire,

Ça qui ti vend bazar, et conté vous zistoire;

Ça qui défint Mr. Boudet, eine jour bal costimé

Li çangé coma li, et faire nous rié, rié pamé.

Après eine grand papa, ti vendé pomme d'amour

Dans son charette, li tyena [ty ena] causé, n'a pas sicour

Li ti appel Chatte-Chatte, Polisson, Polisson.

Après li, vous trouvé “Batisse” son ton-ton,

Ça qui ti eine vié diable, causé, dimandé, dimandé,

Dimandé quoi? mo croire bêtise qui li causé;

Parce qui quand li comacé, dimandé, dibouté,

Li branné, li soufflé, dimounde partout rié,

Mais madame et mamzelles, zott la tête tourné!

Et bonhomme SACOUYÉ!! li qui son capitaine,

Li tout sel encore là, dibouté dans la plaine;

Blanc dire li: Vétéran, Waterloo fine passé;

Et taler li aussi, pitêtre va décoré;

Son marvanne bien branlé, la peau lapin viré,

Alors zenfant crié: Hourrah pour SACOUYÉ!!

Yena qui dimandé, pourquoi criole nous causé?

Est-ce qui par hazard, vlé empèche moi parlé?

Dans langage qui, zenfant, nourrice fine montré

Est-ce qui dans Tribunal, ça vous vlé empéché?

Mo dire vous, tout dimounde, yena son la gazette,

Tout yena son couler, yena son pavillon;

Jisqu'à Malbar, Chinois, son langage imprimé,

Et nous, nous vrai criole, ou bon ou n'a pas bon;

Dans nous langage oussi, laisse nous faire nous la tête;

Après tout, qui vous embras, si au lié dire “Monsieur”

Mo viré mon causé, moi mo vlé dire Misié?

Est-ce qui vous maziné, vous capab empècer?

_____________

 

Dans ça temps là oussi, blanc même ti l'autrement,

N'a pas sitan faro, metté la paille chapeau:

Mais alle dans son la case, oh! son liquer content,

</CM>
 

Page 10

 <CM>

Et dans son la cousine, Pierrot ou Adrien, coui bon pitit gateau;

Quand li pour voyagé, palanquin qui nommé,

Et trente bel porter faro coma lé Roi, crié “Borrim borré”;

Ou bien dans grand carosse, six béfs, li metté,

Eine appellé London, l'autre appellé Paris,

Ça pour eine grand Misié, quand Chimère li allé,

Ou bien quand la Savanne, li allé rode soursouris;

A présent là tout blanc, belle la caze, carosse et souval,

Compagné gagné boucoup, zami vrai pitit morceau,

Pour manzé bon dijné, tout létemps carnaval,

Boucoup toujours vini, caresse li coco,

Mais pour zens, qui en passant, fine perdi son cimin,

Zot fine vini bien sec, (Dié merci, n'a pas tout),

Mette li dans son la route, dire, passe là partout,

Mais n'a pas offre li, posé, boire, ni narien!

Dans ça temps là oussi, faut dire eine quiq choze,

Bitation, grand Misié, gardé pour son zenfant:

A présent bitation, aujordhi compère Pierre, dimain Jean.

Après dimain compère Thomas, l'autre après dimain Mr. Choze.

Et langage Blanc même, aster li autrement:

Dans salon grand Misié, quant zot vlé causé,

Mo tendé dire lémots, qui mo n'a pas comprend,

Coma dire Sirandanne; Qui ci ça Benoiton?

Zot dire ça gros chivré, derrière la tête metté.

Avant Madame li large coma la tour Malakoff.

Aster serrée, gaz fanal n'a pas plis drette qui zott.


 

La mode là tout de bon, eine quiq choze bien drol;

Avant chapeau li large coma dire parasol;

A présent li pitit, coma nic zirondelles.


 

Et pour vous trouv li, la haut la tête mamzelle,

Faut mette vous linette, guett, avec vous lorgnon,

Est-ce qui ça li aussi, appellé BÉNOIT-TON?

Ça pitit causé là n'a pas bisoin facé,

Car faut zot bien comprend, ça pour zot même rié!

Non, zot n'a pas facé, car zott tout bien conné

Quand même si coma diable, zot ti fine habillé,

Coma Premier Maman, zot toujours zolies,

Qu'asamb tout nous liquer, zot nous content zamies,

Et zott oussi conné, nous tout coma Père Adam,

N'a pas ferme nous zoreille, quand conte zistoire serpent.

Quand vous n'a pas bien cire, ça la vérité là,

Dimande li donc vitement ça bon Mr. Nini;

Ça qui eine famé garçon guetté li donc là-bas;

Dans so chapeau guetté: Follow me girls, à l'infini,

Ti vlé marié zot tous! et dans grand la Gazette,

Li même ti causé, vitement, clair et nette.

Sipri dimound aster, fine vini bien malin;

 </CM>

 

Page 11

 <CM>

Guetté dans zimages même, zott faire zott la Police,

La course li metté, grand Misié ploré, gagné,

Son lipié Nicolas eine Brané, l'autre n'a pas brané;

Dileau arose dimound, ça appelle Pompé

Cocodès, Mr. Nini, Car-Car et Beau-li-ton,

Tout quique chose faire rié pour n'a pas badiné,

Et zot causé là, causé là qui pli bon,

Vous même bien acouté, et vous même va jizé!

Eine dire Cocodès, l'autre Crétin, encor eine Gandin,

Misié agace Madam, dire Cabotine, Madame dire Cabotin,

Bon Dié pini moi, compère Azor, jamais mo ti tendé,

Faut vous dire moi, mais là pour tout di bon,

Si ça na pas langage, comça Madam Serré,

Li bouce zoreille Mr. Jean, quand Mr. Pierre li causé;

Alors ça même quique fois zens, qui fine trop rond,

Zot four zot zami, ça qui gagné guignon,

En didans quiq zaffaire, en didans tout di bon,

Cotté dimounde dire: Oui, eine la cloce, eine léson.

(Encore quatre males eine coup! Bobre, li va facé!)

(Na pas colère, zami. ça morceau badiné!)

______________

 

Ah oui compère Azor! vous ave moi nous bien vié,

Car létemps Mr. Decaen, nous ti fine trouvé:

Vous souvini ça Mahebourg zaffaire,*

Cotté navire Anglais asamb navire Français,

Dibouté l'Ile de la Passe, et ti boucoup la guerre;

Ça choze là encore n'a pas trouvé zamais;

Là qui tyena [ty ena] grand, et bien grand capitaines,

Zot causé Mr. Pym, Mr. Lambert, Mr. Cirtis,

L'autre zor dire Duperré, Bouvet, épis Hamelin,

Navire zott dire “Néréide”, “”Minerve”, “Mazicienne”,

L'autre “Sirius”, “Ceylan”, “Bellone”, “Iphizénie”,

Et “Victor” et “Wyndam”, dibouté dans roulis!

Bomatin pour à soir, à soir pour bomatin,

Trois jours entière, canon li faire mani, mani,

Et faire eine carnage, coma jamais ti guetté!

Anglais coma Français, coma lions zott metté,

Tout fine cassé, touyé, bourlé, brisé, sauté,

Jisqu'à la Savanne même, canon partout tendé,

Zéclair partout, canon li metté mani mani,

Et coma dans li jour, zot té causé la nuit,

“Mazicienne” li flambé, après li saute en l'air

Coma cervolant difé, après tombe dans la mer.

( Ça sauté là, grand Madam, zenfants, nous tout, nous ti trouvé,

 </CM>

 * Historique.

Page 12

 <CM>

Dans grenier, grand caze, la fnête soleil levé, la même dibouté)

Commandant Duperré, boulet gagne dans la tête,

Ça zamiral Bouvet, remplace li dans la fête;

Captain Willoughby, lizié sourti, lébras fine cassé,

Çanté Rule Britannia! Marseillaise répondé!!

Tout di bon, zens là, coma lions dibouttè,

La mort vine frappe zot, et chanson li metté!!

La guerre là tout de bon, quiq choze bien mauvais,

Puisqui Prêtre causé, nous eine papa, eine maman,

Pourquoi alors est-ce qui, pour tout di bon, zamais,

(Coma frère entre frère, toujours bon sentiment),

Jamais na pli la guerre, pour paye camrade, gagné,

Cotte ti fine dibouté, laisse li coma li tendé;

Quand vous mazine la guerre, Sirandanne maziné,

Vrai!! Moi si mon zenemi touyé ou bien blessé,

Dans ça “Fort Blanc” la plaine, pendi va envoyé!

Et quand dé Nations, la guerre, millions touyé,

Bravo dans tout la Terre, zott partout crié,

Et tous grand capitaines, zot vitement décoré!

Mais à présent conné, Blanc dire eine bon quiq choze,

Anglais asamb Français, na pli capab la guerre;

Ah oui! ça qui ti va, eine tout de bon zaffaire

Zott dé asamb Français, l'autre Nation la guerre n'a pas va oze!!

Mais Zanglais li oussi, li na pas ti lassé;

Zott ti fine bien dire, paye Maurice faut trappé;

Jour qui zott té gagné, grand papa Léveillé (1)

Au port vini et dire, jisqu'à Trou Fanfaron,

Navire Anglais dans port, partout fine serré,

Navire Français rendé, blizé, mais li n'a pas marron!

Français, eine poignée même, vous conné ça temps-là,

Alors Misié Decaen dire: zabitant faut envoyé

Çaqueine trois capores, pour zot aide soldats;

Grand Misié ti envoyé Pierrot, Claude, L'éveillé,

Quand Claude ti tourné ave fizil, minition,

(Dans ça temps là, n'a pas ti conné CHASSEPCT,

Ni ZÉGUI, paie Mr.  Redl, Prussien faire son faro;

Ça fisil Claude, compère Azor, li ti bien bon;

Asamb li longtemps, cerf, jacot, qui vous touyé,

Banané la porte, grand Madam ça même vous tiré,

Jisqu'à fine vini vié, et li faire Pataracque.

Tout vié quiq choze, zot dire, faut li vini patraque,

Ça même zenfant toujours, zot qui content rié,

Dibouté dans la fnêtre, dire: Azor fini raté!!)

Grand Misié ti dire Claude: “Coma to ti sauvé”?

Ah! Bon Dié, oui grand Misié, oui mo ti galouppé;

Quand dans la plaine Mapou, soldats noir dibouté,

A cote dire M. Mobile, dileau li ti montré,

</CM>

(1)  Historique.

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 <CM>

Nous trouve soldat Anglais, vrai, serré coma fourmi;

Alors qui capab faire? Serré oussi, nous tout senti;

Ça même nous noir largué, et brrrt dans manioc,

Jisqu'à fine sauvé loin, liquer ti faire Toc-toc!

Vous souvini létemps, ça bon Mr. Farquhar,

Quand ça grand blanc Zanglais, léRoi dans l'Inde allé, (1)

Et qui ti passe ici, eine vendardi à soir;

La caze Maçons qui diboute, derrière ça grand Palais.

La même li sourti, li même marcé divant,

Maçons tout sivré li, pavillons tout largué;

Tabliers, tout metté, dans son la main trielle l'argent,

Cotte ça grand l'ÉGLISE, qui ti pour commandé,

Là même li allé, gran Roche fine paré,

la chaux li prend, roche palan levé,

Dans tourou roche divin, dilouile, doublé

L'argent, papier, la peau mouton, la gazette metté;

Li même, li même aussi, Grand BON DIÉ, li prié!

Après palan crié, roche son place li assizé,

Li prend compas, la règle, liquerre, niveau,

Partout tout assemblé, joint prend pitit morceau,

Trois coup maillet, _batté batté, _ batté.

Ça qui zot dire maçons conné conné,_ conné;

La miziqe (sic) encore joué, canon trois par trois li tiré!

Et puis eine grand hourah, trois par trois résonné:

Et à présent zott dire, Maçons li n'a pas bon!

Na pas Bon Dié content; VOUS MENTI! Pourquoi donc?

Ti laisse li commencé, ça grand BON DIÉ la caze;

Laisse li donc tranquille, li n'a pas faire tapaze;

Lé temps la fièvre, son la cousine, pauvre trouve bouillon,

Médecine, li oussi, li té conné donné,

Et son Docter, oussi, et yena li bien bon.

Quiq choze n'a pas conné, pourquoi vous mal parlé?

Pli tard vous va guetté, qui Maçons capab faire,

Mais avant jize li, faire bien vous la prière!!

Ah bah! Compère Azor, vié létemps, ti bontemps,

N'as pas tyena [ty ena] si tant, mentor mani, mani;

Nous tout ti gagné, eine l'autrement sipri,

Et Blanc coma noir, noir coma blanc, ti pli content.

_______________

 

Ah! oui pauvre Maurice, toi qui ti si jolie,

A présent dire moi qui to fine vinie?

 

Longtemps dans ton forêt, et dans ton la montagne,

 </CM>

(1) Lord Moïra.

 

 

Page 14

 <CM>

Dans ton la plaine, et dans ton la campagne,

Cotté ton risseaux clairs, en bas ton zarbres verts,

Dans ton dibois si frais, ton lalianne, ton fougère,

Ton palmiste, ton citron, ton bigarade, ton limon,

Ton grand noble lalianne qui nous dire “la Passion”,

Qui la haut grand dibois monté coma festons,

Ton merle qui çanté, dans grand tabac marron,

Cotté dileau zamais, zamais li ti misère,

Cotté ton vert Ravenalle, ton vacoas, ton rafias;

Qui si vous joindre dans la plaine, oussi trouvé dans dibois,

Oh! Oui, là vous senti coma soûle ave zoder (1)

Qui, pour premié fois faire viré vous liquer!

Faire vous blié dimound, et tout zot caprice,

Faire vous blié méchant, et tout son la malice,

Faire vous guetté là haut et trouve la limière,

Coma ton Bengali, ou ton zozo la Vierge!

Quand dans feilles, la rose, qui n'a pas trouve aster,

La haut léRoi dibois, (2) soleil bonjour sonné:

Oh! Vrai to ti zolie et blanc, blanc coma cierge!!

Cotté Bambous ploré, et faire l'amour rêvé,

Liquer oussi batté, pli doucement toujours,

Alors la nuit li prend son fatigue li jour!

Oh! quand dans la forêt, dans ton grand bois allé,

A cotte lipié dimound, li n'a pas encore passé,

Dans grand brance dibois, quand li causé divent,

Vous tendé coma dire, la voix grand sentiment,

Vous maziné BON DIÉ, vous dire li grand, li ziste!

Oh! Oui dans ça grand bois, sipri li reposé,

Là grand dibruit dimound, li n'a pas arrivé!

Vous bien tendé dileau, qui ploré dans risseaux,

Mouce di miel li ronflé, dans fler trouvé sirop,

Zozo tout sort, chanté la haut grand pied dibois;

Cornard appelle biche, biche appelle son fan,

Et si la haut montagne, vous trouvé Grand Bassin,

Qui avec dileau clair, ajourdhi encore plein,

Alors vous sentiments, tout rouvri à la fois,

Si vous l'âme li triste, vous liquer pli content,

Car loin là-bas, là-bas, coma l'arc-en-ciel bleu,

La mer entoure Maurice, l'ouvrage GRAND BON DIEU!

Et Blanc même quand là lire, ça Paul & Virginie,

Vous voir zot lizié, mouillé tout doucement;

Oh! A présent, bien vrai, ton faro li fini;

 </CM>

(1)  Oh! là vous respirez d'enivrantes senteurs

Qui, la première fois, dilatent votre coeur!

                       (Traduction libre par Lindor-L'endormi.)

 

(2)  Bois de natte.

 

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 <CM>

Et narien, narien plus, resté ça sentiment!

Coma la fimée claire, tout li fine envolé;

La hache partout coupé, çimin partout passé,

Et Cerf même qui longtemps, li qui ti si sauvage;

Cimin Fer li passé, li diboutte, li guetté,

Li guetté tout de bon, coma dire badinaze,

Bientôt vous va voir li, coma Béf, emparqué.

 

Ah! oui, pauvre Maurice, toi qui ti si jolie,

A présent, dire moi, qui to fine vinie?

 

Longtemps ici là même, quand sava bien, voulé,

Tout Blanc paie dans l'Inde, vitement galouppé;

Aster! guetté, Choléra, la vérette, malad la gorg la couénne,

Et pis ça bon la fièvre, zot dire Palidéenne!!

Ça n'a pas  badiné, ça faire liquer serré,

Six mois, trente cinq mille, coma feille améné,

Et qui ciça tout ça? DIBOIS FINE TROP COUPÉ!!

Ça même la cause oussi, canne même li embêté!!

Li oussi li malade, borer percé partout;

Disic donné morceau, souvent même, pas ditout;

Malbar fine trop en tas, coma mouce li serré,

Et dans tout bon dileau, capra sale li lavé!!

Ça zistoire dibois là, n'a pas d'accord zot tout,

Et ça vous maziné faire rié coma fous;

Eine jour eine dire noir, l'autre jaune, l'autre blanc;

Mr. A.D. dire ça bêtise, Mr. P. De V. Dire l'autrement, (1)

Mais acouté ça Misié, Mr. Meldrum appellé,

Qui l'Observatoire, défint Mr. Régnaud li ti chargé tout sel,

Grand Terre li fin guetté, dimound sipri, qui na pas badiné,

Et cotte zot mette piment, li mette poivre et disel;

Dire faut dibois planté, cotte trop boucoup soleil;

Sans ça dimound pour mort, coma mouce dimiel;

Et ça son maziné, grand Misié qui famé!!

Mr. Boussingo, Mr. Humbold; ça qui li ti nommé!!

 

Ah! oui, pauvre Maurice, toi qui ti si jolie,

A présent, dire moi, qui to fine vinie?

Longtemps blanc parlé toi, qui to fine vinie?

Longtemps blanc parlé toi, qui son PERLE LA MER!

Dire moi tout ton faro, cotte fine allé aster?

____________

Pitit moment mo causé, grand Misié li posé,

 

(1)  Mr. A. D. Mo croire li tort, Mr. P. De V. Li qui raison,

A présent tout la marre, li all sec pour tout di bon,

Guetté la Rivière sec, guetté la marre Moka,

Tout à l'her Grand bassin, aster la marre Vacoa!!

</CM>

Page 16

 <CM>

Pitit morceau soufflé, son quatre lizié souyé;

Misié Pierre, en fichant, dimande li; avla tout?

Grand Misié répondé, pitit Bo....est-ce qui to fou?

Trois la Gazette même, qui nous fine guetté,

Ça Progrès Colonial guetté qui li causé?

Prend ton pipe allimé; Progrès, causé TABAC;

TABAC, à présent là, ça qui li GRAND PAPA

Quand to planté, dans ton zardin,

Garde Tabac vini, et compté combien pied;

Après Misié Barclay, li va envoye son gardien,

Pour la Douane conné, combien li va gagné.

Et faut to souvini, “semer” n'a pas “planter”,

Et qui “Planter” oussi ça n'a pas “Transplanter”.

Comça Grand Conseil, zot ti fine causé,

Zour qui la loi Tabac, zot ti disquité.

Zimpot tabac dans son lipied!

Mo croire vaut mié eine fois, mette zimpot la terre;

Si chini mange tabac, si coup de vent tont gâté,

Est-ce qui ça zimpots là, la Douane va trappé?

Vous conné Blanc li dire: Coté n'a pas narien, léRoi

Quand même li malin, toujours perdi son droit!!

Zimpot la haut li pied tabac, ça qui drole quiq choze;

Et ça M. Odier bien dimandé, pourquoi la cause;

TABAC!! TABAC!! Blanc cause comça, Cuba,

Yankee paie, Jamaïque, Manille, Calcutta.

Pit-être li oussi grand, qui canne même là-bas;

Dans ça paye là, ça dibouté tabac,

Pour empécé planté, zimpots est-ce qui metté?

Contraire pour planté boucoup, Gouvernement payé;

Mais nous sipri Maurice, à présent drole sipri,

Canne li demandé grâce, demande vous merci;

Vous n'a pas vlé laisse li, posé pitit morceau,

Et quiq choze qui capab pit-être remplacé,

Ça qui mazine li, la haut li crie “Harro”,

Ça sipri là, mo croire, ça vrai sipri zacot,

Zot dire li, mo croire, zot qui morceau fou, oui zot!

Ave zot famé disic, causé vrai, combien riche?

Dix eine coté dibout, ça qui pauvre coma la ruche;

Ouvri donc zot lizié, eine bon fois pour tout,

Ou bien dimound enfin, va dire vrai zot qui fous,

Est-ce qui zot maziné dimound n'a pas lizié?

Bah! Dohors bien faro, mais en didans guetté;

Ave l'argent l'autre dimound aussi, capab bien enfoncé,

Pitit quiq choze, jamais faut vous n'a pas monqué;

Guetté ça pitit quiq choze, salade ici mangé.

L'autre paye LI GROS, pour faire CANNE TREMBLER,

Compère Azor, ça vrai, pour n'a pas badiné.

 </CM>

Page 17

 <CM>

(Huit mâle ein coup! Bobre li va en colère,

Pardon Bobre, pardon, encore mo na pas faire).

Vous qui tout bien conné, mon bon compère Azor,

Pourquoi donc la haut Canne, na pas metté encore?

Oh! non, ça pauvre Canne! li si malade aster,

Et cependant li même, causé tout nous malher;

Li même ti metté, partout mani, mani,

Partout dibois coupé, malbar coma fourmi;

Cousparvani”, travaille ou bien n'a pas travaille:

Ah! vrai, faut convini, nous tout, ti bien MARMAILLE,

Malbar fine en tas, misère, mort coma mouce;

Paye li fine sec, partout dileau sec dans la source;

Dézà ti bien mauvais, quand Cimin Fer causé,

Bon Dié pini moi, pourquoi ça zotte ti maziné?

Vous même fine guetté, guetté encore tout à lher,

Cimin à présent là, mo tende Anglé causé </CM> (Go to Hell) <CM>en Enfer

Tout ça zaffaire zimpots tout de bon na pas bon,

Quand ti comacè la haut douri, ti faire eine pétition,

Pour dire comça quiq choze, qui pauvre li manzé,

Zamais dans auqueine Paye, na pas faut imposer,

Mais bah! la loi passée, douri payé, ventre amarré;

Avla aster encore zimpots tabac, pour fimé empécé!!

L'autre zour mo ti tendé, ça qui dire bon zaffaire

Cimin Fer, li même, qui ti gagné pitit morceau diberre!

Ça zott bien loin aster, son la barbe caressé.

Et dire: “Pauvre Maurice! Coma to ti embété!”

Mais Bon Dié li la haut, si pour zott li Dimiel,

Pour nous oussi pit-être, touzours na pas di fiel;

Mais encore eine fois, avec ça Cimin Fer, faut nou fini,

Sans ça, acouté bien, nous tout, fous va vini!!

Ça même à présent là, son la clé nous dimal;

Ça même va faire nous, soûlé coma Chouval:

Docter dire, si eine lipié gâté, la JAMBE FAUT COUPÉ;

EH BIEN! CIMIN FER LA! LI DÉJA GANGRENÉ!!!

_______________

 

Avla Mr. Pierre, dire grand Misié; ça zimpot là menti!

Quand mo menti, Pierre, alors to va senti!

Mo n'a pas fine causé, tout quiq choze payé,

To croire badiné, to même n'a pas conné,

Douri, Divin, Dileau, Rum, et ça oussi Tabac,

Licien, Chouval, Milé, la case, bric-à-brac,

La porte, la fnêtre, taler oussi divent;

Mo dire toi tout ça là, li par trop embêtant,

Oui, mon pauvre pitit Pierre, oui, mon pauvre zenfant,

Trop longtemps traite tout ça, pas trop en “badinant”,

Mais Pierre, mo dire vous, vous na pas bisoin per,

 </CM>

Page 18

 <CM>

Prend couraze au contraire, attrapé vous liquer;

Avla zot tout causé, SON PITIT GRAND MAMAN,

Quand li sorti au Cap, ici oussi vini!!

Lher là, nous la misère, pit-être va fini;

Avla bon Gouverner causé, partout montré,

Partout li va guetté, conné la vérité!!!

Après nous la cousine, nous çauffé, zabitants,

Pour dizné oussi. Morceau, pitit moment,

Zot dire comça, li EINE NOBLE ET BON PITIT BLANC,

Quand li fine assizé, la haut son grand LÉBANC.

_________________

 

Mais quand li va vini, n'a pas causé mentore,

Et faire semblant gagné, là haut belle quilotte,

Quand bon chimise en bas, vrai nous n'a pas gagné,

Ou bien eine chimise qui pour nous fine volore

Vaut mié nous dire li! Avla moi! Saperlotte!

Bien malade pit-être, mais na pas mort encore,

Misié GRAND ZAMIRAL, avla moi! Coma moi;

Avla moi MAURICE, pauvre, sec coma dibois!!

Comça li va content, va voir na pas menti;

Mais quand dans son lizié, vlé metté mani, mani,

Li va dire: “Aye, aye, Sir!” mais li conné bagou;

Est-ce qui dans nous liquer, nous prend li  pour eine fou?

 

Zot dire oussi coma, li bien content la chasse,

Dans ça grand paye au Cap, fine touyé eine gros Alphant

 

Son la peau, done morceau, avec son zofficiers,

Pour qui, jour fine touyé, la haut là faut marquer:

Maurice, nous n'a pas gibier qui aussi grand,

Mais dans nous grand dibois, Cerf boucoup gagné;

Avla zot causé, la loi faut prolongé,

Pour nous capab encore, pitit morceau chassé:

Sipa Misié Pastor, sipa Misié Villemain,

Sipa Misié Pitot, sipa Misié Constantin,

Grand Capitaine la chasse, va montré coma touyé?

Mais avant, zot dire, faut alle “Labourdonné”,

Piton, Flacq, Poudre d'Or, morceau faut promené,

Pamplemousses, Pitit Rivière, après Pitit Moka,

La Plaine Wilainne aussi, morceau pitit là-bas;

Allé guetté Trou Cerf, Mahébourg, Trou Souffler,

 </CM>

 

 

Page 19

 <CM>

Après ça la Savanne, Grand Bassin faut guetter;

Et pis ça bon la site, Dibois sec li postè,

La même qui cotté cerf, li pour touzours passé,

Et dans l'angard M. Henri, dé gros Cerf touyé!!

 

(Ah! ça Typographe là, li qui fine carotté!

“Dé gros Cerf” mo parlé, eine CAPRICORNE metté!!!

Et encore, li bien maigre, la fièvre fèque gagné!!

Et mo croire, eine Docter faut vitement guetté!!)

 

Lher là qui tout de bon, bien content son léquer.

Après zot ti sizé et ti dijné morceau,

Lher là qui tout zanciens, montré zot faro:

Coma zot fime fimé Sirandanne, Sirampeck,

Li marcé, li causé, tout brané son la bec;

Mais narien pli malin - bon, qui bon compère Diflo,

Quand li causé, Pauv “Susule” et faire son gros lédos!!

Quand tout Paye fine guetté, partout bien promené,

Partout cotté, tout quiq choze bien conné;

A présent PRINCE causé: Tout de bon, bien zolie!!

Mais acoute mon parole, pitit morceau, zamis:

 

Moi qui boucoup marcé, avec mon bâtiment,

Qui boucoup l'autre Paye, fine guetté souvent;

Trouvé Maurice zoli, mais qui drole quiq choze!

Disic tout sel travaille! pourquoi? qui donc la cause?

L'autre Paye, mo guetté, tout quiq choze planté,

Guetté au Cap, Diblé, Divin, Lafarine, Mouton,

Diber, Maille, Canne, Pomme di Terre, posson,

Chouval, la Viande Salée, Homard,

Zonions, fruits, zaricots, pois di Cap, zamandes,

Raisin sec Pommes, Poires, Citrons, oussi zoranges,

Tout envoyé Maurice, pour Maurice tout bon;

Taler pit-être oussi, zot va envoye Charbon,

Et après dans Natal, là qui zot tout sayé;

Dité, Coton, Tabac, China Grass, Dholl, Gram, Café,

Zaut ici faut sayé, li na pas encore trop tard;

Dans tous cas zarbres planté, pour va gagne dileau;

Planté boucoup dibois, ça même qui li faut!

(Ça zaffaire zarbres là, mo vlé mette zot dacord,

Pardon, tout disquité, mais narien prouve encor;

Eh ben! moi, mo dire zot, COMÇA DIBOIS PLANTÉ,

SI NA PAS DONNE LA PLI, LI DONNE DIBOIS DIFÉ!!

 </CM>

 

Page 20

 <CM>

Après tout ça fini, sizé eine grand dijné,

Avec grand capitaines, et tout quiq choze causé;

Li fine guetté partout, collége fine allé,

Zhopital, Prison, tout, son lizié guetté!!

BAL, ZOT INVITÉ LI; ah! Pour ça li dire: NON!!

Zami, boucoup merci, grand merci tout di bon;

Mais Paye li trop pauvre, hier même, maziné,

Vous même fini causé, dans tout vous la Gazette,

Et l'autre Paye l'argent, vous même dimandé,

Bon Zanglais, Angliterre, dix huit mille envoyé, (1)

Et zot ici dans Paye, cotté dans six mois,

Trente cinq mille dimound, fine mort à la fois,

Encore même metté, en didans zot la tête,

BAL VOUS VA DONNÉ MOI, ET ZOT L'ARGENT FANÉ!

NON! MO NA PAS VOULÉ! L'ARGENT LA VOUS GARDÉ,

POUR DONNE BOUILLON PAUVRE, SI LA FIEVRE TOURNÉ!

_______________

 

Comça qui li parlé, dimound, la main batté,

Et pis trois grand hourrah, trois fois fine crié!!

Merci zami li dire, encore eine causé,

Ça causé là, BON DIÉ, li même, va tendé:

MOI QUI PITIT LA REINE, acouté mon zenfants:

 

Dans mon “GALATEA”, quand vini mauvais temps,

Nous tous travaille, tout, ça pitit coma grand;

Pour sauvé nous là vie, dans ça grand coup de vent;

Si dileau, li morceau, biscuit n'a pas boucoup,

La terre li loin, rations serré pitit morceau partout;

Nous tout travaille asamb, bon couraze,

Parcequi nous tous nous conné, ça l'oraze,

Li va fini, si nous faire ça qui faut;

BON DIÉ li même, li guetté nous là haut!

 

(1)  La Gazette causé 18928 piastres aster!

Ah! Si ti capab placé! Et laisse li dourmi,

Dans quique banané, zintérê monté couma fourmi.

N'a pas ti a faire la fimé, mais soulagé malher!!!

 </CM>

 

 

Page 21

 <CM>

Mauvais temps fine allé, dans Port nous retourné;

Biscuit, Rum, Dileau, tout grand rations rendé!

Tout dimound content, zofficiers, matelots,

Jisqu'à grand Capitaine et son grand Commandant,

Cotte zott passé, dimound li tiré son chapeau;

Et zot dire: Avla jolly fellows, avla bon zenfant!!

“ Dans mo grand batiment quand coup de vent vini,

“ Comça mo commandé, zisqua li fine fini:

“ Tout zordres, matelots répondé: Aye, aye, Sir!!

“ Comça mo dire zott faut manoeuvreé aster;

“ Tiombo bien zot liquer, et dans zot MAURICE,

“ Tout dimal qui yena, zot va gagné SON MALICE”;

Comça faut gouverné, pour empéce çavirer,

Et zot grand Navire, fine boucoup engazé!

Pour empéce la Fièvre, encore li retourné,

Zott la ville partout touzours bien nettoyé,

La caze cotte trop en tas, faut faire zot fané;

Zot dileau, zot canal, oussi faut bien guetté!!

Dileau dans grand gondole temps en temps faut largué,

Et bord, bord la montagne, DIFÉ FAUT ALLIMÉ;

AVEC ÇA LA FIEVRE LA, NA PAS FAUT BADINÉ,

ET TOUT ÇA QUIQ CHOZE LA, FAUT FAIRE POUR EMPÉCÉ!

Dimound mort toujours, LOIN ET BIEN ENTERRER;

Et faut zot bien guetté, ZAMAIS PLI DETERRER;

Dimound vivant paresse, force zot tout travaille,

Sans ça vine bien pauvre, et pis tourné bien faille;

Quand zot prend zofficiers prend li pour son talent,

Çosiré! Cosiré! Qui MAURICE li content;

LA CAZE DIMOUND TI MORT, SI LI ENCORE FERMÉ,

DIMANDÉ EINE LA LOI, POUR VITEMENT GUETTÉ;

DANS L'AUTRE PAYE, COMÇA MO TROUVÉ MANOEUVRÉ;

LA CHAUX PASSÉ PARTOUT, PARTOUT BIEN NETTOYÉ;

MO CROIRE, ZOT IMPÉ TROP TRANQUILLE, POUR ZENS QUI DANS DIFÉ,

BIEN BON QUAND NA PAS PER, MAIS LA VIE FAUT SAUVÉ.

ET ÇA ZISTOIRE “SANTÉ” ZOT DÉVÉ BIEN CONNÉ;

ZAMAIS FAUT PITIT MOMENT, ARRETÉ ET SOUFFLÉ;

ZOT DILEAU BOIRE SIRTOUT, ÇA FAUT BIEN MAZINÉ.

LADANS MÊME, QUI MO CROIRE, BOUCOUP DIMAL GAGNÉ!

Comça zot manoeuvré, zot navire va lévé;

Sans ça reste engazé, et capab bien coulé;

Quand pour “pare à virer” crie: Ready about;

Et pis, partout largué, ADIÉ-VAT, avla tout!

Comça dans zot la caze, faut méné zot zaffaire,

Après ça, quiq zour, fini zot la misère;

Pour zot, mon zami, avla mon sentiment!

Salam, salam, mo allé dans mon Grand Bâtiment:

 </CM>

 

Page 22

 <CM>

Et tout dimound crié: HOURAH POUR PITIT LÉROI!

BON DIÉ, DONNE LI TOUZOURS, GRAND SANTÉ, GRAND LA JOIE!

______________

 

Avla compère Azor, grand Misié son causé,

Mr. Pierre et tout dimound, dans salon acouté;

Mais BON DIÉ, qui dommaze, mo fine tendé parlé,

NOUS BON PITTT LÉROI, Paye l'Or fine allé!

Sans ça, qui grand quiq choze, mo fine dire vous

Dans nous pitit Maurice, ti va trouvé son bout.

______________

 

Mais mon zistoire fini, avlà la cloce sonné,

Grand Misié li en colère, tout à lher appellé;

Azourdhi fine assez, salam compère Azor,

Eine l'autre zour pit-être, nous va causé encore;

Ça mon parié mo fine gagné, touzours gagné;

La fête Mort fine passé, la pli na pas tombé;

Compère Azor oussi, moi n'a pas bien conné

Sipa l'autre dimound va foude nous causé?

Mais mo fine dire vous RIÉ, QUI MO VOULÉ;

Ça nanné là, tout de bon, nous fine trop ploré:

Ça dé trois jours conzé, banané nous gagné,

Noir noir dans son liquer, mo vlé li passé;

Ma foi si quiq dimound, li monqué sans souci,

Sans souci va dire li, to fiché mon gris-gri;

To raison mon zami, mo bête coma lézoie;

Mais tout ça mon zenfant, Sans-souci n'a pas embrasse;

Ici bas, li conné, tout quiq choze yena place;

Sans-Souci zamais per montré so sentiment,

Et tout son maziné, li largué carrément,

Mais souvini vous zot, rié tout sel mo vlé;

Personne dans mo causé, na pas pour offensé,

GRAND MAMAN, GRAND PAPA ET BON PITIT LÉROI,

Pardon si zot nommé, dans ça zistoire pour moi;

Sans-Souci li malade, la fièvre, na pas dourmi;

Quand li fine longtemps, ennouyé fime, fimé;

Dourmi appellé encore, mais li na pas vini;

Qui à faire? Asamb compère Azor alors li causé;

Zot dé, vié zens asamb, qui bien content rié,

Sans-souci ti causé: “ Anous faire eine zistoire,

“ Anous ramasse blagué, qui nous tiré à soir,

“ Avec ça vous va guetté! VIÉ QUI SON FRONT PLISSÉ,

“ LA BOUCE ROSE, ZENFANT, GRAND DIMOUND, TOUT VA RIÉ;

“ Dipis Noel jisqu'à ça, nous causé, léRoi boire,

 </CM>

 

 

Page 23

 <CM>

“ ÇA QUI NOUS GRAND BAGOU, CIMIN FER PROMÉNÉ,

“ TOUT DIMOUND BON LEQUER, VA ACETE NOUS ZISTOIRE

“ Et si la gorge largué et en plein Rié, Rié;

“AZOR, SANS-SOUCI, LINDOR, ZOT NA PAS VA PLORÈ,

“ CAR PAUVRE OUSSI LADANS, VA GAGNE SON SOULAGÈ!”

Avla moi Sans-Souci,

Pour vous qui faut mo faire?

Avla moi Sans-Souci,

Avla moi Sans-Souci!!

Et Sans-Souci, li va répète encor:

Ploré, ploré, mon lizié ploré;

La pli, li na pas vlé tombé,

Ploré, ploré, mon lizié ploré;

Douri na pas capab planté!

 

AVLA MOI !!

 

            SAN-SOUCI. (C.P) </CM>

__________

 

Ah! De bon coeur riez, oui, de cette folie,

Oui, mais de votre bourse, déliez le cordon;

Vous goûterez l'idée, le but est, je crois, bon!

Honi qui mal y pense, alors moi je m'écrie!!

Et si du haut des Cieux, où ton âme repose,

Cher Bobre, cher François, tu juges cette prose,

Pardonne à ton ami, d'avoir voulu tenter

Dans le patois Créole, en vain de t'imiter!

 

            Pour extrait conforme:

 

                                   LINDOR DIT L'ÉVEILLÉ,

 

                        PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DITE DES 25.

 

                        Seule chargée de la traduction libre et littérale,

                        des productions de SANS-SOUCI.

 

_____________

 

MANUSCRIT No 1, SERIE A: NAVIRE FINE ENGAGZE.

_____________

 

Morne Brabant, au sud de l'Ile Maurice, autrefois Cernée, (sans calembourg) le 20 Décembre 1867.

_______________________

 

TYPOGRAPHIE E.DUPUY ET P.DUBOIS, RUE BOURBON, 25.

Page 24

 

 

<CM>Dans badinaze là,

Zot dir' met Carcala;

Quand li sourti, la Pli

Li tombé tout de bon;

Non! Na pas agace li;

Contraire dire li merci.

Car li raison oui, li!!

La Pli qui li causé,

Quand li manze soulié;

Dans tout la case grand,

Quand li faire son tapaze,

Vous capab dire! ladan,

La Pli va nous partaze!

Tombé! La Pli, tombé!

Enfoncé L'EVEILLÉ!!!

                        AVLA LA !!!

 </CM>

________

 

 

ERRATUM.

 

Au lieu de:

 

Ah! de bon cœur riez, oui, de cette folie,

 

Lisez:

 

Ah! de bon cœur, riez de cette facétie. 

 

</BODY> 

 

 

 

 


 

<HEAD>

auteur=1880_baissac_1880

</HEAD>

 

<BODY>

 

1880 Charles Baissac

 

<CM>Z'HISTOIRE ENE CATTE QUI TE ENA BOTES</CM>

 

P121

 <CM>

            Té iéna éne vié blanc qui té éna trois pitits : li té éna éne moulin, éne bourique ensembe éne çatte. Éne zour ça vié bonhomme là li gagne grand malade pour môrt méme. Li apéle so trois pitits, li dire zautes : « Mo pitits, avlà mo pour mort ; napas lapéne zautes apéle zense au pôrt pour fére la partaze ; toi, àcause to plis vié, mo done toi mo moulin ; toi, mo done toi mo bourique, et toi qui plis pitit, mo done toi mo çatte. » Avlà coment li encore après causé, éne coup là so labouce séc. Li môrt même.

            L'hére zautes tourne dans cimiquière, pitit là qui té gagne çatte, li çagrin, li dire : Mo grand frère qui té gagne moulin li va moule diblé, li va gagne larzent ; laute là va çarié lafarine av so bourique, li va gagne larzent ; zautes dé napas va môrt faim ; més moi là qui té gagne néque éne çatte qui mo a fére ? Mo va touye li,mo va couit  so lavianne, mo va manze li ; aprés ça, qui mo a fére, mo va blizé môrt faim !

            Côment li té encore plaigné là, çatte té dourmi enbas lilit. Avlà so dé grand frères dire li : Aranze toi, môrt faim quand to content, qui nous embrasse! Acthére là so grand frére dire come ça : Mo alle méte diblé dans mo moulin. Laute frére dire come ça : Mo alle coupe lhérbe pour mo bourique. Avlà zautes dé allé.

            Lhére zautes fine allé çatte sourti enbas lilit, li dire comme ça : « Mo ptit méte, couté : napas lapéne vous cagrin ; quand vou vlé acoute moi, vous a vine rice qui apéle rice. » So méte dire li : « Qui to a fére ? Éne çatte pitit coment toi, toi qui a  capave trouve manzé pour dé doumounnes ? » Çatte li entété, li dire : « Mo méte, done moi ça qui mo dimande vous, aprés lésse moi fére, wou a voir !» So méte dire li : « Eh ben ! causé. Qui to vlé ? – Mo vlé botes sembe éne sac.» So méte done li ça qui li dimandé.

            Çatte méte so botes, li prend so sac, li amare li dans so léreins, aprés li allé, li allé zisqu'à li arive dans éne grand lapléne acote té iéna bon morceau iéves. Li prend so sac, li méte làdans bon morceau lastrons, li ouvert labouce ça sac là li amare éne ptit lacorde bien longue ; aprés li arquilé, li caciéte enbas feilles, so liziés tout séle dohors, mo dire vous. Avlà éne papa iève vini, cri, cri, cri, cri. Li arive dréte av lacorde éne coup : li làdans, manami ! Iéve crié : grâce, papa çatte, mo napas fére encore ! Çatte napas acoute li, li touye li. Aprés, li amare so lipiéds, li ouvert so vente, li foure éne ptit dibois làdans, li méte li dans so boursac, li alle drétte lacase léRoi.

            Çatte vlé entré, avlà soldat qui té monte lagarde dans laporte léRoi, li barre li cimin. Més çatte entété. Avlà léRoi qui tende doumoune cause fort dans so la porte li dire : « Més, qui çaça qui sipite come ça dans mo laporte, don ! » So soldat là réponde li : « Éne faye çatte qui dire li vlé parle av vous. Eh ben ! lésse li entré.»        

            Çatte souye lipieds dans laporte, li entré, li tire iéve dans so boursac, li dire léRoi : « léRoi, avlà éne iève qui mo méte Moussié Carabas té laçasse pour vous. » Avlà léRoi bien content li répondé : « Dire grand merci Moussié Carabas. » Çatte allé.

            Lendimain grand bomatin çatte alle dans éne grand carreau diblé, so sac zamés quitté. Li comence encore encore, li méte so sac enbas, li ouvert so labouce, li méte làdans bon morceau lafarine maïe, aprés li caciéte enbas vitiver dans bôrd carreau. Avlà éne perdrix qui vire viré pour manze ça lafarine là ; perdrix entré, çatte hisse éne coup so ptit lacorde : làdans méme ! perdrix maillé.

            Li améne perdrix là lacase léRoi, li dire léRoi : « LéRoi, avlà éne perdrix qui mo méte Moussié Carabas té dire moi done dans vous lamain.» Avlà léRoi bien content, li apéle so domestique : « Donnez - moi éne coup à boire à ça çatte là. » Avlà çatte li boire. Lhére li fine boire li dire : « Sifét va ! mo disang fané ! Grand merci, léRoi ; aprés Bondié vous méme mo méte. »

            Avlà coment li dicende léscalier, enbas peron lavarangue li trouve éne bélebéle carosse av quate çouvals làdans ; li dimande av cocé : « Hé wou ! Qui fére ça carosse-là, don ?» Cocé dire li : « Ça ? carosse pour léRoi alle promené av so mamzéle grand cimin làbas bôrd larivière. » Lhére çatte fine tende ça, li galpé lacase so méte, ti, ti, ti, ti, taillé méme, sans posé.

            Li arivé, li dire so méte : « Quand vous vlé acoute moi, azourdi même vous pour vine rice qui apéle rice. So méte dire li : «Bien sir mo va acoute toi, àcause mo coné to malin coment sipas. Causé éne fois ! » Cate dire li : « Ah ben ! anons allé !»

            Li améne so méte bôrd larivière, li dire li : « Tire tout vous linze, ente dans dileau. » So méte dire li : « Qui fére ente dans dileau frés là ! Entré, mo dire wou, napas létemps causecausé àçthére. » So méte ente dans dileau ; çatte ramasse tout lahardes so méte, li caciétte enbas roce, li dire : « Réste là, aspéré mo vine çaca vous. » Li quitte so méte dans dileau, li monte bôrd rempart  pour guétte guétte carosse léRoi passé.

            Avlà coment li assisé là li voir carosse léRoi vine grand galop drétte ac li. Avlà li lévé, li crié : « A moi ! A moi ! Bondié ! Bondié ! Marrons fine volor tout linze mo méte qui aprés baigne dans dileau !! » Awouah ! li même qui té caciéte linze enbas roces.

            LéRoi tende ça crié là, li fére aréte caléce ; ça méme çatte té voulé. Li alle cotte léRoi, li dire li come ça : « LéRoi ! LéRoi ! mon pauvre méte, Moussié Carabas, vous coné ça qui  touzours envôye vous iève av perdrix là, coment li aprés baingne so lécorps dans dileau, marons féque volor tout so linze !» LéRoi dire av so domestique : « Galpé lacase, ouvért mo larmoire, améne linze pour Moussié Carabas. Vané méme, pendgare li gagne larhime dans dileau frés là.»

            Avlà Msié Carabas méte so linze LéRoi. Mo dire ous, sifet va ! àforce li vine zoli lafille léRoi napas capave guette li drétte, li blizé bésse bésse so liziés. Çatte guétte zautes éne coup, li maziné, li rié. Lésse zautes !

            Çatte galpé divant carosse. Li trouve éne grand bande noirs qui aprés casse maïe, li dire zautes : « Acouté mézamis, si léRoi dimande zautes pour qui ça bitation là, dire li pour Moussié Carabas ; si zautes napas cause come ça, mo fére mo sourcié av zautes, napas iéna éne qui pour dibouté dimain bomatin. Aranze zautes. » Tout ça noirs là àforce zautes pére, zautes lazambes fébe, mo dire wous !

            LéRoi passé, li guéte bitation là, li dire ça noirs qui aprés casse maïe : « Pour qui blanc ça maman bitation là ? » Zautes tout néque éne labouce : « Pour Moussié Carabas. » LéRoi qui ti assisé dans so carosse li dire : « Ah monami ! Sifét va, ça qui apéle rice !»

            Çatte galpé touzours divant ; li arive dréte éne lacase qui grand coment léglise ; li entré : ça té lacase Louloup. Li dire : «Louloup, Louloup, mo napas ti vlé passe divant vous laporte sans dire vous bonzour. » Louloup dire li : « To té bienfét, mo pitit.» Avlà zautes dé cause causé. Çatte dire av Louloup, guétte bien so siprit ça çatte là : « Mo té tende dire quand vous vlé vous capabe fonde éne coup pour vine lion ou bien zalphant, ça qui vous léquére content. » Louloup dire li : « To a voir talhère, mo pitit.» Coment li dire ça, li fonde éne coup méme, li vine éne gros lion. Çatte trouve ça, àforce li pére li saute lafenéte, lésse li sauté, li monte làhaut bardeaux. Louloup blizé rié, li crié : « Napas pére, pitit, dicendé. » Çatte dicendé, li dire Louloup : « Manman ! napas péle pére qui mo té pére, papa Louloup ! Més, Louloup, vous té çanzé pour vine lion, esqui vous capabe çanzé pour vine zozo oubien lérat ? » Louloup dire : « Sifét, mo pitit, mo capabe. » Avlà li fonde éne coup, li vine lérat. Çatte, manami ! pése li dans so latéte méme, li touyé li, li manze li. 

            Avlà coment li féque manze ça Louloup là, li tende carosse léRoi vine dans lacour ; li alle ouvert laporte carosse li prye léRoi dicendé sembe so pitit av Missié Carabas. Çatte dire léRoi : « Ça lacase là pour mo méte, Moussié Carabas ; vine promené, vou à voir. » Avlà léRoi prôméné, proméné ; li guété, li guété ; napas péle bélebéle lacase mo dire ous ! Quand çatte fine fére zautes promené tout quiquepart, li fére zautes assise dans éne grand lasalle àcote té iéna éne grand latabe rempli pâtés, brioces, pralines, bonbons tout sorte ; té iena gouyaves, té iéna zacques, té iéna caramboles, té iéna vavangues, papayes, cocos, mambolos, zanblongues, té iéna tout ça qui té iéna ; més, monanmi ! ti éna éne divin, qui ti divin côment zamés divin ti divin !

            Avlà léRoi coment li sise à table li dire : « Sifét va, moi qui léRoi, mo honté mo lacase napas zoli coment pour vous, Moussié Carabas. » Lhére zautes tout zautes fine assise à tabe, ça qui manzé manzé, ça qui boire boire. Avlà léRoi goûte ça divin là, éne coup li dire Msié Carabas : « Moussié Carabas, quand vous vlé, mo marié vous sembe mo pitit. » So mamzéle léRoi li tende ça, monami, àforce li content li vlé dire, grand merci, mo papa ; narien sourti, son labouce séque.

            Msié Carabas qui té pauve coment moi méme li dire : «Mo béte moi ! sipas vous croire mo va dire non.» Zautes lévé, zautes méte légants, zautes alle léglise, zautes marié. LéRoi done éne grand bal, li fére çatte sise à table acote li : avlà àçthére çatte fine vine grand missié.

            Quand soupé fini avlà çatte léve so place ; li passe àcote so méte li dire li : « Ah ben, mo méte, qui ous croire ? menti ça qui mo té dire vous éne zour la ? » So méte dire : « Sifét va ! to éne çatte coment zamés té éna çatte. »

            Avlà çatte coment li alle dans so laçambe pour dormi, mo sivré li pour mo tire so botes. Lhére mo fine tire so botes, pour dire moi grand merci li envôye moi éne coudepied qui fére moi tombe ici pour raconte vous ça zhistoire là.

           

            So finition zhistoire çatte qui té éna botes.  

 

 

 

MORT LAHAUT BOURIQUE

 

 

Éne fanme ti dans so lacase av so galant. So mari ti fine sourti dipis àsoir sans dire li quand li ti pour rentré. Grand bomatin coq çanté comére tende batte laporte. Li dimandé : Qui là ?- So mari réponde : Moi.

            Lhére là comére dire av so galant : Allez vitement cacié dans ça grand lazare qui dans coin lacase. Li alle cacié.

            Lhére comére fine ouvert laporte so mari dimande li sipas li fine métte dileau dans difé pour fére café. So fanme dire li : « Alà mo alle mété ; més coment ous tourne vitement começa ? – Mo fine trouve ça doumoune qui mo té alle voir là, et mo tourne tousite, alà tout. »

            Létemps là dileau fine bouï. Li vide dileau làhaut café ; larestant dileau – mo napas coné qui li maziné – li vide li dans lazare àcote galant ti fine alle cacié. Pauve malhéré là sans causé li fine saisi sembe ça dileau çaud là, li rédi, li crévé… Dans so crévé so labouce ti fine réste dimi ouvért coment dire li ti aprés rié. 

            Bomatin, lhére so mari fine alle prend louvraze, fanme là dire av so galant : « Sourti vitement, alà li fine allé, pendgare quiquefois li capave tourne encore. » Galant napas bouzé.

            « Més sourti vitement, mo dire toi !… Ah ! ah ! mo cause av toi, to rié ! » Li voir li napas oulé aréte rié, li tiombo li par so civés, li halle déhors lazare ; néque lhére là qui li trouvé li fine mort. « Bondié, bondié, manman ! Coment mo a fére av éne lécorps mort dans mo lacase ! »

            Li maziné ! li maziné ! Te énan éne vié bourique qui marce marcé dans lacour ; li prend ça doumoune mort là, li amare li làhaut bourique, li largue bourique.

            Bourique couri, li alle dans térain éne grand moune qui ti énan maïe planté. Bourique néque moulé, li qui ti gagne neque ciendent touzours pour manzé. Létemps li aprés moulé, bonnefemme voir éne missié làhaut bourique, so bourique aprés manze so maïe. « Eh ous, Msié ! qui ous fére ? Ous lésse vous zanimau vine manze mo maïe ous enlére làhaut li ! Ous napas capave empéce li fére dégats ! » Msié là napas réponde narien, li rié. – « Coment ! mo parle honéte av vous, encore vous baingne av moi ! »

Lhére là bonnefemme souqué, li crié « bonhome ! » Bonhome vini av so bâton ; bonnefemme dire li : « Ous capave croire mo parle av ça Missié là, mo dire li napas lésse so zanimau manze mo maïe, li baingne av moi, li néque rié ! Avlà bonhome envôye éne coudebâton ça Missié qui ti làhaut bourique : bouf ! Msié tombé. Avlà bonhome voir ça, li dire : « Ah ! Bondié ! Bondié, mo fanme, qui nous fine fére ! Nous fine touye éne doumoune : qui nous a fére ! Bonnefemme maziné ; li dire : « Napas bisoin pére. »

            Li prend éne paquét viévié linze, li amare ça doumoune mort là dans ça paquét linze là. Li fére coment dire, létemps li fine arive lamoquié cimin pour arive lariviére, li fine blye savon dans so lacase ; li pose paquét partére, li galoupé coment dire li alle çace savon. Dériére li coquins vini, pése paquét, sauvé.

            Ça magniére là bonnefemme té fine trouvé coment çappe dans malhére.

            Coquins sitant coquin, zousqu'à zautes coquin doumoune môrt. Ça méme so finition zhistoire.      </CM>

 

Le port, Port-Louis, c'est pas excellence la ville, urbs; <CM>zense au pôrt</CM>, les gens de la ville en suspicion auprès des « <CM>zhabitants</CM>».

 

<CM>A</CM> pour <CM>va</CM>.

<CM>Lavianne </CM>plutôt que <CM>laviande</CM>.

Mot à mot, en quoi nous embarrassons - nous. Nous est sujet puisqu'il précède la verbe.

<CM>Cagrin</CM>, chagrin. Il est verbe, comme nous l'avons établi.

<CM>Làdans</CM>! Là dedans! Interjection qui répond à notre ca y est! c'est dans le sac.

Faye du français failli; « un failli chien », disent les matelots.

Ici le conteur veut que le Roi parle français: «Donnez - moi un coup à boire à cet homme-là » ; ce sont de ces phrases qui s'impriment à jamais dans une mémoire.

Nos rivières, pour la plupart profondément encaissées, coulent entre deux rives à pic, deux «remparts ».

Le mot fille d'ordinaire ne prend pas l'article; mais nous sommes à la Cour, la langue s'élève.

Nous devons ce conte à l'obligeance de M.F. de la B., que nous remercions de sa précieuse collaboration. Alors que dans presque toutes les productions soi-disant écrites en créole, la langue fait au français des concessions un peu bien nombreuses, elle conserve ici sa physionomie dans toute son originalité. Le conte finit, comme tout vrai conte créole doit finir, par le coup de pied traditionnel qui fait tomber le conteur devant son auditoire.

 

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auteur=1885_anderson_1885

</HEAD>

 

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Anderson 1885

<CM>L'ÉVANGIL SÉLON

S. MATTHIÉ

(DAN LANGAZ CRÉOL MAURICE</CM>

 

THE GOSPEL ACCORDING TO

ST. MATTHEW

(IN MAURITIAN CREOLE)

 

LONDON

BRITISH AND FOREIGN BIBLE SOCIETY

1885.

 

 

NOTES FOR THE ENGLISH READER.

 

Final n only serves to give a nasal sound to the preceding vowel ; as in the word “<CM>avan</CM>”, verse 7, “an” is sounded as in « I can't ».

The vowels are sounded as in French.

 

<CM>

L'ÉVANGIL SÉLON

 

S. MATTHIÉ

 

ÇAPIT I.

 

AVLA nom so zancétr fami Jésu Krist piti David, piti Abraham.

            Abraham ti papa Isaac, Isaac ti papa Jacob, Jacob ti papa Jida é tou so frer. Jida ti gain Pharez é Zara av Thamar. Pharez ti papa Esrom ; Esrom ti papa Aram ; Aram ti papa Aminadab ; Aminadab ti papa Naasson ; Naasson ti papa Salmon ; Salmon ti gaïn Boaz av Rahab. Boaz ti gaïn Obed av Ruth ; Obed ti papa Isaï. Isaï ti papa lé roa David.

            Lé roa David ti gaïn Salomon av fam ki ti fam Urie avan ça. Salomon ti papa Roboam ; Roboam ti papa Abia ; Abia ti papa Asa ; Asa ti papa Josaphat ; Josaphat ti papa Joram ; Joram ti papa Osias ; Osias ti papa Joatham ; Joatham ti papa Achaz ; Achaz ti papa Ezéchias ; Ezéchias ti papa Manassé ; Manassé ti papa Amon ; Amon ti papa Josias ; Josias ti papa Jéchonias av tou so frer, dan lé tan ki ti améne zot dan la vil Babylone.

            E apré ki ti fine améne zot Babylone,

Jéchonias ti papa Salathiél ; Salathiél ti papa Zorobabel ; Zorobabel ti papa Abiud ; Abiud ti papa Eliakim ; Eliakim ti papa Azor ; Azor ti papa Sadoc ; Sadoc ti papa Achim, Achim ti papa Eliud ; Eliud ti papa Eléazar ; Eléazar ti papa Matthan ; Matthan ti papa Jacob ; Jacob ti papa Josef, so mari Marie, ki ti maman Jésu ki appel Krist.

            Com ça tou ça fami là, dipi Abraham ziska lé roa David, ti fair katorz fami ; é dipi lé roa David, ziska lé tan ki ti améne zot dan Babylone, ziska Krist, katorz fami.

            Avla aster ki maniér Jésu ti né. Marie, so maman, ti fine fiancé av Josef, e li ti trouv anceint par Saint Espri, avan ki zot ti fine vine ansamb. Alor Josef so mari ki ti éne honnet hom, é ki na pa ti vlé ki dimoune dir di mal laho cont Marie, ti vlé kit li san personne conné. Mé coman li ti apré mazine ça, li voar dan éne rév, éne anz Bondié, ki dir li : Josef piti David, na pa per pran Marie pour to fam, parski li fine vine anceint par Saint Espri ; é li va gaïn éne piti, é to va appel li Jésu, parski li mem ki va sov so zans, dan zot pécé. Tou ça là ti arrivé, pour ki tou ça le Sénier ti fine dir par la bous so profet, ti vine vré ; Avla éne vierz va anceint, é li va gaïn éne piti, é zot va appel li Emmaniel ; ça ki vlé dir, Bondié avec nou.

Kan Josef ti fine lévé, li fair coman anz Bondié ti comand li, é li ti améne so fam avec li ; mé li na pa ti conne li, ziska ki so fam ti fine gaïn éne pti garçon ; é li ti appel so nom Jésu.

 

 

ÇAPIT II.

 

KAN Jésu ti fine né dan Bethléhem, éne la vil la Jidé, dan lé tan lé roa Hérod, lherla zans Mage sorti dan péyi l'Orian, arriv dan la vil Jérisalem, é zot dimandé ; acot lé roa nacion Juif ki fine né ? parski nou fine voar so zétoal dan l'Orian, é nou fine vini pour ador li. Lé roa Hérod, kan li ti tand ça, li fine gaïn per, li, avec tou dimoune ki ti rest Jérisalem. Li fair vine tou cef pretr, ansamb zans scrib, é li dimand zot, ki coté le Krist ti doat né. E zot dir li, dan Bethléhem, éne la vil péyi la Jidé, parski com ça mem ki éne profet ti écrir ; Toa Béthlehem, la ter Jida, to na pa pli piti dan tou preince Jida, parski dan toa mem ki va sorti condictér ki va condir Israël mo nacion.

            Lherla Hérod, san ki personne conné, anvoy appel tou ça mage là, é li dimand zot zist ki lé tan zot ti voar ça zétoal là. E li anvoy zot ti voar ça zétoal là. E li anvoy zot Bethléhem, é li dir zot : allé é dimand biein tou nouvel, ça pti zanfan là, é kan vou va fine trouv li, fair moa conné, pour li moa ossi mo al ador li. Abé zot, apré ki zot fine tand ça ki lé roa ti dir zot, zot allé, é avla zétoal ki zot ti fine voar dan péyi l'orian, li al divan zot, ziska ki li ti fine arriv laho

l'androa acot ça pti zanfan là ti été, é là li arrété. E kan zot ti trouv zétoal là arrété, zot ti biein contan. E avla zot rantr dan la caz, é zot voar pti zanfan là, avec so maman, Marie, é zot azounou é zot ador ça piti là. Apré ça, zot ouver zot trézor, é zot fair li cado l'or, l'ançan avec la mir. Apré ça, dan éne rev, Bondié averti zot ; napa bizoein rétourn la caz Hérod, ça fé ki zot ti rétourn dan zot péyi par éne lot cimein.

            Apré ki zot fine allé, Josef ti voar dan éne rev, éne anz Bondié, ki dir li : lévé, pran pti zanfan là avec so maman, sov toa dan péyi l'Egypt, é rest cacié là ba, ziska mo parl toa ; parski Hérod va cerce pti zanfan là pour touy li. E Josef lévé, li pran pti zanfan là, avec so maman, é li sov dan péyi l'Egypt. E li ti rest là ba, ziska ki Hérod ti fine mor. Com ça mem, ça ki Bondié ti fine dir par éne profet, ti arrivé ; mo fine appel mo piti an déhor péyi l'Egypt. Mé Hérod, kan li ti voar ki tou ça mage là ti fine zoué av li, li ti firié, é li anvoy touy pti zanfan ki ti dan Bethléhem, é dan tou ça kartié là, tou ça ki gaïn dé zan, é ki pli zéne, zist coman lé tan, ki li ti fine biein dimand ça mage là, kan Jésu ti né. Lherla ti arrivé ça ki profet Jérémi ti fine annoncé : Ti tand éne la voa dan la vil Rama, ploré av gran criyé, Rachel plor so zanfan, é li na pa ti vlé consolé, parski zot na pli là.

            Mé kan Hérod ti fine mor, éne anz Bondié parét dan éne rév, divan Josef, dan péyi l'Egypt, é li dir li : Lévé, pran ça pti zanfan là, avec so maman, é al dan péyi Israël, parski zans ki ti cerce la mor piti là, zot fine mor. E li lévé é li pran pti zanfan là, avec so maman, é zot vine dan péyi Israël. Mé kan li ti tandé, ki Archélaüs ti fine vine lé roa péyi la Jidé dan place Hérod so papa, li ti per al là ba : é coman Bondié averti li dan éne rév, li ti al dan péyi la Galilé, é li ti rest dan éne la vil appel Nazareth, an sort li ça ki zans profet ti fine annoncé, ti arrivé, ki zot va appel li éne Nazariein.

 

 

ÇAPIT III.

 

DAN ça lé tan là, Jan Batist ti vini, é li ti préché dan dézer la Jidé ; é li dir : Répanti vou, parski roayom lé ciel li prosh.

Parski li mem, ki profét Esaï ti fine annoncé, kan li ti dir : La voa éne dimoune ki criyé dan dézer : Prepar cimein lé Séniér, Dresse tou so santié.

Jan ti met leinz ki fine fair avec poal çamo, avec éne ceintir la po dan so lé rein ; é so manzé ti di miél avec sotrél sovaz. Lherla dimoune ki ti rest la vil Jérisalem, é partou péyi la Jidé, é dan tou paraz bor la riviér Jourdain, al av li ; é li batiz zot dan la riviér Jourdain, coman zot confess zot pécé. Mé kan li ti voar boucou zans Phariziein avec zans Sadicéein vini pour li batiz zot, li dir zot : O race Serpan ! ki fine averti

vou sové divan la coler ki vini ? Abé prodir fri, ki montré ki vou fine répanti, é na pa maziné al dir dan vou lé ker : Nou gaïn Abraham pour nou papa, parski mo dir vou, ki avec tou ça roce là, Bondié capav fair zanfan pour Abraham. E déza fine met la hace laho racine zarb, é tou zarb ki na pa prodir bon fri, pour coupé é zet dan di fé. Vré mem, moa mo batiz vou, avec di lo, pour ki vou répanti, mé ça éne là, ki vine apré moa, li pli for ki moa, é mo na pa assé l'honner pour port so soulié ; li, li va batiz vou avec Saint Espri é avec di fé : li éna so vane dan so la main, é li va biein nettoy so planché ; é li va ramas so di blé dan grénié, mé li va bourl la paye avec di fé ki na pa teinié.

            Lherla Jésu vine dipi péyi la Galilé, ziska la rivier Jourdain, acot Jan ti été, pour ki Jan batiz li. Mé Jan na pa ti vlé, é li dir : moa ki bizoein ki to batiz moa, é to vine av moa ? Mé Jésu répond li, Lésse fair aster, parski bon ki nou fair com ça, tou ça ki zist ; lherla Jan lésse li fair. Ossito ki Jésu ti fine batizé, li sorti dan di lo ; é avla ki le ciel ouver laho li, é li voar l'Espri Bondié ki desçand coman éne zozo colomb, é ki vine laho li : é avla éne la voa sorti dan lé ciel ki dir : ça mem mon Fis bieinaimé av ki mo fine met tou mo l'amour.

 

 

ÇAPIT IV.

 

            LHERLA l'Espri ti améne Jésu dan dézer pour diab tant li. E kan li ti fine rest karant zour é karant noui san manzé, li ti fain. E tantater vini, é dir li, si toa le Fis de Dié (Piti Bondié), donne l'ordr ki tou ça roce là vine di pain. Mé Jésu répond : ça fine écrir : Na pa di pain tou sel ki va fair dimoune viv, mé tou parol ki sorti dan la bous Bondié. Lherla diab améne li dan la vil saint, é li met li laho tampl, é li dir li : si toa le Fis de Dié, zet to lé cor an ba, parski ça fine écrir, Li va donne l'ordr so anz pour toa ; é zot va pot toa dan zot la main, pangar to li pié coïn avec éne roce. Jésu dir li : Fine écrir ossi, To na pa va tant le Sénier ton Dié. Ancor éne foa, diab transport li laho éne montaïn biein hot, é montré li tou roayom la ter, é tou zot la gloar, é dir li : Mo va donne toa tou ça là, si to tomb par ter é to ador moa. Lherla Jésu dir li : Va-t-an satan ; parski fine écrir : To va ador le Sénier ton Dié, é to va servi li tou sel. Lherla diab kit li ; é avla anz vini, é zot servi li.

            Asterla kan Jésu ti tandé ki zot ti fine met Jan dan prizon, li ti al dan péyi la Galilé ; é li kit la vil Nazareth, é li vine rest dans la vil Capernaüm, ki dan bor la mer, dan paraz Zabulon av Naphtali ; pour ça ki profet Esaïe ti fine anoncé, ti arrivé : Péyi Zabulon avec Péyi Naphtali, acot la mer ; lot coté la riviér Jourdain, Galilé péyi payeins, dimoune ki ti siz dan l'obskirité, fine trouv éne gran la limiér, é pour zans ki ti siz dan péyi é dan l'ombr la mor, pour zot, la limiér fine lévé.

            Dipi ça lé tan là, Jésu ti comance préché, é li dir : Répanti vou, parski roayom le ciél li prosh. E coman li marcé bor la mer Galilé, li voar dé frér, Simon ki zot appel Pier, é André so frér, zot ti apré zet la séne dan la mer, parski roayom zot ti pécer. E li dir zot : Sivré moa, é mo va fair vou vine pécer dimoune. Lherla mem, zot kit zot la séne é zot sivré li. E coman li al pli divan, li voar dé lot frer, Jac garçon Zébédé avec Jan so frer, dan bato avec Zébédé zot papa ; zot ti apré racomod zot la séne ; é li appel zot. E lherla mem, zot kit zot bato avec zot papa, é zot sivré li.

E Jésu al partou dan péyi la Galilé, li einstrir zot dan zot sinagog, é li préche bon nouvel lé roayom, é li guéri tou sort zeinfirmité, é tou sort maladi parmi tou dimoune.

            E so rénomé ti fané dan tou péyi la Syri, e dimoune ti apport av li, tou ça ki ti malad, ça ki ti einfirm avec tou sort maladi, é tou sort zeinfirmité, ça ki éna diab dan zot lé cor, ça ki gaïn criz, ça ki paralizé, é li guéri zot.

E éne gran band dimoune ti sivré li, zot sorti dan péyi Galilé é péyi Décapolis, é la vil Jérisalem, é péyi la Jidé, é dipi lot coté la rivier Jourdain.

 

 

ÇAPIT V.

 

COMAN Jésu voar ça ban dimoune là, li mont laho la montaïn, é kan li ti fine sizé, so discip vine acot li : é li ouver so la bous, é li montré zot l'espri ; é li dir :

Bienhéré ça ki çagrein, parski zot va consolé.

Bienhéré ça ki énan bon ker, parski zot va hérit la ter.

Bienhéré ça ki énan fain é soaf la jistice, parski zot va rassazié.

Bienhéré ça ki fair grace, parski zot va gaïn grace.

Bienhéré ça ki énan lé ker prop, parski zot va voar Bondié.

Bienhéré ça ki fair la pé : parski va appel zot zanfan Bondié.

Bienhéré ça ki fine gaïn persékicion acoz le biein : parski le roayom le ciel li pou zot.

Vou va bieinhéré kan dimoune va fair vou reprosh, é persékit vou, é va dir tou sort di mal contr vou, avec mansonz, acoz moa ;

Contan lherla, é biein contan mem : parski vou récompans va gran mem, dan lé ciel : parski com ça mem, ki zot ti persékit profete, ki ti avan vou.

Vou di sel pour la ter ; mé si di sel perdi so gou, avec ki va sal li ancor ! lherla li na pli bon pour nariein, mé pour zet déhor, é dimoune marce laho li. Vou la limier le mond. Ene la vil ki laho éne montaïn, napa capav cacié. Personne ossi napa allim éne la lamp pour met li anba éne séo, mé dan éne çandélié ; é li donne so clarté laho tou ça ki dan la caz. Mem çoz, lésse vou la limier écléré divan lé zom, pour ki zot voar di biein ki vou fair, é ki zot donne la gloar vou Papa ki dan lé ciel.

Na pa bizoein maziné, ki mo ti vine pour détrir ça ki liv la loa oubiein liv profet fine montré : mo fine vini, na pa pour détrir, mé pour fair tou. Parski vré mem, mo dir vou : ziska ki lé ciel é la ter disparét, napa éne tou sel pli pti letr, oubiein éne tou sel mark letr, ki va disparét, avan ki tou kikçoz va fine arrivé. Neimport ki alor, va viol éne ça pli pti commandman là, zot va appel li gran, dan roayom lé ciel. Parski mo dir vou, ki si vou na pa pli bon ki tou ça Scrib é Phariziein là, zamé vou va rantr dan roayom lé ciel.

Vou fine tandé, ki ti dir zans l'anciein tan, To na pa va touyé ; é neimport ki va touyé, li mérit ki ziz pini li ; mé moa dir vou : ki neimport va an coler contr so frer, li mérit ki ziz pini li ; é neimport ki va dir so frer : Raca (stipid), li va mérit ki gran tribinal pini li ; é neimport ki va dir li : To fou, li mérit éne pinicion dan di fé l'anfer. Ça mem, si to prézant to l'offrand divan l'otel, é là to rappelé ki to frer gaïn kik çoz contr toa, lésse là to l'offrand divan l'otel, al to cimein, fair camrad avan, avec to frer, é apré, vine prézant to l'offrand. Accord toa vitman avec to ennemi, tandis ki to dan cimein avec li ; pangar li met toa dan la main ziz, é ziz met toa dan la main zofficié la zistis, é zot met toa dan prizon. Vré mem mo dor toa, To napa va capav sorti la dan, ziska to va fine péye dernié pti sou.

Vou fine tandé, ki ti dir : To napa va fair adilter ; mé moa, mo dir vou : ki neimport ki, va guet éne fam pour convoat li, li fine déza fair adilter avec li dan so lé ker. E si to lizié droat, fait toa tombé, arrace li, é zet li loein toa, parski vo mié pour toa, ki éne to mambr perdi, ki tou to lé cor al dan l'anfer.

E si to la main droat fair toa tombé, coup li, é zet li loein toa : parski vo mié pour toa, ki éne to mambr perdi, ki tou to lé cor al dan l'anfer.

Fine dir ossi, ki neimport ki, ranvoy so fam, fo ki li donne li éne papié divors. Mé moa, mo dir vou, ki si éne dimoune ranvoy so fam, si na pa acoz li fine pran lot mari, li fair li fair adilter : é neimport ki, va marié av ça fam là, kan so mari fine ranvoy li, li va fair adilter.

Vou fine tandé ancor, ki té fine dir, zans l'anciein tan, To na pa va fair parjur, mé to va fair divan le Sénier, ça ki to va fine promet avec serman : mé moa mo dir vou, Na pa bizoein fair serman di tou ; ni par lé ciel, parski ça trône Bondié ; ni par la ter, parski ça so marspié ; ni par Jérisalem, parski ça la vil gran lé roa. To na pa va fair serman non pli laho to la tet, parski to na pa capav fair éne civé blan ou noar. Fair ki vou oui, oui mem, vou non, non mem ; tou ça ki plis ki ça, sorti avec diab.

            Vou fine tandé, ki té dir, Rand lizié pour lizié, lé dan pour lé dan, mé moa, mo dir vou, Napa bizoein rézist dimoune méçan : mé neimport ki bat toa laho to la zou droat, prézant li lot ossi. E si kikéne vlé pléd contr toa, é pran to habi, lésse li pran to manto ossi. E neimport ki vlé force toa marce éne mil, marce dé avec li. Donne ça ki dimand toa, é napa bizoein évit ça ki vlé ampreint toa kik çoz.

            Vou fine tandé, ki té dir : To va contan to camrad, é to va haïr to ennemi : mé moa, mo dir vou, contan vou zennemi, é priye pour ça ki fair vou mizer ; pour ki vou zanfan vou Papa ki dan le ciel : parski li fair so soley lev laho ça ki mové é ça ki bon, é li anvoy la pli laho dimoune ki zist, é ça ki napa zist. Parski si vou contan nec dimoune ki contan vou, ki récompans vou ganié, eski péazé napa fair mem çoz ? E si vou dir bonzour vou frer tou sel, ki vou fair plis ki lé zot ? payeins ossi, napa fair mem çoz ? Fo ki vou parfé, coman vou Papa ki dan lé ciel, li parfé.

 

 

ÇAPIT VI.

 

            PRANGAR vou fair vou bon condit divan dimoune, pour zot guet vou ; parski vou napa va gaïn okéne récompans avec vou Papa ki dan le ciel.

            Ça fé kan to fair la çarité, napa soufflé trompet divan toa, comman zans zipocrit fair dan sinagog, é dan la ri, pour zot gaïn l'honner av dimoune. Vré mem, mo dir vou, zot fine ganié zot récompans. Mé toa, kan to va fair la çarité, napa lésse to la main gos coné ki to la main droat fair : pour ki to la çarité fair an caciét, é to Papa ki voar dan caciét, li va récompans toa.

            E kan vou fair la priyér, vou napa va comman zipocrit : parski zot contan dibout é fair la priyér dan sinagog, é dan coein la ri, pour ki dimoune voar zot. Vré mem mo dir vou, zot fine ganié zot récompans. Mé toa, kan to fair to la priyér, rantr dan to la chambr, é kan to fine ferm to la port, priye to Papa an caciét, é to Papa ki voar dan caciét, va récompans toa.

            E kan vou fair la priyér, napa répét boucou parol pour nariéin, comman payeins fair : parski zot croar va tand zot, parski zot dir boucou parol. Napa bizoein ressamblé zot : parski vou Papa conné ki kikçoz vou bizoein, avan ki vou dimand li. Avla comman vou doat priyé : Nou Papa ki dan le ciel, Fair ki vou nom li sanctifié. Ki vou réïn vini. Fair ça ki vou vlé, laho la ter, coman dan lé ciel. Donne nou ozourdi, nou di pain tou lé zour. Pardonne nou, nou det, comman nou fine pardonne dimoune ki doa nou. Napa améne nou dan tantacion, mé délivré nou di mal. Parski pour vou mem ki le reïn, pour vou mem ki la fors, é la gloar, pour touzour é pour touzour. Amen !

            Si vou pardonne dimoune zot zoffans, vou Papa ki dan lé ciél va pardonne vou ossi : mé si vou napa pardonne dimoune, vou Papa non pli, na pa va pardonne vou, vou zoffans.

            Kan vou jeûné, napa bizoein, comman zans zipocrit, pran éne l'air trist, parski zot défiguir zot vizaz, pour montré dimoune ki zot apré jeûné. Vré mem mo dir vou, zot fine gaïn zot récompans. Mé toa, kan to jeûné, arranz to civé, é lav to figuir ; pour ki dimoune napa voar ki to jeûné, mé to Papa ki dan caciét : é to Papa ki voar dan caciét, va récompans toa.

            Na pa amas trézor laho la ter, acot lé ver é la rouy gat trou, é acot volér perce la caz, é volor : mé amas pour vou mem, trézor dan lé ciel, acot lé ver ni la rouy na pa gat nariein, é acot volér napa percé, e napa volor : parski acot to trézor li été, là mem to lé ker ossi va resté. Lizié mem ki la lamp lé cor : si to lizié li an bon éta, tou to lé cor va plein la clarté. Mé si to lizié li mové, tou to lé cor va dan l'obskirité. Ça mem si, la limier ki andan toa, li téneb, combiein ça téneb là va gran !

            Personne napa capav servi dé métr : parski oubiein li va haïr éne, é contan lot ; oubiein li va tini avec éne, é mépriz lot. Vou napa capav servi Bondié avec Mammon.

            Avla pourkoa mo dir vou : Napa bizoein einkié pour vou la vi, ki vou va manzé, ni pour vou lé cor, ki leinz vou va métté. Eski la vi napa plis ki manzé, é lé cor plis ki leinz ? Guet zozo dans l'air, zot napa planté, zot napa récolté, é zot napa gard nariein dan magazein : é vou Papa ki dan le ciel, li nourri zot. Eski vous napa gaïn plis valer ki zot ? E ki céne la parmi vou, ki a force tracasse so l'espri, capav azout éne coudé av so grander ? E pourkoa vou tracassé pour leinz ? Guet biein fler lis, coman zot poussé : zot napa travay, é zot na pa filé : pourtan mo dir vou, ki Salomon li mem, dan tou so la gloar, na pa ti habiye coman éne zot. Mé si Bondié habiye com ça, l'herb dan la pléne, ki là mem ozourdi, é ki diméin va fine zet dan four, combiein plis, li va habiye vou, o zans ki gaïn piti guine la foa ? Abé napa bizoein tracasse vou, é dir, ki nou va manzé ? oubiein, ki nou va boar ? oubiein ki leinz, nou va mété ? Parski ça mem, ki payeins cercé ; mé vou Papa ki dan lé ciel, conné ki vou bizoein tou ça là. Mé avan tou, cerce gaïn so roayom avec so zistice ; é li va donne vou tou ça kikçoz là an plis. Abé napa bizoein vou tracassé, pour diméin : diméin va gaïn so traca pour li mem : corvé zourdi, assé pour zourdi.

 

 

ÇAPIT VII.

 

NAPA zizé, pour ki dimoune napa ziz vou. Parski dimoune va ziz vou, comman vou va fine zizé, é dimoune va mézir vou, avec mem mézir, ki vou va fine mézir lé zot. Pourkoa to guet la paye ki dan lizié to frer, mé to napa trouv poto ki dan to lizié ? oubiein, comman to capav dir to frer, lesse moi tir la paye ki dan to lizié ; é avla poto li dan to lizié pour toa ? Hipocrit, avan tou, tir poto ki dan to lizié, é lherla, to va voar cler pour tir la paye dan lizié to frer.

Na pa donne li ciein, kikçoz ki sén, é napa zet vou perl divan coçon, prangar zot capav craz zot anba zot li pié, é apré ça, zot tourné, é zot décir vou.

Dimandé, é vou va ganié ; cercé, é vou va trouvé ; coïnié, é zot va ouver la port pour vou : parski ça ki dimandé, li ganié ; ça ki cercé, li trouvé, é zot ouver la port pour dimoune ki coïnié. Ki céne là parmi vou, si so pti garçon dimand li éne di pain, ki va donne li éne roce? oubiein si li dimand li éne posson, va donne li éne serpan ? Abé, si vou ki mové, vou conné comman donne bon cado vou zanfan, combiein plis, vou Papa ki dan lé ciel, va donne bon kikçoz, dimoune ki va dimand li.

Ça mem tou kikçoz ki vou vlé dimoune fair pour vou, fair mem çoz pour zot ; ça mem ki liv la loa avec profet montré.

Rantr par la port etroat : parski la port là li larz, é cimein là li gran, ki condir dan perdicion, é éna boucou dimoune ki rantr par là. E la port là, li étroat, é so cimein li piti, ki condir dan la vi, é éna pti guine dimoune ki trouv li.

Prangar fo profet, ki vine avec vou dan leinz mouton, mé andan, zot mové loulou. Par zot fri, vou va conne zot. Eski dimoune casse rézein laho pié pikan oubiein fig laho pié rakét? mem çoz tou bon pié raport bon fri ; mé mové pié raport mové fri. Ene bon pié napa capav raport mové fri, é éne mové pié napa capav raport bon fri. Ton pié ki napa raport bon fri, zot coupé é zet dan di fé . Ça mem par zot fri, vou va conne zot. Napa neimport ki, dir moi, Sénier, Sénier, ki va rantr dan roayom lé ciel : mé ça dimoune ki fair la volonté mo Papa ki dan lé ciel. Boucou dimoune va dir moa, dan ça zour la, Sénier, Sénier, eski nou napa ti profétizé par to nom ; é par to nom, nou ti pousse diab ; é par to nom, nou ti fair boucou mirac. Lherla mo va dir zot, divan tou dimoune : zamé mo ti conne vou : al loein moa, vou ki fair pécé.

Ça mem neimport ki tand mo parol, é fair ça ki mo dir, li va paréy coman ene dimoune gaïn bon l'espri, ki fine arranz so la caz laho gran roce : é la pli fine tombé, gran di lo fine vini, di van fine souflé, é fine bat contr ça la caz là, é li napa ti tombé : parski so fondacion ti laho roce. Mé neimport ki tand mo parol, é na pa fair ça ki mo dir, va parey comman éne dimoune bet, ki fine arranz so la caz laho di sab ; é la pli fine tombé, é gran di lo fine vini, é di van fine soufflé, é fine bat contr ça la caz là, é li fine tombé ; é so crazé ti gran mem.

Apré ki Jésu ti fine fini tou ça cozé là, la foul ti étonné acoz l'espri ki li montré zot : parski li montré zot coman éne dimoune ki énan droa, é napa comman zot zans scrib.

 

 

ÇAPIT VIII.

 

KAN Jésu ti fine désçand laho montaïn, éne gran la foul té sivré li. E avla éne lépré vine cot li, é tomb divan li, é dir, Sénier, si to vlé, to capav fair moa vine prop.

E Jésu étand so la main é li touche li, é li dir : mo vlé ! vine prop ! E lher là mem, so la lépr fine guéri. E Jésu dir li : fair attancion na pa parl personne, mé al fair prétr guet toa, é offer cado ki Moïz fine commandé, pour ki ça éne la prév pour zot.

E kan li té fine rantr dan la vil Capernaüm, éne zoficié çantenié, vine av li, sippliyé li, é dir li, Sénier, mo garçon dourmi la caz, li malad avec paralizi, é li soufer boucou. E Jésu dir li, mo va vini, é mo va guéri li. Ça zoficié là répond li, é dir : Sénier mo na pa assé famé, pour ki to rantr dan mo la caz : mé nec dir éne parol, é mo garçon va guéri. Parski moa, ki bizoein écout tou mo cef, mo éna solda ki écout mo zordr ; é mo dir éne : allé ! é li allé ; é éne lot : vini ! é li vini ; é mo domestic : fair ça ! é li fair li. E kan Jésu tand ça, li étonné, é li dir zans ki sivré li : vré mem, mo dir vou, mo napa fine trouv éne ossi gran la foa, pa mem dan nacion Israël. E mo dir vou, ki boucou, va sorti dan péyi coté soléy lévé, é dan péyi coté soléy coucé, é va vine siz a tab avec Abraham, Isaac, Jacob, dan roayom lé ciel : mé zanfan le roayom, va zet déhor, acot fair biein noar, là ki va éna ploré, avec greince lé dan. E Jésu dir ça zoficié là : Allé, coman to fine croar, com ça mem va arriv toa. E ça mem lher là, ça garçon là té guéri.

Kan Jésu ti fine rantr dan la caz Pier, li voar maman so fam, laho lili, malad avec la fiévr. E li touche so la main, é la fiévr kit li ; é li lévé, é li servi zot. E lher assoar fine arrivé, zot amène avec Jésu, boucou dimoune ki diab fine rantr dan zot lécor ; é li pousse tou ça l'espri là, avec éne parol, é li guéri tou ça ki ti malad ; pour ça ki profet Esaï ti fine annoncé, ti arrivé. Li mem ti pran lion zéinfirmité, li mem ti port nou maladi.

Coman Jésu trouv éne gran la foul autour li, li donne l'ordr pour al lot coté la mer. E éne scrib vini, é dir li : métr, mo va sivré toa partou acot to va allé. I' ; Jésu dir li : Rénar éna zot trou, zozo dan l'air éna zot nic : mé lé Fis de l'hom na pa éna éne l'androa, pour poz so la tét. E éna lot discip dir li, Sénier, lésse moa al anter mo papa avan. Mé Jésu dir li, Sivré moa, é lésse ça ki mor, anter zot mor.

E kan li ti fine antr dan ene bato, so discip ti sivré li. E avla, éne coudvan lévé dan la mer, é tan di van ti for, ki vag mem couver bato ; mé li ti apré dormi. E zot vine cot li, é zot lév li, é zot dir : Sov nou Sénier, non pour mor. E li dir zot : Pourkoa vou per, o zans ki gaïn pti guine la foa ? Lherla li lévé, li ménace di van avec la mer ; e éne gran calm vini. E tou ça zom là fine sézi, é zot dir : ki sort dimoune ça, ziska di van avec la mer acout li?

E kan li ti fine vine lot coté, dan péyi zans Gadarénieins, dé dimoune ki diab té fine rantr dan zot lé cor, vini, coman zot sorti dan tomb, é zot ti telman firié, ki personne na pa ti oz passe par ça cimein là. E avla ki zot criyé : ki zaffair nou éna avec toa ? (Fis de Dieu) eski te, fine vine ici pour tourmant nou avan lé tan ? Loein zot, ti éna éne gran troupo coçon apré manzé. Ça démon là, sippliye li, é zot dir li, si to zet nou déhor, anvoy nou dan ça troupo coçon là. E li dir zot : allé. E zot sorti e zot al dan coçon ; é avla tou ça troupo là, ki amporté dan précipice, é tomb dan la mer, é touye zot lé cor dan di lo. E zans ki ti apré fair zot manzé, sové, é zot al dan la vil, é zot racont tou kik çoz ki ti fine arriv ça dimoune là dan ki diab ti fine rantré. E avla tou dimoune dan la vil ki vine déhor pour rancontr Jésu, é coman zot voar li, zot sippliye li sorti dan zot péyi.

 

 

ÇAPIT II.

 

JÉSU rantr dan éne bato, li traverse la mer, é li vine dan so la vil. E avla zot port li éne hom malad avec paralizi, allonzé laho éne lili : coman Jésu voir zot la foa, li dir ça dimoune ki ti malad avec paralizi : Pran couraz mo piti, to pécé fine pardonné. Lherla kek zans scrib dir dan zot lé ker, cet hom là blasfémé. E Jésu ki ti conne zot pansé, li dir, Pourkifair vou pans di mal dan vou lé ker ? ki pli facil ; dir, To pécé fine pardonné ou biein dir, Lévé é marcé ? Mé pour ki vou conné, ki le Fis de l'hom éna droa laho la ter, pour pardonne pécé, (lherla li dir ça ki ti malad avec paralizi), Lévé pran to lili, é al dan to la caz. E li levé, é li al dan so la raz. Coman la foul voir ça, zot fine per, é zot béni Bondié ki fine donne lé zom éne si gran pouvoar.

E coman Jésu kit ça l'androa là, li trouv éne hom appel Matthié, apré sizé acot récévoar tax : é li dir li, Sivré moa. E li lévé é li sivré li.

Coman Jésu ti a tab dan la caz, avla plein publicain avec mové dimoune vini, é zot siz acot Jésu é ton so discip, E coman tous Phariziein voar ça, zot dir so discip, Pourkoa vou métr manz avec piblicain, é avec mové

dimoune ? Mé coman li tand ça, li dir : ça ki ça-va biein napa bizoein docter, mé ça ki malad. Mé al apprand ça ki ça vlé dir, Mo vlé grace, é napa sacrifice : parski mo napa ti vine appel dimoune zist, mé Sa ki mové.

Lherla discip Jan vine avec Jésu, é zot dir, pourkoa nou avec Phariziein, nou fair jeûne, tandi ki to discip napa fair jeûne? Jésu répond zot : Eski camrad nouvo marié capav çagrein, tou lé tan ki nouvo marié avec zot ? mé éne lé tan va vini, kan nouvo marié va fine anlévé, lherla zot va fair jeûne. Personne na pa met éne piéce l'étof nef laho éne vié leinz : parski ça ki ti doat bouce so trou, va décir ça leinz là plis ancor. Dimoune non pli, na pa met di vein ki fec fair, dan vié sac la po : parski la po va cassé, di vein va fané, é la po ossi va perdi : mé zot met di vein nouvo, dan sac nef, é tou lé dé conservé.

Coman li ti apré coz tou ça là avec zot, avla, éne cef ki vini, é li tomb azounou divan li, é li dir li, mo pti fi fine mor asterla mem : mé vine poz to la main laho li, é li va viv ancor. E Jésu lévé é sivré li, é so discip ossi. E avla éne fam, ki ti malad, perdi so di san, dipi douz an, vine denier li, é touche bor so leinz ; parski li dir dan so lé ker, si mo capav nec touche so leinz, mo va guéri. Mé coman Jésu tourné é voir li, li dir, Pran couraz ma fiye, to la foa fine sov toi. E ça lher là mem, ça fam là ti guéri. E kan Jésu arriv la caz ça cef là, é li trouv zans ki zoué la flit, é la foul ki ti apré fair tapaz, li dir, Sorti, allé, ça zéne fiye là na pa fine mor, mé li dormi. E zot riyé, é mok li. Mé kan ti fine ranvoy la foul, li rantré, é li pran li par la main ; é ça zéne fiye la lévé. E ça nouvel là ti fane partou dan ça péyi là.

            E coman Jésu kit ça l'androa là : dé zom avég sivré li, é zot criyé : gaïn pitié nou, toa ki piti David ! E kan li ti fine rantr dan la caz, ça zom avec là vine cot li ; é Jésu dir zot, Eski vou croar mo capav fair ça ? zot dir li : oui Sénier. Lherlà li touche zot lizié, é li dir coman vou fine croar, com ça mem va arriv vou. E zot lizié ouver. E Jésu donne zot l'ordr séver, é li dir, napa lésse personne conne ça. Mé, ossito ki zot fine sorti, zot fine al vant Jésu dan tou ça péyi là.

Coman zot allé, avla dimoune condir avec Jésu, éne hom ki napa capav cozé, é ki diab ti fine rantr dan so lé cor. E kan ti fine pousse ça diab la, cet hom mié là, cozé ; é tou la foul ti étonné, é zot dir, zamé ti trouv kikçoz com ça, dan nacion Israël. Mé zans Phariziein dir : Par la fors preince diab, ki li pousse diab.

E Jésu ti al partou dan zot la vil, é zot villaz, montré l'espri dan zot synagog, é li préche bon nouvel lé roayom, é li guéri tou sort maladi, tou sort zeinfirmité. Mé coman li voar tou ça la foul là, li çagrein zot dan so lé ker, parski zot malhéré, é zot tou fané, coman mouton ki na pa éna gardiein. Lherlà li dir so discip : vré mem la récolt li gran, me gaïn pti guine zouvrié. Ça mem, priye so métr la récolt, pour li anvoy zouvrié dan so la récolt.

 

 

ÇAPIT X.

 

            E li appel acot li, so douz discip, é li donne zot pouvoir laho mové l'espri, pour pousse zot, é pour guéri tou sort malade é tou sort zeinfirmité.

            Avla so nom ça douz apotr là : Promié, Simon, ki appel Pier, avec André so frer ; Jac piti Zébédé avec Jan so frer ; Philip avec Bartolomé, Thomas avec Matthié collecter tax ; Jac so piti Alphé, avec Thaddé ; Simon Cananit, é Juda Iscariot, ki ti trahir Jésu. Ça douz là, Jésu ti anvoyé, é li donne zot l'ordr é li dir zot : Na pa al acot payeins é na pa rantr dan la vil Samaritain : mé al plito acot mouton ki fine perdi dan nacion Israël. E coman vou allé, préché, é dir : roayom le ciél li proche ; guéri dimoune malad, fuir dimoune mor lev ancor, fair lépré vine prop, pousse démon : vou fine gaïn pour nariein, donne pour nariein. Na pa gaïn l'or, l'arzan ou biein la monné dan vou ceintir ; ni sac pour vou voyaz, non pli dé nabi, soulié, bâton ; parski zouvrié li vo so manzé. E neimport dan ki la vil ou villaz, vou va rantré, rodé ki bon dimoune éna làdan, é rest dan so la caz

ziska vou allé. E coman vou rantr dan éne la caz, salié li ; é si la caz la mérit li, vou la pé va vine laho li : mé si li napa mérité, vou la pé va retourn laho vou. E neimport ki na pa va récévoar vou, é napa va écout vou parol, coman vou sorti dan ça la caz là, ou dan ça la vil là, sacouye la poussier vos li pié. Vré mem mo dir vou, zour zizman, péyi Sodom avec Gomor na pa va gaïn otan pinicion ki ça la vil là.

Avla mo anvoy vou, coman mouton dan milié éne band loulou ; coman serpan, fair biein attancion ; é coman tourterel, napa fair di mal personne. Mé pran gard dimoune, zot va met vou dan tribinal ; é dan zot synagog, zot va fouet vou ; à coz moi, zot va améne vou divan gouverner, é divan lé roi pour ki vou servi moi témoein, divan zot é divan payeins. Mé kan zot va tiombo vou, napa bizoein tracasse, ki manier vou va cozé, ni ki vou va dir, parski ça lher là mem, Bondié va donne vou, ça ki vou éna pour dir. Parski na pa vou ki va cozé, mé l'Espri vou Papa ki coz par vou. Ene frer va donne so frer pour zot touye li, é papa va donne so piti ; é zanfan va révolt contr zot paran, é va fair zot mor. Tou dimoune va haïr vou a coz mo nom : mé ça ki va tini bon ziska la fein, li mem ki va çape. Mé kan zot va persékit vou dan éne la vil, sov dan éne lot : parski vré mem mo dir vou, vou na pa va fine fini al dan tou la vil Israël, avan ki lé Fis de l'hom va fine vini.

 

Ene discip napa plis ki so métr, éne domestic na pa plis ki so séniér. Assé pour éne discip, si li coman so métr, é éne domestic coman so séniér. Si zot fine appel cef la caz, Beélzébub, combiein plis zot va appel zans ki dan so la caz. Abé na pa bizoein per zot, na pa éna na riein caciet, ki na pa va découver, na riein sécré ki na pa va conné. Ça ki mo dir vou dan l'obskirité, coz li dan la limiér : é ça ki vou tand parl dan zoréy, préche li laho la caz. E na pa bizoein per zans ki touye lé cor, mé ki na pa capav touye l'am : mé plito per ça éne là, ki capav détrir l'am avec lé cor dan l'anfer. Dé pti zozo passero na pa vand éne sou ? é na pa éne zot va tomb par ter, san la volonté vou Papa : mé cévé vou la tet mem, fine tou conté. Ça mem na pa per ; vou vo plis ki boucou passero. Ça mem tou dimoune ki va confes moa divan lé zom, moa ossi, mo va confes li divan mo Papa ki dan lé ciel. Mé neimport ki, va rénié moa divan lé zom, moa ossi mo va rénié li divan mo Papa, ki dan lé ciel.

Na pa croar ki mo fine vine apport la pé laho la ter ; mo napa ti vine apport la pé, mé éne lépé. Parski mo ti vine met la discord antr éne hom é so papa, antr éne fiye é so maman, antr bel fiye é so bel mer ; é zot va éna pour zennemi, zans ki dan zot la caz mem. Ça ki contan so papa ou biein so maman plis ki moa, napa diine de moa, é ça ki contan so garçon ou so fiye plis ki moa, na pa diine de moa. Ça ki na pa pran so la croa, é na pa sivré moa, na pa diine de moa. Ça ki va conserv so la vi, va perdi li, é ça ki va perdi so la vi a coz moa, li va trouv li.

Ça ki récévoar vou, récévoar moa, é ça ki récévoar moa, récévoar ça ki ti anvoy moa. Ça ki récévoar éne profet dan so kalité profet, va récévoar éne récompans éne profet : é ça ki va récévoar éne hom zist, dan so kalité éne hom zist, va récévoar éne récompans éne zist. E neimport ki va donne éne ça piti là, mem éne ver di lo fré, parski li mo discip, vré mem mo dir vou, li na pa va perdi so récompans.

 

 

ÇAPIT XI.

 

KAN Jésu ti fine fini donne so l'ordr so douz discip, li kit ça l'androa là, pour montré l'espri é préché dan tou zot la vil.

Kan Jan ti tandé dan prizon, ki travay ki Jésu ti fair, li anvoy dir li par so discip ; Eski to mem ça dimoune ki doat vini là, ou biein eski nou doat esper éne lot ? Jésu répond zot : allé é rapport Jan, ki kikçoz vou tandé é vou voir : dimoune avég, voir cler ; ça ki boaté, marcé ; lépré vine prop ; é ça ki sourd, tandé ; é ça ki ti fine mor, zot lév ancor ; é bon nouvel fine anoncé pour dimoune pov. E bienhéré ça dimoune là, pour ki mo na pa va la coz ki li tombé. E coman zot allé, Jésu commance dir avec la foul laho cont Jan : Ki vou ti al guetté dan dézer? Ene pié l'herb ki di van sacouyé ? Mé ki vou ti al guetté? Ene hom ki met bon bon leinz ? Avla zans ki met bon bon leinz, zot dan la caz lé roa. Mé pour koa vou ti allé? pour voar éne profet? Oui mo dir vou, é boucou plis ki éne profet. Li mem pour ki fine écrir, Avla, mo anvoy mo messazé divan to figuir, pour prépar to cimein divan toa. Vré mem mo dir vou, dan tou zanfan ki fam fine ganié, zamé éne fine parét ki ti pli gran ki Jan Batist : kan mem ça, ça ki pli piti dan roayom lé ciél, li pli gran ki li. Dipi le tan Jan Batist ziska prézan, dimoune apré fors roayom lé ciel, é zans ki violan, pran li par fors. Parski tou profet é la loa ti profétizé ziska Jan ; é si vou vlé compran li, li mem ki ça Eli ki ti pour vini. Ki dimoune éna zoréy pour tandé, tandé ?

Mé avec ki mo va compar ça race dimoune là ? Li ressamblé zanfan ki apré sizé laho éne la place piblik, ki appel zot camrad, é ki dir : non fine zoué la flit pour vou, é vou na pa ti dansé ; non fine plainié nou malher, é vou na pa ti ploré. Parski Jan fine vini, li na pa rod manzé, boar é zot dir : li gaïn éne démon. Le Fis dé l'hom vini, li manzé, li boar, é zot dir : avla éne gourman, éne biver, éne camrad piblicain é zans movéz vi ; mé la sagesse fine gaïn so la prév par so zanfan.

Lherla li commance fair reprosh tou ça la vil, acot li ti fine fair la plipar so mirac, parski zot napa ti répanti zot : Malher laho toa Corazin ! malher laho toa Bethsaïda ! parski si mirac ki fine fair dan milié vou, ti va fine fair dan la vil Tyr é dan Sidon, éna lontan ki zot ti va fine répanti zot, avec sac é avec la çand. Ça mem mo dir vou : ki zour zizman, Tyr avec Sidon na pa va gaïn otan batté ki vou. E toa Capernaüm, to ti lévé ziska pros lé ciel ! to va desçand ziska dan l'anfer ; parski si mirac ki fine fair dan milié toa, ti va fine fair dan milié Sodom, li ti va fine resté ziska zourdi. Ça mem mo dir vou, ki zour zizman, péyi Sodom na pa va gaïn otan batté ki toa.

Dan ça lé tan là, Jésu pran la parol é li dir : mo rémercié toa, o Per, Sénier lé ciel é la ter, ki to ti caciet tou ça kik çoz là, divan lizié ça ki saz, é ça ki eintellizan, é ki to ti montré zot divan zanfan. Oui Per, parski to ti voar ki ça ti biein. Mon Per fine livré moa tou kikçoz : é personne na pa conne le Fis, excepté le Per ; non pli personne conne le Per, excepté le Fis, é ça dimoune là, ki lé Fis vlé fair conne li. Vine av moa, vou tou ki fatigué é ki çarzé, é mo va soulaz vou. Pran mo service laho vou, é apprand avec moa, ki mo bon ker, é na pa lorguéye ; é vou va trouv la pé vou nam. Parski mo service li facil, é mo fardo li lézé.

 

 

ÇAPIT XII

 

DAN ça sézon là, Jésu traverse éne çan di blé, éne zour Saba ; é so discip ti fain, é zot commance arrace zépi di blé, é zot manzé.

Mé kan zans Phariziein ti voar ça, zot dir li,

Avla to discip fair ça ki na pa gaïn droa fair, zour saba. Mé li dir zot, Eski vou na pa fine lir, ki David ti fair, kan li ti fain, é zans ki ti avec li, coman li ti rantr dan le tampl, li ti manz di pain propozicion, ki li na pa ti gaïn droa manzé, ni zans ki ti avec li, mé prétr tou sel ? oubiein eski vou na pa fine lir dan liv la loa, coman zour saba, prétr ki dan le templ viol zour saba, é zot napa coupab ? Mé mo dir vou, ki éna ici éne ki pli gran ki le tampl. Mé si vou ti conné ki ça vlé dir : mo vlé grace, é na pa sacrifice ; vou na pa ti va condane ça ki innoçan. Parski le Fis de l'hom li métr le saba.

Coman Jésu kit ça place là, li antr dan synagog ; é ti éna là éne hom avec éne so la main fine séc. E zot dimand li, Eski gaïn droa guéri éne dimoune, zour saba ? pour zot capav accuz li. E li dir zot : ki céne là parmi vou, ki si li éna éne mouton, é si ça mouton là tomb dan éne fossé zour saba, eski li napa va al pran li, pour tir li déhor. Abé combiein éne hom, li vo plis ki éne mouton. Ça mem, vou éna droa fair di biein dan zour saba. Lherla, li dir cet hom là, Etand to la main. E li étand li ; lherla mem li guéri, é li vine coman lot. Mé zans Phariziein sorti, é zot tini consey contr li, coman zot va capav touye li . E kan Jésu voar ça, li kit ça l'androa là é boucou dimoune ti sivré li ; é li ti guéri zot tou, é li comand zot, na pa fair personne conne li ; pour ki ça ki Ésaïe le profét ti fine annoncé, ti capav arrivé : Avla mo serviter ki mo fine çoazir : mo bieinaimé av ki mo nam fine met tou so l'amour : mo va met mo l'Espri laho li, é li va annonce tou nacion la zistice ; Li napa va dispité, ni criyé for ; é personne non pli va tand so la voa dan la ri. Li napa va casse baton rozo ki fine félé, li napa va teïn la mésh ki ancor fair la fimé, avan ki li fair la zistice gaïn la victoar. E tou nacion va gaïn l'éspérance dan so nom.

Lherlà zot améne li éne dimoune démoniac, avég é mié ; é li ti guéri li, dé sort ki ça dimoune mié là, ti capav cozé é voir. Tou la foul ti étonné, é zot dir, Na pa ça piti David ? Mé kan Phariziein tant ça, zot dir : cet hom là pousse diab nec par Béélzébub preince diab. E coman li conne zot pansé, li dir zot : tou roayom ki divizé contr li mem, pour ruiné, é tou la vil é ton la caz ki divizé conte li mem, na pa capav rest dibout ; é si Satan zet Satan déhor, li divizé conte li mem ; alor coman so roayom capav tini ? E si moa, mo pousse diab par la fors Béelzébub, abé vou garçons, par ki zot pousse diab ? cépourkoa zot mem va ziz vou. Mé si par l'Espri Bondié, ki mo zet diab déhor, alor roayom Bondié fine vine pros vou. Ou biein coman éne dimoune capav rantr dan la caz éne hom for, é volor so di biein, a moein ki avan tou, li attace biein cet hom for là? é lherla li capav volor dan so la caz. Ki dimoune ki napa avec moa, li conte moa ; é ki na pa ramasse veca [avec] moa, li fâné. Ça mem, mo dir vou, dimoune va gaïn grâce pour tou pécé é tou blasféme ; mé blasfém contr l'Espri, na pa va gaïn grace. Neimport ki va parl contr le Fis de l'hom, li va gaïn grâce, nié neimport ki va parl contr Saint Espri, li na pa va gaïn trace, ni dan lé tan aster, ni dan lé tan ki pour vini. Fair éne pié bon, é so fri bon ; ou bien fair éne pié mové, e so fri mové, parski va conne éne pié par so fri. Vou race viper, coman vou ki méçan, vou va capav dir bon kikçoz ? attandi ki kan lé ker li plein, ki la bous li cozé. Ene bon dimoune, dan so bon trézor, li tir bon kikçoz ; é éne mové dimoune, dan so mové trézor, li tir mové kikçoz. E mo dir vou, ki pour tou parol bonavini, ki dimoune va dir, zot va rand cont dan zone zizman. Parski par to parol to va akitté, é par to parol to va condané.

Lherla kek zans scrib, avec zans Phariziein pran la parol, é zot dir, Mêtr, nou ti va vlé voar toa fair éne mirac. Mé li répond é dir zot, Ene race zans méçan, é adilter, dimand éne mirac ; e zot na pa pour gaïn okéne lot mirac, ki mirac profet Jona ; parski coman Jona ti troa zour e troa noui dan vante éne monstr la mer, la mem çoz , le Fis de l'hom va troa zour é troa noui dan lé ker la ter. Lé zhom la vil Ninive va dibout dan zizman avec ça race ki a prézan la, é va condane li : parski zot ti répanti zot, lher Jona ti préché ; é avla éne pli gran ki Jona li ici. La reine péyi midi va lévé dan zizman avec ça race ki a prézan là, é va condane li ; parski li ti sorti dan bout la ter pour acout l'espri Salomon, é avla éne pli gran ki Salomon li ici. Mé l'espri malprop, kan li fine sorti dan lé cor éne hom, li passe dan plein l'androa ki na pa éna di lo, li rod pozé, é li napa capav trouvé.

Lherla li dir, mo va retourn dan mo la caz, acot mo fine sorti ; é lher li vini, li trouv li vid, balié é méblé. Lherlà li allé, é li pran. avec li, set lot l'espri, pli mové ki li mem, é zot rantré, é zot rest là : é dernié condicion cet hom là, vine pir ki avan. Mem çoz va arrivé pour ça mové race ki aster là. Coman li ti ancor apré coz avec la foul, avla so maman avec dé troa so frer ti apré dibout déhor, apré esséye parl li. E kikène dir li, avla to maman avec dé troa to frer apré dibout déhor, zot vlé coz av toi. Mé li pran la parol, é li dir ça ki ti parl li, Ki céne là, ki mo maman ? é ki zot, ki mo frer ? E li étand so la main acot so discip, é li dir, Avla mo maman avec mo frer ! Parski neimport ki va fair la volonté mo Papa ki dan le ciel, li mem mo frer, mo ser é mo maman.

 

 

ÇAPIT XIII.

 

Ça zour là, Jésu sorti dan la caz, é li al siz bor la mer. E éne gran la foul rassamblé acot li, de sort ki li rantr dan éne bato, é li siz là ; é tou la foul dibout a ter. E li parl zot boucou kikçoz al parabol, é li dir : Ene sémer ti sorti pour semé, é coman li fane la graine, morço tomb laho cimein, é zozo vini, é manz li ; lot tomb dan l'androa laho roce, acot na pa ti gaïn boucou la ter ; é tou de suit zot poussé, parski zot na pa ti gaïn profonder la ter : é kan soléy ti lévé, zot ti bourlé ; é parski zot na pa ti éna racine, zot fine sec. E lot tomb dan pikan : é pikan poussé, é étouf zot ; é lot tomb laho bon la ter, é ti port fri ; énan éne la graine donne é çan, énan soassant, énan trant. Ça ki éna zorey pour tandé, lésse li tandé.

E discip vini é zot dir li, Pourkifair to coz av zot avec parabol ? Jésu répond zot. Pour vou, vou capav conne myster roayom le ciel, mé pour zot, zot na pa capav. Parski, neimport ki éna, zot va donne li plis ancor, li va éna boucou, mé neimport ki na pa éna, zot va pran mem ça ki li éna. Ça mem mo parl zot an parabol, parski zot guetté, mé zot na pa voar ; zot acouté, mé zot na pa tandé ; é zot na pa compran non pli. E pour zot, proféci Esaï li arrivé, ki dir : Vou va tandé avec vou zoréy ; me vou na pa va compran ; vou va guétte avec vou lizié, mé vou na pa va voar. Parski lé ker ça zans là fine vine dir, zot fine bouce zot zoréy, e zot fine ferm zot lizié, prangar zot capav voar avec zot lizié, tandé avec zot zoréy, é compran avec zot lé ker, é zot capav revini ancor, é ki mo guéri zot ; mé bieinhéré vou lizié, parski zot voar ; é vou zorey bieinhéré, parski zot tandé. Parski vré mem mo dit vou, ki boucou profet é boucou bon dimoune ti anvi voar ça ki vou voar, é napa ti voar li ; é ti anvi tand ça ki vou tandé, e napa ti tand li.

Abé vou, écout l'explicacion parabol sémer ; kan kikéne tand parol lé roayom, é napa compran li, ça ki mové la, vini, é li anlév ça ki ti fine sémé dan so lé ker. Ça dimoune là, li mem ki ti recevoar la graine laho cimein. Ça ki ti recevoar la graine dan l'androa laho roce, li mem ki tand la parol, é lher là mem, li biein contan recevoar li ; mé andan li, na pa éna racine, li tini bon nec pour kik tan ; é ossito li gaïn mizer oubiein persékicion acoz la parol, lherla ossi li tombé. Ça ki ti recevoar la graine dan pikan, li mem ki tand la parol, mé traca la vi é tantacion l'arzan touf la parol, é li napa prodir okéne fri. Ça ki ti recevoar la graine laho bon la ter, li mem ki tand la parol, é compran li ; é vré mem, li raport fri, é ena la graine prodir çan, éna soassant, éna trant.

Li propoz zot éne lot parabol, é li dir : le roayom le ciel mem çoz coman éne hom ki fine sem bon la graine dan so la ter : mé coman dimoune apré dormi, so zennemi fine vini é fine sem pikan parmi di blé là, é li fine allé. Mé kan so pié fine poussé é fine raport fri, lher là pikan ossi fine parét. E domestic ça métr la vini é zot dir li : métr eski to napa ti sém bon la graine dan to la ter ? abé coman gaïn pikan ? E li dir zot, Ene ennemi ki fine fair ça. E so domestic dir li, Eski vlé nou al arrace pikan? Mé, li dir, Non ; prangar coman vou apré arrace pikan, vou déracine di blé an mem tan. Lésse tou lé dé pous ansam ziska la récolt ; é lher la récolt, mo va dir moassonnèr ; arrace pikan avan, e attace tou an paké, pour bourlé : mé ramas di blé dan mo grénié.

Li propoz zot éne lot parabol, é li dir : le roayom le ciel coman éne la graine la moutard, ki éne hom ti pran é ti plant dan so la ter ; li mem pli piti ki tou la graine ; mé kan li fine poussé, li pli gran ki tou légume, li vine éne pié, an sort ki zozo lé ciel fine vini, é fine fair zot la caz dan so brans.

Li parl zot éne lot parabol : le roayom lé ciel coman levain, ki éne fam ti pran, é ti caciet dan troa mézir la farine, ziska ki tou la pât la farine fine lévé.

Jésu dir la foul tou ça kikçoz là avec parabol mem ; é li napa parl zot nariein san parabol : pour ki ça ki profét ti cozé li arrivé ; mo va ouver mo la bous pour coz parabol, mo va dir plein kikçoz ki ti caciet dipi la créacion di mond. Lherlà li kit la foul, é li al dan la caz ; é so discip vine av li, é zot dir li explik nou parabol pikan dan çan di blé. E li répond zot : ça dimoune ki sem bon la graine, ça le Fis de l'hom ; é terrain la, ça le mond ; é bon la graine, ça, zanfan lé roayom ; e pikan, ça, zanfan ça ki mové là ; é l'ennemi ki ti sem zot, ça diab ; é la récolt, la fein di mond ; é moassonner, ça plein anz.

Abé comas zot ramas pikan pour bourl avec di fé, mem çoz va fair dan la fein di mond. Le Fis de lhom va anvoy plein so anz, é zot va ramassé é tir dan so roayom, tou kikçoz ki fair tombé, é tou dimoune ki fair pécé, é va zet zot dan fournéz di fé ; là ki va éna ploré avec greince lé dan. Lherla bon dimoune va éclairé coman soléy dan roayom zot Papa. Ça ki ena zoréy, lésse li tandé.

Roayom lé ciel li coman éne trezor ki fine caciet dan éne terrain ; é éne hom ki fine trouv li, caciet li ; é coman so lé ker contan là, li allé, li vand tou ça ki li éna, é li aceté ça terrain là.

Ancor, roayom le ciel li coman éne marçan ki apré rod bon bon perl : é kan li fine trouv éne perl gran valer, li al vand tou ça ki li éna, é li aceté li.

Ancor, roayom lé ciel li coman éne filé ki fine zet dan la mer, é fine ramas tou sort kalité posson : é kan li fine plein, zot hisse li à ter ; é zot sizé é zot ramas ça ki bon dan plizier vaz, mé ça ki mové, zot zété. Com ça mem va fair dan la fein di mond : plein anz va vini, é va triye ça ki mové dan milié ça ki bon, é va zet zot dan fournéz di fé, là ki va éna ploré é greince lé dan.

Eski vou fine compran tou ça là ? zot dir li : oui. E li dir zot : ça mem tou dimoune scrib ki va fine vine éne discip pour roayom lé ciel, li coman éne cef éne la caz, ki tir dan so trézor, plein kikçoz nef é plein kikçoz vié.

Kan Jésu ti fine fini tou ça parabol là, li kit ça l'androa là. E kan li ti fine arriv dan so péyi, li montré zot l'espri dan zot sinagog, an sort ki péyi ti étonné, é zot dir : Acot cet hom là gaïn tou ça l'espri là, é coman li capav fair tou ça mirac là? Eski li na pa piti charpantié ? Eski so maman na pa appel Marie, é so frer, Jac, Josef, Simon é Jud? E so ser, eski zot tou napa avec nou ? Abé acot li fine gaïn tou ça là? E a coz li, zot fine offancé. Mé Jésu dir zot, Ene profet na pa san l'honner, excepté dan so péyi, é dan so la caz. E li na pa ti fair boucou mirac là, parski zot na pa ti croar.

 

 

ÇAPIT XIV.

 

            DAN ça lé tan là, Hérod tétrark (gouverner) ti tand ça ki dimoune dir laho Jésu, é li dir so zans serviter, ça Jan Batist ça, li ti fine mor, li fine lev ancor ; ça mem li fair tou ça mirac là. Parski Hérod ti fine attrap Jan, ti fine amas li, é ti fine met li dan prizon, à coz Hérodias, fam so frer Philip. Parski Jan ti dir li : to na pa gaïn droa pran li pour to fam. E kan li ti vlé fair touye li, li ti per la foul, parski zot ti consider Jan coman éne profet ; mé kan zour fét la néssans Hérod ti arrivé, la fiye Hérodias ti danse dan milié, é ti fair plaizir Hérod. Lherla mem li promet avec serman, ki li va donne li neimport ki li va dimandé : E li, avec conséy so maman, li dir : donne moa ici, la tét Jan Batist dan éne pla. E lé roa té çagrein ; mé à coz tou so serman, é à coz tou ça dimoune ki té siz à tab avec li, li ti donne l'ordr port la tét, é li anvoy coup la tét Jan dan prizon. E kikéne ti port so la tét dan éne pla, é ti donne li ça mamzel là ; é li port li avec so maman. E so discip vini, zot pran so lé cor, zot anter li ; é zot al parl Jésu.

            Kan Jésu ti tand ça, li sorti là, dan éne bato, é li al dan éne l'androa décor. Lher la foul conne ça, zot sivré li a pié dipi tou zot la vil. E coman li vini, li trouv éne gran, la foul, é li gaïn pitié zot, é li guéri zot malad. E lher a soar arrivé, so discip vine vec li, é zot dir : ça l'androa là li dézer, é li tar aster ; ranvoy tou ça la foul là, pour ki zot al dan villaz é ki zot aceté manzé. Mé Jésu dir zot, zot napa bizoein allé ; donne zot manzé vou mem. E zot dir li, nou éna nec ceinq di pain avec dé poasson. E li dir, apport zot ici. E li command la foul assiz laho l'herb ; é li pran ça ceinq di pain là avec ça dé poisson là, li guet laho dan le ciél, li rand grâce, apré, li casse di pain, li donne so discip, e so discip donne la foul. Zot tou ti manzé é ti rassazié ; é zot ti apport avec zot, douz panié plein morço ki ti resté. E ça ki ti manzé, ti à pé pré ceinq mil hom san cont fam avec zanfan.

            Lher la mem, li obliz so discip rantr dan éne bato, é al avan li, lot côté la mer, ziskas ki li fini ranvoy la foul. E apré ki li ti fine fini ranvoy la foul, li al tou sel laho la montaïn pour fair la priyér ; é kan ti fine fair à soar, li té là tou sel.

Mé lher là, bato té fine arriv dan milié la mer, é vag té apré bat contr li ; parski divan té contrér. E dan katriem kar, dan la noui, (apré troa zher bon matein,) li marce laho la mer é li vine pros zot. E coman so discip trouv li marce laho la mer, zot fine per, é zot dir : Ene nâm ça ; é a fors zot per, zot criyé. Mé lher là mem, Jésu coz avec zot é li dir, Pran couraz, moa ça, na pa per. E Pier répond é li dir, Sénier si toa ça, comand moa vine vec toa, laho di lo. E li dir, vini ! E Pier sorti dan bato, é li marce laho di lo pour vine acot Jésu ; Mé coman li voar di van for, li gaïn per ; é coman li comance anfoncé li criyé, Sénier sov moa ! Lher là mem, Jésu étand la main, li attrap li, é li dir, To éne hom gaïn pti guine la foa, pourki fair to ti douté? E l'her zot fine mont dan bato, divan arrété. E dimoune ki ti dan bato, vine tomb azounou divan Jésu, é zot dir : vré mem, toa le Fis de Dieu.

Kan zot ti fine traverse la mer, zot arriv dan péyi Gennézaret. Kan zans ça l'androa là, ti fine réconnét li, zot anvoy dimoune parlé partou, é zot port li tou ça ki ti malad ; é zot sippliye li, permet zot selman touche bor so leinz E tou ça ki ti touche li, ti guéri.

 

 

ÇAPIT XV.

 

APRÉ ça, zans Phariziein avec Scrib, sorti Jérusalem, vine av Jésu, é zot dir li, Pourki fair to discip viol tradition lé zanciein? attandi ki zot na pa lav zot la main kan zot manz di pain. E li répond zot é li dir, Pourki fair vou ossi vou viol comandman Bondié acoz vou tradition? Attandi ki Bondié ti dir : Fair l'honner vou papa é vou maman : é si kikéne parl mal contr so papa ou biein so maman, lésse li mor mem. Mé vou dir, neimport ki va dir so papa ou so maman, Tou ça ki mo ti doat donne toa, mo fine donne Bondié, li napa bizoein honor so papa ou biein so maman. E vou fine détrir parol Bondié par vou tradition. Zans hypocrit, Esaï ti biein déclaré laho vou : Ça nation là, fair moa l'honner avec zot la lev ; mé zot lé ker loein moa. Mé pour na riein ki zot ador moa, parski zot montré la loa ki la loa zhom.

E li appel la foul acôt li, é li dir zot, Ecouté é compran biein : Na pa ça ki antr dan la bous, ki fair éne hom fair pécé ; mé ça ki sorti dan so la bous, avla ça ki fair éne hom fair pécé. Apré ça, so discip vine dir li, Eski to conné ki zans Phariziein ti offancé, kan zot ti tand ça cozé là? Mé li répond é li dir, Tou pié ki mo Papa, ki dan lé ciel, na pa ti planté, va déraciné. Lésse zot trankil ; zot condictér avég. E si zans avég condir ça ki avég, tou lé dé va tomb dan éne trou. E Pier répond é dir li, Explik nou ça parabol là. E li dir, vou ossi vou napa éna l'espri?

Eski vou na pa compran, ki tou ça ki al dan la bous, passe dan vantr, é zet dan l'androa sécré. Mé ça ki sorti par la bous, sorti dan lé ker ; é ça mem ki fair dimoune fair pécé. Attandi ki dan lé ker, ki mové pansé, mertr, adilter, fornication, vol, mansonz, moké, tou ça là sorti ; ça mem, tou ça kikçoz ki fair dimoune fair pécé ; mé manz avec la main ki na pa ancor lavé, ça na pa fair dimoune fair pécé.

E Jésu kit ça l'androa là, é li al dan parti Tyr avec Sidon. E avla éne fam nacion cananéenne sorti dan ça kartié là mem, é li criyé, Gaïn pitié moa, O Sénier, piti David ; mo pti fiye li biein biein tourmanté par éne démon. Mé Jésu na pa répond li éne parol. E so discip vini é zot sippliye li, e zot dir, Ranvoy li, parski li criye derrier nou. Mé li répond : Ti anvoye moa nec pour mouton perdi ki dan nacion Israël. Mé fam là vini, é tomb san so lipié, é li dir, Sénier, éd moa. E li répond, na pa jist ki mo pran di pain ki pour zanfan, é la mo zet li avec li ciein. Mé li répond, Oui Sénier, mé li ciein manz tou pti pti morço ki tomb anba la tab zot métr. Lher là Jésu répond é dir li : O fam to la foa li gran, ça ki to vlé, to va ganié. E ça lher là, mem, so fiye ti guéri.

E Jésu kit ça l'androa là, é li vine acot la mer Galilé ; é li mont laho montaïn é li siz là. E éne gran la foul dimoune vine vec li, é zot amène avec zot, zans ki boaté, aveg, mié, estropié, é éne band lot, é zot dépoz zot acot so li pié, é li guéri zot : telman li la foul ti étonné coman zot voir dimoune mié cozé, estropié guéri, ça ki boaté marcé, é aveg voar clér, é zot béni Bondié Israël.

E Jésu appel so discip pros li, é li dir, mo gaïn ­pitié ça la foul là, parski zot sivré moa, avla aster troa zour, é zot na pa nariein pour manzé ; é mo na pa vlé ranvoy zot san manzé, prangar zot malad dan cimein. E so discip dir li, acot nou va capav gaïn assé di pain dan éne dézer pour nourri éne gran la foul com ça? E Jésu dir zot : combiein di pain vou éna? E zot dir : set, é kek piti posson. E li command la foul siz par ter ; é li pran ça set di pain là, avec posson, é li rémercié Bondié, é li donne so discip, é so discip donne la foul. E zot tou ti manzé é ti rassazié, é zot ti ramas restan morço ki ti fine cassé, set panié plein. E ça ki ti fine manzé, ti kat mil hom, san cont fam avec zanfan. E li ranvoy la foul, é li rantr dan éne bato, é li vine dan parti péyi Magadan.

 

 

ÇAPIT XVI.

 

E zans Phariziein avec Sadicéein vini é pour tant li, zot dimand li, montré zot éne siin sorti dan lé ciel. Mé li répond é li dir zot : kan a soar vini, vou dir, va fair bo tan, parski lé ciel li rouz. E gran matein, va fair mové tan zourdi : parski lé ciel li rouz, é li

couver. Vou compran l'apparans lé ciel, mé vou na pa compran siin lé tan aster. Ene race dimoune méçan é adilter rod éne siin ; é napa va donne zot okéne siin excepté siin Jona, tou sel. E li lésse zot là, e li allé.

E so discip vine lot côté la mer, é zot ti fine bliyé pran di pain. E Jésu dir zot : Fair attancion é pran gard levain Phariziein avec Sadicéein. E zot maziné antr zot, é zot dir : ça parski nou na pa ti pran di pain. E Jésu voar ça, é li dir, o zans ki éna piti guine la foa, pour ki fair vou mazine antr vou, parski vou na pa éna di pain ? Eski vou na pa ancor compran, é vou na pa rapplé ça ceinq di pain, é ça ceinq mil dimoune là, é combiein panié restan, vou ti ramassé ? Non pli ça set di pain, é ça kat mil dimoune là, é combiein corbéy restant vou ti ramassé ? Comman vou na pa compran, ki mo na pa ti parl vou pour di pain, mé pran gard levain Phariziein avec Sadicéein. Lherla zot ti compran comman li ti command zot, na pa pran gard levain di pain, mé l'anseïnman zans Phariziein avec Sadicéein.

Kan Jésu ti fine vine dan péyi Cézaré Philip, li dimand so discip é li dir : dimoune dir le Fis de l'hom, moa, ki moa? E zot dir, Ena ki dir toa, Jan Batist ; éna ki dir, Eli ; éna lot ki dir, Jérémi, ou biein, éne dan band profet. Li dir zot, Abé voit ki vou dir, ki moa? E Simon Pier répond é li dir, Toa le Krist, Piti Bondié ki vivan. E Jésu répond é dir li : To bienhéré, Simon Piti Jona, parski napa la chair avec di san, ki fine fair toa conne ça, mé mo Papa ki dan lé ciel. E moa ossi, mo dir toi, ki toa Pier, é laho ça roce là, mo va bâtir mo l'Egliz ; é la port l'anfer na pa va capav fuir nariein contr li ; Mo va donne toa, la clé roayom lé ciel ; é tou ça ki to va attacé laho la ter, va attacé dan lé ciel : é tou ça ki to va largué laho la ter, va largué dan lé ciel. Lherla li récommand so discip, na pa parl personne, ki li, li lé Krist.

Dipi lherla, Jésu commance fair so discip compran, comman fo ki li al la vil Jérusalem, é ki li soufer boucou kikçoz dan la main lé zanciein é tou cef prêtr, é zans scrib, é fo ki li mort é ki li lév ancor, dan troaziem zour. E Pier améne li éne côté, é commance réproce li, é dir li : fo espéré ki Bondié na pa va permet ça, Seniér : zamé ça va arriv toa ! Mé Jésu viré é dir li, va-t-an derrier moa, Satan ! to vlé fair moa tombé ; parski to na pa mazine zaffair Bondié, mé to mazine zaffair lé zhom. Lherla, Jésu dir so discip : si éne hom vlé vine apré moa, il fo, ki li priv li mem, ki li pran so la croa, é ki li sivré moa. Parski neimport ki vlé sov so la vi, va perdi li, é neimport ki va perdi so la vi, à coz moa, li va trouv li. E ki ça va profit éne hom, si li gaïn tou le mond, mé si li perdi so nam ? ou biein ki eski éne hom va donne en éçanz pour so nam ? Parski le Fis de l'hom va vini, dan la gloar so Papa, avec tou so anz, é lherla li va rand tou dimoune çakéne sélon so l'ouvraz. Vré mem mo dir vou, éna kik zéne ki dibout ici, ki na pa va conné di tou, ki ci ça la mor, ziska ki zot voar le Fis de l'hom vini dan so roayom.

 

 

ÇAPIT XVII.

 

E apré sis zour, Jésu pran avec li Pier, avec Jac, avec Jan so frer, é li condir zot éne coté, laho éne montaïn hot : é so l'apparans ti changé divan zot : é so figuir ti vine clair coman soléy, é so leinz ti vine blan coman la limiér. E avla ki Moïz avec Eli parét divan zot, apré coz avec Jésu. E Pier pran la parol, é li dir avec Jésu, li bon ki nou ici : si to vlé, mo va fair ici, troa la tant : éne pour toa, éne pour Moïz, é éne pour Eli. Coman li ancor apré cozé, éne niaz plein la limier couver zot : é avla éne la voa sorti dan ça niaz là, ki dir, ça mem mon Fis biein aimé, av ki mo fine met tou mo l'amour : écout li. E kan discip ti tand ça parol là, zot tomb par ter laho zot figuir, é zot té biein per. E Jésu vini é li touche zot, é li dir, Lévé ; na pa bizoein per. E coman zot lev zot lizié, zot na pa trouv personne excepté Jésu tou sel.

E coman zot ti apré désçand laho montaïn, Jésu comand zot, é li dir, na pa dir personne ça ki vou fec voar là, ziska le Fis de l'hom fine lev ancor apré la mor. E so discip dimand li, abé pourkifair zans scrib dir, ki fo ki Eli vini oparavan ? E li répond é dir, vré mem Eli vini, é li va arranz tou kikçoz biein ; mé mo dir vou : ki Eli fine vini déza, é zot na pa ti conne li, mé zot ti fair li tou ça ki zot ti contan. Mem çoz le Fis de l'hom va gaïn malher dan zot la main. Lherla so discip ti compran, ki li ti parl zot Jan Batist.

E kan zot ti fine arriv acot la foul, éne hom vine avec li, a zounou divan li, é li dir, Sénier gaïn pitié mo pti garçon : parski li gaïn criz é li souffer boucou : parski souvan li tomb dan di fé, é souvan dan di lo. E mo ti améne li avec to discip, é zot na pa capav guéri li. E Jésu répond é dir : O ras dimoune ki na pa la foa, é ki marce traver, ziska kan fo ki mo avec vou ? ziska kan fo ki mo sipport vou ? port li ici acot moa. E Jésu grond li ; é démon sorti avec li : é ça garçon là ti guéri ça lher la mem. Alor discip Jésu vine avec li éne coté, é zot dir, Pourkifair eski nou na pa ti capav zet démon là déhor. E li dir zot, Parski vou gaïn tro pti guine la foa : parski vré mem mo dir vou, si vou éna la foa coman éne la graine la moutard, vou va dir ça montaïn là, Sorti ici, al là ba : é li va allé : é na pa va éna nariein ki vou na pa va capav fair. (Mé ça sort là, nec sorti à fors la priyer é a fors fair jeûne).

E coman zot rest dan péyi Galilé, Jésu dir zot, le Fis de l'hom pour tomb dan la main lé zhom ; é zot va touye li, é troaziem zour li va lév ancor. E zot ti biein çagrein.

E kan zot ti fine arriv la vil Capernaüm, zans ki ramas tax ki appel dé dram, coz avec Pier, é zot dir : Eski vou métr na pa péye tax dé dram ? Li dir : Oui. E kan li ti fine rantr dan la caz, Jésu parl li promié, é dir li, ki to croar Simon? Lé roa dan tou péyi, ki dimoune ki zot fair péye tax ou biein zeimpo ? zot zanfan, oubiein zétranzé ? Li dir li, zétranzé. Jésu dir li : Sa mem, zanfan zot libr. Mé pour ki nou na pa fair zot tombé (dan pécé) al bor la mer, zet éne l'amçon, é pran posson ki va vine an promié ; e kan to va fine ouver so la bous, to va trouv éne piéce stater (kat dram) ; pran ça é donne zot li, pour Moa é pour toa.

 

 

ÇAPIT XVIII.

 

ÇA l'her là mem, so discip vine pros Jésu é zot dir, Abé ki pli gran dan roayom lé ciel ? E li appel acot li éne pti zanfan, é li met li dan milié zot tou, é li dir. Vré mem, mo dir vou, si vou na pa çanzé é vine coman piti zanfan, vou na pa va capav rantr dan roayom lé ciel. Ça mem neimport ki va himilié li, coman ça pti zanfan là, li mem ki pli gran dan roayom lé ciel. E neimport ki va récévoar éne pti zanfan coin ça, a coz mo nom, li récévoar moa ; mé neimport ki va fair éne ça piti, ki met zot confians av moa, tombé, ti va vo mié pour li, ki ti attace éne gran la mel moulein av so li cou, é ki zot ti noaye li dan fon la mer.

            Malher vine laho tou dimoune, a coz boucou tombé ! parski l'ocazion. pour tombé bizoein vini ; mé malher va vine laho ça dimoune là, ki fair lé zot tombé. E si to la main ou to li pie, fair toa tomb dan pécé, coup li, é zet li loein toa ; li vo mié pour toa, ki to rantr dan la vi san la main, ou biein boaté, plito ki to éna dé la main, ou dé li pié, é ki zet toa dan di fé pour touzour. E si to lizié fair toa tomb dan pécé, arrace li, é zet li loein toa, li pli bon pour toa, ki to rantr dan la vi avec éne lizié, plito ki to gaïn dé lizié, é ki zet toa dan l'anfer di fé.

Fair attancion ki vou na pa mépriz éne ça piti là, parski mo dir vou, ki dan lé ciel, zot anz voar touzour figuir mo Papa ki dan lé ciel. (Parski le Fis de l'hom fine vini pour sov ça ki ti fine perdi.)

Ki vou maziné? si éne dimoune éna çan mouton, é éne la dan fine perdi, eski li na pa va lésse lé zot katro-vein-diz-nef, é li va al laho montaïn pour rod ça ki fine perdi ? E si li trouv li, mo dir vou vré mem, li va pli contan à coz li ki à coz ça katro-vein-diz-nef ki na pa ti perdi ; mem çoz vou Papa ki dan le ciel, na pa vlé ki éne ça piti là perdi.

Si to frer fine fair pécé contr toa, al fair li voar so fot, toa avec li tou sel ; si li écout toa, to va fine gaïn to frer. Mé si li na pa écout toa, améne avec toa, éne ou biein dé dimoune an plis, pour ki par la bous dé oubiein troa témoein, va capav réglé tou ça zaffair là. E si li na pa vlé écout zot, part ça zaffair là l'égliz ; é si li na pa vlé écout l'égliz non pli, guet li coman éne payein é éne péazé. Vré mem mo dir vou, ki kikçoz vou va attacé laho la ter, va attacé dan le ciel, é ki kikçoz vou va largué laho la ter, va largué dan lé ciel. Mo dir vou ancor, ki si dé parmi vou, va d'accor laho la ter, pour ki kikçoz zot va dimandé, mo Papa ki dan lé ciel va fair li pour zot. Parski là acot dé ou troa dimoune fine vine ansamb dan mo nom, moa ossi mo là, dan milié zot.

Lherlà Pier vine pros, é dir li, Séniér, combiein foa fo ki mo pardonne mo frer, kan li va offans moa ? ziska set foa ? Jésu dir li, Mo na pa dir toa, ziska set foa ; mé ziska soassant-dis foa set foa.

Ça mem roayom lé ciel li coman éne certain lé roa, ki ti vlé réglé so cont avec so zamployé. E kan li ti fine comance réglé, zot ti améne éne dimoune divan li, ki ti doa li dis-mil poa l'arzan. Mé parski li na pa ti capav péyé, so métr ti donne l'ordr vand li, so fam, so zanfan, avec tou ça ki li ti éna, pour péye so det. Ça zamployé là, lher là, zet so le cor par ter é sippliy li, é dir li, Séniér, gaïn pacians av moa : é mo va péye toa tou. E métr ça zamployé là, ti gaïn pitié li, lésse li allé, é fine fair li grace so det. Mé ça zamployé la sorti, é li trouv éne so camrad zamployé, ki ti doa li çan piéce la moné : é li tionbo li, é li tini li par la gorz, é dir li : Péye moa ça ki to doa moa. So camrad zet so lé cor par ter, tomb dan so li pié é sippliyé li : gaïn pacians avec moa, é mo va péye toa. Mé li na pa ti vlé : mé li al zet li dan prizon, ziska ki li capav péye ça ki li doa. Abé kan so camrad zamployé ti voar ça ki li ti fine fair, zot ti biein çagrein, é zot vine racont zot métr tou ça ki ti fine arrivé. Lherla so métr appel ça zamployé là acot li, é dir li : méçan serviter, mo ti gracié toa tou to det parski to ti sippliy moa, abé eski to na pa ti doat gaïn pitié to camrad, mem çoz coman mo ti gaïn pitié toa ? E so métr an coler, anvoy li dan la main bouro, ziska ki li fine péye tou ça ki li ti doa. Com ça mem mo Papa ki dan lé ciel, va fair av vou, si çakéne vou na pa par­donne vou frer avec tou vou lé ker.

 

 

ÇAPIT XIX.

 

KAN Jésu ti fine fini coté, li ti kit péyi Galilé, é li al dan bor péyi Jidé, lot coté la rivier Jourdain. Ene gran la foul sivré li, é là, li ti guéri zot.

E zans Phariziein vine pros li, é zot dir li, pour tace maye li, Eski éne hom gaïn droa ranvoy so fam pour neimport ki rézon. Li répond : Eski vou na pa fine lir, ki ça éne là, ki ti fair zot, dipi comanceman, ti fair zot mâl avec femél, é li ti dir, A coz ça, éne hom va kit so papa é so maman, é li va rest avec so fam ; é zot dé va vine éne la çér. De sort ki zot na pli dé, mé éne la çér tou sel. Ça mem fo pa ki lé zhom séparé, ça ki Bondié fine attacé. Zot dir li abé pourki fair Moïz fine donne l'ordr, donne li éne papié divors é ranvoy li? Li dir zot, Acoz vou lé ker telman dir, ça mem Moïz fine permet voit ranvoy vou fam : mé dipi le comanceman, na pa ti com ça. E mo dir vou, neimport ki va ranvoy so fam, excepté parski li pran éne lot zhom, é va marié avec éne lot fam, li fair adilter ; é ça zhom ki va marié avec éne fam, ki so mari va fine ranvoyé, li ossi fair adilter.

So discip dir li, si com ça condicion éne hom avec so fam, plito ki li na pa marié. Mé li dir zot : tou lé zhom na pa capav pran ça parol là, excepté ça ki fine gaïn éne kalité pour ça. Parski énan dimoune ki unuk, ki ti né com ça ; énan ki dimoune fine fair vine unuk : é énan unuk ki fine fair zot mem unuk, a coz roayom lé ciel. Ki dimoune capav compran ça, allé compran !

Lherlà, zot améne avec li, plein pti zanfan, pour li met la main laho zot la tet, é ki li priye pour zot. E so discip ti pousse zot. Mé Jésu dir, Lesse pti zanfan vine avec moa, é na pa ampéce zot : parski roayom le ciel li pour ça ki ressamblé zot. E li ti met so la main laho zot, apré ça li ti allé.

E avla éne dimoune vine pros li, é dir : Métr, ki bon kikçoz mo bizoein fair, pour ki

mo gaïn la vi éternel? E li dir li, Pourkoa to kestionne moa, laho ça ki bon ? Ena éne tou sel ki bon, mé si to vlé rantr dan la vi, gard comandman. Li dir li : ki comandman ? E Jésu dir, Fo pa touyé, Fo pa fair adilter, Fo pa volor, Fo pa dir fo témoaniaz, Fair l'honner vou papa, e vou maman, é fo vou contan, tou dimoune, coman vou mem. Zéne hom là dir li : tou ça là mo fine fair ; ki mo bizoein ancor ? Jésu dir li : si to vlé vine parfé, al vand tou ça ki to énan ; é donne to l'arzan dimoune pov ; lher la., to va énan trézor dan le ciel ; apré ça, vini, sivré moa. Mé kan zéne hom là ti tand toit tou ça parol là, li fine allé tou trist : parski li ti éne dimoune biein rish.

E Jésu dir so discip : vré mem mo dir vou, biein dificil pour ki éne hom rish rantr dan roayom le ciel. E mo dir vou ancor, ki pli facil ki éne çamo passe dan trou éne zégui, ki éne hom rish rantr dan roayom Bondié. E kan so discip ti tand ça, zot ti biein biein étoné, é zot dir : abé alor ki céne là capav sov so nâm? E Jésu guet zot, é li dir : pour zhom ça na pa capav, mé Bondié capav fair tou kikçoz. Lherla Pier repond é dir li Avla, nou fine kit tou, é nou fine sivré toa ; abé ki nou va ganié? E Jésu dir zot, Vré mem, mo dir vou, ki vou zot, ki fine sivré moa ; dan ça lé tan là, kan tou kikçoz va vine nouvo ancor, kan le Fis de l'hom va siz laho trône so la gloar, vou ossi va siz laho douz trône, pour ziz douz tribi nacion Israël. E neimport ki fine kit la caz, oubiein frer, ou ser, ou papa, ou maman ou fam ou zanfan ou la ter, acoz mo nom, va gaïn çan foa plis, é va vine héritié la vi éternel. Mé boucou ça ki ti dernié, va promié, é boucou ça ki ti promié, va dernié.

 

 

ÇAPIT XX.

 

PARSKI roayom lé ciel li coman éne cef énan gran la caz, ki ti sorti gran matein pour loué labourer pour travaye dan so zardein. E kan li ti fine arranz avec tou ça labourer là, pour éne piéce la moné par zour, li ti anvoy zot dan so zardein. E li sorti troaziém lher la zourné, é li trouv lot zouvrié apré dibout nariein fair laho la place ; é li dir zot, allé vou ossi dan mo zardein, é mo va donne vou ça ki va rézonab. E zot ti allé. Apré ça li sorti ancor, kan ti apépré siziem lher la zourné, é pui néviem lher la zourné, é li fair la mem çoz. E apépré onziem lher la tourné, li sorti é li trouv ancor lot apré dibout ; é li dir zot, Pourkifair vou dibout ici tout la zourné nariein fair ? Zot dir li : parski personnne fine loué nou. Li dir zot, Allé vou ossi dan mo zardein. Kan fine fair a soar, métr zardein dir so commi : Appel zouvrié é péye zot, zot saler, dipi dernié ziska promié. Ça ki ti fine commance onziem lher, vini, é zot gaïn çakéne éne piéce la moné. E kan ça ki ti promié vini, zot ti croar ki zot ti va gaïn plis, mé zot ossi ti gaïn çakéne éne piéce la moné. E kan zot ti gaïn li, zot groïnié contr ça cef là, é zot dir, Ça dernié là fine travaye nec éne lher lé tan, é to fair zot mem çoz coman nou, ki fine sipport la fatig tout la zourné, avec la çaler soléy. Mé li répond éne zot, é li dir, mo camrad, mo na pa fair toa okéne tor : eski to na pa ti arranz avec moa pour éne piéce la moné ? Ramas ça ki pour toa, é al to cimein ; parski mo vlé, ca mem, mo donne ça ki dernié là, mem çoz coman toa. Eski mo na pa éna droa fair ça ki mo contan, avec kikçoz ki pour moa ? oubiein eski to lizié li mové, parski mo bon ? Mem çoz, ça ki dernié, va vine promié, é ça ki promié, va dernié.

            Coman Jésu monté dan cimein Jérusalem, li améne so douz discip éne côté, é li dir zot dan cimein, Avla nou monté, pour al Jérusalem ; é le Fis de l'hom va tomb dan la main tou cef prétr avec zans scrib ; é zot va condane li à mor, é va donne li dan la main zans payens pour zot mok li, é pour fouét li, é pour coulout li laho la croa ; é troaziem zour li va lev ancor.

            Lher là, maman dé garçon Zébédé, vine acot li, avec so dé garçon, e li tomb par ter divan Jésu pour dimand li kikçoz. E li dir li, ki to ti va voudré mo fair ? Li répond : Donne l'ordr ki ça mo dé garçon là, capav assizé, éne acot to la main droat, lot, acot to la main gos, dan to roayom. Mé Jésu répond, é li dir, Vou na Pa conné ki vou dimandé. Eski vou capav boar ça ki mo éna pour boar? Zot dir li, nou capav. Li dir zot, Vré mem, vou va boar mo brévaz : mé pour assiz acot mo la main droat, é acot mo la main gos, na pa moa ki capav donne ça droa là, mé ça, pour zot, pour ki mo Papa fine prépar li. E kan dis lot discip té tand ça, zot ti an coler contr ça dé frer là. Mé Jésu appel zot pros li, é li dir, vou conné ki tou cef tou nacion fair zot, fair ça ki zot vlé, é ça ki gran parmi zot, comand zot. Na pa va com ça avec vou. Mé neimport ki vlé vine gran dan milié vou zot, fo ki li servi vou : é neimport ki vlé vine promié dan milié vou zot, fo ki li vou zesclav. Com ça mem le Fis de l'hom fine vini, na pa pour ki lé zot servi li, mé pour servi lé zot, é pour donne so la vi, coman éne rançon, pour boucou dimoune.

Coman zot sorti la vil Jérico, éne gran la foul sivré Jésu. E avla ki dé zhom aveg, ki ti apré sizé dan bor cimein, kan zot ti tandé ki Jésu ti apré passé, zot criyé, é zot dir, Sénier gaïn pitié nou, toa ki piti David. E la foul grond zot, é vlé fair zot rést trankil : mé zot nec criye pli for : Sénier gaïn pitié nou, toa ki piti David! Jésu arrété, é li appel zot, é li dir ; ki vou vlé mo fair vou ? Zot dir li, Sénier, nou vlé ki nou lizié ouver. E Jésu çagrein dan so lé ker, li touche zot lizié : é lher là mem zot trouv clair, é zot sivré li.

 

 

ÇAPIT XXI.

 

E kan zot ti vine pros la vil Jérusalem, é fine arriv acot Betfage, pros la montaïn Zolivié, lherla Jésu anvoy dé so discip, é li dir zot, Al dan villaz ki lot coté vizavi vou, é lherla mem vou va trouv éne fémél bourik fine attacé, é éne piti bourik avec li ; larg zot, é améne zot vec moa. E si kik dimoune dir vou kikçoz ; vou va dir, Le Sénier bizoein zot ; é lherla mem li va anvoy zot. Abé tou ça la ti arrivé, parski fallé ki ça ki profet té fine annoncé, li vini : Dir la fiy Sion, Avla to lé roa vine vec toa, Li bon ker, li mont laho éne bourik, laho éne ânon, piti éne bourik. E so discip ti allé, é zot ti fair coman Jésu ti fine comandé, é zot ti améne ça bourik là, é so piti, é ti met laho zot, zot leinz ; é li siz laho là. E pli gran parti la foul, étal zot leinz dan cimein ; plein lot coup brans zarb, é fane zot dan cimein. E tou la foul la ti al divan li, é ki ti sivré, criyé ; Hozanna pour Piti David ! Bienhéré ça éne là, ki vine avec nom Sénier ; Hozanna dan lé ciel ki pli hot. E kan li ti fine antr dan Jérusalem, tou la vil fine an mouvman, é tou dimandé, ki li céne là? E la foul répond : Ça mem ça profet là, Jésu, sorti Nazaret dan Galilé.

E Jésu rantr dan le tampl Bondié, é li pous déhor tou dimoune ki ti apré vandé é aceté dan tampl, é li çavir la tab dimoune ki çanz l'arzan, é chéze dimoune ki vand pizon ;

E li dir zot : Fine écrir, va appel mo la caz, éne la caz pour la priyer ; mé vou fair li éne la cav voler. E dimoune aveg, é dimoune boaté vine cot li dan tampl, é li guéri zot. Mé kan band cef prétr avec zans scrib ti voar tou ça mirac ki li ti fair, é zanfan ki ti apré criyé dan tampl,            Hozanna pour Piti David ; zot ti an coler, é zot dir li : eski to tandé ki zot dir? E Jésu dir zot : Oui, zamé vou fine lir, Par la bous pti baba, é ça ki ancor   tété, to fine fair la louanz vine parfé? E li lésse zot, é li sorti dan la vil, é li al Bétani pour passe la noui.

Avla bon matein, coman li rétourn dan la vil, li ti fain. E coman li trouv éne pié fig dan bor cimein, li vine pros li, mé li na pa trouv nariein laho là, ki féy tou sel ; é li dir li, fo pa ki zamé fri pousse laho toa aster là. E lher là mem, ça pié fig là vine sec. E kan discip ti voar ça, zot ti étoné, é zot dir, coman ça pié fig là, ti sec toud souit ? E Jésu répond é dir zot, Vré mem, mo dir vou, si vou éna la foa, é ki vou napa douté, non selman vou va fair ça ki mo fine fair ça pié fig là, mé mem si vou va dir ça montaïn là, sorti là, é tomb dan la mer ; ça va arrivé. E tou kik coz, neimport, ki vou va dimandé dan la priyér, si vou croar, vou va gaïn li.

E kan li ti fine rantr dan tampl, plein cef prétr avec anciein ça nacion là, vine pros li, coman li ti apré montré zot, é zot dir : Par ki droa eski to fair tou ça là ? é ki fine donne toa ça droa là? E Jésu répond é dir zot : moa ossi mo va dimand vou éne kestion, é si vou répond moa, moa ossi, mo va répond vou, par ki droa mo fair tou ça là. Bâtem Jan, acot li sorti? dan lé ciel, ou biein avec dimoune? E zot rézonné antr zot mem, é zot dir, si nou dir : sorti dan lé ciel ; li va dir nou, abé pourkifair vou na pa ti croar li? mé si nou dir, li ti sorti avec dimoune mem ; nou per la foul ; parski zot tou guet Jan coman éne profet. E zot répond Jésu, é zot dir : nou na pa conné. Li ossi dir zot : moa non pli, mo na pa va dir vou par ki droa, mo fair tou ça la. Mé ki vou croar ? Ene hom ti éna dé fis : é li vine av ça ki promié, é li dir li : mo piti, al travay dan mo zardein zourdi. E li répond, mo na pa voulé : mé apré ça, li çanz so lidé, é li allé. E li vine av ça ki ségon, é li dir la mem çoz. E li répond : mo allé mo métr ; mé li na pa ti allé. Ki dan ça dé là, ti fair ça ki so papa ti vlé ? zot répond, ça ki promié ; Jésu dir zot : vré mem, mo dir vou, ki zans peazé é zans prostitié al dan roayom Bondié avan vou. Parski Jan ti vine parmi vou dan cimein la droatir, é vou na pa ti croar li : mé zans peazé é prostitié ti croar li ; é vou, kan vou ti voar ça, vou na pa ti çanz vou l'idé apré, pour croar li.

            Ecout éne lot parabol : Ti éna éne, métr éne gran caz, ki ti plant éne zardein, é ti antour li avec éne l'antouraz, ladan li ti fair bassein pour écraz rézein, é li ti fair éne la tour gardiein, apré ça, li ti loué li, avec planter, apré, li ti al dan éne lot péyi. E kan la sézon fri ti fine pros, li ti anvoy so zans domestic avec tou ça planter là, pour gaïn so fri. E tou ça planter là, pran so domestic, zot bat éne, zot touy éne lot, é zot touy coud noce éne lot ancor. Li anvoy ancor plis domestic ki promié foa ; é zot trét zot mem çoz. Mé apré ça, li anvoy zot so piti, é li dir, zot va respect mo piti. Mé tou ça planter la, kan zot trouv so piti, zot dir antr zot : ça mem l'héritié ; ano touy li, é nou va pran so l'héritaz. E zot pran li, zot zet li andéhor zardein, é zot touy li. Abé kan métr ça zardein là, va vini, ki li va fair tou ça planter là ? zot dir li, li va détrir san pitié, tou ça mizérab là, é li va loué so zardein avec lot planter, ki va rand li fri dan zot sézon, Jésu dit zot, Eski zamé vou fine lir dan zécritir : ça roce là, ki constricter fine rézété, ça mem fine vine la tet coein batiman ; le Sénier ki fine fair ça, ça éne mirac divan nou lizié ? Ça mem mo dir vou : roayom Bondié pour tiré avec vou, é pour donne éne nacion ki va rapport so fri. E dimoune ki va tomb laho ça roce là, li va casse an morço ; mé ça dimoune laho ki ça roce là va tombé, roce là va fane li coman la poussier. E coman band cef prétr avec zans phariziein tand so parabol, zot ti compran ki li parl zot mem. E kan zot ti cerce attrap li, zot ti per la foul, parski la foul guet li coman éne profet.          `

 

 

ÇAPIT XXII.

 

JÉSU pran la parol, é parl zot ancor avec parabol, é li dir zot, Roayom lé ciel mem çoz coman éne certain lé roa, ki ti fair éne diné mariaz pour so garçon, é li ti anvoy band so domestic pour appel zans ki ti fine einvité pour vine mariaz ; é zot na pa ti vlé vini. Li anvoy ancor band lot domestic, é li dir : Dir zans ki fine einvité : Avla mo fine prépar mo diné, plein mo bef avec mo zanimo gra, mo fine touyé, é tou kik çoz fine paré ; vine mariaz. Mé zot na pa an péne, é zot al zot cimein, éne li al dan so l'abitacion, éne lot li al guet so marçandiz : lé zot, zot tiombo so domestic, einsilt zot, é apré, touy zot. Mé lé roa ti an coler : é li anvoy band so réziman solda, é li détrir tou ça zassasein là? é li broul zot la vil. Lherlà li dir so domestic ; Fet mariaz li paré, mé zans ki ti fine einvité, na pa ti mérit vini. Abé al dan croazé gran cimein, é tou dimoune ki vou trouvé, einvit zot vine fet mariaz. E tou ça domestic là zot al dan gran cimein, é zot améne ansamb, tou ça ki zot ti trouvé, ça ki bon, coman ça ki mové ; é la sal ti rampli avec dimoune. Mé kan lé roa ti rantré, pour guet tou dimoune, li voar là, éne hom ki na pa ti éna so leinz mariaz ; é li dir li : mo camrad, coman vou fine rantr ici san met éne leinz mariaz? E li rest la bous fermé. Lherla lé roa, dir so domestic, amar so la main, so li pié, é zet li déhor dan noar ; là ki va éna ploré, é greince lé dan. Parski éna boucou ki fine einvité, mé fine çoazir pti guine.

Lherla zans Phariziein allé, zot pran consey ansamb, coman zot va capav maye li dan so parol. E zot anvoy av li, zot discip, avec

zans Hérodiein, é zot dir, Métr nou conné ki toa to vré, é ki to montré cimein Bondié, vré mem, é to na pa an péne personne ; parski to na pa guet l'apparance dimoune. Abé dir nou, ki to croar ? Eski nou gaïn droa péye tax César, ou biein non ? Mé Jésu voar zot méçanceté, é li dir, Pourkifair vou tant moa, zans hipocrit? montré moa éne pièce l'arzan tax. E zot apport li éne dénié. E li dir zot, ki ça portré, é ça l'écritir là? Zot répond li, César. Lherla li dir zot, Abé, rand César, ça ki pour César é rand Bondié, ça ki pour Bondié. E kan zot ti tand ça, zot ti étonné, zot kit li, é zot al zot cimein.

Ça zour là mem, zans Sadicéeins, ki dir ki na pa énan rézirekcion, vine pros li, é zot dimand li ; Métr, Moïz fine dir, Si éne hom mor san lesse zanfan, so frer va marié avec so vev, pour gaïn désçandan pour so frer. Abé ti éna parmi nou, set frer ; é promié, kan

li ti fine marié, li ti mor, é coman li na pa ti énan zanfan, li ti lesse so fam pour so frer ; mem çoz ségon frer ossi, é troaziem, ziska tou lé set. E apré zot tou, fam là ossi ti mor. Abé dan rézirekcion, li va fam lékel dan ça set là ? Parski fois ti éna li. Jésu répond zot, vou al traver, parski vou na pa conne lé zécritir, ni ça ki Bondié capav fair. Parski dan rézirekcion, zhom na pa va pran fam, ni fam pran mari, mé, zot va coman anz Bondié dan le ciel. Mé pour la rézirekcion dimoune mor, eski vou na pa fine lir ça ki Bondié fine parl vou, kan li ti dir : moa, mo Bondié Abraham, é Bondié Isaac, é Bondié Jacob. Bondié na pa Bondié dimoune mor, mé ça ki vivan. E kan la foul ti tand ça, so manier monté ti étonne zot.

Mé Phariziein, kan zot ti tandé ki li ti fine ferm la bous Sadicéein, zot rassamblé zot ; é éne zot, ki montré la loa, poz li éne kestion, pour cerce maye li : Métr ki pli gran comandman dan la loa E li dir li : To va contan Sénier to Bondié avec tou to lé ker, é avec tou to nâm, é avec tou to l'espri. Ça mem pli gran é promié comandman. E avla éne ségon. ki coman li : To va contan tou dimoune, coman to mem. Tou ça ki la loa av profet comandé, poz laho ça dé comandman là.

Asterlà coman zans Phariziein fine rassamblé, Jésu poz zot éne kestion, é li dir, Ki vou croar Krist li? Li piti ki céne là? zot dir li, Li piti David. Li dir zot, Coman David, kan li parl par l'Espri Bondié, li appel li, Sénier ; é li dir : le Sénier fine dir mon Sénier : Siz cot mo la main droat, ziska ki mo fine met to zennemi anba to li pié? Si David appel li Sénier, coman li so piti? E personne ti capav répond li éne parol, é dipi ça zour là, personne na pli ti oz fair li kestion.

 

 

ÇAPIT XXIII.

 

LHERLA Jésu parl avec la foul é so discip, é li dir, Zans scrib avec Phariziein siz dan place Moïz : tou kikçoz alor, neimport ki zot comand vou, fair é sivré : mé na pa fair ça ki zot fair ; Parski zot dir, mé zot na pa fair. Zot attace paké lour é dificil pour porté, é zot met laho zépol dimoune ; mé zot na pa bouz zot avec zot prop lé doa. Mé tou kikçoz zot fair, pour lizié dimoune ; parski zot port gran filacter, é zot met long franz dan zot leinz, zot contan promié place dan fét, é pli bon chéze dan sinagog ; zot contan dimoune salié zot laho place piblik, é ki dimoune appel zot, Métr. Mé vou na pa bizoein fair lé zot appel vou, Métr, parski éne tou sel vou métr, é vou tou vou frer. E na pa bizoein appel personne vou Papa laho la ter : parski éne tou sel vou Papa, ça éne là ki dan le ciel. Na pa fair lé zot appel vou Directer : parski éne tou sel vou Directer, Krist. Mé ça ki pli gran parmi vou, li mem va servi vou. Neimport ki va vlé lev li mem, va béssé ; é neimport ki va béssé, li mem ki va lévé.

Mé malher va vine laho vou, scrib, Phariziein, zipocrit? parski vou ferm roayom lé ciel contr tou dimoune : parski vou na pa rantré vou mem, é vou na pa lésse rantré, ça ki apré rantré.

Malher va vine laho vou, scrib, Phariziein, zipocrit, parski vou dévor la caz vev, é vou fair samblan fair long la priyer ; a coz ça, vou zizman va pli séver. Malher va vine laho vou, scrib, Phariziein, zipocrit, parski vou al partou laho la mer é laho la ter, pour fair éne dimoune vine coman vou, é kan li fine vini, vou fair li vine dé foa plis éne zanfan l'anfer ki vou mem. Malher vine laho vou, vou condicter aveg, ki dir, neimport ki va fair serman laho la caz Bondié, ça na riein, mé neimport ki va fair serman laho l'or ki dan la caz Bondié, li angaz li. Vou zans bet é aveg : ki pli gran, l'or, oubiein la caz Bondié ki fair l'or là vine sén ? E neimport ki va fair serman laho l'otel, ça nariein : mé neimport ki va fair serman laho zoffrand ki laho l'otel, li angaz li. Vou aveg : ki pli gran, zoffrand, oubiein l'otel ki fair zoffrand vine sén ? Ça mem ça dimoune ki fair serman laho l'otel, fair serman laho l'otel, é laho tou kikçoz ki laho li. E dimoune ki fair serman laho la caz Bondié, fair serman laho li, é laho ça éne là ki rest ladan. E dimoune ki fair serman laho lé ciel, li fair serman laho trone Bondié, é laho ça éne là ki siz lao là.

Malher vine laho vou, scrib, Phariziein, zipocrit ! Parski vou péye la dim la mant, l'anet é cumin, mé vou napa fine fair pli gran zaffair la loa, marce droat, gaïn pitié, rest fidel : avla ça ki vou ti doat fair, san négliz lé zot kikçoz. Vou condicter aveg, vou servi filtr acoz piti moush, mé vou aval çamo.

Malher vine laho vou, scrib, é Phariziein, zipocrit ! parski vou nettoy andéhor bol é andéhor pla, mé andan, zot plein, a fors vou voloré vou gourman. Phariziein aveg ! nettoy an promié, so andan bol, é so andan pla, pour ki so andéhor vine prop ossi.

Malher vine laho vou, scrib é Phariziein, zipocrit ! parski vou coman tombo ki fine blanci, andéhor zot parét zoli, mé andan, zot plein lézo dimoune mor, é tout sort pouritir. Mem çoz vou ossi, andéhor vou parét bon divan dimoune, mé andan, vou plein lipocrizi avec méçanceté.

Malher vine laho vou, scrib é Phariziein, zipocrit ! parski vou batir tombo profet, é vou fair tomb bon dimoune, zoli, é vou dir : si nou ti va viv dan lé tan nou papa, nou na pa ti va aid zot, pour fair coul di san profet. De sort ki vou témoein contr vou mem, ki vou, vou zanfan zans ki ti touy profet. Abé rampli la mézir vou papa, vou serpan ! vou race viper ! coman vou va sap condanacion l'anfer? Ça mem, avla mo anvoy profet parmi vou, é dimoune saz, av scrib : éna la dan, ki vou va touyé, é coulout laho la croa ; éna la dan, ki vou va fouété dan vou sinagog, é vou va persékit zot, dipi éne la vil ziska dan lot : pour ki tou di san bon dimoune, ki fine coulé laho la ter, vine laho vou, dipi di san Abel, éne hom droat, ziska di san Zakari, piti Barachi, ki vou ti touyé dan milié tampl avec l'otel. Mo dir vou vré mem, ki tou ça là pour tomb laho ça nation asterla.

O Jérisalem, Jérisalem, ki touy profet, é ki assom coudroce zans ki ti vine parl li ! combiein foa mo ti va vlé ramasse to zanfan, coman éne mér poul ramasse so piti, anba so lézél, mé vou na pa ti vlé ! Avla vou la caz pour vine éne dézer ! Parski mo dir vou, vou na pli va voar moa aster, ziska ki vou va dir, ça éne là li béni, ki vine avec nom le Sénier.

 

 

ÇAPIT XXIV.

 

COMAN Jésu apré allé, coman li sorti dan tampl, so discip vine pros li, pour fair li rémark constrikcion le tampl. Mé li répond, é li dir zot, vou voar tou ça là ? vré mem, mo dir vou, na pa éna éne roce ici ki fine poz laho lot, ki na pa va ranversé.

E coman li apré siz laho montaïn Zolivié, so discip tou sel vine cot li, é zot dir, Dir nou kan tou ça là pour arrivé, ki va siin ki to vini, é ki la fein di mond arrivé ? E Jésu répond zot, Prangard ki personne tromp vou. Parski boucou dimoune va vini avec mo nom, é zot va dir : moa mem ki le Krist ; é zot va tromp boucou dimoune. Vou va tand parl la guer, é nouvel la guer : mé na pa lésse vou l'espri troublé, parski fo ki tou ça là arrivé ; mé na pa ancor la fein. Parski éne nacion va fair la guer avec éne lot nation, é éne roayom avec éne lot roayom, é va gaïn la famine, é tramblman dé ter dan plizier l'androa ; mé tou ça là va comanceman douler. Lherla zot va met vou dan tourman, é va touy vou : é tou nacion va hayir vou acoz mo nom. E lherla boucou va tombé, zot va trahir l'éne lot, é zot va hayir l'éne lot. E plein fo profet va sorti, é va fair boucou dimoune al traver. E parski la méçanceté va ogmanté, l'amour boucou va vine fré. Mé ça éne là, ki va tini bon ziska la fein, li mem ki va sapé. E ça bon nouvel lé roayom, zot va préché dan tou péyi laho la ter, pour éne témoein divan tou nacion, é lherla la fein va vini.

Ça mem kan vou va voar l'abominacion la désolacion, ki profet Daniel fine annoncé, dibout dan l'androa sén, (dimoune ki lir ça, abé compran), lherla ça ki dan la Jidé, sov zot dan montaïn ; ça ki laho lé toa la caz, na pa bizoein li désçand dan la caz, pour pran ça ki éna ladan ; é ça ki dan l'abitacion na pa bizoein li tourné pour al cerce so leinz. Malher pour fam ki va anceint, é pour fam ki va nouris dan ça lé tan là ! Priyé Bondié pour ki lé tan pour vou sové, na pa arriv dan la sézon l'hiver, ni dan éne zour saba : parski l'herla va gaïn gran tourman, coman zamé ti éna dipi comanceman di mond ziska aprézan, é coman zamé va éna non pli. E si na pa ti diminié tou ça zour là, personne na pa ti va sapé ; mé acoz dimoune ki Bondié, fine çoazir, tou ça zour là va diminié. LherIa si kikéne dir vou : avla Krist ici, oubiein, li la ba ; na pa bizoein croar. Parski boucou fo Krist va parét, é fo profet, é va fair voar gran siin é gran mirac ; pour fair mem lé zélu (zanfan Bondié) al traver si zot ti capav. Avla mo fine averti vou d'avans. Ça mem si zot va dir vou, Avla li dan dézer, napa bizoein allé ; Avla li dan la çambr andan ; napa bizoein croar. Parski coman zéclair sorti coté soley lévé, é parét ziska coté soley coucé ; com ça mem le Fis de l'hom va vini. Là acot carcas li, là mem zégl va rassamblé.

Mé zist apré douler ki va arrivé dan ça lé tan là., soley va vine noar, la line na pa va donne so clarté, é zétoal va tombé dipi dan lé ciel ; plein gran la fors ki dan lé ciel va sacouyé ; é lherla siin le Fis de l'hom va parét dan le ciel : é lherla tou tribu dimoune laho la ter, va çagrein, é zot va voar le Fis de l'hom vini laho niaz lé ciel avec la fors é gran la gloar. E li va anvoy plein so anz avec gran train éne trompet, é zot va rassamblé so zélu (so zanfan) dan tou lé katr di van, dipi éne bout lé ciel ziska lot bout.

Asterlà guet pié fig, é apprand so parabol ; kan so brans fine vice tandr, é ki li montré so féy, vou conné ki l'été li pros ; mem çoz, vou ossi kan vou voar tou ça kikçoz là, abé conné ki le Fis de l'hom, li pros, divan la port. Vré mem mo dir vou, céne race là, na pa va passé ziska ki tou ça là fine arrivé. Lé ciel avec la ter va passé, mé mo parol na pa va passé. Mé ça zour là, é ça lher là, personne na pa conné, ni anz, ni le Fis, mé le Per tou sel. . Ça ki ti arrivé dan lé tan Noé, mem çoz va arrivé kan le Fis de l'hom va vini. Parski coman dan ça lé tan là avan déliz, zot ti manzé é boar, marié é donne an mariaz, ziska zour ki Noé ti rantr dan l'arsh, é zot na pa ti conné ziska ki déliz ti vini, é ti améne zot tou ; mem çoz va arrivé, kan le Fis de l'hom va vini. Lherla dé zom va dan la plaine ; va pran éne, va lésse éne ; dé fam va apré tourn la mel, va pran éne, va lésse éne : Abé véyé, parski vou na pa conné ki zour vou Sénier li vini. Vou conne biein ça, ki si métr éne la caz ti conné ki lher à soar, voler ti pour vini, li ti va véyé é li na pa ti va lésse zot fonce so la caz. Ça mem, tini vou pré vou ossi, parski lher ki vou na pa maziné, le Fis de l'hom li vini. Abé ki ça serviter fidél é pridan, ki so métr fine place laho tou so zans, pour ki li donne zot, zot manzé kan fo donné ? ça serviter là li bieinhéré, si kan so métr vini, li trouv li apré fair so dévoar : mo dir vou vré mem, ki li va fair li çef tou ça ki li éna. Mé si ça serviter là li méçan, é ki li dir dan so lé ker, Mo métr li tardé ; é ki li comance bat band lot so camrad serviter, é ki li manzé é li boar avec zivroïn, Sénier ça serviter là vini éne zour kan li na pa espéré, é lher ki li na pa conné, é li va coup li an morço, é va donne li so par avec zipocrit ; là Li va éna ploré avec greince lé dan.

 

 

ÇAPIT XXV.

 

LHERLA roayom lé ciel va ressamblé dis fiy vierz ki ti pran zot la lamp, é ti sorti pour al rancontr nouvo marié. E ceinq là dan, ti bet, é ceinq, ti gaïn bon l'espri. Ça ki ti bet, kan zot ti pran zot la lamp, zot napa ti pran di louil avec zot : mé ça ki ti gaïn bon l'espri, zot ti pran di louïl dan zot boutey, avec zot la lamp ; apré, coman nouvo marié tardé, zot tou gaïn somey é zot dormi. Mé à minoui, tand criyé : Avla nouvo marié ! vini pour rancontr li ! Lherla tou ça vierz là lévé, é prépar zot la lamp. E ça ki bet dir ça ki bon l'espri, Donne nou ein pé vou dilouil : parski nou la lamp apré teïn. Mé ça ki bon l'espri répond ; kikfoa na pa va éna assé pour nou é pour vou : pli to vou al av dimoune ki vandé, é aceté pour vou mem. E coman zot apré allé pour aceté, nouvo marié, ti vini : é ça ki ti paré, ti rantr avec li dan la sal mariaz ; apré ça, la port ti fermé. Pli tar, tou ça lot vierz là ossi vini, é zot dir : Sénier, Sénier, ouver pour nou, Mé li répond, Vré mem, mo dir vou, mo na pa conne vou. Abé véyé, parski vou na pa conné ni lé zour, ni lher.

Ça va coman éne hom ki pour al dan éne lot péyi, é ki appel so domestic, é rémet zot ça ki li éna. Avec éne, li donne ceinq talan l'arzan, éne lot dé, éne lot éne ; çakéne sélon ça ki li capav fair ; é apré, li parti. Ça ki ti fine gaïn ceinq talan, li al tou de souit, li trafic avec so l'arzan, é li gaïn ceinq lot talan. Mem çoz ça ki ti gaïn dé, li gaïn ancor dé. Mé ça ki ti gaïn éne, li allé, li fouye dan la ter, é li caciet l'arzan so métr. Aster, kan lontan fine passé, métr tou ça domestic là arrivé, é li réglé avec zot. E ça ki ti gaïn ceinq talan, li vini, é li port ancor ceinq an plis, é li dir, Sénier, to ti remet moa ceinq talan, avla mo fine gaïn ancor ceinq. So métr dir li, To fine biein fair, bon é fidel serviter : to fine fidel avec piti guine kikçoz, mo va donne toa éne place laho boucou : rantr dan bonher to Sénier. Ça ossi ki ti fine gaïn dé talan, vini, é li dir, Sénier, to ti remet moa dé talan, avla mo fine gain ancor dé talan. So métr dir li, To fine biein fair, bon é fidel serviter, to fine fidel avec piti guine kikçoz, mo va donne toa éne place laho boucou : rantr dan bonher to Sénier. E ça ossi ki ti fine gaïn éne talan, li vini é li dir. Sénier, mo conne toa, ki to éne hom dir, to récolté acot to na pa ti planté, to ramassé acot to na pa ti fané : é mo ti per, é mo ti al caciet to talan dan la ter : avla to éna ça ki pour toi. Mé so métr répond li, To éne serviter méçan é pares, to ti conné ki mo récolté acot mo na pa ti planté, é ramassé acot mo na pa ti fané ; acoz ça mem, to ti

doat met mo l'arzan dan la banq, é kan mo fine vini, mo ti va gaïn ancor ça ki pour moa avec zeintéré. Tir ça talan là avec li, é donne ça ki éna dis talan. Parski va donne ça dimoune ki éna déza, é li va éna plis ancor ; mé av ça dimoune ki na pa éna, zot va pran ki kikçoz ki li éna. E zet sa serviter ki na pa vo na riein là, dan l'obskirité ki pli noar déhor ; là ki va gaïn ploré avec greince lé dan.

Mé kan le Fis de l'hom va vini dan so la gloar, é tou so anz avec li, lherla li va siz laho trone so la gloar : é tou nacion va fine rassamblé divan li ; é li va sépar zot çakéne so coté, coman gardiein sépar mouton ansam cabri, é li va met mouton acot so la main droat, mé cabri coté gos. Lherla lé Roa va dir tou ça ki acot so la main droit : vini, vou ki mo Papa fine béni, hérit roayom ki fine préparé pour vou, dipi la fondacion le mond : parski mo ti fain é vou ti donne moa manzé ; mo ti soaf, é vou. ti donne moa boar ; mo ti éne étranzé, é vou ti ramas moa ; mo ti tou ni, é vou ti donne moa leinz ; mo ti malad, é vou ti vine voar moa ; mo ti dan prizon, é vou ti vine cot moa. Lherlà ça ki zist va répond li, Sénier kan eski nou ti trouv toa gain fain, é ki nou ti nouri toa ? ou biein gaïn soaf, é ki nou ti donne toa boar ? E kan eski nou ti trouv toa éne étranzé, é ki nou ti ramas toa ? ou biein touni, é ki nou ti donne toa leinz ? E kan eski nou ti trouv toa malad, ou biein dan prizon, é ki nou ti vine cot toa ? E lé Roa va répond é va dir zot : vré mem, mo dir vou, an tan ki vou ti fair li pour éne mo frer, mem ça ki pli piti, vou ti fair li pour moi. Lherla li va dir ça ki coté so la main gos ossi, Al loein moi, vou ki fine modi, al dan di fé éternel, ki fine préparé pour diabl é pour so anz ; parski mo ti gaïn fain é vou na pa ti donne moa manzé ; mo ti soaf, é vou na pa ti donne moa boar ; mo ti éne étranzé, é vou na pa ti ramas moi ; touni é vou na pa ti donne moa leinz ; malad, é dan prizon, é vou na pa ti vine voar moi. Lherla zot ossi va repond é va dir, Sénier, kan eski nou ti voar toa gaïn fain, oubiein soaf, oubiein éne étranzé, oubiein touni, oubiein malad, oubiein dan prizon, é ki nou napa ti servi toa ? Lherla li va répond zot é li va dir : vré mem mo dir vou, antan ki vou na pa ti fair li pour éne ça ki pli piti là, vou na pa ti fair li pour moa. E tou ça là va al dan pinicion éternel ; mé lé zist va al dan la vi éternel.

 

 

ÇAPIT XXVI.

 

KAN Jésu ti fine fini tou ça parol là, li dir so discip, Vou conné ki apré dé zour, pâk vini, é pour donne le Fis de l'hom pour al cricifié. Lherla band cef pretr avec zanciein dan nacion, ti fine rassemblé zot dan la cour cef pretr ki ti appel Caïf ; é zot consilt ansamb pour voar coman zot va capav attrap Jésu par la riz, pour touy li. Mé zot dir napa l'her la fet, pran gar la foul révolté.

Coman Jésu ti dan villaz Béthani, dan la caz Simon lépré, avla éne fam vine pros li, avec éne flacon an albatr plein éne l'essans bon l'oder é ki ti cout biein cer, é li vid li laho la tet Jésu, coman li ti apré siz à tab. Coman so discip voar ça, zot na pa ti contan, é zot dir, Pourkifair gaspiyé com ça. Parski ça l'essans là ti va capav vandé pour boucou l'arzan ki ti va capav donne dimoune pov. Jésu apercevoar ça, li dir zot : Pourkoa vou çagrine ça fam là ? Li fine fair éne bon akcion pour moi. Parski touzour vou éna dimoune pov avec vou ; mé moa vou na pa éna touzour. Coman li fine zet ça l'essans là laho mo lé cor, li fine fair ça pour prépar moi pour mo l'anterman. Vré mem mo dir vou, partou acot va préche la bonn nouvel dan tou péyi laho la ter, zot va racont ça ki ça fam la fec fair pour souvni li.

Lherla éne dan douz discip, ki ti appel Jida Iscariot, al av band cef pretr, é li dir zot, ki vou vlé donne moa ? é mo va fair vou attrap li. E zot péye li trant piéce larzan. E dipi ça lher là, li ti rod éne l'ocazion pour fair zot attrap li.

Promié zour fet di pain san lévain, so discip vine pros Jésu, é zot dir li : acot to vlé ki nou préparé pour to manz Pâk ? E li dir : al dan la vil, la caz ein tel, é dir li : métr dir, mo lher li pros, mo va fair Pâk dan to la caz avec mo discip. E so discip ti fair coman Jésu ti comand zot ; é zot ti prépar la Pâk. Avla kan ti fine fair a soar, li ti apré assiz a tabl avec so douz discip ; é coman zot ti apré manzé ; li dir : vré mem mo dir vou, ki éne d'antr vou va trahir moa. E zot ti biein biein çagrein, é çakéne zot ti comance dir li : eski moa ça, Sénier ? E li répond é dir zot : céne là mem ki fine met la main dan pla avec moa, li mem va trahir moa. Le Fis de l'hom li allé, zist coman fine écrir laho so cont ; mé malher vine laho ça dimoune là, ki trahir le Fis de l'hom. Ti va bon pour cet hom là, si zamé li ti va fine né. E Jida ki trahir li, répond é dir li : Eski moa ça, mo métr? Li dir li, To fine dir. E coman zot ti apré manzé, Jésu pran di pain, li béni li, é li casse li, é li donne so discip, é li dir, Pran, manzé, ça mo lé cor. E li pran éne ver, li rand grace, li donne zot, é li dir : vou tou boar ça ; parski ça mo di san, di san l'allians, ki fine fair coulé pour boucou dimoune, pour pardon pécé. Mé mo dir vou : aprézan mo na pli va boar ça fri pié rézein là, ziska ça zour kan mo boar li nouvo avec vou dan roayom mo Papa.

E kan zot ti fine çant éne cantic, zot ti al laho la montaïn Zolivié.

Lherla Jésu dir zot, Zot tou va tombé acoz moa, zourdi a soar mem, parski fine écrir : mo va frap bergé, é tou mouton troupo va fané. Mé apré ki mo va fine lev ancor, mo va al divan vou dan péyi Galilé. Mé Pier répond é dir li, Si tou va tombé à coz toa, moa mo napa va tombé. Jésu dir li : vré mem, mo dir toa, ki dan ça la nouit mem, avan coq çanté, to va renié moa troa foa.. Pier dir li, Mem si fo ki mo mor avec toa, mo na pa va renié toa. E tou lot discip ossi ti dir la mem çoz.

Lherla Jésu arriv avec zot dan éne l'androa appel Getsemané, é li dir so discip : vou, assiz ici, coman moa mo al laba, pour fair la priyer. E li améne avec li, Pier avec dé garçon Zébédé, é li comance vine biein trist é souffer boucou. Lherla li dir zot : mo nâm li biein trist ziska la mor ; vou, rest ici é véyé avec moa. E li al ein pé pli divan, é li tomb laho so figuir, é li priyé, é li dir, O mon Per, si ça capav fair, lésse ça ki mo éna pour boar là, passe loein moa, mé pourtan na pa coman mo vlé, mé coman to vlé. E li vine acot so discip, é li trouv zot apré dormi, é li dir Pier : coman, vou na pa ti capav véy avec moa, éne lher lé tan ? Véyé é priyé, pour ki vou na pa tomb dan tantacion : l'espri li biein disposé, mé la çair li feb. Ancor éne ségond foa, li allé é priyé, é li dir : O mon Per, si ça napa capav passe loein moa, mé ki fo ki mo boar li, fair coman to vlé. E li vine ancor é li trouv zot apré dormi, parski zot lizié ti lour. E li lésse zot ancor, é li allé, é li priyé éne troaziem foa, é li dir ancor mem parol. Apré ça, li vine acot so discip, é li dir zot : Vou dormi aster là, é vou poz vou lé cor ! Avla lher li pros, é le Fis de lhom li fine trahir dan la main zans méçan. Lévé ano allé : Avla ça ki trahir moa li approcé.

Coman li ancor apré cozé, avla, Juda, éne dan lé douz, vini, é avec li, éne gran la foul avec sab é avec bâton, sorti avec cef pretr é zanciein ça nacion là. Ça éne là ki té trahir li, ti donne zot éne siin, é li dir : céne là ki mo va ambrassé, li mem ça : tiombo li. Lherla mem, li vine pros Jésu, é li dir : Mo salié vou, mo métr ! é li ambras li. E Jésu dir li, Monami pour ki fair vou fine vine ici ? Lherla zot vine met la main laho Jésu é zot al tiombo li. E avla éne dan ça dimoune ki ti avec Jésu, lev la main, pran so sab, donne éne cou domestic granpretr, é anlev so zoréy. Lherla Jésu dir li, Remet to sab dan so place, parski tou ça ki pran sab, va mor par sab mem : Oubiein eski to croar ki mo na pa capav priye mo Papa, é aster là mem, li va anvoy moa plis ki douz réziman anz ? Mé alor coman lé zécritir va accompli, ki fo ki ça arriv com ça ? An mem tan, Jésu dir av la foul, vou fine vine avec sab é avec bâton pour tiombo moa, coman dir pour tiombo éne brigan ? Tou lé zour mo ti siz dan lé tampl apré montré vou, é vou napa ti attrap moa. Mé tou ça là fine arrivé, pour ki zécritir profet vine vré. Lherla tou so discip ki, é zot sové.

Zans ki ti fine tiombo Jésu, améne li la caz granprétr Caïf, où zans scrib avec zanciein ti fine rassamblé zot. Mé Pier ti sivré li loein loein, ziska la cour gran prétr, é li rantré, siz acot zofficié pour guété coman tou ça là va fini. Band cef prétr av tou mambr conséy, rod kek fo témoaniaz contr Jésu, pour zot capav fair li mor ; mé zot na pa ti ganié, malgré ki plein fo témoein, ti vini. Mé a la fein, dé vini, é zot dir : cet hom là ti dir, Mo capav détrir tampl Bondié é arranz li ancor dan troa zour. E gran prétr dibout, é dir li, Eski to na pa répond nariein ? ki-ci-ça ki ça zans la dépoz contr toa ? Jésu rest trankil. E gran prétr dir li : mo comand toa divan Bondié ki vivan, dir nou si toa mem le Krist, le Fis de Dieu. Jésu dir li : To fine dir ; é plis ancor, mo dir vou, apré ça vou va voar lé Fis de lhom apré siz acot la main droat la pouissans Bondié, é apré vini laho niaz lé ciel. Lherla gran prétr décir so leinz é dir : Li fine pronons éne blasfém, ki témoein non bizoein ancor ? Avla vou fec tand so blasfém ; ki vou maziné? zot répond : Li mérit la mor. Lherla zot crace dan so figuir, é zot donne li coud poein, é donne li soufflé, é zot dir : Déviné Krist, ki céne la ki fine bat toa?

Pandan ça lé tan là, Pier ti apré sizé déhor dan la cour, é éne servante vine pros li, é dir li : Toa ossi, to ti avec Jésu Galiléein. Mé li niyé divan zot ton, é li dir : mo na pa conné ki to dir. E kan li ti fine al cot la port, éne lot voar li, é li dir av dimoune ki ti la : céne la ossi, ti avec Jésu Nazariein. Ancor éne foa, li nié avec serman : mo na pa conne cet hom là. E ein pti moman apré, zans ki ti apré dibout pros, vini, é zot dir av Pier : mé vré mem, toa ossi éne ça zans là ; parski to langaz fair conne toa. Lherla li commance appel malédikcion, é zouré, é li dir : mo na pa conne cet hom là. Lherla mem, coq çanté. E Pier rappelé la parol ki Jésu ti fine dir : Avan coq çanté, to va niyé moa troa foa. E li sorti, li al plor boucou mem.

 

 

ÇAPIT XXVII.

 

COMAN fine fair gran matein, tou cef prétr avec zanciein nacion pran consey ansamb contr Jésu pour fair li mor. Kan zot fine amar li, zot améne li, é met li dan la main Ponce Pilat, gouverner.

Lherla Juda ki ti fine trahir li, kan li ti voar ki ti fine condane li, li gaïn rémor, é li rapport trant piéce l'arzan là, av band cef prétr é zanciein, é li dir : mo fine fair pécé, parski mo fine trahir di san innoçan. Mé zot dir : ki ça fair nou ? to zaffair ca ! E li zet tou ça piéce larzan là dan le tampl, é li al pandi so lé cor. E band cef prétr pran l'arzan là, é zot dir, nou na pa gaïn droa met ça dan trézor sacré, parski ça so pri di san.

E zot consilt ansamb, é zot aceté avec ça, terrain potié, pour anter dimoune étranzé là dan. Ça mem fine appel ça terrain là, terrain di san, ziska aprézan. Lherla ça ki profet Jérémi ti parlé, fine arrivé : zot fine pran trant piéce l'arzan, la valer ca éne là ki zot ti fine estimé, ki fine estimé pour zanfan Israël ; é zot fine donne zot pour terrain potié, coman Sénier ti fine ordonne moa.

E Jésu ti comparét divan Gouverner. Gouverner kestionne li, é dir li, Eski toa lé roa nacion Juif ? E Jésu répond, To dir li. E kan band cef prétr avec zanciein ti accuz li ; li na pa répond na riein. Lherla Pilat dir li, To na pa tandé combiein kikçoz zot dépoz contr toa ? Mé li na pa fair li okéne répons, pa mem éne parol, dé sort ki gouverner ti biein étonné. Abé gouverner ti éna l'abitid çak fet (Pak) larg éne prizonié ki la foul dimandé. E zot ti éna dan ça lé tan là, éne famé prizonié appel Barabas. Kan zot ti fine rassamblé, Pilat dir zot : ki dan ça dé là, vou vlé mo largué ? Barabas ou biein Jésu ki appel Krist. Parski li ti coné, ki parski zot anvé li, ki zot ti fine tiombo li. E coman li apré sizé dan tribinal, so fam anvoy dir li, na pa bizoein to gaïn okéne zaffair avec ça bon dimoune là : parski mo fine gaïn boucou di mal, a coz li, dan éne rev ozourdi. Band cef prétr avec zanciein fair la foul dimand Barabas, é fair touy Jésu. Mé gouverner répond, é dir zot : ki dan ça dé là, vou vlé ki mo largué ? E zot dir, Barabas. Pilat dir zot : abé ki mo va fair avec Jésu ki appel Krist ? Zot tou dir : lésse cricifié li ! E li dir : Pour ki fair, ki tor ki li fine fair ? Mé zot criye ancor pli for : lésse cricifié li. Abé kan Pilat ti voar ki li na pa ti capav vine à bou, mé o contrér ki lé troubl li ogmanté, li pran di lo, é li lav so la main divan la foul, é li dir, mo innoçan di san ça bon dimoune là, ça vou zaffair ! E tou dimoune répond, Lésse so di sen tomb laho nou, é laho nou zanfan. Lherla li rand zot Barabas ; mé li fair fouet Jésu, é li donne li, pour al cricifié.

Lherla band solda gouverner, condir Jésu dan palé, é zot rassemblé otour li, tou le réziman. E zot tir so leinz, é met laho li éne rob écarlat. E zot tresse éne couronne pikan, é met laho so la tet, é zot met éne rotein dan so la main droat ; é zot azounou divan li, é zot mok li, é zot dir, Nou salié toa, lé roa nacion Juif. E zot crace laho li, é zot pran rotein là, é bat li laho so la tét. E kan zot ti fine fini mok li, zot tir ça rob là avec li, é met so leinz ancor, é zot améne li pour al cricifié li.

E coman zot sorti, zot trouv éne hom péyi Cyrène, li ti appel Simon : é zot force li al avec zot, pour li apport so la croa. E kan zot ti fine arriv dan éne l'androa appel Golgota, ça ki vlé dir : l'androa éne crâne, zot donne li boar di vein ki ti fine mélé avec fiel, mé kan li ti fine gouté, li na pa ti vlé boar ça. E kan zot ti fine cricifié li, zot ti partaz so leinz antr zot ; pour ça, zot tir o sor, pour ki ça ki profet ti fine dir, ti bizoein accompli : zot fine partaz mo leinz antr zot, zot fine tir o sor pour mo rob. E zot sizé, é zot véy li là. Pour montré pourkifair li ti fine condané, zot ti met éne écrito an l'air acot so la tet : ÇA MEM JÉSU, LÉ ROA NACION JUIF. Avec li, zot ti cricifié dé voler, éne acot so la main droat lot acot so la main gos. E dimoune ki passe par là, einsilt li, zot sacouy la tét, é zot dir : Toa ki détrir le tampl, é ki rébatir li dan troa zour, sov to lé cor ! si toa, le Fis de Dié, désçand laho la croa. Mem çoz ossi, band cef prétr avec scrib é zanciein, zot mok li, é zot dir : Li fine sov lé zot, é li napa capav sov li mem : si li lé roa Israël, ki li désçand laho la croa asterla, é nou va croar li. Li met so confians avec Bondié, lésse Bondié sap li aprézan, si li vlé li, parski li fine dir : moa le Fis de Dié. Ça voler là ossi, ki ti fine cricifié avec li, zot einsilt li la mem çoz.

Dipi siziem lher la zourné ziska néviem lher, ti fair noar partou péyi. E pros néviem lher, Jésu criyé avec éne la voa for : Eli, Eli, lama sabachthani ? Ça ki vlé dir, Mon Dié, mon Dié, pourkifair to fine abandonne moa ? E kik tans ki ti apré dibout là, kan zot tand ça, zot dir : Cet hom la apré appel Eli. E lherla mem, éne d'ant zot galoupé, pran éne l'éponz, rampli li avec vinég, met li laho éne brans, é donne li boar. E lé zot dir : Léssé don, ano guetté si pa Eli vini, pour sap li. E kan Jésu ti fine criye ancor éne foa biein for, li ti rand so l'espri. Avla ki lherla mem, voal dan le tampl ti décir an dé, dipi laho ziska anba, é la ter tramblé, roce fand, tomb ouver, plein lé cor dimoune sén, ki ti fine mor, ti lev ancor. E apré la rézirékcion Jésu, zot sorti dan zot tombe, zot rantr dan la vil sainte, é zot ti parét divan boucou dimoune.

Zofficié çantenié av tou ca ki ti avec li apré véye Jésu, kan zot ti voar la ter tramblé, é tou ça ki ti fine arrivé, éne gran la per ti sézi zot, é zot dir : Pour sir mem, cet hom là ti le Fis de Dié. E éne band fam ti là, apré guetté dé loein, zot ti fine sivré Jésu dipi péyi Galilé, pour servi li ; parmi zot ti éna Marie Madeleine, é Marie maman Jac avec Joses, é maman dé garçon Zébédé.

E kan ti fine fair a soir, éne hom rish vini, sorti la vil Arimathé, li ti appel Josef, li ossi ti éne discip Jésu, cet hom là al av Pilat é li dimand lé cor Jésu. Lherla, Pilat commandé donne li. E Josef pran lé cor là, é anvelop li dan éne leinz blan prop, é dépoz li dan éne tombe nef, ki Josef ti fine fair tayé dan éne gran roce, pour li mem, apré ça, li roul éne gran roce laho l'ouvertir tombo, é li allé. E Marie Madeleine ti là, é lot Marie, apré sizé vizavi tombo.

Landimain ki li zour apré Préparacion, band cef Prétr avec Phariziein ti fine rassam­blé pros Pilat, é zot dir : Sénier nou rappelé ki ça tromper dimoune là, ti dir kan li ti ancor vivan : Apré troa zour, mo va lev ancor. Abé donne l'ordr pour véye ça tombo là ziska troaziém zour, prangar so discip capav vine volor so lé cor, é ki zot va dir tou dimoune, li ti fine mor, li fine lev ancor, é ça dernié trompé là, va pir ki promié. Pilat dir zot : Vou éna la gard, al vou cimein, é fair gard tombo, coman vou capav. Com ça zot allé, zot fair véye tombo, zot poz scellé laho roce, é zot met éne band gard ossi.

 

 

ÇAPIT XXVIII.

 

TAR apré Saba, coman promié zour la semaine commance parét, Marie Madeleine vini avec lot Marie pour voar tombo. E avla ki ti éna éne gran trambleman de ter : parski éne anz le Sénier ti desçand, sorti dan le ciel, é li ti vine roul ça roce là éne coté, é li siz laho li. Li ti ressamblé éne zéclair, é so leinz blan coman la neiz ; é a fors zot per li, gardiein ti tramblé, é zot vine coman dimoune mor. E anz là parlé é li dir avec fam : Pour vou, na pa bizoein per, parski mo conné ki vou rod Jésu ki ti fine cricifié. Li na pa ici ; parski li fine lévé, coman li ti dir, vine guet l'androa acot le Sénier ti étandi. E al vitman, é dir so discip, Li ti mor, li fine lev ancor ; é avla li al divan vou dan péyi Galilé, là vou va voar li : avla mo fine parl vou. E zot kit tombo là, à la hât, avec la per, é éne gran contantman, é zot ti galoupé pour donne nouvel so discip.

E avla Jésu rancontr zot, é li dir, Mo salié vou. E zot vini, zot attrap so li pié, é zot ador li. Lherla Jésu dir zot, Na pa per, al dir mo frer, ki zot al dan péyi Galilé, é là zot va voar moa.

E coman zot apré allé, avla kik zans la gard, vine dan la vil, é zot parl band cef prétr tou kik çoz ki ti fine arrivé. E kan zot ti fine rassamblé avec zanciein, é zot ti fine pran conséy ansamb, zot donne band solda, boucou l'arzan, é zot dir : dir so discip ti vini dan la noui, é zot ti volor li, coman nou ti apré dormi. E si ça vine ziska zoréy gouverner, nou va apéz li, é nou va tir vou dan l'ambara. Com ça, zot pran l'arzan, é zot fair coman ti fine montré zot : é ça parol là, ti répand parmi nacion Juif, ziska prézan.

Mé so onz discip ti al dan péyi Galilé, laho montaïn acot Jésu ti fine donne l'ordr allé. E kan zot ti voar li, zot ti ador li, mé kik zéne ti douté. E Jésu ti vine pros é ti parl zot, é li dir : Fine donne moa tou pouvoar dan le ciel é laho la ter. Abé allé, é fair tou nacion vine discip, é batiz zot dan nom le Per, le Fis, é Saint Espri ; montré zot gard tou ça ki mo fine comand vou, é avla mo touzour avec vou, ziska la fein di mond.      Amen.

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auteur=1888_baissac_1888

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1888 Baissac

 

I

<CM>ZISTOIRE IÈVE AV TOURTIE DANS BORD BASSIN LÉROI

 

Longtemps longtemps dans payi Maurice, ti éna éne léroi qui ti gagne éné [sic] grand bassin. Làdans même li té baingne so lécorps tous lé bomatins, à cause docteir ti commande li. Avlà éne zour li arrive dans bord bassin ; dileau sale, napas capave baigné. Léroi appelle gardien, bourre li. Lendimain, dileau sale. Troisième zour, dileau sale. Léroi pèse gardien dans licou, li sacouyé, li dire li :

— Eh ! toi, to vlé mo trape lagale dans ça dileau là ? Quand dimain bassin napas prope, to va guété sipas mo ronflé toi !

Gardien peir. Asoir li prend fisil, li cacié dans feilles sonzes bord bassin ; lanouite noir noir, napas laline. Lheire canon tiré, li tende doumoumde [sic] vini ; li couté : tac, tac, tac ; ça ti éne iève ! Avant gardien gagne létemps lève fisil, iève vine drette av li, li dire li :

— Bonzour, bonzour, gardien ! Comment mo content trouve vous ! longtemps ça même mo rôdé, à cause mo iéna bon bon quiqueçose pour donne vous. Goûte ça dimiel mo famiie fine envôye moi Trois Zilots ! vous va dire moi sipas zamais vous ti trouve dimiel comment ça.

Gardien prend calebasse, li avale éne gorzée :

— Si fait va ! li goût même.

Gardien tacé sembe calebasse là, li vide li. Mais mo sipas qui zespèce féyaze iève fine mété dans dimiel là : gardien nèque létemps allonze so lécorps dans bord bassin ; sôméye pèse li, li ronflé. Iève rié, li tire so linze, li pique dans bassin.

Iève là malice ; lhére li assez, li sourti dans bassin, li casse ène longue bâton, li brouille la boue, li faire éne dileau çocolat dans bassin là ; li allé.

Grand bômatin léroi vini. Li nèque guette so dileau : napas appelle en colère ça ! Gardien encore dourmi dans bord bassin ; léroi touque ça bâton là même qui iève té brouille dileau, li tombe làhaut gardien, beirré, ronflé, manman ! Gardien napas longtemps pour lévé ; lézailes av li ! li vanné même, li sauve dans bois, zamais li fine tourne encore.

Léroi faire sonne trompette : « Bisoin éne gardien pour veille éne bassin : houite piasses par mois, dimi balle douriz, vivres magasin. Mais quand gardien là laisse doumounde brouille dileau dans bassin, va coupe so licou. » Zanimaux tende ça crié là, zaute tout peir, personne napas dimande pour prend place : coq peir, licien peir, lazoie peir.

Trois zours passé. Iève baigné, brouille dileau ; léroi napas coné qui li va faire, so lécorps commence gratté même dipis septe zours qui li napas capave baingné.

Quatrième zour, zofficier léroi vine dire li qui iéna éne doumounde qui dimande gardien bassin. Léroi dire : faire rentré ! Çá ti éne faye tourtie. Léroi guette li, li comence en colère :

— Toi ça qui va fouti empèce doumounde sale mo dileau ?

— Oui, mo roi ! moi-même ça !

— To conne condition : quand dileau brouillé, mo va saute to licou !

— Oui, mo roi ! mo conne condition ; et coment la viande tourtie bon pour manzé, vous va capabe faire cari av moi. Mais mo crois pas qui vous pour goûte moi ça voyaze là ! vaut mié vous dire vous cousinier plime éne manman poule.

— Bon, mo commère ! dimain bomatin nous va guété. Rente dans to louvraze àsoir.

Tourtie allé. Li alle lacase so camrade ; li faire li frotte so lacoque partout partout av goudron. Lheire soleye coucé, li arrive bord bassin, li pelote dans ptit cimin à cote iève pour passé, li aspéré.

Tac, tac, tac, iève vini. Iève trouve ça quiqueçose noir noir là dans milié cimin, li arrêté, li guété. Latête tourtie fine ramasse en bas lacoque : narien bouzé. Tac, tac, tac, iève approce doucement doucement, narien bouzé. Iève maziné ; li vire viré, li guété, li guété : narien bouzé. Bon moment li reste tranquille, tranquille ; tourtie coment roce même. Ça coup là, lékeir iève arrête batté, li naplis gagne peir, li dire :

— Roce même ça, donc ! mo conné astheire ! Eh vous zaute ! léroi là éne bon doumounde oui ! bien sîr ça éne ptit banc qui li fine comande so domestique amène dans bord bassin pour mo capabe assisé, lhere mo bisoin tire quilotte pour alle baingne mo lécorps dans son dileau !

Iève rié ; li assise làhaut roce. Coment dire roce là bouze bouze morceau. Iève senti ça, li nèque dire :

— Comme ça même domestiques travaille dans paye Maurice ! zaute fine blié cale mo fauteil.

Ene coup là li vlé dicendé pour cale son ptit banc : napas môyen bouzé, li fine tace av goudron. Tourtie sourti so latête en bas lacoque :

— Qui to croire, compère ? Moi, mo croire qui ça voyaze là to maillé même !

Iève sec. Mais li bisoin sayé pour çappe so lavie ; li dire tourtie :

— Hé toi ! hé toi, commère ! to voulé badine av moi, hein ? Avlà mo cause doucement : largue moi, largue moi, mo dire toi ! napas faire mo colère lévé !

Tourtie tè comence marcé pour amène li lacase léroi ; li nèque dire li :

— Quand to content : causé pour soulaze to lécorps.

— Ene fois ! dé fois ! to napas voulé largue moi ?

Bam ! iève flanque li éne coup lapatte derrière : lapatte côlé ! Bam ! laute lapatte oussi tacé. Tourtie napas oquipe ça, li marcé, li sive so cimin. Iève dire li :

— Et toi ! mo plis fort dans mo lapatte divant, oui ! Coute moi ! largue moi bon keir !

Tourtie marcé, napas réponde. Boum ! éne coup lapatte gauce. Boum ! éne coup lapatte droite : collé ! collé ! Iève so quate lapattes amarre coment éne coçon qui camilas amène dans bazar. Mais pauve malhéré là bisoin saye encore. Li faire vantard av tourtie, li dire li :

— Acoute bien : mo cause éne dernière fois. Tout mo laforce dans mo latête, ène marteau fer ça ! Quand mo tape éne coup lhaut toi, mo crase toi coment éne papaye mir. Largue moi, mo dire toi, largue moi !

Tourtie marcé, napas réponde narien. Iève lève lève la tête, ramasse tout so la force, tape éne coup, Bôm ! latête côlé.

Avla zaute fine arrive lacase léroi : tourtie rié, iève ploré.

Quand léroi trouve ça iève là colle collé làhaut tourtie, quamême li en colère li blizé rié. Tourtie dire li :

— Avlà li là, mon roi ! Napas tourtie qui vous pour manze dans vous diné, mais iève qui vous va manzé ; quand couit li av divin li bien bon.

Léroi tire so sabe, li saute la tête iève, li envôye lacousine. Après ça li appelle so domestique :

— Et toi ! Mo alle baingné. Vine frotte moi dans dileau : mo lécorps sale, oui !


 

 

 

II

ZISTOIRE COLOPHANE

 

Ti éna éne fois éne grand léroi qui ti reste dans éne grand grand lacase. So lacour té rempli dibois tout qualité. Li ti énan bon morceau larzent, li ti énan éne bande zanimaux ; mais ti éna nèque éne domaze : so bassin té sec, napas ti éna éne goutte dileau.

Ene zour, léroi mazine maziné qui li a capabe faire pour gagne dileau. Ene coup là li appelle çouval li dire li coume çà : « To va alle lacase grandmanman Zergnée, to va dimande li qui mo bisoin faire pour faire dileau coulé. To nèque pique éne lacourse, oui ! mo aspère toi ici. » Çouval dire : « Bon, mo roi ! » li allé, li largué.

Arrive lacase zergnée li dire li : « Bonzour, bonzour, manman zergnée ; léroi dimande vous qui li bisoin faire pour faire dileau coulé ? »

Zergnée dresse lhaut so lapatte ; li guette guette çouval, li dire li : « Cause léroi coupe colophane : dileau va coulé. »

Çouval allé, li galoupé. Mais dans cimin so lipied cogne éc éne cicot tamanicoque. So lipied gagne dimal même, li blizé zoure tamanicoque là, li arrive lacase léroi.

Léroi dimande li qui zergnée fine causé. Çouval qui ti nèque mazine tamanicoque dire léroi coume ça : « Zergnée dire vous coupe tamanicoque, dileau pour coulé. »

Léroi content ; li coupe tout pieds tamanicoque dans so bitation : dileau napas coulé. Léroi en colère : li faire pèse çouval, li saute so latête. Lheire là li faire appelle vace.

Vace vini, léroi envôye li encore lacase grandmanman zergnée. Zergnée dire li encore : « Coupe colophane. »

Coment vace tourné, li gagne faim. Li rôde l'herbe pour manzé ; lherbe napas ; li blizé manze so feilles banoir tende. Mais feillaze là amer dans so labouce. Lheire li arrive lacase léroi, léroi dimande li qui zergnée fine causé ; dans labouce vace nèque banoir même, li dire léroi : « Zergnée cause coupe banoirs. »

Léroi content ; li faire coupe tout banoirs, dileau napas coulé, bassin sec. So colère léroi lève encore ; li faire tchiombo vace, li faire touye li.

Avlà papa iève vine faire vantard av léroi, li dire li : « Mais, mon roi, qui faire vous donne vous commissions doumondes bête coume ça ! mo là même et vous en peine trouve quiquène ! — Ah ben, allé, compère. »

Iève largué ; li arrive lacase zergnée, zergnée dire li : « Mais coupe colophane, donc ! »

Comment iève tourne lacase léroi, li zoinde éne çasseir. Iève trouve fisil, houn ! li bourre dans carreau cannes, li caciette en bas lapaille, li reste trois zours. Lheire lanouite noir noir li sourti, li arrive lacase léroi. Mais li beau gratte gratte la tête li naplis capave souvini son nom colophane, li dire léroi : « Coupe badamiers ! »

Badamiers en bas, dileau napas coulé. Léroi saute latête iève ; li envôye li lacousine, la moquié rôti, larestant couit av divin.

Mais léroi çagrin ; son bassin sec. Tourtie approce à côte léroi, li dimande li pour alle faire so commission av zergnée. Quand même léroi çagrin, li blizé rié : « Et toi, commère, mais quand ça qui to pour tourné ? — Mo va tourné quand mo va tourné, mon roi ; mais quand mo va tourné vous va gagne vous réponse. » Léroi laisse li allé.

Tourtie marcé, marcé, tranquille, tranquille, mais touzours li drète dans son cimin, zamais badiné. Li arrive lacase zergnée, li dimande li qui magnière léroi va gagne dileau dans so bassin. Zergnée ça vôyaze là en colère : « Mais zaute embête moi donc av zaute bassin ! quand dileau napas, mette calou, qui mo embrasse ! » Tourtie cause doucement doucement av zergnée, li enguèse enguèse li, zergnée dire li : « Coupe colophanes. »

Tourtie tourné. Si pas trois mois passé léroi trouve li vini dans loin. Li dire av so madame : « Vous content laviande tourtie, vous ? mo croire qui nous pour en manzé pour dîner. » Léroi appelle cousinier pour napas perdi létemps.

Cousinier vini, tourtie vini. Léroi dimande av tourtie : « Ah ben ? — Ah ben ! coupe colophane, mon roi ; dileau pour vine dans bassin. » Léroi croire qui ça encore éne mauvais bagout ; li en colère, li dire av tourtie : « Mo faire coupé, mais quand dileau napas vine dans mo bassin, tourtie qui va vine dans mo marmite. »

Cerpentier léroi coupe tout colophanes. Qui vous croire ? Tout partout à côte bassin avlà laterre qui plore plore dileau. Miraque ! bassin plein !

Léroi si tant content qui li dire cousinier : « Touye dindes, touye lazoies, touye pintades, touye pizons ! mo donne grand grand dîner à soir pour nous baptise bassin. Et, napas éne baptème lérat, oui ! »

Zaute manzé, zaute boire. Mais sipas vous maziné qui zaute boire dileau bassin ? Léroi bête, li ! dileau là pour baingné : zaute boire divin av laliqueir.

Mo dimande nèque éne ptit verre : zaut flanque moi éne coupdepied, mo tombe ici.


 

 

 

III

ZISTOIRE IÈVE LÉLÉPHANT AV BALEINE

 

Ene zour papa Iève ti après proméné. Li arrive bord lamer. Comment li après guette guette ça grand dileau là, li trouve Baleine passé. Iève même blizé toné à force li gros : « Manman ! napas appelle éne papa zanimaux ça ! » Li crïe av Baleine : « Eh vous ! eh vous ! approce morceau : mo énan dé mots pour cause av vous. »

Baleine approce à terre ; Iève dire li :

— Bien sîr vous gros ; mais napas so grosseir éne doumounde qui faire so laforce, so lénerfs qui faire so laforce. Moi qui tout pitit là, vous voulé parié qui mo plis fort qui vous ?

Baleine guette li, li rié. Iève dire li :

— Couté. Mo alle çace éne gros gros lacorde. Vous amarre éne boute dans vous laquée, mo amarre éne boute dans mo léreins. Çaquéne hisse son côté. Parié mo amène vous dans séc.

— Alle çace vous lacorde, mo pitit, nous va guété.

Iève quitte baleine. Li alle dans bois, li zoinde l'éléphant, li dire li :

— Gros gros latête, ptit ptit laquée : zamais zense taillé ça magnière là capav éna grand laforce. Mo tout pitit ; mais quand mo bitte av toi, parié mo casse toi, mo blize toi largué.

L'éléphant guette Iève, li rié. Iève dire li :

— Couté. Mo alle çace éne gros lacorde. To amarre éne boute dans to léreins, mo amarre éne boute dans mo léreins. Çaquéne hisse son côté. Parié mo amène toi coment ptit posson dans boute laligne.

— Alle çace to lacorde, mo camerade, nous va guété.

Iève alle çace éne manman lacorde. Li donne éne boute av baleine, li dire li: « Amarre bien séré. Lheire mo va crïe vous : Avlà mo fine paré, hissé ! nous dé nous va hisse ensembe. »

Baleine amarre lacorde dans so laquée, li aspéré.

Iéve amène laute boute lacorde av léléphant, li dire li : « Amarre séré même. Talheire mo va crïe toi mo paré ; lheire là çaquéne va hisse son coté. »

Léléphant amarre lacorde dans so léreins, li aspéré.

Iève alle pelote dans brousses. Li crïe éne coup : « Mo paré, hissé ! » Baleine hisse son côté, léléphant hisse son côté. Lacorde là vine raide coment éne lacorde bôyau làhaut viélon. Zaute mété même, personne napas capabe amène so camerade ; hissé, hissé, hissé. Plack !!! Lacorde péte éne coup ! Léléphant manque so quate lipieds, li roulé ; Baleine pique dans corail, li blessé. Iève arrive av léléphant : « Aio, mo camerade ! quiquefois to fine gagne dimal ! Mais qui faire oussi to saye zoué av doumounde qui plis fort qui toi ! » Léléphant reste séc, qui li a dire ? Iève arrive av baleine dans bord lamer, li trouve dileau rouze av disang, li crïe baleine : « Domaze vous fine blessé, mo çagrin qui vous fine gagne dimal ; mais qui faire oussi vous vantard à cause vous gros gros coment éne navire ! vantard napas bon ! » Baleine gaga, qui li capabe réponde !

Ça magnière là qui Léléphant av Baleine blizé croire qui Iève plis fort qui zaute.


 

 

 

IV

ZISTOIRE PTIT ZEAN LAQUÉE BEIF

 

Ti éna éne fois éne ptit garçon qui té apelle ptit Zean.

Ene zour, côment li alle badiné, dans so badinaze li gagne éne sauterelle. Li dire so papa :

— Papa, papa, guette éne sauterelle qui mo fine gagné dans mo badinaze.

So papa prend sauterelle, donne li éne flèce.

Ptit Zean allé ; li zoinde so manman, li dire li :

Manman, manman, guette flèce mo fine gagne av papa, papa qui fine prend mo sauterelle, sauterelle mo fine gagne dans mo badinaze.

So manman prend flèce, li donne li éne coco.

Ptit Zean allé ; li arrive bord larivière, li zoinde éne ningresse qui après boire dileau dans lamain, li dire li :

— Ningresse, ningresse, côment to bête boire dileau dans lamain ! Alà éne coco ; cassé, manzé : to va gagne so lacoque pour prend dileau.

Ningresse prend coco, cassé, manzé. Ptit Zean comence ploré, li dire ningresse :

— Ningresse, ningresse, mo napas cône ça ! Rende mo coco, coco mo fine gagne av manman, manman qui fine prend mo flèce, flèce mo fine gagne av papa, papa qui fine prend sauterelle, sauterelle mo fine gagne dans mo badinaze.

Ningresse donne li éne pognée lentii.

Ptit Zean allé ; li arrive grand cimin, li zoinde éne pizon qui après manze ptit roces là haut laterre, li dire li :

— Pizon, pizon, coment to bête manze ptits roces dans grand cimin ! Avlà lentii, ramassé, manzé.

Li fane lentii divant pizon, pizon manzé. Ptit Zean comence ploré, li dire pizon :

— Pizon, pizon, mo napas cône çà! Rende mo lentii, lentii mo fine gagne av ningresse, ningresse qui fine prend mo coco, coco mo fine gagne av manman, manman qui fine prend mo flèce, flèce mo fine gagne av papa, papa qui fine prend mo sauterelle, sauterelle mo fine gagne dans mo badinaze.

Pizon donne li éne plime.

Ptit Zean allé ; li arrive a cote lécole, li zoinde éne zécolier qui après écrire dans papier av éne ptit morceau dibois, li dire li :

— Zécolier, zécolier, coment to bête écrire dans papier sembe éne ptit morceau dibois ! Avlà éne plime, taille li, faire to louvraze.

Zécolier prend plime, taille li, faire so louvraze. Ptit Zean comence ploré, li dire zécolier :

— Zécolier, zécolier, mo napas cône ça ! Rende mo plime, plime mo fine gagne av pizon, pizon qui fine prend mo lentii, lentii mo fine gagne av ningresse, ningresse qui fine prend mo coco, coco mo fine gagne av manman, manman qui fine prend mo flèce, flèce mo fine gagne av papa, papa qui fine prend mo sauterelle, sauterelle mo fine gagne dans mo badinaze.

Zécolier donne li éne vié cahier.

Ptit Zean allé ; li arrive divant éne laforze, li trouve forzeron qui après allime so difé av lapaille mouillé, li dire li :

— Forzeron, forzeron, coment to bête allime to difé av lapaille mouillé ! Avlà papier sec, prend li, allime to difé.

Forzeron prend papier, allime so difé. Ptit Zean comence ploré, li dire forzeron :

— Forzeron, forzeron, mo napas cône ça. Rende mo papier, papier mo fine gagne av zécolier, zécolier qui fine prend mo plime, plime mo fine gagne av pizon, pizon qui fine prend mo lentii, lentii mo fine gagne av ningresse, ningresse qui fine prend mon coco, coco mo fine gagne av manman, manman qui fine prend mo flèce, flèce mo fine gagne av papa, papa qui fine prend mo sauterelle, sauterelle mo fine gagne dans mo badinaze.

Forzeron donne li éne laquée beif.

Ptit Zean allé ; li arrive bôrd lamer. Li entére laquée beif dans lasabe, li quitte éne ptit boute dohors. Li couri lacase léroi, li cômence ploré, li dire léroi :

— Léroi, léroi, donne moi cinquante doumoundes pour mo alle tire mo beif qui fine enterre dans lasabe so boute laquée dohors.

Léroi donne li cinquante doumoundes. Zaute arrive bord lamer, zaute hisse laquée beif, laquée beif sourti.

Ptit Zean tourne lacase léroi, li comence ploré, li dire léroi :

— Léroi, léroi, zense là fine casse laquée mo beif, mo beif fine alle dans fond lasabe, mo beif perdi.

Léroi là té gagne bon keir : li faire ptit Zean cadeau éne vace.

Ça zour-là, dernier fois qui dans paye Maurice mo fine voir éne sauterelle qui fine vine éne vace !


 

 

 

V

ZISTOIRE BONHOMME FLANQUÈRE

 

Ti éna éne bonhomme appéle bonhomme Flanquère.

Bonhomme Flanquère ti éna éne vace. A force vace là maigue, éne zour vace là mort. Bonhomme Flanquère corce li, tire so lapeau, méte sec.

Lhére lapeau fine sec, bonhomme prend lapeau là, méte li làhaut so latéte, alle vende li. Bonhomme rente lacase doumounde, rente tous laboutiques ; personne napas voulé acéte lapeau là.

Coment bonhomme Flanquère marcé, marcé, li arrive dans grandbois. Lazambe lassé à force pile cimin, li assise embas [sic] éne pied zarbe.

Dans son posé là, avlà li tende placata, placata ; té éne bande quarante voleirs qui té vine làhaut çouvals. Bonhomme peir zaute trouve li : li monte dans pied zarbe av so lapeau vace.

Voleirs vini, arréte çouvals, assise ziste enbas pied à cote bonhomme Flanquère té monté.

Zaute tous tire dans poce larzent zaute fine volor ; zaute méte en tas pour faire lapartaze.

Coment bonhomme Flanquère trouve ça bande larzent là, son lizié manimani. So lamain tremblé, li largue lapeau vace. Lapeau sec : badabam, bam ! lapeau tombe dans milié voleirs. Voleirs napas coné qui çiça ; zaute largue larzent, saute lahaut çouval, piqué. Flanquère dicendé, pèse larzent, améne dans so lacase.

Flanquère acéte éne belbel calèce av dé çouvals. Li alle bazar, li acéte éne cace léguimes, li donne cinque piasses. Lhére rende li lamonaie, li napas oulé prend.

Domestique léroi trouve ça, li tourne lacase so maite, li dire léroi :

— Mo trouve bonhomme Flanquère bazar ; li acéte éne cace léguimes, li donne cinque piasses ; coment marçand rende li so restant lamonaie, li napas vlé prend.

Léroi tonné :

— Alle çace moi bonhomme Flanquère, amène li ici.

Lhére Flanquère fine vini, léroi dimande li comme ça :

— Mais, acote to fine gagne tout ça larzent là, donc ?

Flanquère dire li :

— Mo té gagne éne vace ; vace là fine mort ; mo corce li, mo méte so lapeau sec ; lhére lapeau la bien sec, mo vende li : ça même mo fine gagne bonbon morceau larzent.

Léroi blizé bavé. Li maziné : « Mais moi qui gagne grandgrand troupeau beifs, quand mo touye zaute pour vende zaute lapeau, mo va gagne plis boucoup larzent qui Flanquère. »

Léroi faire touye tout so beifs, li faire tire tout lapeau, li mette lapeau sec, li çarze lapeau sec lahaut çarette, li envôye vendé. Personne napas voulé aceté. Çarette roulé, çarette roulé, lapeau pourri, blizé zété à force li pie.

Léroi en colère, couri lacase Flanquère.

Coment Flanquère trouve léroi vini dans loinloin, li mette vitement éne marmite lasoupe lahaut grand difé. Lhére marmite bien bouï, li tire li lahaut difé, li mette li dans miliè [sic] grand cimin.

Marmite bouï. Flanquère pèse so fouète, assomme marmite. Marmite bouï.

Léroi vini, li guété, li guété ; li dire Flanquère :

— Mais qui to après faire là, donc ?

Flanquère dire li :

— Mo roi, mo après bouï mo lasoupe.

— Ça même to magnière bouï to lasoupe ?

— Ça même, mo roi ! Guéte dans vous liziés sipas dileau là napas saute sauté dans marmite ?

Lhére léroi fine tourne dans so lacase, li appéle so cousinier :

— Amène marmite et mette làdans tout quiqçose qui bisoin pour lasoupe.

Cousinier vini.

— Açthère, pose marmite dans milié cimin, pèse fouéte, assomme marmite : la soupe va bouï.

Cousinier assomme marmite ; marmite napas bouï.

— Mais plis fort, donc ! Ronflé ! ronflé même !

Cousinier lévé, fouéte ronflé, marmite çaviré : tout lasoupe dans laterre.

Léroi en colère. Li envôye quate gardes police tchiombô Flanquère. Gardes pèse Flanquère, bourre li dans éne sac gouni, enméné.

Sac là té lourde, oui ! Coment zaute passe divant éne laboutique, gardes lassé. Zense lapolice là, zense latripe, mo dire vous ! Ene coup là ça qui plis faye cien dire av camerades : « Hé zautes ! anons casse éne coup : sac là li lourde, oui ! » Zaute pose sac dans bord cimin, zaute rente laboutique ; çaquéne pour paye so tournée.

Bonhomme Flanquère dans sac couté, couté. Avlà li tende doumoune vini : té éne gardien moutons sembe trois cents moutons. Coment gardien là fine arrive proce, Flanquère commence plaigné dans sac : « Ah ! Bondié ! qui mo va faire ? qui va soulaze moi ? Léroi voulé mo marié so fille, tchiombô moi, mette moi dans ça sac là. Mais moi éne vié doumounde, so fille léroi zène zène. Quand dileau bouï qui mette brèdes ; longtemps mo dileau fine frais ! Qui va soulaze moi ? Qui va prend mo place ! »

Gardien moutons tende ça, li dire Flanquère :

— Eh vous, bonhomme, quand vous content mo va prend vous place.

— Grand merci, monoir ! Bondié va soulaze vous. Largue sac.

Sac largué, Flanquère sourti. Li mette gardien moutons dans so place, li amarre sac, li prend troupeau moutons, li allé.

Avlà gardes police sourti laboutique, zaute léve sac.

— Et vous ! coment dire sac là moins lourde, oui !

— Name cannes av nous, ça méme qui donne nous lafôrce.

Lhére zaute fine arrive lacase léroi, léroi dire :

— Amarre éne gros roce av ça sac là, zette dans bassin.

Sipas dé trois zours passé. Avlà Flanquére passe divant laporte léroi sembe so trois cents moutons. Domestique léroi trouve li, li galpé, li dire léroi :

— Mon roi, mon roi ! alà bonhomme Flanquère passé ! Guette li av so bande moutons !

Léroi faire arréte Flanquère ; li dimande li acote li fine gagne tout ça moutons là.

— Dans bassin, mon roi ! Grand merci vous fine zette moi làdans ; lhére mo va fini vende ça trois cents là, mo va alle çace lautes.

Léroi dire :

— Tout de bon ! Eh ben, mette moi dans sac, zette moi dans bassin !

Mette léroi dans sac, zette li dans bassin. Dileau ouvert, faire grand lérond, sac coulé.

Flanquère dans bord bassin pique éne séga, li çanté :

« Moutons napas cabots,

Mon roi !

Moutons napas cabots. »

Flanquère tourne so lacase ; li rié.


 

 

 

VI

ZISTOIRE ÉNE ZOZO QUI TI PONDE DIZEF LOR

 

Ti éna éne fois éne çasseir qui alle laçasse zozos.

Ene zour li fine maille éne zozo qui té éna plimes doré. Tous lé bomatin ça zozo là ponde éne dizef. Çasseir là vende ça dizef là cousinier léroi. Lhére cousinier casse dizef là pour couit li, li trouve éne boule lor dans dizef. Cousinier malinbougue : zamais li dire ça sembe so maitresse. « Sipas mo béte, moi ! » Tous lé bomatin li garde ça boule lor là pour li.

Ene zour Madame léroi bisoin éne dizef pour faire gâteau. Li alle la cousine ; cousinier napas là. Li prend éne dizef dans pagnier ; li cassé ; qui ous croire ? Boule lor roule enbas. Madame léroi baissé, ramasse boule, sipèse, sipèse li dans so lamain... Cousinier rentré.

— Eh vous, mon garçon, acote vous té gagne dizef là ?

— Ça, éne dizef mo fine aceté sembe éne bonnefemme appéle bonnefemme Laurette, qui so mari çasseir zozos.

Madame léroi napas dire narien, li allé.

Lareine là té gagne éne garçon. Avlà éne zour, coment garçon là aprés promené, li passe divant lacase bonnefemme Laurette, li rentré. Li trouve zozo là, li guette guette li : zozo là zoli coment zamais zozo té zoli.

— Eh vous, bonnefemme ; mais vende moi vous zozo, donc !

— Napas ça, Msié ! Zozo là napas pour vendé !

Garçon léroi badine badine av zozo, vire vire li ; éne coup là li lève so lézaile ; iéna quiqçose écrire en bas lézaile, garçon lire :

« Ça qui manze mo latéte va gagne éne sac larzent tous lé bomatins ; ça qui manze mo lékeir va gagne éne sac lor tous lé asoirs. »

Garçon napas dire narien ; li quitte zozo, li tourne lacase so manman, li raconte li tout çaça.

Zaute dé maziné.

Bonnefemme Laurette té gagne éne ptitfille. Lareine dire so garçon :

— To coné qui nous bisoin faire ? To va marié sembe ptit fille bonnefemme Laurette : to va gagne so zozo.

Garçon léroi couri lacase Laurette, li dire li coume ça :

— Eh vous, bonne femme ! Mo bien content vous mamzelle, mo vlé marié av li, donne moi li ; qui vous dire ?

— Houn ! houn ! Msié ! napas baingne av doumoune. Vous éne fils léroi, mo pitit éne faille faille zéne fille : coment vous voulé mo croire qui vous manman va content éne belle-fille larobe gouni ?

— Mais, bonne femme, manman méme qui fine envoye moi dimande vous pour marié sembe vous pitit !

Bonnefemme rié, li sacouye latéte :

— Eh vous, Msié ! vous enfoutant, oui !

Garçon léroi tourne lacase so manman, li dire li qui bonnefemme Laurette croire qui li cause bagoût ; zaute dé bisoin alle ensembe.

Lareine pèse so çale, mette çapeau, passe bottines dans so lipieds ; zaute tourne lacase Laurette. Lareine dimande bonnefemme lamain so mamzelle pour so garçon ; bonnefemme content, li dire grand merci Bondié.

Alà garçon léroi causé :

— Mais mo faire éne condition : « Zour nous pour marié, va touye zozo plimes doré, et so lékeir av so latéte va mette éne coté pour mo manzé. »

Zour mariaze vini. Garçon léroi donne zozo cousinier, dire li : « Mette éne coté so latéte av so lékeir, couit zaute, mais napas bisoin mette massala : mo napas content. »

Faut vous coné qui bonnefemme Laurette té gagne dé garçons ; et ça garçons-là té cone lire à cause zaute té alle lécole Gouvernement. Zaute aussi té lire enbas lézailes zozo. Zaute veille veillé dans coin lacousine ; cousinier sourti, zaute rentré, zaute volor lékeir av latéte zozo dans marmite, zaute vanné.

Lhére cousinier apporte zozo lahaut latabe, lékeir napas, latéte napas.

Avlà garçon léroi, mo dire vous, fine rentre dans éne mauvais encolère. Li rôde pitis bonnefemme Laurette pour touye zaute.

Mais ça dé pitits là, coment zaute sauvé, zaute rente lacase éne louloup. Louloup là tchiombô zaute, manze zaute.


 

 

 

VII

ZISTOIRE ÉNE MALINBOUGUE

 

Ti éna éne fois éne vié bonnefemme qui ti gagne éne garçon, mais pauvre bougue là té bête bête même. Ene zour so manman envôye li acète ène lahace bazar. Lhére li tourné li nèque zoué zoué av ça lahace là, cogné, coupé. Côment li pour rente lacase, ptit mouton so manman té après manze lherbe dans lacour ; li crié : « Manman, manman, guété qui famé lahace mo fine acète pour vous ! » et li saute latête mouton ène coup même. So manman pèse ène colère, zoure li, dire li qui faire li napas té mette lahace là dans ène çarette lapaille ; malheir napas té va arrivé. Alà ça grand bébète là ploré, ploré, li dimande pardon so manman.

Ene laute fois bonnefemme envôye li acète zaigouïes, li dire li : « To souvini zaffaire lahace, napas bisoin perdi ça zégouïes là, oui ! » Li allé, li tourné. Bonnefemme dimande li : « Eh ben ! acote zégouïes ? » — Napas peir, manman, zaute napas perdi : lhère mo tourné mo té zoinde çarette Msié Zean, mo fine fane zaute dans lapaille. » Bonnefemme guèle ave li : « Qui faire to napas té pique zaute dans to çapeau ! avlà mo larzent perdi encore. »

Ene laute zour manman envôye li acète dibeirre, li dire li : « To souvini zaffaire zégouïes, napas perdi dibeirre là encore. » Li allé, li acète dibeirre, li mette dibeirre dans so çapeau. Soléye piqué, fonde dibeirre ; dibeirre coule làhaut so figuire, làhaut so linze, li rente lacase sale côment ène coçon. So manman nèque lève lamains en lair : « Qui faire Bondié té mette toi lahaut la terre ! bourrique va ! »

Alà quiquefois ène mois passé. So manman donne li dé volailles pour alle vendé : aceté li napas côné, quiquefois vendé li va coné : « Mais napas bizoin donne ça volailles là prémier prix qui zense va offert toi, attende sécond prix. — Bien sir, manman, mo va attende sécond prix ; vous croire mo bête ? » Li allé. Li zoinde éne cousinier, cousinier dimande li combien so poules. « Faire vous prix vous même. » Cousinier prend volailles, tâte tâté : « Sept lives dix sous, quand vous content. — Ça vous prémier prix, qui vous sécond ? » Cousinier voulé baigne ave li, li dire li six lives cinq sous. « Prends six lives cinq sous : touzours sécond prix qui mo vendé. » Li tourne lacase li raconte ça so manman. Bonnefemme firié, voulé batte li, li blizé lofé.

Ça fois là bonnefemme donne li éne mouton pour alle vendé : « Mais pour mo mouton là napas faire coment to té faire pour mo volailles ; coute bien ça qui mo causé. Zense va faire toi ène prix, laisse zaute monté, monté zisqu'à naplis capabe; lhère là to va donne mouton. To fine tendé, napas blyié ça qui mo fine dire toi. » Li allé. Li zoinde ène boucer ; boucer offert li houite roupies. « Napas moyen ça, faut vous monté. » Garçon ça boucer là qui té conne ça pauve bougue là, tire lamance so papa, dire li : « Papa, napas mèle làdans, laisse moi, mo coné coment faire zaffaire ave li. » Té iéna éne zécelle appiye dans miraille à côte zaute ; garçon boucer monté ; prémier barreau lécelle là li crïe : « Sept roupies » ; li monté, li crïe : « Six roupies » ; li monté, li crie : « Cinq roupies » ; lhère li làhaut même, napas barreau encore, li crïe : « Dé roupies, et mo naplis capabe monté, to trouvé ! — Eh ben ! naplis capabe monté, qui à faire ? Prend mouton, donne dé roupies. » Li tourne lacase, li donne manman so dé roupies, li raconte li tout zaffaire. Bonnefemme pèse ène lamance balié, tombe làhaut li, misire li ; pauve bougue là souque ène coup dans latête, li vine fou.

Dipis ça zour là zamais mo té trouve li encore vine bazar.


 

 

 

VIII

ZISTOIRE ZEAN AV ZEANNE

 

Ti éna éne fois éne bonhomme loulou av so bonnefemme. Zaute té gagne éne ptit fille appelle Zeanne, et dans zaute lacase ti éna éne ptit garçon appelle Zean, éne marmaille qui bonnefemme loulou té ramasse làhaut grand cimin.

Souvent bonhomme loulou dire av so bonnefemme : « Côment mo envie manze Zean ! » Mais zamais bonnefemme voulé, à cause Zean qui zaute domestique, touzours dans so louvraze, touzours travaille prope, zamais répondeir. Ptit Zeanne oussi té bien content Zean, à cause Zean bien bon pour li, zoué av li, amise li, faire tout ça qui li content.

Ene zour bonhomme loulou amène Zean dans bord grand bois, li dire li :

— Avlà zarbes, avlà éne lahace, avlà éne lascie, avlà éne rabot, arranze moi éne navire qui marce partout dans roces. Li houit héres ; dix héres mo tourné. Quand navire là napas fini, mo manze toi !

Ptit Zean prend zoutils, coupe dibois, taillé, mette en place, essaye arranzé : li napas bien. Qui li va faire ? Li pèse zoutils, li zette làbas, li tombe dans lherbe, li ploré.

Neif héres dimi comme ça, avlà Zeanne vini pour amène Zean so manzé. Li trouve Zean après ploré, li dire li comme ça :

— Mais, Zean, qui to éna ? qui faire to ploré ? qui to bisoin çagrin ?

Li tire mouçoir dans poce, li souye liziès Zean.

Zean réponde li :

— Guetté, Mamzelle. Ous papa fine donne moi pour faire éne navire qui alle partout dans roces. Lhére li tourne dix heires, quand navire napas fini, li va touye moi, li va manze moi.

Zeanne rié. Li dire Zean :

— Ça même qui to ploré ?

Avlà Zeanne cause doucement doucement : navire fini. Zeanne allé.

Dix heires sonné. Bonhomme loulou tourné, li guette navire là, li dire :

— Si fait, Zean ! to brave coment mo même.

Lendimain, bonhomme loulou amène Zean bord larivière. Li donne li éne pagnier napas éna fond, li dire li :

— Plonze dans dileau là, tire moi dé pirogues posson. Li houit héres ; dix heires mo tourné. Quand mo dé pirogues posson napas là, mo va manze toi.

Zean plonzé. Li lève pagnier, pagnier vide. Qui a faire ! Li zette pagnier làbas, li assise dans bord dileau, li ploré.

Approçant neif heires dimi, avlà Zeanne vini pour amène Zean so manzé. Coment li trouve Zean après ploré li dire li :

— Mais, Zean, qui faire plore encore, donc ! Mais qui to éna ?

— Guété, Mamzelle ! Vous papa fine donne moi ça pagnier napas éna fond là pour mo tire dé pirogues posson. Lheire li tourne dix heires, quand so dé pirogues posson napas là, li va touye moi, li va manze moi !

Zeanne nèque prend pagnier, li plonzé, éne coup même li tire dé pirogues posson.

Zean manze bon keir ; Zeanne allé.

Dix heires sonné, bonhomme loulou vini. Li trouve tout ca bande posson là, li dire :

— Si fait, Zean ! to brave côment mo même.

Lendimain, bonhomme loulou amène Zean làhaut éne grand lamontagne. Li donne Zean éne pioce diplomb sembe éne gratte diplomb, li dire li :

— Avlà éne bon pioce, avlà éne bon gratte. Fouille tout ça lamontagne là, plante maïe. Li houit heires, açthére ; lhére mo tourne dix heires, quand tout lamontagne napas fine fouillé, quand tout maïe napas fine poussé, mo pour manze toi !

Ptit Zean prend pioce, li tape éne coup : pioce plôyé ; li prend gratte, li gratte éne coup : gratte dressé. Narien pour faire ! Li zette pioce av gratte ; li assise lhaut éne roce, li ploré.

Zeanne arrive apporte manzé :

— Eh toi, Zean ! encore ploré, touzours ploré. Mais qui çaça, donc ?

— Guété vous même, Mamzelle ! Vous papa donne moi ça faille pioce là sembe ça faille gratte là ; li comande moi fouille tout lamontagne, plante maïe. Lheire li tourné, quand lamontagne napas fine plante boute en boute, quand maïe napas fine mîr, li pour touye moi, li pour manze moi !

Zeanne prend pioce, pioce éne coup ; prend gratte, gratte éne coup : avlà lamontagne fine fouillé boute en boute, maïe levé, maïe poussé, maïe mîr.

Lhére bonhomme loulou tourné, li guette ça, li causé :

— Si fait, Zean, si fait va ! to brave coment mo même.

Lendimain, bonhomme loulou lève Zean grandgrand bômatin, li amène li dans lacour, li dire li :

— Azourdi, ici même qui nous pour travaille, éna éne ptit louvraze pour nous dé. Avlà éne gros roce, avlà éne dizef canard. Pose dizef en bas, zette roce lahaut li ; mais prend gare to casse mo dizef ! quand dizef cassé, mo touye toi, mo manze toi !

Pauvre Zean ! qui magnière li capabe çappé. Li pose dizef enbas, li prend roce, li zété : dizef crasé. Loulou, mo dire vous, largue éne guélé, li tchiômbo Zean, li çarze li lhaut so lédos, li çarrié li dans fond lacour, ouvert éne ptit lacase, zette li làdans, fréme laclé.

Coment loulou tourne grand lacase, li zoinde Zeanne dans milié cimin, li dire li :

— Alle vitement lacousine, rempli çaudière, faire bouï dileau, mo bizoin pour bouillante Zean.

Zeanne couri lacousine, li ramasse trois ptit roces. Li dire prémier ptit roce là :

— Lhére papa va crié pour dimande moi sipas difé fine allimé, to va réponde li : « Oui, papa, li flambé même. »

Zeanne zette prémier ptit roce dans çaudière. Li prend sécond ptit roce, li dire li :

— Lhére papa va crié pour dimande moi sipas dileau coumence bouï, to a réponde li : « Oui, papa, li coumence çanté ! »

Zeanne zette sécond ptit roce dans çaudière. Li prend dernier ptit roce, li dire li :

— Lhére papa va crié pour dimande moi sipas so dileau fine paré, to va réponde li : « Oui, bonhomme, vine prend li ! »

Zeanne zette dernier ptit roce dans çaudière. Lhére là li alle dans fond lacour divant laporte ptit lacase àcôte Zean té en prison ; li cause dé trois mots doucement doucement : laporte ouvert. Zeanne prend lamain Zean, napas létemps pour causé, zaute lôfé.

Avlà bonhomme loulou ouvert la fenète so laçambe, li crïe lacousine :

— Eh toi, Zeanne ! difé là fine allimé ?

Prémier ptit roce réponde : « Oui, papa, li flambé même ! »

Loulou assisé. Ptit moment li tourne lafenête, li crïe lacousine :

— Eh toi, Zeanne ! dileau là li cômence bouï ?

Ségond ptit roce réponde : « Oui, papa ! coumence çanté. »

Troizième fois loulou tourne lafenête, li crïe en colère :

— Mais toi, Zeanne ! dileau là pas encore paré ?

Dernier ptit roce réponde : « Oui, bonhomme, vine prend li ! »

Loulou saute lescalier, fonce lacousine : dife napas ; çaudière vide ! Li couri dans fond lacour, li arrive ptit lacase : laporte ouvert en grand, Zean fine balié.

Loulou kimé. Li rente so laçambe, li quitte pantouffe, mette botte, saute lhaute cimin, bourré même.

Avlà Zeanne vire latête, li voir bonhomme loulou vini, li dire av Zean : « Alà papa ! »

Lékeir Zean sauté, li dire av Zeanne : « Ah Bondié, mamzelle, qui vous voulé mo va faire ? »

— Napas bisoin peir ! to va vine éne bassin, mo va vine éne canard : laisse li vini.

Avlà Zean vine éne bassin, Zeanne vine éne canard.

Loulou arrivé, li trouve éne canard, li demande li :

— Eh toi, canard ! to napas fine trouve Zean av Zeanne passe par ici ?

Canard réponde : « Couin ! couin ! » Bonhomme loulou dimande encore ; canard nèque réponde : « Couin ! couin ! » Loulou blizé arrète causé. Li monte làhaut éne grandgrand pied dibois, li guété, li guété, li guété : personne dans cimin ! Qui li a faire ? Labec sauté ! Li dicendé, li tourne lacase, li raconte tout ça son bonnefemme :

— Mo té zoinde nèque éne canard ; mais tout ça qui mo dimande li li nèque réponde : « Couin ! couin ! couin ! couin ! » Napas énan zanimaux bête coument canard !

Bonnefemme rié :

— Si fait va, mo cone zanimaux plis bête qui canard : loulou plis bête qui canard ! Côment ! to napas fine maziné qui zaute même ça ? Zaute même ça, mo dire toi ! Zeanne fine baingne av toi ; li même canard ; alle tchiombô zaute.

Colère loulou lévé. Li tourne grand cimin, li taillé.

Avlà Zeanne vire latête, li trouve loulou vini li dire Zean :

— Avlà papa vine encore ! Mais to pas bisoin peir, laisse moi arranze zaffaire. To a vine éne çarette av bourique, mo a vine çarretier.

Loulou arrivé. Li trouve éne çarette bourique qui fine cale dans montée, li dimande çaretier :

— Eh vous, çaretier ! vous napas fine trouve Zean av Zeanne passe làhaut çimin ?

Çaretier nèque occipe so çarette, li pousse dans laroue, li crïe so bourrique : « Haië toi ! haië toi ! »

Loulou dimande encore, çaretier crié : « Haië toi ! haië toi ? — Vous napas fine trouve Zean av Zeanne ? — Haië toi ! haië toi ! »

Bonhomme loulou lassé causé. Li arrive en haut lamontée, li guété, li guété : personne lhaut cimin, nèque çarretier av so çarette. Loulou blizé tourne lacase. Li raconte ça av so bonnefemme, bonnefemme dire li :

— Trop fort bête coment toi ! Zaute même ça. Vaut mié mo alle mo même, zamais to pour gagne zaute.

Bonnefemme allé.

Zeanne vire latête, li trouve bonnefemme vini, li dire Zean :

— Zean, mo pauve Zean ! ça fois là manman qui vini, nous maillé même, manman plis malin qui moi ! Mais laisse moi tout de même sayé : éne coup de manqué quiquefois nous va çappé.

Avlà Zean av Zeanne fine vine dé pieds bouquets.

Bonnefemme arrivé, li trouve pieds bouquets là, li guété, li dire av zaute :

— Eh vous, zenfants ! Sipas vous croire marmaille coment vous qui va faire sourcier av moi ? Lévé, mo causé !

Zean av Zeanne lévé, zaute diboute divant bonnefemme là, zaute ploré. Bonnefemme guette zaute, guette zaute longtemps : li maziné. Quand li amène zaute av bonhomme loulou, bonhomme va manze zaute. Mais Zeanne son pitit ! Zean éne zenfant li fine gagne dans so lamain dipis li sourti dans vente so manman ! Lékeir bonnefemme bourlé. Napas môyen, ça ! so liziés mouillé. Ene coup là li prend Zeanne dans so lébras, li embrasse embrasse li, li pousse li av Zean, li dire zaute :

— Allé, zenfants ! allé ! allé même, mo dire vous !

Zean av Zeanne allé.

Bonnefemme dibouté ; li guette zaute allé, li guette zaute allé zisquà [sic] li napas plis capav trouve zaute dans loin.

Lhére là, bonnefemme souye liziés, li tourne lacase.

Dans cimin li zoinde dé gros licien ; li touye zaute, li ouvert zaute vente, li tire léfoie. Lhére li arrive lacase, li donne léfoie av son bonhomme loulou, li dire li :

— Avlà zaute léfoie, manzé. Moi mo lassé même ; mo rente dans lilit, mo bisoin dourmi.

Lhère loulou fine manzé, vente napas plein. Li comence grogne grogné.

— Mais qui faire to napas ti amène zaute dé lécorps, donc !

Bonnefemme en colère :

— Sipas vous croire mo éne çouval pour çarrié dé gros lécorps coument ça ! Eh ous, bonhomme assez grogné, oui ! Laisse doumounde dourmi : soméye av moi !


 

 

 

IX

ZISTOIRE NAMCOUTICOUTI

 

Ti éna éne fois éne femme qui té près pour gagne pitit. Ene zour li dire so mari : « Mo envie boire dileau qui napas gournouille, alle çacé. »

Mari allé. Li arrive dans bord éne larivière, li dire : « Ena gournouille làdans ? » Gournouille réponde : « Coa, coa. » Li alle à côte éne laute larivière : « Ena gournouille làdans ? — Coa, coa. » Li marcé, li marcé, li arrive côte éne belle larivière, li crié : « Ena gournouille làdans ? » Li napas tende narien. Li goûte dileau là ; manman ! napas pelle bon dileau ça ! li doux côment disic. Li rempli so larrosoir, li tourne lacase.

Sitôt femme fine boire morceau dileau là li dire so mari : « Cote to fine gagne ça dileau là, mon coco ? côment li gout ! dire moi cote to fine gagne li. — Napas lapeine to tourne çace ça dileau là, passequi dileau Louloup, ça. » So femme dire li : « Qui a fére ! mo blizé alle touzours, mo trop content ça dileau là. »

Avlà li allé, li arrive bord larivière, li boire, li boire zisqu'à li tombé. Loulou vini, li voir li, li vine av li, li dire li : « Qui faire to fine volor mon dileau ? Açthére mo pour manze toi. — Non, Missié Louloup, napas manze moi ; mo ti gagne éne lenvie à cause mo près pour gagne pitit ; napas manze moi, Msié Louloup ! — Alors, quand to pitit là va fine gagne quatre ans faut to donne li moi. » Pauv femme là si tant gagne peir qui li dire oui. Laisse li allé.

Sitôt li arrive dans son lacase femme là gagne son pitit, éne zoli ptit garçon, mo dire vous ; mais malin, malin, napas lapeine causé !

Quand ptit garçon là té fine gagne quate bananées, Louloup vine lacase so manman, li dire li : « Ah ben, commère, avlà moi ! mo vine çace pitit : à cote li ? — Li après badine dans laplaine, Msié Louloup ; alle guette li, mo sîr vous a trouve li. »

Côment Namcouticouti voir Louloup vini, li dire so camrades comme ça : « Eh zautes, zenfants, coute moi bien : Si Louloup dimande zaute à côte Namcouticouti, zaute tout va réponde : moi qui Namcouticouti. » Alà Louloup vini, li dire : « Mo zenfant, dire moi côte Namcouticouti. » Tout zenfants crié : « Moi qui Namcouticouti, papa Louloup ! moi qui Namcouticouti. » Louloup tourdi ; li tourne lacase manman Namcouticouti, li dire li : « Eh vous ; vous croire ous pour baingne av moi ! où li Namcouticouti ? — Mais Bondié, Msié Louloup, mo fine dire vous li dans la plaine, Msié Louloup. — Dans laplaine éne bande zenfants ; mo dimande zaute qui cenne là qui appelle Namcouticouti, zaute tout réponde : « Moi, Msié «[sic] Louloup ! Moi Msié Louloup ! » — Mo sîr li même qui té mazine ça malice là, li malin côment si pas. Mais coute moi bien, Msié Louloup : dimain mo va donne li so dizné dans grénier ; vous a caciette dans éne coin, vous a veille li, mo sîr vous a gagne li. Mais alà mo mari vini ; sauvé prendgare vous gagne dimal. » Louloup nèque lofé.

Lendimain grand bomatin Louloup caciette dans grénier. Sipas six héres, manman Namcouticouti envôye li çace dileau larivière. A côte larivière là Namcouticouti zoinde éne viévié bonnefemme qui dire li : « Donne moi morceau dileau pour mo boire, mo pitit. » Namcouticouti dire li : « Bien sîr oui, bonnefemme, mo va donne vous dileau, à cause vous vié et qui mo zéne. » Namcouticouti donne bonnefemme là dileau pour li boire. Lhére li fini boire bonnefemme là dire li : « Passequi to éne bon zenfant, mo napas oulé Louloup manze toi ; prend mo baguette sorcier, to va vine ça qui to voulé. »

Namcouticouti tourne lacase so manman, so manman dire li : « Zourdi to pour alle manze to dizné dans grénier. — Bon, manman, côment vous content ça ; mette mo lassiette dans grénier, mo va alle manze làhaut. »

Louloup veillé, veillé. Sipas onze héres comme ça, li voir éne ptit souris àcote lassiette manzé, souris là prend éne grain douriz. « Eh toi ! napas manze ça manzé là ; douriz Namcouticouti ça. » Mais souris là allé vini, allé vini, et par éné grain éne grain li fini ça lassiette douriz là. Fine tard, talhére quatre héres ; Louloup comence en colère, li dicende enbas, li crié av bonnefemme : « Et vous ! vous té cause menti encore av moi, Namcouticouti napas té vine dans grénier, mo té trouve nèque éne ptit lérat. — Mais côma ous béte comme ça donc, Msié Louloup ! Namcouticouti li même qui té vine ça lérat là. Mais coute moi bien : Dimain mo va mette éne bonnet rouze av li ; vous va trouve li dans la plaine, vous va prend li. » Mais coment zaute dé après causé là, ptit lérat té enbas çaise ; li couté, li couté, li allé.

Lendimé bomatin manman Namcouticouti donne li éne bonnet rouze. Namcouticouti arrive laplaine, li coupecoupe bonnet là, li donne tout so camrades éne morceau. Louloup vini, li guetté, li trouve tout zenfants morceau rouzerouze làhaut latête. Li vine fou si tant li encolère. Li tourne lacase manman Namcouticouti, li crié li : « Talhére là même mo pour manze vous, vous trôp mentor, vous napas éna zenfant qui appelle Namcouticouti, vous té enguéze moi ; mo pour manze vous ! » Bonnefemme peir, li dire Louloup : « Napas manze moi, Msié Louloup ! Namcouticouti qui té faire vous tout ça bande malices là ; li malin, mais mo va plis malin qui li ; coute moi bien : Dimain mo va coupe so civé courtecourte ; touzours li dourmi dans lilit son papa ; à soir mo va faire semblant fréme laporte, mais mo va néque pousse li ; vous va rentré dans noirnoir, vous a tâte so latête, vous a touque li. » Louloup allé.

Lendimain, côma manman Namcouticouti coupe-coupe son civés courtecourte, Namcouticouti maziné : « Mais qui fére li fére mo latête éne brôsse coco, donc ? » Li dimande so baguette sorcier, so baguette dire li. Namcouticouti virevire dans lacase, li pèse ciseaux so manman, li caciette dans son poce. A soir, cômant son papa après dourmi, Namcouticouti prend ciseaux, li coupe civés son papa doucement doucement, li zette enbas lilit. Li té nèque gagne létemps fini, li tende Louloup rentré ; li vire so lécorps dans bord lilit côte lamiraille, li faire semblant ronfle fort côment éne grand doumounne [sic]. Louloup vini ; li tâte tâte latête papa Namcouticouti, li senti civés courte, li tchiombô li, li amène li, li faire rôti, li manzé.

Lendimain bomatin manman Namcouticouti voir li, li toné, li dire : « Mâtin ! ptit là li malin même oui ! li fine trouve encore éne magnère embête Louloup là ! » Mais côment li après balié so laçambe, li balié civés son mari, li gagne éne ladoutance, li dimande Namcouticouti : « Namcouticouti, à côte ton papa ? » Namcouticouti nèque lofé, li crïe so manman : « Dimande Louloup. »

Femme là enrazé, li voulé touye Namcouuticouti [sic]. Namcouticouti vanné même, so manman derrière li. Li arrive dans bord éne larivière : « Côment mo va faire, li dire, pour passe ça grand dileau là ! » Li trouve so manman vini, li pense son bambou sorcier, li nèque vine éne roce. So manman vini ; dans so encolère li crïe : « A côte toi ? à côte toi ? » Avlà li voir feilles sonze bouzé laute côté larivière, li croire Namcouticouti, li baissé, li ramasse roce là, li zette li dans pieds sonze laute côté larivière, Namcouticouti vine doumounde encore. Li rié, li dire so manman : « Grand merci, manman ; vous même qui fine sauve mo lavie. »

Après ça li allé, li allé même.

Dipis létemps là zamais mo té trouve li encore.


 

 

 

X

ZISTOIRE LÉLÉPHANT AVEC YÈVE DÉ COMPÈRES

 

Ene zour l'éléphant dire av Yève :

— Anons prend impé laterre, nous va faire zardin.

Yève content ; li dire l'éléphant :

— Mais, compère, nous va faire éne condition : ça qui so pioce démancé, li va emmance li làhaut latête so camrade.

Yève emmance so pioce lace par esprès ; à tout moment so pioce nèque démancé. Et yève nèque crie av l'éléphant :

— Compère, mo pioce fine démancé : amène vous latête pour mo emmance mo pioce !

Léléphant amène latête, yève emmance pioce.

Avlà, éne coup, pioce léléphant oussi fine démancé. Léléphant crie av yève :

— Compère, mo pioce fine dimancé : amène vous latête pour mo emmance mo pioce !

Lékeir yève alle loin. Li dire av léléphant :

— Vous napas çagrin moi, mo camrade ? Ene ptit ptit latête coument ça ! prémier coup vou a casse li.

Léléphant comence en colère :

— Mo napas cône ça, moi, compère. Nous fine faire condition : lhère ous pioce ti dimancé, mo fine done vous mo latête. Açthère mo pioce qui dimancé : vous bisoin done moi vous latête pour mo emmance li.

Yève napas voulé amène latête ; léléphant voulé batte yève ; zaute lève éne grand dispite : yève sauvé. Zassociés fine casse cordon : yève av léléphant fine quitte travaille ensembe.

Avlà éne zour léléphant faire éne bal. Li engaze tout zanimaux, xepté yève. Tourtie qui pour zoué lamisique ; so viélon éne calebasse.

Quand yève coné qui tourtie qui pour alle misicien dans bal, li dire tourtie :

— Comère, mette - moi dans vous calebasse, mo va zoué vous part. Mais çaque fois qui a donne vous boire, çaque fois qui a donne vous manzé, vous va mette morceau dans calebasse pour moi.

Bal coumencé. Yève zoué lamisique. Tourtie donne li boire. Avlà yève soû à force boire ; li comence cante bonavini.

Léléphant couté, couté : li coné qui yève qui dans calebasse. Li en colère, li dimande tourtie quifaire li fine amène yève dans so calebasse. Li voulé batte tourtie ; calebasse tombé, calebasse cassé : yève sauvé.


 

 

 

XI

ZISTOIRE PEAU-D'ÂNE

 

Ti éna éne fois éne léroi qui ti éna éne zoli mamzelle. So femme ça léroi là té fine mort. Ene zour léroi là dire so mamzelle : « Anons marié. »

So mamzelle dire li : « Ah ! papa ! napas capabe, ça ! to mo papa, mo napas vlé marié av toi. »

So papa dire li : « Couté : si to vlé, mo va donne toi tout ça qui to a content ; dimande moi tout ça qui to a voulé, mo a donne toi. »

So mamzelle napas vlé ; mais à force li sippliie li, mamzelle blizé dire oui.

Alors léroi envoye çace dans tout paye pour gagne ça qui li ti vlé donne so mamzelle, acause li té fine dire li pour donne li trois robes, éne couleir soléye, éne couleir laline ; eine [sic] couleir zétoiles. Mais lhére li ti fine donne li so trois robes, so mamzelle napas vlé dire oui, acause li ti éna so marraine qui ti sorcier et qui tous lézours empesse li dire oui.

Enfin zour mariaze vini. Grand matin, fille léroi lévé, amarre so latéte same pariaca, li dire so papa : « Mo caya caya, mo napas senti mo lécorps bienbien ; vaut mié laisse ça pour éne laute zour. »

Dé trois zours passé, so papa dire li : « Ah ben ! anons marié. »

So fille dire : « Donne - moi lapeau vou bourrique », passequi léroi té éna éne bourrique qui ti caca lor ; ça méme léroi là té si tant rice. Mais léroi dire : « Non ! napas capab ! zamais ça ! » Alors mamzelle dire : « Si to napas donne - moi la peau to bourrique, mo napas vlé marié. »

Léroi reste dé trois zours ; mais so léquer trop bourlé, li blizé tourne laçambe so mamzelle, li dire li : « Et ben, qui a fére ! mo va donne toi lapeau mon pauve bourrique ; mais coute bien : faut dimain méme nous marié ! » Li sourti, li tape lapôrte.

Lendimain, grand bômatin, coq çanté, la fille lévé, li couri lacase so marraine qui té reste proce lacase léroi. So marraine dire li : « Prend to lamalle, métte tout to linze làdans, apres ça méme ; mo a zouinde toi dans coin larie. »

Léroi napas conne narien, li après bien dourmi. La fille zoinde so marraine ; zaute marcé, zaute marcé, zaute alle loin méme, zaute arrive éne laute péye. So marraine ça fille là fine faire li éne robe av lapeau bourrique là ; après, li améne li lacase léroi ça péye là.

Côma li rente lacase léroi là, la fille dire ensembe léroi : « Bonzour, Missié, ous napas bizoin dimoune pour garde lazoies ? » Léroi dire : « Mais to trôp sale. » Li dire : « Non, msié ; napas croire ça, mo a fére bien vous louvraze. » Afôrce li embéte embéte léroi là, léroi fini par prend li pour travail ; li donne li éne faille laçambe dans fond lacour. Dé trois mois passé ; touzours li fére bien so louvraze.

Ene zour femme ça léroi là côma li passe dans fond lacour, li trouve li, li dire li : « Côma to apélé ? — Mo apelle Peau d'âne. — Ah ben, coûté : dimain éne bande doumoune pour vine dine lacase ; cousinier trôp louvraze, bisoin donne li morceau lamain : to a fére moi éne gâteau. To tendé ! » Lareine allé.

Ça zour là méme à soir, so garçon lareine coment li ti après promené, li trouve éne clairté dans fente laporte éne vié lacase ; li métte lizié dans trou sérire... Manman ! mo dire vous, li manque gagne éne faiblesse tellement li voir éne zoli mamzelle. Ça té lacase Peau d'âne. Li sacouye laporte ; Peau d'âne toné voir li ; li entré. Zaute causé, causé, causé é é. Lhére pour alle dourmi garçon là dire li : « Napas peir ; napas dire manman narien. Manman fine dire ous fére éne gâteau : l'hére ous a fére gâteau-là, zette ça bague qui dans mo lédoit làdans ; mo a fére semblant tranglé ; lhére la zaffaire a vine sale, manman va bisoin envôye çasse docteir, mais nous a guetté. »

Peau d'âne fére gâteau ; li zette bague làdans ; gâteau couit.

A soir vini. Tout dimonde manzé. Garçon là ti fine bien guetté à cote bague dans gâteau. Lhére li pour manzé, li coupe zisse morceau àcote éna bague ; li mette dans labouce, éne coup là li largue éne guélé côma dire li fine tanguélé. Tout doumoune lévé, sacouye latabe : lalampe teingné, verres cassé ; éne tapaze dans lacase là, mo dire vous ! Zaute tout dimande garçon : « Mais qui to gagné ? — Mais qui vous gagné ? » Li monte so lagôrze. So manman dire li : « Ouvert lagôrze. » Li ouvert labouce ; so manman voir éne bague dans son lagôrze ; li saye tiré : aouah ! napas fouti ; li appelle tout mamzelles qui ti là pour tiré : napas capabe. Peau d'âne guette tout ça là, li dire dans so léquér : ta lhére nou a guetté. Avlà léroi peir ; pengare so pitit pour môrt ! so léquer alle loin. Li envoye éne son soldats sonne trompette dans tout laries. Soldat là crié qui si éne mamzelle capave tire bague dans lagôze garçon léroi, ensembe li méme garçon va marié.

Mamzelles vini, mamzelles vini, mamzelles vini, fourrefourre lédoigt ; napas môyen, bague là tâcé dans lagôrze. Manman comence ploré. Lhére là garçon là saye éne ptit causé, li dire so manman : « Aïoh ! maman, côman mo souffert ! Mais lésse Peau d'âne sayé, quiquefois li a capave. » Peau d'âne sayé. Qui ous croire ? Bague zisse dans so lédoit : heun !! bague dohors. So manman garçon léroi napas côné qui li a dire, li réste séc. Garçon tâtetâte son lagôrze, li dire : « Ça, oui, qui apélle soulazé ! bien sîr mo va marié ensembe Peau d'âne ! » Lareine en colère ; li fére tapaze, mais garçon dire li : « Eh ous ! manman, mo bisoin fére ça qui papa fine causé : papa napas éne léroi dé labouce, vous côné ! »

Côment zaute après laguerre pour côné si pas li va marié, sipas li napas marié, avlà marraine Peau d'âne rentré. Li néque tape éne coup so baguétte làhaut latéte Peau d'âne : éne coup là Peau d'âne vine zoli, ensame éne robe couleir soléye. Lareine dansé tellement li content.

Zaute donne éne mariaze papa !! Tout doumoune ça paye là vini, manzé, boire, dansé tout lanouite. Mo alle dimande zaute éne pti vérre laliqueur ; zaute métte liciens av moi ; mo bisoin sauvé.


 

 

 

XII

ZISTOIRE SABOUR

 

Ti éna éne fois dans paye dans l'Inde éne rice marçand qui té gagne trois filles. Ene zour, coment ça marçand là bisoin parti pour alle çace marçandises éne laute paye, li envoye éne bibi qui té so domestique dimande so trois mamzelles qui cadeau zaute voulé li amène pour zaute lhère li va tourné. Prémier fille dire li vlé éne colier diamant ; sécond fille dimande éne robe vélours blei ; troisième fille, quand bibi là vine faire comission so papa, té après lire, li dire bibi : « Sabour. » Bibi croire ça même cadeau li envie so papa amène pour li, li allé, li rende tout lé trois laréponses ave marçand. Marçand pressé, li parti.

Quand marçand fine fini tout so zaffaires dans ça paye li fine allé là, li pense pour tourné ; li acète collier diamant pour so grand fille, li acète robe vélours blei pour son sécond fille, mais pour so troisième fille là li napas acète narien, li napas côné qui li envie. Tout paquets fini amarré, marçand monte làhaut so léléphant, li dire li : « Allons allé ! » mais léléphant napas bouzé. Ça même so manière ça léléphant là : quand so maîte fine bliye quiqueçose, zamais li voulé marcé zisqu'à so maîte souvini ça qui li té blié. Marçand maziné, maziné ; quand napas cadeau so fille, narien manqué ; li dire : « Quiquefois dans paye ici iéna éne quiqueçose qui appelle Sabour, faut mo côné. » Li dimande éne bonnefemme qui passé, bonnefemme dire li : « Si fait mo côné ; son fils léroi qui appelle Sabour. » Marçand tourdi : côment li a capave amène ça cadeau là so ptit fille ! Mais qui a faire ? léléphant napas vlé marcé, li blizé sayé.

Marçand alle lacase léroi, li amène bellebelle cadeau pour prince Sabour, li dimande pour cause ave li. Lhère li tout seil dans laçambe ave prince Sabour, li raconte li tout ça là ; Sabour rié côment li pour servi cadeau ptit fille ça marçand là, et li dimande en badinant sembe marçand là sipas so mamzelle là bien zoli. Marçand tire portrait son fille dans son poce, li donne Sabour, Sabour resté sec : zamais li té voir éne zène fille zoli côment ça, li tombe amouré, li maillé même. Mais li napas faire semblant narien ; li tire éne léventail dans so lormoire, li dire marçand : « A cause vous té gagne l'honnêté faire moi bellebelle cadeau, moi oussi mo voulé donne quiqueçose vous mamzelle ; gagne complaisance rémette ça léventail là dans so lamain même, mo sîr li va content ; mais dire li pour li ouvert léventail là, faut li tout seil dans so laçambe. » Marçand dire merci, li sourti lacase léroi, li monte làhaut so léléphant ; ça fois là léléphant allé même.

Lhére li fine arrive so lacase, marçand donne so grand fille so colier diamant, li donne so sécond fille so robe vélours blei, li donne so ptit fille léventail dans boîte, et li dire li doite ouvert léventail là quand personne ave li dans so laçambe. Marçand allé. Lhère ptit fille tout seil, li frème laporte so laçambe, li tire léventail dans boîte, li ouvert li : léventail là té sorcier, avlà prince Sabour paraîte. Li tombe à zounoux divant zène fille, li prend so lamain, li embrassé, li dire li : «  Mo fine vini pour marié ave vous. » Zène fille bien content à cause prince Sabour zoli garçon ; mais li éne zène fille bien élevé, li dire : « Dimande papa. » Papa vini, mariaze arranzé.

Mais grand seirs zaloux àcause [sic] zaute ptit seir pour marié ave éne fils léroi, quand zaute dé qui plis vié zaute napas encore fine trouve mari. Zaute mazine éne méçanceté. Zaute dire li : « Ptit seir, nous bien content ! to côné qui nous même qui doite faire to laçambe ; touzours seirs lamariée qui arranze so lilit zour mariaze ; napas peir, nous napas va manque narien ; lilit là va aranze éne magnère qui to va content. » Coment zaute arranze lilit, ça dé lagale là fane fane plein bouteilles cassé dans place àcote prince Sabour pour dourmi. Mariaze fini, Sabour rente dans laçambe (tire so linze), li monte dans lilit ; avlà tout so lécorps coupé coupé ave ça verre cassé là ; disang coule tout partout. Li saye lévé, li napas laforce. Alorse li dire so femme amène vitement so léventail av li. Li fréme léventail éne coup. Femme guéte dans lilit, lilit vide, Sabour fine allé.

Zène femme là ploré, ploré ; li aspère so mari ; mais mari napas tourné. Six, septe mois passé. Ene zour côment zène femme là après lire lagazette, li trouve nouvelle qui prince Sabour bien malade dans so paye, docteirs napas capave guéri li ; so papa si tant çagrin qui li engazé pour donne la moitié so paye doumounde qui va faire so garçon çava bien. Zène femme caciette lagazette là, li napas dire narien so papa ave so seirs.

Asoir, lheire tout doumounde après dourmi dans lacase, li habille coment éne prête lascar, li colle éne labarbe mardi gras dans so figuire, li ouvert laporte doucement doucement, li sauvé pour alle zoinde prince Sabour dans so paye. Mais paye là loin même, va gagne lamisère pour arrivé. Li marcé, li marcé, li marcé approçant trois mois. Açthère laville napas loin, dans dé zours voyaze pour fini. Coment lanouite vini, zène femme fatigué ; li arrête pour dourmi enbas ène grand pied zarbe. Someye comence vine ave li, avlà li tende dé zozos apres causé dans brançaze, li couté ; éne zozo dire ave so camrade : « Mo vine au port ; prince Sabour bien bien malade même, bien sîr li pour mort à cause docteirs napas coné qui médecine bisoin faire ave li ; et médecine là napas difficile pour trouvé : quand frotte so lécorps ave morceau nous fimié qui nous zette enbas pied zarbe à côte nous dourmi, li pour guéri vitement même, fimié là va faire li rende tout ça verre bouteye qui fine rente dans so lécorps. » Zène femme content li fine tende ça, li dourmi. Lendimain grand bomatin zozo allé ; li ramasse plein fimié frais zaute fine faire pendant la nouite, li mette dans éne ptit pot, li allé.

Quand zène femme arrive en ville, li trouve tout dimounde çagrin, plore ploré dans laries : prince Sabour fine passe éne mauvaise lanouite, docteirs croire talhère li pour mort, naplis éna çava ave li. Zène fille couri lacase léroi ; li dire garde qui dans la porte dégazé même, alle dire léroi éna ène prête lascar qui amène ène médecine qui va guéri prince Sabour. Léroi vini, li dire li : « Quand to guéri mo zenfant, tout ça qui to dimande moi, mo va donné ; mais quand li mort, mo coupe to licou. » Zène femme nèque dire li : « Napas létemps pour perdi, anons ! »

Coment zaute rente laçambe Sabour et zène femme là trouve so pauve mari allonze làhaut lilit côment ène doumounde mort, li blizé assisé pour napas tombé ; mais li amarre so léqueir, li approce à côte lilit, li tire so lapommade dans so poce, li frotte frotte tout lécorps Sabour ave ça fimié zozo là. Qui vous croire ? Avla tout verres bouteye sourti dans lécorps Sabour, Sabour guéri.

Léroi saute làhaut prête lascar là, li embrasse li, li ploré : « Dimande moi ça qui to content ! dimandé, mo donné ! » Prête lascar dire li : « Mo pour trouvé si vous napas éne doumounde dé lalangues : mo gagne éne ptit fille, mo voulé qui prince Sabour marié ave li. » Léroi dire : « Bien sîr oui, Sabour va marié sembe vous mamzelle : alle çace li ! » Sabour éne coup lève làhaut so lipieds : « Ça, papa, zamais ! zamais ! donne lascar là tout ça qui li va content, mais pour mo marié ave so fille, zamais, zamais ! » Bonhomme léroi tourdi, li gaga. Avlà so colère lévé, li zoure Sabour. Prête lascar oussi faire semblant li en colère, li dire Sabour : « Si mo té va coné qui vous té pour faire zaffront là mo fille, mo té va laisse vous mort côment éne licien. Mais causé ! dire vous raisons ! qui faire vous napas voulé marié ave mo fille ? mo fille plis zoli qui vous ! » Lèroi [sic] zoinde ave li, zaute dé nèque dire Sabour : « Causé ! causé ! » Sabour prend lamain so papa, li dire li : « Papa, faut vous donne moi mo grâce : mo napas capave marié passe qui mo fine marié dézà, et mo femme là mo si tant content li qui mo vaut mié mort qui quitte li pour prend éne laute madame ! » Bonhomme léroi lève so dé lamains en lair, Sabour tombe assisé dans bord son lilit. Avlà prête lascar tire éne coup capra qui làhaut so latête, li arrace labarbe dans so figure, li dire doucement, doucement : « Sabour, Sabour, guette moi ! » Sabour lève so latête, li guette li, li frotte so liziés, li crié : « Toi ça, mo femme ! toi ça ! » li ouvert so lébras, zaute dé embrassé, ploré.

Bonhomme léroi si tant content qui li donne éne diné, mo dire vous ! mais éne papa dîné côment zamais té donne diné dipis lérois donne diné. Lhère dessert vini, mo vlé mette morceau gâteau dans mo poce pour mo zenfants ; zaute pèse moi, zaute hisse moi dans lacour zaute flanque moi éne coup de pied, manami !! mo tombe ici.


 

 

 

XIII

ZISTOIRE PTIT ZEAN

 

Ti éna éne Mamzelle qui té zamais vlé marié. Ti éna éne Msié qui té gagne éne plaque lor en bas lérein pour cacié so laquée. Li vine voir ça mamzelle là dans éne belbel carrosse. Maman ça fille là dire assame li : « Qui to dire, ma fille ? — Eh ben ! av li même mo vlé marié. » Zaute faire mariaze ; zaute allé.

Ptit Zean voulé sivré so seir ; so seir dire li : « Qui faire to vlé sivré moi ? éne galé côment toi qui va vine dans mo caléce ! » So beau-frère là qui té loulou dire : « Laisse ptit Zean vini, donc ! »

Arrivé dans lacase loulou, faire manzé pour Madame ; Msié alle dohors sambe so camrades.

Tout lésoirs so camrades vini ; zaute dire : « Anons manze Madame ! Anons manze Madame ! — Laisse li vine gros ! laisse li vine gros ! » Ptit Zean tende tapaze ; li napas dourmi, li néque gratte lagale tout lanouite.

Ene zour li dire av so seir : « Mais, mo seir, av qui ous fine marié ! av loulou qui pour manze vous. » So seir dire li : « Eh toi ! côment to capabe cause come ça ! » Alorse Ptit Zean dire : « Laisse - moi amarre éne ptit lacorde dans ton boute lipied ; quand loulou va dansé, mo va hisse ptit lacorde, lhére là to va tendé. »

A soir loulous vine dansé. Ptit Zean hisse lacorde. Madame sisé, li tendé : « Anons manze li ! anons manze li ! Laisse li vine gras ! laisse li vine gras ! » Madame peir.

Lendimain li dire : « Ah ! mon frère ! côment mo va faire pour tourne lacase maman ? » Ptit Zean réponde li : « To té dire moi éne galé ! moi mo alle lacase, arranze toi. — Ah ! mon frère ! napas quitte moi ici, améne moi lacase ! »

Alà Ptit Zean faire éne panier. Lhére panier là fine faire, li dire av son beau-frère : « Anons amizé ! anons faire éne ptit badinaze ! Mette dans panier là tout sorte bon quiqueçoses : bon manzé, bon volaille, bon dipain, bon boire, bon divin, bon laliqueir, sembe couverts, lor, larzent, tout ça qui éna dans lacase. » Loulou content rié, li mété. Ptit Zean dire loulou : « Rente dans panier là vous av mo seir. » Loulou rentré. Lhére là Ptit Zean çanté : « Monté, pagnier ! monté, pagnier ! Allé manman ! allé papa ! » Panier monté. Loulou fine arrive en lair ; loulou peir, li dire : « Ptit Zean, mo latête tourdi : faire dicende panier ! » Ptit Zean té fine reste en bas, li ti tine éne lacorde amarré av ça panier là. Ptit Zean hisse lacorde, panier dicendé. Lhére là Ptit Zean dire : « Mon tour alle promené. » Ptit Zean rente dans panier av so seir, li donne boute lacorde dans lamain loulou, li canté : « Monté, pagnier ! monté pagnier ! allé manman ! allé papa ! » Panier monté. Arrive en haut Ptit Zean coupe lacorde. Lhére là loulou crié : « Dicendé, dicendé ! donne mo madame ! » Ptit Zean allé même.

Loulou sivré ; li galpé, li en colère so laquée sourti. Quand li fine arrive proce lacase so bellemère, li trouve ça, li honté, li tourne so lacase pour arranze laquée en bas plaque lor.

Ptit Zean rentré ; li raconte tout zistoire. Papa ça fille là dire : « Vine ici, mes zenfants ; quand li va vini tàlhére [sic], mo va arranze li ! »

Zaute arranze éne ptit lacase en paille. Loulou arrivé, li dire : « Mais Ptit Zean pas fine vine ici av mo femme ? » Papa dire li : « Non, pas encore ; mais vous capav aspère zaute morceau ; rente dans lacase, alà éne ptit laçambe pour vous, faire ça qui ous content. » Loulou fatigué ; li rentré, li monte làhaut lilit, li dourmi, li ronflé. Lhére là zaute mette difé dans lacase, latête loulou faire banme !

Loulou mort, zaute gagne tout ça qui té dans panier.


 

 

 

XIV

ZISTOIRE LOULOU QUI TÉ VOULÉ BOURLE SO FEMME

 

Ti éna éne fois ene mamzelle qui té pour marié av éne missié rice rice même.

So frère ça mamzelle là té éne faye garçon, vilain coment si pas, caye louce, plein lagale, lazambe torte, gros gros bosse dans lédos, mais malinbougue, mo dire vous, couteau même. Côment zaute pour alle léglise, li hisse hisse robe so seir, li dire li : « Mo seir, napas marié ça doumoune là, éne sourcier ça ! » Mamzelle en colère, li dire li : « Et toi, lagale, to vlé largue mon robe ! » Zaute allé, zaute marié.

Ça garçon là sivré son seir lacase son mari ; mais zaute napas voulé donne li éne laçambe dans grand case, pengare lagale, zaute mette li dourmi lacousine.

Morceau létemps passé. Ene zour, côment so mari après çanzé, zéne femme là guette li, li saisi : so mari té iéna éne longue longue laquée (couvert poil) côment éne laquée maque malgace. Li dimande li qui çaça, mari dire li : « Narien ; mo marraine qui té donne moi ça. » Femme là peir. A soir, côment zaute après dourmi dans lilit, mari levé, ouvert laporte doucement, doucement, li sourti dans lacour.

Lendimain bomatin li alle cause lacousine av son frère, son frère dire li : « To mari éne sourcier, tout lanouite li faire diabre av so camrades. A soir, quand to voulé, mo va amarre éne longue difil dans ton boute lipied ; lhère zaute va commence faire zaute sourcier mo va hisse difil là, to va trouve zaute. » Coment minouite sonne dans pendile, femme senti difil tire tire son lédoigt lipied ; li lévé, li guette dans trou serrire. Dans milié lacour ti éna éne grand difé ; son mari same so camrades, houite loulous, té assisé à cote ça difé là. Avlà éne loulou tire éne çarbon dans difé, li mette av çarbon son camrade ; zaute tout faire comme ça. Lhére tout ça carbons là en tas, éne loulou dire mari ça femme là : « Faut bourle to femme ! » Ségond loulou dire : « Faut bourle to femme ! » Tous loulous crié : « Faut bourle to femme ! faut bourle to femme ! » Malhéreise là derrière laporte manque vine faibe, si tant li gagne peir. So mari dire zaute : « Aspéré : dans trois zours ! »

Lendimain grand bomatin coq çanté, femme alle lacousine, li raconte son frère ça qui li fine trouvé, li ploré, li dire : « Mon frère, mon bon ptit frère, sauve mon lavie ! » Son frère dire li : « Acouté : faut nous tourne nous lacase ; dire to mari comme ça qui papa av manman pour donne grand grand bal dimain asoir, et qui nous bisoin allé ; dire li qui li oussi li doite vini sembe tout son camrades. » Loulou content, li dire so femme alle divant av son frère, li same camrades zaute va vini soleil coucé.

Lhère zaute fine arrive lacase manman, pauve femme là ploré, li raconte son papa av so maman qui zespèce mari li fine gagné. Papa console li, dire li : « Laisse zaute vini, zaute va trouvé qui magnière mo pour arranze zaute. »

Loulou sembe so camrades vini. Bal commencé ; zaute tout dansé, dansé zisqu'à lassé. Lhère pour alle dourmi, femme loulou dire li : « Mo pour alle dourmi lilit mo ptit seir, papa fine arranze éne pavion pour vous same vous camrades ; fine mette moustiquaires dans lilits, pengare moustiques ; fine mette dilhouile pétrole, pengare pinaises ; alle dourmi ; dimain bomatin mo va amène zaute zaute café. »

Tout loulous alle dourmi ; someye av zaute, zaute lisiés colé. Pavion là té frotté tout partout sembe dilhouile pétrole, enbas tout lilits té mette paqués lapoude. Loulous làdans, zaute couloute laporte av lafenète par en dohors, zaute mette difé dans vitiver faitaze. Ene coup là zaute tendé boum ! boudoum ! boum ! boumm : té loulou qui té saute en lair av son camrade. Femme là dire : « Zamais mo té amisé comme ça quand mo té tire paquets pétards. »


 

 

 

XIV

ZISTOIRE DIZEIF, BALIÉ AV SAGAÏE

 

Ti éna éne fois éne zène fille qui té zoli, zoli, zoli même. Tout missiers té voulé marié ave li, li té gagne nèque lapeine çosiré ; mais tout zènezens qui vini, quamême zoli, quamême rice, quamême lorateir, li poussé, li dire non. Son papa gronde li, so manman gronde li, mais touzours li dire non, non, non ; li bitté même. Ça zène fille là ti éna so lidée. Li té mazine dans so léquer : « Zamais mo pour marié nèque avec éne léroi qui va gagne éne plaque lor par derrière, et qui va vine dimande mo lamain dans éne belle belle calèce doublé satin blé sambe plein coulous diamant làdans. »

Ene zour zène fille là tende tapaze dans lacour, li guette par lafenête, qui li trouvé ? Éne belle calèce doublé satin blé sambe plein coulous diamant làdans. Ene zène homme sourti dans calèce, li té gagne éne plaque lor par derrière ! li ente enbas lavarangue, li dire papa av manman ça fille là : « Mo éne léroi, mo vini pour marié av vous fille, dimande li sipas li content. » Ça coup là zène fille dire : « Si fait, papa, mo content. » Zaute alle léglise, zaute marié. Mariaze fini, zaute monte dans calèce ; pique çouval, zaute allé ; mais calèce là pas bisoin fanal, coulous diamant donne lalimière côment douze lalampes dilhouile pétrole Msié Maurel.

Zéne fille là bien content dans so nouveau lacase : belle belle robes, grand laçambe, bon nouritire. Tout lébomatin amène li éne grand tasse café au lait dans so lilit ; mais domaze souvent so mari quitte li tout sél pendant dé, trois, quate zours, li dire li alle laçasse cerfe ou bien laçasse coçon marron.

Ene zour bomatin, coment li té tout sél dans lilit après boire café, alà éne ptit souris saute làhaut lilit. Li vlé pousse li, mais ptit souris guette café au lait là, li resté. Zéne femme là pousse li encore ; ptit souris dire li : « Napas pousse moi, mo faim ; donne moi éne couyère vous café, Bondié va soulaze vous. » Zène femme là bonquér, li donne souris éne couyère café av dipain.

Houite zours passé ; mari napas tourné, et bomatin touzours souris vine rode son dipain av café. Bomatin là coment zaute après manzé, facteir amène lette ; té éne lette mari qui té dire li pour tourne àsoir, couit bon manzé, tire divin dans lacave, li pour amène éne bande camrades diné. Femme content, li dire souris : « Mo bisoin lévé pour alle donne zordes. » Souris dire li : «  Mo content toi à cause to bon quér et to té donne moi café ; ah ben coute bien ça qui mo té donne moi café ; ah ben coute bien ça qui mo [sic] causé : àsoir, minouite, sourti dans lilit et guette dans trou sérire, dimain bomatin nous va causé. » Souris allé.

Lhére tantôt, mari av so camrades arrivé, boire, manzé, çanté, rié, faire farces. Mari dire so femme : « Li comence tard, pengare to fatigué alle dourmi, nous pour reste badine badiné. » Femme rente dans so laçambe ; mais coment minouite sonne dans pendile, li lévé, li guette dans trou sérire. Laline clair ; mari av camrades dansé dans milié lacour ; zaute tout fine quitte zaute linze : longue longue poils làhaut lécorps ; zaute fine tire zaute plaques lor par derrière, zaute tout laquée en lair coment laquée çatte qui frotte lécorps dans lipied latabe ! Té éne banne loulous ! Malhérése femme là blizé appiye dans laporte pour napas tombé. Mais li tchombo so léquér, li guété, li couté. Ala éne loulou comence çanté : « Anons manze to femme ! anons manze to femme ! » Zaute faire laronde, zaute tout çanté : « Anons manze to femme ! anons manze to femme ! » Mari dans milié laronde saute saute enlair, çanté : « Napas encore ! napas encore ! laisse li vine gras ! laisse li vine gras ! » Femme peir, so léquér alle loin ! Li tourne dans son lilit, li maziné. Li tende lavoix so mari qui après çanté : « Laisse li vine gras ! laisse li vine gras ! » Li tâte so lazambes, li tâte so lébras ; li honté quifaire doumounde capave dire son lécorps maigue.

Lendimain bomatin souris napas vini ; pauve femme là napas coné qui li va faire. Lhére dizné mari appelle li pour manzé ; li pas vlé, pengare li vine gras, li dire li malade, lamigraine ave li. Loulou grogné ; mais li quitte li, li alle lasalle manzé, li envôye li éne rézime bananes pour manzé quand so malade latête va fine passé. Femme tout sél dans so laçambe ploré, ploré : « Ayo, maman ! âcôte [sic] vous ? Qui faire mo té quitte vous lacase ? àcôte vous, mo manman ! Zense là voulé manze moi ; qui va sauve mo lavie ? Ptit souris, ptit souris ! pitié moi, ptit souris ! napas laisse zaute touye moi, ptit souris ! »

Côment li après ploré là, lanouite vini ; mari sambe camrades commence encore zaute dansé dans lacour ; lédents malhérése là claqué à force li peir. Ene coup là li senti côma dire çatouille çatouille so lipied : « Moi ça, ton ptit souris : napas bisoin peir ; fréme lafenète dibois pengare zense dans lacour trouve ça qui nous pour faire. » Femme lévé, fréme lafenète dibois. Coment li tourné, alà éne grand clairté dans laçambe, et ptit souris là fine vine éne belle madame ave éne robe couleir zétoiles ; ça robe là qui té donne lalimière. Madame dire li : « Létemps pour to sauvé àçthére là ; coute moi bien. Avlà éne balié, éne dizeif av éne sagaye ; galoupe lacase to manman ; tout loulou va sivré toi ; lhére to va voir zaute pour tchombô toi, zette ça dizeif là derriere to lédos, mais to napas bisoin tourne latête, taillé même ; loulous va blizé arrête bon morceau létemps ; mais zaute va arrive encore derrière toi, zette balié ; troisième fois, zette sagaye : ça fois là to va arrive lacase to manman. To fine tendé ; napas bliie narien : allé ! » Femme là dire li merci, li ouvert laporte doucement, doucement, li sauvé. Lafée là coment femme là fine sauvé, prend éne cimise av éne peinoir qui té làhaut éne çaise, li prend rézime bananes qui loulou té envôye av so femme pour li manzé, li habille rézime bananes là coment ene doumounde, li mette li dourmi dans lilit, li tire couvertire làhaut li, li allé. Loulou entré dans noir noir, li approce doucement àcôte lilit, li voulé tâte so femme, sipas li fine vine gras et li bon pour manzé. Li senti rézime bananes là, li croire so femme, li pèse pésé : banane mir, banane crasé. Loulou toné, li napas coné qui çaça ; li tâte encore : banane mir, banane crasé. Loulou senti so lamain, so lamain lodeir banane. Li sacouye rézime bananes, li crié : « Eh toi, mo femme, lévé donc, mais lévé donc ! » Narien bouzé, femme napas réponde. Loulou saute enbas lilit, li tire boite zallimettes dans son poce, li frôté, li allime labouzie. Manman ! lhére li fine trouvé coment so femme fine baingne av li, li saute en lair, largue éne guélé, appelle tout son camrades. Zaute tout firié, saute laporte, vanné même pour attrape femme là, touye li, couit li, manze li.

Avlà femme côment li après couri dans cimin lacase so maman, li tende loulous galpé derrière li ; li guété : loulous bourré même, zaute coment divent, talhère même va tchombo li. Alorse li souvini ça qui lafée là fine dire li ; li prend dizeif, li zette derrière so lédos. Dizeif cassé, vine éne lamer ; loulous laute côté. Qui zaute va faire ? Ene loulou dire : « Faut nous boire ça lamer là ; après, nous va zoinde li, nous va touye li, nous va manze li. » Avlà tout loulous boire, boire, boire. Zaute sitant boire qui lamer baissé ; li vine séc, zaute passé. Mais guette malice ça lafée là : té éne dizeif gâté, dileau là comence gargouille gargouillé dans vente loulous ; colique av zaute, tout moment zaute bisoin arrête arrêté. Narien ! Zoute [sic] frotte vente, zaute galpé.

Femme tende zaute vine encore ; mais coment zaute pour tchombô, li prend balié, li zette derrière so lédos. Balié tombé, té éne balié fataque ; tout fataque là fané et pousse éne laforêt ; mais napas éne laforêt fataque, éne laforêt grand zarbes, bois de natte, bois débène, bois dolive, bois piant, boisdfer, tacamaca, benzoin, colophane et zarbes là serré, natté coment fataque même dans laplaine. Loulous trouve ça laforêt là ; qui zaute va faire ? Ene loulou dire : « Faut nous coupe tout ça zarbes là ; après nous va passé, nous va zoinde li, nous va manze li. » Avlà tout loulous taillé, coupé, cogné ; zarbes tombé, zarbes tombé ; laplaine divant zaute, zaute passé.

Troisième fois femme tende loulous arrive derrière li. Lacase maman napas loin ; quand loulous capabe tarde morceau, li va arrivé, li va sauvé. Mais loulous derrière li coment coup de vent. Coment li trouvé zaute pour tchombo li, li prend sagaïe, li zette derrière son lédos. Sagaye en tombant ouvert coment laquée dinde qui faire laroue ; éne sagaye là fine vine mille sagayes, cimin loulous barré. Loulous foncé, sagayes pique zaute ; loulous forcé, sagayes ente dans zaute lécorps : zaute tout enfilé coment saucisses dans la boutique camela vende laviande coçon.

Femme là arrive lacase so manman, li raconte li tout ça bande lamisère qui li fine passé. Bonnefemme si tant content qui li dire : « Zamais mo pour touye éne souris encore ! laisse zaute manze tout mo pommedamour quand zaute content ! »

Asoir donne grand diné ; tout doumounde invité ; mo croire zaute fine blie moi ; mo vlé sise à tabe, zaute tire çaise derrière moi, mo tombé, mo roule ici.


 

 

 

XVI

ZISTOIRE QUATE LACLOCES

 

Ti éna éne fois éne zéne homme qui ti marié sembe éne zéne fille. Côment li té pour travaille dans éne carreau cannes morceau loin so lacase, li donne so femme quate lacloces : éne lacloce couivre, éne lacloce larzent, éne lacloce lor, éne lacloce diamant. Acthére là li dire li : « Coute bien : quand to va vlé mo tourne lacase pour dire moi quiqueçose, sonne lacloce couive ; quand to va pressé, sonne lacloce larzent ; quand to va bisoin méme mo rentré, sonne lacloce lor ; mais ça lacloce diamant là, to tendé, zamais zamais sonné, néque lhère grand grand malhor av toi. » Ça zéne femme là qui ti bien content son mari dire : « Bon ! mo va fére ça qui to voulé. » Lhére là zaute dé bien embrassé, apres ça mari alle dans so louvraze.

Lhére zéne femme là tout sél dans lacase, narien pour fère, li viré, li vireviré, li zette so lécorps, létemps longue av li, li ennouyé méme. Qui li a fère ? Ene coup là li sonne lacloce couive ; son mari vini, li dire li : « Mais qui éna donc ? » — « Narien, mo té ennouyé tout sel. » Mari sacouye latète : « Et toi, pitit, napas bon déranze doumoune dans so louvraze. » Soléye encore dans mitan, mari tourne dans carreau.

Lendimain, femme là sonne encore lacloce couive. Narien vini ; li sonne lacloce larzent. Mari tende lacloce larzent là, li couri méme, quiquefois so femme gagne quiqueçose pressé pour dire li. « Avlà moi, qui to bisoin ? » — « Narien ; mo té ennouyé tout sél. » — « To fère farce, hein ? Laisse dimounde travaille. » Li tourne dans louvraze.

Troisième zour, lacloce couive sonné : narien vini ; lacloce larzent sonné, narien ; lacloce lor sonné... mari tende lacloce lor, li quitte louvraze, li taillé méme : pendgare so femme malade : « Qui to éna, causé, qui to éna ? — « Narien ; mo té ennouyé tout sél. » Mari, mo dire vous, napas dire narien ; li pèse so çapeau, li tourne lédos, li allé.

Quatrième zour, dingue, dingue, lacloce couive sonné : narien. Dangue, dangue, lacloce larzent sonné, narien bouzé. Dongue, dongue, dongue, lacloce lor[,] narien vini. Dongue, dongue, dongue... narien vini. Bzinne ! bzinne ! bzinne ! lacloce diamant ! Mari saute en lair : « Malhor dans lacase ! » Li vanné, li bourré méme, li arrive lacase, li foncé : « Napas peir, avlà moi, mo femme ! napas peir, avlà moi ! » Femme néque rié : « Mais qui to éna donc ? Côma dire to fou ; qui to croire ? Difé dans lacase ? Narien ici ; moi-même qui té ennouyé tout sél. » So mari labouce amer ; manman ! napas pèle en colère ça. Li tchiombô li dans so dé lamains, li sacouye li : « Malhérèse, malhérèse ! to fine mette mofine làhaut toi ; grand grand malhor pour arrivé, to a guété ! » Li tombe làhaut caisse, latéte dans so lamains ; li maziné !

Sipas dé mois, sipas trois mois passé.

Ene zour, ça femme là té assisé làhaut so natte dans so laçambe, après manze varangues. Avlà éne coup li tourne latéte, li voir éne grand zanimaux diboute dans laporte. Li peir, li sonne lacloce couive. Zanimaux là entré, li monte làhaut natte ; femme sonne lacloce larzent. Ça té éne loulou ; li assise à côte ça malhéreise là, li guette li ; femme sonne lacloce lor. Loulou tire liziés av li, li fonce làhaut li, crié li : « Mo vlé manze toi ! » Pauve femme là fou ; li sauve laute boute laçambe, li sonne lacloce diamant. Loulou sivré li ; zaute virevire autour latabe, zaute çavire çaises ; femme là li beau sonné, personne napas vini : loulou tchiombô li, avale li.

Lhére àsoir, quand fine lève louvraze, mari tourne dans so lacase. Li entré, li voir tout ça désorde là, çaises çaviré, latabe çaviré, tout lacloces lacorde cassé, li gagne éne doutance sipas malheir fine arrivé ; li appelle so femme, li appelé, li apélé [sic], femme napas répondé. Li sourti dans lacour, li rôdé li crié.., narien ! Li assise làhaut éne gros roce, li ploré : « Mo femme fine perdi ! mo femme fine perdi ! »

Ça lanouite là, côment li après dourmi, li tende côma dire éne lérat gratte gratte vitiver dans faitaze ; li couté : ça té par en déhors, làhaut lacase. Li sourti, li guété ; mais té dans lamarée noire, li napas trouve narien. Côment li après maziné là, li tende éne lavoix qui causé : « Moi, çà » — « Qui, toi ? » — « To camrade zozo payenqui. » Té éna sipas dé trois bananées qui ça garçon là, éne zour coment li té après rôde gouyaves dans lamontagne, té empéce éne zaco manze dizéifs ça payenqui là dans rempart. « Moi ça ; mo côné acote to femme ; quand to voulé trouve li, sivré moi, napas létemps pour perdi. » — « Mais côment mo va capabe sivré toi dans noirnoir ? » — « Mo pour vole enbas enbas ; mo lécorps tout blanc, mo lézailes tout blanc ; vine éne fois, napas létemps pour causé açthère. »

Zozo envolé, garçon sivrè [sic] li. Zaute allé, zaute allè [sic], zaute arrive dans bord éne grand grand fossé. Ça fossé là même qui té servi balizaze pour péye loulous av péye doumoune. Payenqui arrête volé, li pose làhaut éne pied boidenatte, li dire garçon là : « Ici même ! nous bisoin aspère morceau : talhére tout loulous pour passe dans fond ça fossé là, to a trouve çenne qui fine volor to femme. »

Mari assisé, reste tranquille, guété, guété. Bon moment li là : tâ, tâ, tâ, tâ, tâ, éne loulou vini. « Toi qui fine prend mo femme ? » — « Houn, whoun ! » Payenqui dire : « Napas li, ça ; laisse li passé. » Ene laute loulou vini : « Napas li ; laisse li passé. » Loulous passé, loulous passé, loulous passé. Avlà éne coup payenqui crié : « Avlà li là, li même ça, guéte son vente. » Té éne gros loulou noir, liziés côment difé, vente côment barrique. Garçon là lève av li, payenqui [sic] saute làhaut so latête, batté, piqué, pilé ; loulou peir zaute touye li, li faire éne zeffort, li rende ça femme là. Mari content ! Côment li après embrasse so femme, loulou dire zaute : « Açthère là diamant naplis pour trouve bonavini làhaut laterre ; pour gagné, va blizé fouille fond fond même. »

Dipis ça létemps là diamant fine vine rare, et pour gagne nèque ptit ptit morceau même, madames blizé donne boucoup boucoup lor av larzent.


 

 

 

XVII

ZISTOIRE SEPTE COUSINS AV SEPTE COUSINES

 

Ti éna éne fois éne loulou qui té content manze petit zenfants. Dans ça paye là ti éna septe garçons qui ti éna septe cousines, et chaquène ti content éne.

Alà éne zour ça loulou là trouve ptit fille qui ti content plis pitit garçon, après rode lagrains brède gandaule làhaut éne miraille lentouraze dans larie. Li dire li :

— Mo zenfant, qui vous après faire tout seil dans la rie ? Vous napas peir liciens, vous napas peir loulous ?

Ptit fille là dire li :

— Non, missié ; mo après casse lagrains gandaule pour mo grand seirs : zaute dire moi zaute éna bisoin pour zaute faire lenque rouze pour crire en rouze dans cahier.

Avlà loulou dire li :

— Dans mo lacase qui éna plein gandaule, plein raquette, plein mirte, tout ça là qui bisoin pour faire bon lenque rouze ! vine çacé av to seirs, zaute a prend tant qui zaute contént [sic].

Loulou allé ; ptit fille dire ça av so seirs.

Zenfants zamais gagne peir, zaute napas conne danzer. Lendimain, zaute tout voulé alle lacase loulou. Plis pitit garçon, qui ti appéle Ptit Poucet, tende ça, li dire zaute :

— Eh vous ! pengare ça doumounne là éne loulou, oui ! napas allé, zenfants !

— Toi même qui éne zenfant, éne capon, éne zacot !

Zaute pousse li, zaute allé.

Lendimain grand bomatin, Ptit Poucet tourne lacase so cousines : lacase vide. Li appélé, personne napas réponde. Li rôde rôdé pengare zaute zoué couc av li, li napas trouve narien ! Li comence ploré, li dire :

— Mo té côné ça éne lacase loulou ! Loulou là pour manze zaute quand mo napas trouve éne magnière empéce li !

Li galpé so lacase, li raconte ça so frères ; zaute coment mouces dimiel dans lafimée : « Qui nous va faire, Ptit Poucet ? Qui nous va faire, Ptit Poucet ? » Ptit Poucet assise par terre ; li maziné. Ene coup là li lévé, li dire zaute :

— Napas bisoin peir ; nous va alle lacase ça loulou là, nous va touye li, nous a prend nous septe cousines !

Létemps là, ça septe ptit filles là té fine arive lacase loulou : bel bel lacase, bel bel zardin, tout qualité zarbes, tout qualité fleirs ! Zaute proméné, zaute casse tout ça qui zaute content. Lheire tard, zaute zipes fine plein, zaute voulé allé : laporte frémé ! Zaute batte laporte, zaute crié, zaute apélé : personne vini. Zaute comence gagne peir, zaute comence ploré : avlà éne coup tout lacase allime en grand, éne bande loulous sourti, tchiombo zaute, amène zaute dans lacase, fréme zaute dans godon.

Létemps là Ptit Poucet té fine galoupe laboutique ; li acète posson salé av douriz, li faire éne paquét [sic], li tourne lacase, li dire av so frères :

— Anons allé, vous zaute ! napas létemps pour perdi.

Zaute marcé, zaute marcé ; avlà zaute zoinde éne çarette av éne ptit bourique. Ptit Poucet dire zaute :

— Quand nous gagne çarette là nous napas pour lassé.

Çarette là té pour éne faye faye malbar marçand lasabe ; zaute pousse li, zaute zette lasabe, zaute monte dans çarette.

Bourique marcé, marcé, marcé. Avla zaute tout gagne faim ; mais nèque Ptit Poucet tout seil qui gagne bon morceau douriz av pôsson salé. Li dire zaute :

— Mo va donne zaute tout manzé, mais mo faire éne condition : moi même qui va céf ; tout ça qui mo comande zaute faire, zaute va faire.

Zaute tout dire oui ; Ptit Poucet donne zaute manzé.

Avlà zaute zoinde éne pied coco dans bord cimin. Ptit Poucet arrête bourique, li dire zaute :

— Mo bisoin ça pied coco là ; coupe li, mette dans çarette.

Zaute comence cipoté : « Qui faire ? — Grand grand louvraze ça ! — coco là li raide pour coupé, oui ! » Ptit Poucet dire zaute :

— Mo napas conne ça ! A cote mo douriz ? à cote mon pôsson ? Mo dire zaute coupé, mette lhaut çarette !

Zaute tout labec sauté. Zaute bisoin dicendé, coupe pied coco, çarze làhaut çarette av son cocos.

Zaute allé, zaute allé ; avlà zaute zoinde éne cousinier qui après couit zambon dans éne grand marmite divant laporte so lacousine. Ptit Poucet arête bourique, li dire zaute :

— Mo bisoin ça maman marmite là ; alle prend li, mette dans çarette.

Zaute comence encore napas vlé : « Qui faire marmite ? — Zamais cousinier pour donne li ? Napas narien pour couit. » Ptit Poucet nèque réponde :

— Où li mon douriz ? où li mon pôsson ! Alle çasse marmite là !

Zaute blizé dicendé, arranze zaffaire av cousinier, prend marmite, mette li dans çarette.

Zaute allé, zaute allé ; lacase loulou napas loin asthère. Alà zaute zoinde éne vié blanc qui ti marce av éne fisil dans so lamain, sembe éne lapompe làhaut so lédos. Ptit Poucet arrête encore bourique, li dire av so frères :

— Ça même dernier quiqueçoses mo bisoin : ça fisil là sembe ça lapompe là. Alle prend ; mette dans çarette.

Ça voyaze là zaute napas voulé même : pengare vié blanc là pette zaute éne coupdefisil. Ptit Poucet en colère : li tire son couteau, li crië zaute :

— Amène ventes : mo tire mo douriz av mo pôsson salé !

Zaute tout nèque saute enbas çarette ; zaute couri av ça vié blanc là, quiquefois zaute embéte embéte li, zaute prend fisil av lapompe, zaute mette dans çarette, zaute allé.

Aforce marce marcé avlà zaute fine arrive lacase loulou. Bourique content, oui ! çarette là li lourde av tout ça quiqueçôses [sic] qui làdans là.

Laporte larie fermé : Ptit Poucet passe dans barreaux, ouvert laporte en grand, faire rente so çarette. Lacase ouvert, Ptit Poucet tout seil rentré, li quitte so frères dohors dans çarette. Tout loulous ti dans salon : zaute après dansé, après canté [sic] ; Ptit Poucet couté, zaute tout çanté : « Dimain zaute va gras, nous va manze zaute ! dimain zaute va gras, nous va manze zaute ! » Li laisse loulous faire zaute vacarme, li rôde rôde partout partout dans tout lacase. Coment li arrive à cote godon, li tende doumounde après ploré làdans. Laclé ti làhaut laporte ; li ouvert éne coup : ça même, ça ! so septe cousines saute làhaut li, embrasse li, serre so licou. Ptit Poucet pousse pousse zaute, li dire zaute :

— Resse tranquille, donc ! napas létemps pour embrassé açthère. Zaute bisoin paré pour sauvé : talhère mo va apéle zaute.

Li tourne dans lacour, li prend so frères, li amène zaute doucement doucement dans godon av so cousines, li dire zaute :

— Napas faire tapaze, coute bien. Talhère mo pour tire éne coupdefisil ; sitôt vous tende coupdefisil là, zaute tout ensembe largue éne guélé ; tapé, cogné, batte laporte, faire tapaze ; ça même qui mo comande vous, ça magnière là qui mo pour sauve vous lavie.

Ptit Poucet tourne dans lacour ; li prend labride bourique, li faire li monte enbas lavarangue av çarette, li fonce dans vestibile, li barre laporte salon. Loulou trouve li, li dire av so camrades :

— Avlà encore éne laute pour nous manzé !

Mais Ptit Poucet napas gagne peir. Li tine fisil dans so lamain, li dire loulou :

— Napas saye bouzé : tout lacase plein av mo soldars. Mais mo vlé règue zaffaire av toi ; to camrades même qui va zize nous, zaute même qui pour dicidé qui plis famé, sipas toi, sipas moi.

Loulou sembe tout loulous nèque dire : «  Oui ! oui ! anons guété ! »

Ptit Poucet dire loulou :

— Mo laisse toi-même comencé.

Loulou comencé. Li dire Ptit Poucet :

— Anons guété qui gagne plis gros vente. Avlà pour moi.

Li monte so vente : napas éne vente, ça : éne barique !

Ptit Poucet nèque renverse çarette ; li diboute dans çarette, so latête tout seil dépassé ; li dire :

— Guéte ça qui pour moi !

Tout loulous bisoin crié : « Vente Ptit Poucet plis gros ! vente Ptit Poucet plis gros !

Loulou en colère. Li dire :

— Ah ben ! anons guété qui gagne plis gros latête.

Loulou tire çapeau, li monte so latête : éne ziraumon !

Ptit Poucet pèse marmite zambon, li méte li lhaut so la tête ; tout loulous blizé crié : « Pour Ptit Poucet plis gros ! pour Ptit Poucet plis gros ! »

Loulou vine bête. Li dire :

— Anons guété qui gagne plis gros tétés.

Li ouvert éne coup so cimise : so tétés loulou dé gargoulettes !

Ptit Poucet prend dé cocos ; li mette en bas so cimise lhaut so lostomac : — « Tétés Ptit Poucet plis gros ! tétés Ptit Poucet plis gros ! »

Loulou firié. Ça coup là li dire :

— Ah ben ! anons guété qui va crië plis fort.

Loulou largue éne guélé : vites lacase tremblé ! Ptit Poucet napas rôde divant derrière ; li batte so bourique. Bourique fronce nénez, allonze lédents : « hihan ! hihan ! hihan ! » Tout loulous rié : — « Bien sir, bien sir qui Ptit Poucet qui capave guéle plis fort ! »

Mais loulou napas rié, li. Li déboutône quilotte, li dire :

— Ça vôyaze [sic] là nous pour guété qui capabe rende plis beaucoup dileau.

Loulou vidé même : li rempli tout vases, tout gamelles, tout quivettes, tout séaux.

Qui Ptit Poucet faire ? Li arranze so lapompe, li pompé, pompé, pompééé : lacase comence plein av dileau. Tout loulous même que blizé arrête li pour zaute napas nôyé ! Quamême loulou mouillé, li bisoin reste sec.

Ptit Poucet dire loulou :

— Eh toi ! encore dé coups tout seil ! Quand ça de coups là moi qui casse toi encore, to zaffaire zizé même.

Loulou comence peir ; li crace coton. Mais li bisoin saye encore, li dire :

— Mo parié qui mo laquée plis longue qui ça qui pour toi.

Loulou tire so laquée : laquée là longue longue et gros gros coment éne brancard çarette !

Mais Ptit Poucet napas en peine. Li amarre ça pied coco là av li par derrière ; li dire zaute : « Misire nous dé laquées ; misire zisse ! » Napas lapeine pour misiré, pied coco plis longue qui brancard çarette.

Ptit Poucet dire av loulou :

— Eh toi, pitit to manman ! ça to denier coup, oui ; mo prévini toi encore éne fois : mazine bien !

Ça coup là, loulou peir même, mo dire vous. Dans so lafrayeir là, li senti so vente comence brouille brouille av dileau ; comâ dire gournouies plein làdans. Li dire Ptit Poucet :

— Ah ben ! anons guété qui capave casse éne pété plis fort !

Loulou tape so vente éne coup. Manman ! napas pèle éne lodéir mazizi av éne tapaze, ça ! Çarête quilé : li roule dè [sic] tours laroues ; bourique même honte.

Ptit Poucet saute en lair à force li en colère. Li dire loulou :

— Coment, coçon ! coment malprôpe ! coment, mal élevé !

Çà, éne quiqueçose pour faire divant éne doumoune coment moi, côçon [sic] !

Ptit Poucet pèse son fisil, li vise loulou, li pèse gacette : boum ! loulou en bas, li vire cayes, li môrt même.

Coment zaute entende coudefisil là, frères Ptit Poucet av so cousines comence éne vacarme, tapé, batte laportes, çavire meibes, guélé ; loulous tende ça, zaute croire soldars ; zaute tout saute lafenête, piqué, balié, bouré même.

Avlà Ptit Poucet fine reste maître lacase loulou av tout ça qui làdans, meibes, zassiettes, couverts, piano dans salon, bon divin dans lacave, bon linze dans larmoires, tout ça qui bisoin. Li prend laçambe loulou pour li ; li donne so frères çaquéne so laçambe av éne cabinet.

Zaute tout marié même zour. Napas appelle éne grand diner, ça ! Tout doumonnde [sic] fine invité : vié blanc qui ti prête Ptit Poucet son fisil av so lapompe, cousinier qui ti donne marmite zambon, zousqu'à ça faye malbar marçand lasabe qui ti laisse prend so çarette av so bourique.

Moi aussi mo voulé rente lacousine pour gagne morceau manzé : zaute flanque moi éne coupdepied, zaute faire moi tombe ici pour raconte vous ça zistoire là.


 

 

 

XVIII

ZISTOIRE MARIE ZOZÉ

 

Ti éna éne fois éne viévié bonhomme, personne napas ti côné qui lâze li ti gagné. Ene zour Marie Zozé alle lapéce tectec enbas larivière, li trouve ça vié bonhomme là après lapéce bigorneau. Marie Zozé dire li : « Bonzour, grandpapa, côman vous ça va ? » Bonhomme là guette li bien, après ça li dire li : « Parié, mo camrade, to napas capabe dire moi qui lâze mo éna ? »

— Mo napas côné ; mais vous gagne lair bien vié.

— To guétte ça bigorneaux là, ça carabes là, ça anguïes là ? Si dans dé zours to napas dire moi qui lâze qui mo éna, mo envôye toi av zaute.

Marie Zozé gagne peir ; li oulé embéte ça bonhomme là, li comence cause bagout ; mais vié bonhomme là ti malin, li dire bonzour, li allé.

Alà Marie Zozé çagrin ; li arrive dans so lacase, li napas capabe manzé. So femme dimande li qui fére li napas manzé, qui li gagné ; Marie Zozé napas réponde narien, li baisse so latéte. So femme embéte embéte li, alà li dire so femme : « To napas côné mo ti trouve éne vié bonhomme qui té après lapèce bigorneaux enbas larivière ; li ti dire moi si dans dé zours mo napas dire li qui lâze li éna, li pour touye moi. » So femme dire li : « Napas bisoin çagrin ; manzé ; mo va dire toi couma to a fére pour cône lâze ça vié bonhomme là. »

Alà quand Marie Zozé té fini manzé, so femme dire li : « Dimain, alle aceté éne sac ptit plimes, dé longue bambous, ec éne lazarre sirop lamélasse. » Lendimain bomatin Marie Zozé alle bazar, li aceté tout ça qui so femme ti dire li. Arrive dans so lacase so femme tire tout so linze làhaut so lécorps, vide sirop lamélasse av li, roule li dans sac ptit plimes ; li prend ça dé bambous là, li mette éne laquée av li : alà Marie Zozé fine vine couma éne tigue zour gounn. Açthère là so femme dire li : « Ziste midi, ça vié bonhomme là dourmi làhaut éne roce bôrd larivière ; alle doucement ; saute éne coup làhaut li. » Marie Zozé si tant content, mo dire vous, qui li embrasse so femme.

Arrive enbas larivière, li trouve ça vié bonhomme là après dourmi. So léquér sauté ; li fonce éne coup làhaut vié bonhomme là. Bonhomme là lève en sautant ; li voir Marie Zozé ; li carquille so lizié, li dire : « Mo éna mille bananées, mais zamais mo té voir éne doumounde sembe plimes av laquée ! » Marie Zozé néque sauvé méme, galpé, arrive lacase, tchombô so femme, embrasse li encore : « Grand merci, mo femme, toi-méme qui fine sauve mo lavie : Bondié va soulaze toi. » Avlà zaute dé bien content.

Lendimin Marie Zozé çanzé, li alle larivière, li trouve ça vié bonhomme là qui ti après aspère li :

— Bonzour, mon garçon ; ah ben ! to côné qui lâze qui mo éna ?

— Bonzour, grand papa ; vous çava bien ? Mais zamais vous té taille vou labarbe donc ?

Mais vié bonhomme là saute l'haut Marie Zozé.

— Bon bagout çappe lavie, mais napas éc moi, mon garçon. Qui lâze mo éna ? Causé, mo tendé.

— Mille bananées, grand papa.

Vié bonhomme là gaga, li reste séc : « Mais coumâ to ti fére pour cône mo lâze donc ? »

Marie Zozé raconte li ça qui so femme té dire li fére.

Asoir vié bonhomme là donne éne grand diner lacase Marie Zozé.

« Eh ous, zenfants, létemps pour dourmi, oui ! pendgare cornes poussé. »


 

 

 

XIX

ZISTOIRE BONNEFEMME AV VOLEIRS

 

Ti éna éne fois septe voleirs qui ti alle coquin lacase éne bonnefemme. Bonnefemme là tende voleirs vini, ouvert so laporte, li sauvé, li alle éne bonne distance, li monte lahaut éne grand pié zarbe, li dire : « Quand voleirs passé, mo va trouvé acote zaute allé. »

Voleirs ente dans lacase, volor tout ça qui éna, larzent, linze, tout quiqçose. Zaute sourti av paquets. Avlà zaute passe dans méme cimin acote bonnefemme ti passé, zaute arrive acote ça pié là. Ene dire av so camrades : « Anons arrété, nous va partazer ça qui nous fine coquin. »

Ene monte làhaut pié pour veillé pengare doumoune vini. Coment li monté, bonnefemme là peir, li croire li vine touye li. Voleir trouve bonnefemme, li dimande li qui li fére là. Bonnefemme cause av li ; touldé cause causé. Bonnefemme dire li : « Mais vous éna lalangue trôp longue, don ! vous cause trôp fort ! » Voleir dire li : « Mais non, mo napas lalangue trôp longue ; mo lalangue napas plis longue qui pour vous. » Bonnefemme dire li : « Anons misiré. » Avlà touldé mette lalangue ensame pour misiré. Bonnefemme morde éne coup, li coupe lalangue ça voleir là. Voleir, ladouleir av li, largue brance, çaviré, tombe lahaut paquet linze acote son camrades. Zaute dire li : « Mais qui to gagné donc ! mais qui to gagné, donc ! Causé ! » Napas fouti ! Li néque léve lamain enlair lahaut pié : « Houhah ! houhahouah !! » Zaute tout lafrayeir av zaute, pique éne taillé, mo dire vous, quitte linze, quitte paquets, tout ça qui zaute fine volor.

Quand zaute loin, bonnefemme dicendé, prend tout so zefféts [sic] ; li tourne dans so lacase ; li rié !


 

 

 

XX

ZISTOIRE TRANQUILLE AV BRIGAND

 

Ti éna éné [sic] fois éne léroi qui fine gagne éne petit garçon. Mais lheire pitit là sourti dans vente so maman, coment so figuire brigand même, so papa appelle li Brigand.

Dé trois bananées passé, lareine accouce éne laute garçon. Mais coment figuire ça sécond pitit là té douce douce même, so papa appelle li Tranquille.

A misire ça dé zenfants là vine grand, ça qui appelle brigand brigand même : papa av maman napas coné qui zaute va faire av li. Mais Tranquille éne ptit dimiel : tout ça qui dire li, li coûté ; tout ça qui comande li faire, li faire. Domaze li inpé bête bête et gnangnan.

Zaute papa té bien content laçasse. Ene zour coment li pour alle laçasse dans éne laute paye, li faire appelle Brigand av Tranquille, li dire zaute :

— Couté, mo zenfants ! zaute assez grand açthére pour comence travaille ; mo pour alle éne laute paye, mo vlé donne çaquéne so louvraze. Toi, Brigand, coment to plis vié, toi même qui va oquipe bitation. Faire bien travaille doumounde ; nétoyé, nétoyé même : lhére mo tourné, mo napas vlé trouve éne lherbe, éne lapaille ! Toi, Tranquille, coment to plis zeine [sic], mo mette dans to lamain tout zaffaires lacase. To coné to maman napas tardé pour accoucé, et ziment oussi pour gagne pitit. Veille bien qui laçambe napas courant d'air, qui lilit bien bon ; faire touye poule, donne li bouillon ; lalitière bisoin toujours frais et faire palfrémier çauffe dileau disson en pé çaud pour donne li boire. Zaute tendé ? Allé !

Léroi parti.

Lendimain grand bomatin Brigand alle bitation. Li faire appelle tout doumounde, li dire zaute :

— Eh zaute ! zaute côné qui moi-même qui maîte acthére [sic]. Quand mo donne lorde faire quiqçoce, attention !

Li rente dans éne carreau magnioc, li trouve feilles magnioc fine tombé, li appelle comandeir :

— Eh vous ! comme ça qui travaille ! Mo napas vlé éne feille làhaut laterre, faire balié.

— Mais Msié, zamais vous papa té oquipe ça ! Li faire tire lherbe, mais quifaire balié feilles ? Magnioc même qui donne feilles : lhére tiré, laute tombé.

— Mo fine causé ! mon napas vlé éne feille làhaut laterre ! Quand magnioc qui donne feilles, race magnioc ! racé, racé même ! mo vlé mo carreau prope !

Comandeir saye cause encore : Brigand tombe làhaut li, assomme li. Bisoin arrace magnioc, balié tout, laisse laterre prope.

Brigand tourne dans lacour, li rente dans poulailler. Li trouve maië fane par terre ; li dimande gardien qui ça saleté là ? Gardien dire li fine fane maië pour poule manzé ; ça, larestant. Brigand faire balié. Li trouve lapaille enbas poules qui après couvé ; li en colère av gardien :

— Comme ça to louvraze prope ! Quand mo trouve encore éne boute lapaille ici, mo casse to la guéle ! Tire lapaille, zété, balié !

Gardien peir : li tire tout lapaille enbas poules. Dizefs couvé vine frés, zaute gâté, éne cassé. Lhére Brigand senti ça lodeir senti pi là, so en colère lévé même :

— Mais qui ça linféction là, don !

Gardien dire li éne dizef gâté fine claté, li faire tire tout dizefs, zété, balié. Lacase poules prope même, mo dire vous.

Ça même so magnière Brigand travaille. Dans tout ça manman bitation là na plis iéna éne plantaze : na plis éna éné [sic] pied magnioc, naplis éna éne pied batate, naplis éna éne pied canne, naplis éna éne pied mayë, tout fine arracé, tout fine balié. Partout laterre prope même, mo dire vous !

Tranquille, li, touzours reste dans lacour. Avlà so maman accouce éné [sic] ptit fille ; ziment donne éne ptit ziment. Tranquille faire tout ça qui bisoin. Brigand arrive dans lacour. Li trouve tout ça qui Tranquille après faire ; li en colère av li, li dire li :

— Eh toi, Tranquille ! comme ça même to travaille ! comme ça même to courte zordes papa ! Bon à rien, va !

Li appelle tout domestiques : li faire tire so maman dans lilit, amène léquirie, mette làhaut litière ; tire ziment dans léquirie, amène dans laçambe, mette lhaut lilit. Li force so maman boire dileau disson bouillante ; li faire bourre bouillon poule av ziment. Sipas dè [sic] zours, sipas trois zours, maman mort, ziment mort.

Tranquille nèque ploré, ploré ; mais qui li a faire ? Li trop per Brigand. Li aspère lanouite ; quand faire sicour sicour même et tout doumounde dourmi, li ouvert laporte lacase doucement, li sauvé.

Té dans marée noire. Tranquille marcé, marcé ; mais laline napas, li trompe cimin, li perdi. Avlà li arrive dans grand bois. Coment li guette guetté, li trouve éne ptit laclairté dans milié zarbes : té la case éne vié vié grand maman qui, longtemps, té gardien lazois lacase léroi. Tranquille batte laporte ; bonnefemme ouvert, dimande li qui li voulé. Tranquille raconte li tout zistoire. Bonnefemme dire li :

— Rentré, Msié Tranquille. Mo cone vous bien, oui ! lhére mo té zeine [sic], longtemps mo té travaille av vous papa sembe vous maman. Tout quiqçose dans mo ptit lacase pour vous, bon keir.

Bonnefemme donne li dé trois batates grillé : Tranquille manzé ; bonnefemme prend natte, allonze li dans coin laçambe, Tranquille dourmi.

Dimance passé, lindi vini. Grand bomatin Brigand napas tende sonne lacloce pour appelle doumounde dans louvraze. Li saute enbas lilit, li pèse baton, li mème alle sonné. Personne vini : Brigand enrazé. Li sacouye son bâton, li alle dans camp. Tout laportes lacases ouvert : partout fine lève paquet ; tout lacases vide. A force Brigand fine faire zaute lamisère, tout zense bitation fine sauvé : Brigand tout seil. Personne pour tire so dileau, personne pour pile so douriz, personne pour plice so brèdes, personne pour couit so manzé. Qui li a faire ? li oussi blizé allé.

Brigand marcé, marcé ; avlà li arrive dans bois. Coment lanouite vine noir même, li trouve éne laclairté : té lacase vié grandmaman acôte Tranquille ti été[.] Brigand pousse laporte, li rentré. Bonnefemme av Tranquille saisi ! Brigand dire zaute :

— Mo faim, mo lassé : donne moi manzé ; donne moi éne lilit.

Bonnefemme peir à cause li té conne Brigand dipis longtemps. Li donne li morceau magnoc, li dire li :

— Ça même mo éna pour donne vous, Msié ! mo éne pauve vié doumounde.

Brigand manzé :

— Mo fine dire vous mo lassé : à cote lilit ?

— Ah ! Msié ! mo trop pauve gagne lilit dans mo lacase : guété vous - même. Quand vous content, mo tale éne natte pour vous ; mais pengare vous napas capabe dourmi av pices : vous zeine [sic], vous lapeau tende, zaute va quitte moi pour monte av vous.

— Assez causé ! donne natte.

Brigand allonzé : pices av li, manze so disang, bourle li coment éne laflamme difé. Li dibouté [sic], li sacouye so lécorps, li allonze encore, pices tourné, tombe comment lapli battant làhaut li. Ça coup-là Brigand Kimé [sic] même ! Li pèse ène tison enbas lacende, li soufflé, li faire laflamme lévé, li bourre difé dans lapaille lacase. Pauve ptit lscase [lacase] là té tout en fataque av vitiver ; éne coup même li flambe en grand. Bonnefemme ploré, sauve dans bois av Tranquille.

Brigand marcé, marcé ; li arrive dans éne laute paye à côte Gouverneir té rôde soldars pour laguerre. Brigand engazé, trente piasses par mois. Li alle laguerre. Coment li peir narien, li nèque tapé, tapé même, vitement li vine zofficier. Mais napas appelle éne bande lamisères li faire so soldars ! coupdepoings, coupdepieds, coupdebâtons, li ronflé zaute bonavini. Tout doumounde haï li.

Ene zour, coment Brigand après saye éne fisil li clate dans so lamain, lapoude saute dans so figuire, bouce so liziés. Tout soldars quitte li là même, vanné. Li lave so liziés, lavé, lavé : ah ouah ! liziés boucé même. Nèque éne côté qui capave trouve morceau morceau quiqçose qui gros gros ou bien clair clair.

Brigand tout seil, dans milié éne laute paye li napas coné, Li [sic] casse éne bâton, li blizé marce en tâtant ; li misère, mais misère zousqu'à napas bon !

A force marcé, marcé, li fine arrive encore éne laute paye. Ene zour, coment li après tâte tâte so cimin, li zoinde éne doumounde. Doumounde là té Tranquille[.] Tranquille guette li, guette li ! li gagne ladoutance qui ça faille malhéré là so frère Brigand même ça. Li faire li causé : lavoix Brigand même ! lavoix so frère !

Tranquille bon keir. Li embrasse Brigand, li plore av li, li dire li comme ça :

— Mon frère, Bondié fine soulaze toi ! Moi même Tranquille ; moi même ton ptit frère ! Mo sîr to lamisère fine faire toi vine bon astheire : vine lacase ; mo va donne toi tout ça qui to bisoin ; to napas pour manque narien asthére.

Faut vous coné qui Tranquille té fine marié av éne fille léroi. So lacase rice même, éne lacase manze pizon, mo dire vous !

Tranquille amène Brigand av so madame, li dire li :

— Mo femme, avlà mo frère ; mo grand frère qui fine vine misère à cause li fine perdi liziés ; nous bisoin prend li dans nous lacase, habille li, nourri li, soigne li. Coment mo coné qui vous content moi, mo coné qui vous va content li : mo donne li vous dans vous lamain.

Tranquiile [sic] av so madame bon même pour Brigand : donne li linze, donne li souliers, donne li çapeau, tout ça qui li bisoin, tout ça qui li envie. Brigand narien pour faire, nèque manzé, boire, dourmi. Mais à misire qui li vine gras, qui so laforce tourne av li, li ennouye ennouyé dans lacase : so gandia comence lève encore. Li si tant mauvais, li faire si tant brigandazes qui lareine blizé lassé av li ! Li dire av so mari:

— To frère éne trop mauvais doumounde, mauvais coment éne zanimaux ! mo na plis voulé garde li dans mo lacase, pousse li !

Tranquille cause cause doucement av so madame :

— Napas en colère, mo femme ! laisse nous aspère encore morceau, mo dire toi ! so fouca là qui fine lévé ! quiquefois talheire là même li pour tombé ! Li va vine encore bon, mo dire toi.

Ah ouah ! na plis capave tini av Brigand : tant plis li allé, tant plis li mauvais ; li coment éne licien enrazé même. Ça fois là lareine napas vlé coute narien, appelle domestiques, faire zette li dohors.

Lékeir Tranquille bourlé. « Ene pauve malhéré qui napas trouve clair ! quand mo laisse li tout seil, bien sîr li va mort misère ! vaut mié mo sivré li. » Avlà li zoinde Brigand lhaut grand cimin ; zaute dé alle ensembe.

Coment zaute marcé là, zaute gagne à soir dans cimin. Avlà zaute arrive divant éne belle grand lacase qui allimé partout partout. Zaute rentré. Ça ti lacase éne léroi. Léroi là guette figuire Tranquille av Brigand ; li côné qui ça napas doumounde bonavini ; li cause politesses av zaute, li [sic] faire zaute diné, fime bon ciroutes, boire laliquier. Après ça li dire domestique amène zaute dans laçambe à côte fine arranze dé lilits pour zaute dourmi. Tranquille content ; li dire bonsoir léroi, grand merci vous bonté ; zaute allé.

Ti éne belle belle laçambe même av tout ça qui bisoin làdans, grand lilits, bon matelas, bon couvertires. Mais so cloisons laçambe là napas dibois napas plances : dipis en haut, dipis en bas toute cloison nèque éne grand grand laglace même.

Avlà, coment zaute coumence dourmi, lérats gratte gratté dans cloison à côte lilit Brigand. Brigand tape tapé, pour pousse zaute ; zaute allé.

Brigand vire so lécorps làhaut lilit, li coumence dourmi encore, lérats tourné. Zaute sauté, zaute galpé, zaute dansé, mo croire quiquefois zaute après donne bal : napas môyen dourmi av zaute. Brigand diboute éne coup ! so colère fine lévé. Li rôde quiqueçose pour batte lérats ; li trouve éné [sic] boute fer dé pieds longuère aproçant, li pèse li, li tombe làhaut lérats dans cloison, li brise tout ça laglace là en mille morceau. Tranquille crië avec Brigand :

— Ah Bondié, mo frère ! qui to fine faire ! Quand dimain bomatin léroi trouve tout çà dégàt-là, li va en colère av nous, li va touye nous ! Vaut mié nous allé.

Li prend lamain Brigand, li dicende lescalier, li ouvert doucement doucement laporte ; avlà zaute dans lacour. Tranquille vire viré ; mais partout lacour barré av grand grand lamiraille, et enhaut lamiraille, fer pointe ! Qui zaute va faire ?

Avlà coment zaute après rôdé là, zaute zoinde éne tourtie, Tourtie [sic] dimande zaute quifaire zaute vire viré coume ça àsoir dans lacour au lié dourmi dans lilit, Tranquille raconte li tout ça qui fine passé là. Tourtie coute ça, li dire zaute :

— Napas bisoin peir, zenfants ! sivré moi, zaute vá guété.

Tourtie là ti éne grand sourcier. Avlà zaute arrive dans fond lacour à côté lamiraille ; tourtie nèque touce lamiraille av so latête : lamiraille là fende en dé, zaute sourti.

Asthère là tourtie dire zaute :

— Vine av moi ; mo va monte zaute éne cimin à côte personne napas va capabe sivré nous, à cause li va boucé derrière nous lédos à misire nous avancé.

Zaute marcé, zaute marcé ; derrière zaute avlà grand grand zarbes poussé, amarre partout av laliane, natte même : naplis cimin.

Grand bômatin coq çanté, zaute fine arrive dans milié laplaine. Tourtie dire zaute :

— Mo zenfants ! alle ramasse dé paquets dibois sec. Mo fré, mo lassé : mo bisoin allime éne ptit difé pour çauffe mo lécorps et dourmi éne ptit moment.

Tranquille alle rôde dibois, Brigand assisé.

Lheire dibois améné, tourtie frotte frotte dé ptits morceaux ensembe, allime difé ; li allonze so lécorps dans bord difé, li dourmi.

Avlà Brigand gagne faim. Li maziné, laviande tourtie bon pour manzé, oui ! Li pèse éne maman roce, li vine doucement doucement av tourtie qui dourmi là, li lève roce en lair, lit [sic] fouette li làhaut tourtie, li touye li ! Tranquille napas létemps arrête so lamain ; li crië li :

— Ah mon frère ! éne tourtie qui fine sauve nous lavie !

Brigand nèque rié éne mauvais rié, li dire li :

— Qui to croire ? mo va mort faim lhére mo gagne éne bon quiqueçose pour manzé ? sipas mo bête, moi !

Li prend tourtie là, li vire so làhaut enbas, li mette li dans difé, li couit li dans so lacoque, li manze li.

Tranquille ploré. So lékeir enbas roce : « trop fort mauvais linstinct coment ça Brigand là ! »

Avlà soleye comence làhaut, zaute dibouté, zaute allé. Mais qui ça zespèce cimin là, donc ! partout nèque piquants, tourous, gros gros roce roule enbas lipieds. Brigand, côment li napas trouve bien clair, li nèque tombe tombe à tout moment. Li blizé donne lamain Tranquille. Cimin vine plis mauvais encore, çaque pas zaute avancé, zaute manque casse cou même. Mo croire quiquefois ça éne mofine qui name tourtie là fine mette av zaute.

Avlà éne coup Tranquille pose so lipied lhaut éne roce, roce viré, Tranquille av Brigand tombé. Terrin ti en décendant : zaute roulé, roulé même, zaute tombe dans éne grand tourou qui té fond fond même. Zaute saye sourti ; napas môyen, partout rempart à pic. Qui a faire ? Zaute assisé ; Tranquille nèque pense ça tourtie là : so léquier [sic] bourlé, li ploré.

Coment li après ploré là, ti tende coma dire lézailes éne zozo qui batte batté. Li guetté : té éne gros zozo même. Zozo vole en rond, vole en rond, li dicende ein [sic] pé, li pose éne coup lhaut éne pointe roce dans milié rempart. Zozo là guette guette zaute bon morceau létemps ; li trouve Tranquille ploré, ploré même, li dimande li :

— Mais quifaire vous ploré, don ?

— Guette vous même, Msié zozo ! Mo frère av moi nous fine roule dans fond ça grand tourou là. Coment nous va capave sourti ? cimin napas : nous va blizé mort faim ici même !

Zozo dire Tranquille :

— Napas bisoin peir, napas bisoin ploré ; mo va amène zaute làhaut : coute bien ça qui mo causé. Avlà mo dicende enbas. Coment mo va vole vole à côte zaute, çaquéne va tchiombô éne côté mo lézailes, souqué même. Ça moment là mo pour lève en lair éne coup ; mais zaute dé bisoin pour fréme bien zaute liziés ; quand zaute ouvert néque ptit moment même, mo sacouye zaute, zette zaute làhaut roces, casse zaute latête. Zaute fine bien tendé, pengare blié !

Avlà Zozo plonze éne coup éne volant zisqu'à dans fond tourou. Coment li batte batte lézailes à côte zaute latête, Tranquille tchiombô éne côté lézailes, Brigand pèse laute côté ; zozo crie zaute éne coup, fréme léziés [sic], et pique en lair tout dréte côment ène roce lance av la côrde.

Côment zaute en lair en lair là, Brigand ouvert liziés morceau morceau. Dans lézailes ça zozo là ti éna éne belle belle plime lor qui té manimani dans soléye. Brigand trouve ça plime là ; li çanze doucement doucement place so lamain pour capave tchiombô plime là et arrace li éne coup, lhére zozo va fine pose zaute enbas. Zozo senti lamain bouzé, li éna éne doutance... éne coup là li sacouye lézailes : lamains Tranquille av Brigand glissé, zaute néque çavire dipis làhaut roces, mort même. Zozo guéte zaute par terre : narien bouzé. Li pique côté soleye coucé, li allé.

Lendimain bomatin, avlà éne coup lherbe comence bouze bouzé à côte ça dé lécorps là. Lherbe bouze encore ; éne latête sourti, ti latête éne tourtie. Tourtie approce av Brigand, li guette guette li : avlà tourtie là rié, so magnière éne tourtie capave rié. Li quitte lécorps Brigand, li arrive av Tranquille, li arrête rié, li guette li.

Longtemps longtemps li maziné. Ene coup là li allé ; li casse trois feilles dans trois pieds lherbe, li amène feilles là dans so labouce, li tourne encore av Tranquille.

Tranquille té coucé làhaut lédos, coment doumounde qui dourmi labouce ouvert. Avlà tourtie mette ça trois feilles là dans labouce Tranquille : Tranquille éne coup même ouvert so liziées [sic], tire tire so lébras, li assisé. Tourtie cause av li :

— Ah ben, mon garçon ! esqui to fine assez dourmi, ou bien soméye encore av toi ?

Tranquille passe so lamain làhaut so figuire, li guété, li trouve lécorps Brigand qui mort làhaut laterre à côte li : éne coup là li souvini. Coment li guette guette son frère qui mort là, avlà li comence ploré. Ça coup là tourtie dire li :

— Eh toi, Tranquille ! eh toi, mon garçon ! coute bien mon causé : Bon, li bon ; mais bon zousqu'à bête napas bon ! Moi même qui té ouvert lamiraille pour sauve vous lavie ; et Brigand ti touye moi ti manze moi. Mais moi qui conne lève doumounde mort, mo fine tourne encore dans mo lacoque et mo encore vivant, et mo va vivant sipas dé mille bananées encore. Moi même qui ti zette zaute dans tourou ; moi-même qui ti envoye mo zozo plimes doré à cause mo té côné qui Brigand pour ouvert liziés et pour casse so latête ; moi-même qui faique rende toi to lavie. Allé asthére, mon noir ! tourne dans to lacase av to femme ; zamais Brigand pour faire zaute encore lamisère. Allé, mo dire toi ; mais souvini bien mo parole :

« Bon, li bon ; mais bon zousqu'à bête napas bon. »

Avla Tranquille allé, li arrive so lacase. So madame content, so domestiques content, tout grand grand lérois vine voir li.

Tranquille donne éne grand grand grand diné ; li engaze tout so camrades... Mais domaze zaute napas té voulé laisse moi rentré pour guété.


 

 

 

XXI

ZISTOIRE ZACOT AV TOURTIE

 

Ti éna éne fois éne Tourtie av éne Zacot.

Tourtie là ti éna onze pitits. Zacot là té éne vacabond.

Tourtie alle travaye. So louvraze fini, li prend so lamonaie ; li acète éne balle douriz.

Lhére li tourne so lacase, li arréte dans bord cimin, li mette balle douriz enbas, li alle rôde dibois sec.

Coment li tourné, li trouve Zacot assise làhaut so balle douriz ; Zacot dire li :

Eh vous ! mo comère ; guetté : mo fine ramasse éne balle douriz.

— Douriz là napas pour vous, compère ; douriz là douriz qui mo fine aceté pour mo zenfants ; mo té quitte li dans bord cimin coment mo rôde dibois sec. Douriz là mon douriz : rende moi li.

Zacot napas vlé coute narien ; li dire :

— Ça qui bon ramassé, bon gardé ! Mo napas rende encôre.

Tourtie çagrin ; mais qui li capabe faire ? Li dire Zacot :

— Ah-bin ! compere, vende moi éne live : zenfants lacase napas gagne narien pour manzé.

— Napas môyen, commère ! mon douriz napas pour vendé ; alle laboutique camila.

— Bon, compère ! Ene zour nous va guété.

Alà, éne zour, Zacot fine assise làhaut éne brance : so laquée traine par terre. Tourtie passé ; li trouve laquée là, li tchiombô li, li crié :

— Avlà mo fine trouve éne laquée zacot ! Ça qui bon ramassé, bon gardé ! Mo napas rende encôre.

— Eh vous, commère ! vous badinez, vous ! Mo laquée ça !

— Douriz làhaut cimin, pour doumoune qui ramasse douriz là ; laquée làhaut cimin, pour doumoune qui ramasse laquée là.

Zacot en colère. Li tire so laquée ; tourtie napas largué, li sivré laquée. Zacot tiré, tourtie sivré : Zacot amène tout çaça dans tribinal.

Zize té làhaut siéze. Zacot dire li :

— Mó zize ! condamne Tourtie rende moi mo laquée.

Tourtie dire zize :

— Mo zize ! condamne Zacot rende moi mo douriz.

Zize faire zaute causé. Lhére li fine cone tout zistoire, li dire Zacot :

— Acote douriz ?

Zacot rié. Li nèque tape so vente :

— Làdans, mo zize !

Zize appelle garde ; li dire garde amène billot. Garde amène billot. Zize faire garde pose laquée Zacot làhaut billot, coupe en dé.

Après ça, zize causé :

— Ça qui bon pour ramassé, bon pour gardé. Zacot fine ramasse éne balle douriz làhaut cimin, balle douriz pour Zacot ; Tourtie fine ramasse éne boute laquèe [sic] làhaut cimin, boute laquée pour Tourtie. Mais quand Zacot voulé acéte ça boute laquée là pour côle ensembe so laute morceau laquée, mo condamne Tourtie vende toute laquée av Zacot pour éne balle douriz Balam. Açthère là mo fine causé : allé !


 

 

 

XXII

ZACOT AV ZIRONDELLE

 

Ene fois compère Zacot av commère Zirondelle fine faire zassociés pour lève éne ptit laboutique cinois. Nais [sic] zaute bisoin alle çace marçandises éne laute paye. Qui zaute va faire ? Aforce mazine maziné Zacot fine trouve éne magnière. Li alle bazar, li acète éne gros cocombe. Li coupe en dé, li manze éne lamoquié ; l'aute lamoquié li fouillé, li tire so tripes, li faire éne pirogue, li mette dans lamer.

Avlà touldé rente dans pirogue. Zirondelle prend so lézailes pour servi lavoile, Zacot prend so laquée pour servi pagaye. Zaute allé.

Dans milié cimin Zacot faim. Li coupe éne morceau pirogue av so lédents, li manzé. Zirondelle dire li : « Eh toi, compère ! to faire farce, hein ! pengare pirogue coulé, oui ! moi qui énan lézailes mo va capabe envolé, mais to pour coule au fond, to coné ! » Zacot nèque rié : « Napas peir donc, commère ! pirogue là té gagne coment dire éne bosse par derrière ; mo fine dresse li. »

Zaute allé, zaute allé ; zacot faim. Li morde encore dans pirogue, cocombe commence donne labande zacot morde laute coté pour arranze so balance, cocombe coulé, zacot coulé, zirondelle envolé.

Coment zacot après batte batte lébras pour saye nazé, maman carangue passé. Zacot appelle li : « Eh vous, maman ; quand vous mette moi à terre, mo va donne vous éne sac larzent et gouverneir pour donne vous éne ptit médaille av riban pour vous lapeine qui vous fine tire éne doumounde dans dileau, causé ! vous vlé ? » Carangue bête bête ; li prend zacot làhaut son lédos, li amène à terre.

Lheire zacot fine sacouye son dileau, li dire carangue : « Merci, commère ; vous cone nazé, oui ! Mais aspère morceau ; mo alle çace vous sac larzent ; zaffaire médaille va règue plis tard ! » Carangue bavé ; li reste dans bord dileau, zacot couri so lacase.

Zacot tourné ; li amène éne grand grand sac ; dans so fond ça sac là li fine mette trois quate caces sembe éne bande roces plate. Li sacouye sac pour roces là avec caces là sonne ensembe ; li rente morceau dans dileau, li ouvert labouce sac, li dire carangue : « Vine compté. » Carangue rente dans sac, zacot fréme sac éne coup, lévé, amène à terre, prend bâton, touye carangue. Li blizé tine so vente à fôce rié : « Aïo, mo maman ! coment pôsson bête ! aïo ! larzent av médaille ! aïo ! laisse moi rié ! »

Avlà zacot astheire çarze carangue làhaut so lédos, li marce dans laplaine, li crié : « Bel bel carangue pour faire cari, bel bel carangue frais pour faire cari ! » Li passe divant lacase éne vié bonnefemme qui ti après dibouté dans so laporte. « Vous napas bisoin carangue pour faire cari ? — Mo bisoin même ; mais larzent napas, qui a faire ! — Coûté ! quand vous énan bon douriz, bon massala, bon piment, nous capabe arranze zaffaire. Mo pour fourni posson, vous pour fourni tout laute quiqueçose ; vous faire cari, nous manze ensembe. »

Bonnefemme content ; li couit cari ; zacot assisé, li aspéré.

Lheire cari là commence couit, so lodeir fane dans tout lacase ; zacot ouvert nénez, li bavé, li dire bonnefemme : « Anons manzé astheire, li assez couit, mo senti li dans mon nénez. — Napas ça, msié zacot, li bisoin encore morceau difé ; aspére ptit ptit moment ; mon garçon fine alle ramasse éne paquet dibois, talheire même so lheire tourné ; nous trois pour dine ensembe. »

Lheire zacot coné so cari pour partaze en trois, so lékeir bourlé ; napas môyen, ça ! Li sourti dans lacour, li monte lhaut éne grand pied tambarin, li faire semblant guette loin loin dans laplaine, li crïe éne coup : « Aïo ! mais zaute pour touye li ! bonnefemme ! bonnefemme ! vous pitit, ça ! mais galoupé donc ! zaute ronflé li coups de bâton ! aïo ! galoupé, galoupé ! zaute pour touye li ! » Bonnefemme tende ça, li sourti éne coup, li vanné.

Zacot dicende dans pied tambarin, li rente lacousine. Ene ptit moment même li balié tout douriz av tout cari. Mais guette so mauvais malice, ça lhorreir zacot-là ! li faire so malprôpetés dans marmites, li mette marmites encore lhaut difé, li tourne dans pied tambarin.

Bonnefemme fine arrive dans boute laplaine, li zoinde son garçon ; personne av li, son paquet dibois tranquille làhaut so latête. Bonnefemme blizé coné qui ça zacot là fine baingne av li ; zaute dé son garçon zaute tourne vitement lacase.

Bonnefemme rente lacousine, marmite touzours dans difé. Li senti éne mauvais l'odeir : « Mais carangue là napas ti gâté ! » Li tire éne marmite, li découvert li : « Ah bondié seigneir ! mo marmite fine tourne pôdeçambe ! »

Zaute firié, zaute rôde zacot pour touye li ; zacot dans pied tambarin nèque rié. Garçon tende li rié, li lève li liziés, li trouve li, li crïe li dicendé. Zacot rïe plis fort : « Plis vaut mié vous monté, nous va zoué couc dans brances ! »

Mais bonnefemme là oussi éna lamalice. Li faire bouï éne grand marmite labrai, li prend pinceau, li frotte frotte tout pied tambarin av ça labrai là dipis làhaut zisqu'en bas. Lheire là zaute allime éne grandgrand difé enbas lipied zarbe, difé flambé, zaute mette dibois vert sembe lapaille mouillé.

Avlà zacot làhaut naplis capav tini dans laçaleir là, av lafimée qui bourle so liziés. Li laisse glisse éne coup so lécorps pour dicendé, li arrive av labrai, so lamains tacé, so lipieds tacé, so vente tacé. Bonnefemme souque son bâton pilon, flanque li nèque éne coup, houn ! léreins cassé.

Zaute décolle li, zaute tire so lapeau, zaute faire éne bon ladaube. Mo passé, mo dimande garçon là nèque éne lézos. Li flanque moi éne coup de pied, mo tombe ici pour raconte vous zistoire là.


 

 

 

XXIII

ZISTOIRE ZOVA AV CAÏMAN

 

Bonhomme Zova éne zour té alle dans so louvraze av so sac làhaut so lédos. Avlà coment li arrive dans milié éne grand grand laplaine, li tende coment dire éne zenfant après plaigné. Bonhomme Zova arrête marcé, li couté, li rôdé : ça ti éne caïman enbas éne pied cassis dans bord cimin.

Coment caïman là trouve Bonhomme Zova vine àcote li, li dire li :

— Aïo, bonhomme, quand vous bon keir, soulaze moi ! mo pour mort talheire à force mo lassé et mo gagne soif ; mo naplis capabe marcé ; amène moi dans vous sac là haut vous lédos, alle zette moi larivière. Bondié content quand doumounde çarite malhérés !

— Mais coment to voulé mo amène toi dans mo sac ? Zamais to va capabe rente dans ça sac là ; to trop grand pour tini làdans.

— Mo va arranze mo lécorps éne magnière qui li va rentré ; mette sac enbas, ouvert li, vous va guété.

Bonhomme Zova té éne bon doumounde. Li mette sac enbas, li ouvert li ; caïman roule roule so lécorps en rond coment éne paquet lacorde làhaut pont éne navire, li rente dans sac, li dire Zova :

— Ah bé ! avlà - moi dans vous sac, bonhomme ; anons allé.

Zova çarze sac lave so lédos, li arrive bord larivière, li zette caïman dans dileau.

Lheire caïman fine bien boire, fine bien baingne so lécorps dans dileau, avlà li gagne faim. Bonhomme Zova ti après assisé pour pose morceau à cause li ti lassé amène ça gros paquet là làhaut so lédos ; caïman vine av li, li dire li éne magnière en foutant :

— Eh vous, bonhomme, mo gagne faim, oui ! Mo côné qui lavianne doumoune éne bonbon manzé pour caïman ; donne moi éne côté vous lazambes pour mo dizné.

Zova saisi :

— Coment ! moi qui fèque sauve to lavie, to voulé manze moi ! To napas honté!

— Qui honté ça ? mo gagne faim, mo trouve bon manzé, et Mo [sic] va honté manze li ! Vous croire comme ça qui caïmans bête, bonhomme ?

Coment zaute dé après cipote cipoté là, avlà manman poule passé. Zova dire av caïman :

— Ah ben ! anons dimande same ça manman poule là sipas toi qui gagne raison ou bien moi.

— Ah ben si fait ! dimande li, nous va guété. Manman poule coute zaute ; lheire là li tourne cote bonhomme Zova, li dire li :

— Mo faire dizéfs, doumone [sic] manzé ; mo couve pitits, doumoune manzé ; lheire mo vié vié même et qui coq naplis vine av moi, doumoune touye moi, mette moi en pendant enbas lipied papaye pour mo laviande vine tende, zaute couit moi sambe massala, zaute faire moulouctani, zaute manzé. Sipas to croire moi qui pour empèce caïman cique toi ?

Manman poule allé ; Zova reste sec, caïman rié.

Avlà vace vine boire dileau larivière ; Zova appelle li, li raconte li zaffaire. Vace réponde :

— Laisse moi boire dileau donc, bonhomme ! Moi qui va en peine quand caïman manze vous ? Mo donne zaute dilait, zaute boire, zaute faire dibeirre, zaute faire fromaze ; mo gagne pitit, zaute touyé, zaute manzé ; lheire mo vié zaute touye moi, tire mo lapeau, mette sec ; tire mo cornes, faire couillers. Laisse moi boire mo dileau donc, bonhomme !

Coment caïman pour saute lave bonhomme Zova, Licien passé. Bonhomme appelle li.

Lheire Licien fine tende tout zistoire, li dire bonhomme av caïman :

— Eh zaute ! zaute voulé baingne av moi ! Moi qui va croire qui ça grand grand caïman là ti capave rente dans ça pitit sac là ! Aspère Licien fine tourne bourrique avant saye faire zaute fangouni av moi ! Mo bisoin trouve ça dans mo liziés pour mo capabe croire li. Mette sac enbas, bonhomme ! to fouti rente dans ça sac là, toi, caïman ! éne grand zanimaux léreins raide coment bambou ?

Zova mette sac enbas, caïman roule so lécorps en rond, li rente dans sac. Licien dire av bonhomme :

— Frème sac éne coup, amarre li bien.

Zova amarre sac. Caïman firié, guélé, débatté : Zova av Licien quitte li dans sac ; zaute allé, zaute rié.

A force à force laguerre av ça sac là, caïman fine crève li, li sourti éne coup ; mais bonhomme av Licien ti loin. Caïman maziné coment li va capabe passe so colère lav zaute.

Caïman enterre so lécorps enbas laboue dans bord larivière, li aspéré.

Longtemps longtemps li là, avlà maman poule vine boire dileau : caïman napas bouzé. Vace vine boire dileau, Caïman napas bouzé. Tout zanimaux vine boire dileau : caïman napas bouzé.

Avlà Licien vini : caïman lève éne coup dans milié laboue, li tchiombo Licien par éne lapatte. Mais Licien là malice. Coment li trouve liziés caïman coment dire boucé av laboue là, li nèque rié, li dire li :

— Eh toi, caïman, to croire mo lapatte qui to fine tchiombô ! côment to bête, caïman ; mais éne ptit cicot dibois, ça !

Caïman toné. Li blizé ouvert labouce pour guété ; Licien lofé même, balié, mo dire vous : caïman reste sec.

Ça magnière là Licien fine trouve môyen baingne encore av caïman.


 

 

 

XXIV

ZISTOIRE PAULIN AV PAULINE

 

Ti éna éne fois éne ptit garçon av éne ptit fille qui naplis té gagne papa, naplis té gagne maman ; ptit garçon ti appelle Paulin, ptit fille ti appelle Pauline. Paulin ti son frère Pauline, Pauline ti son seir Paulin.

Dipis tout pitit zaute touzours ensembe, touzours bon camerades : tout ça qui Paulin gagné li partaze av Pauline, tout ça qui Pauline gagné li donne la moquié pour Paulin. Zisqu'à zaute fine vine grand, zaute reste touldé tout seil dans lacase qui zaute papa té quitte zaute.

Ene zour, coment Paulin té gagne approçant vingt bananées comme ça, Pauline dire li :

— Mo frère, avlà to dans laze astheire, faut to marié.

— Qui fère marié, mo seir ? Qui mo bisoin alle rôde éne femme qui nous na pas coné ? Quiquefois li pour vine mette brouillaze dans nous lacase ; laisse nous marmite couit tranquille làhaut nous ptit difé !

— Napas cause comme ça, mon frère ! napas coute ça mauvais bagout zense qui dire éne bon femme difficile pour trouvé ! Guette moi. Marié, mo dire toi ; mo va content to femme coment mo content toi, et lheire to va gagne bisoin pour sourti, to naplis va quitte moi tout seil dans lacase coment asthére, nous va dé doumounde pour aspère toi. Napas bon éne zène fille coment moi napas énan éne femme pour reste av li. Marié, mo frère.

Qui Paulin capave fère ? Li prend éne femme, li marié. Aïa.

Femme là té appelle Lida, et Lida là ti éne lagale. Li zaloux Pauline : « Qui fére mo mari content li ? Li qui so famme, ou bien moi qui so famme ? li qui va manman so pitit, ou bien moi qui va manman so pitit ? So seir, so seir ! qui ciça seir ? Moi oussi mo gagne seir ! mo fou pas mal ! »

Ene zour asoir coment Paulin rente lacase, auliére li embrasse Lida prémier, li embrasse Pauline. Napas pelle en colère ça qui Lida en colère ! mais li napas voulé dire narien, pengare li claté. Zaute trois manzé, zaute alle dourmi.

Paulin dourmi, Pauline dourmi, mais Lida napas capabe dourmi à force so léqueir bourlé : tout lanouite li nèque vire vire làhaut lilit.

Lendimain grand bomatin coq çanté Lida couri lacase so marraine. So marraine Lida là ti éne vié bonnefemme sitant mauvés, si tant mauvés qui doumounde té appelle li nèque bonnefemme Laffe-laboue, à cause so lalangue capave touye doumounde coment piquant laffe dans laboue. Quand éne vié bonnefemme voulé mauvais, napas licien enrazé qui capave bitte ave li.

Lheire Lida fine ranconte zaffaire bonnefemme, Laffe-laboue donne li éne bande mauvés conseils pour brouille Paulin av Pauline. Lida tourne lacase, tout site même li comencé. Mais li beau mazine mauvais malices même, touzours Paulin content Pauline, zaute lafarine napas voulé tourne çarbon. Lida quime en didans : « Mo va trouve so magnière ! mo va trouve so magnière ! »

Paulin ti gagne éne famé licien qui ti appelle Cassetout, à cause qui cerfe, qui coçon marron, qui zibier li trouvé, li mette av zaute, li casse zaute. Quamême offert Paulin décents piasses, zamais li ti va vende ça licien là. Casse-tout té sitant content Pauline qui zamais li vlé prend so manzé dans lamain éne laute doumounde ; quand sayé, li vaut mié quitte lassiette là, napas touce narien.

Ene zour, coment Pauline après arranze so lassiette manzé Casse-tout, doumounde appelle li dans lacour, li quitte lassiette lhaut latabe lasalle manzé, li allé. Lida trouve ça, li tire vitement dans son poce éne cornet lapoude blancblanc qui bonnefemme Laffe-laboue ti donne li ; li fane lapoude là dans lassiette, li brouille av manzé, li allé. Pauline tourné, li prend lassiette, li appelle Casse-tout, li donne li, Casse-tout manzé. Lheire li fine balié so lassiette pauve malhéré licien là comence plaigné, plaigné. Lida semblant en colère : « Coment zanimaux embêtant dans lacase doumounde, donc ! » Li pousse li dohors. Casse-tout coment doumounde sou ; li riperipé dans lacour ; li arrive dans bord canal, li boire, li boire, li boire ; so vente gonflé, dileau touffe li, li môrt même !

Paulin rente éne coup. Qui li voir ? Lécorps son licien réde, laguéle noir noir, vente coment tambour. Li appelle doumounde, Pauline sourti dans lacour. Li trouve pauve Casse-tout môrt dans bord dileau, Pauline diboute à côte li, li vine faibe, li blizé assisé pour napas tombe par terre. Paulin vine av li, li dire li : « Ah ! mo seir, licien là ti manzé nèque dans to lamain, toi qui lafaute quand li fine mort ! » Qui Pauline capave réponde ! mais so lékeir en bas roce.

Lida ti énan éne çatte. Lheire diner Pauline zette ça catte-là éne morceau lavianne. Lida saute lhaut morceau lavianne là, li zette li dans lacour, li dire Pauline : « Eh vous ! vous coné vous lamain mofine av zanimaux ; napas bisoin donne manzé mo çatte ; mo napas envie li mort : lheire mo va vlé touye li, mo va prïe vous arranze so dizné. » Pauline blizé dire narien.

Pauline commence bien malhéré dans ça lacase là à force Lida haï li. Mais à côte li capave allé ? So frère même so famille. Li resté, quamême Paulin dipis zaffaire Casse-tout là naplis bon pour li coment lautefois.

Neif mois zisse dipis li fine marié Lida accouce éne pitit. Ça ti éne bel ptit garçon. Paulin content, Pauline content, Lida oussi faire semblant content, mais li ennouyé à cause zenfant là lizour lanouite nèque guélé pour dimande tété : napas môyen dourmi av li. Lhére pitit là comence pousse lédents, coment li touzours ploré ploré là, so maman bousquile bousquile li ; Pauline prend li, faire canana av li, caresse li, faire li paix.

Zenfants quamême pitit pitit côné qui doumounde content zaute, qui doumonnde [sic] napas content. Cenne là, li beau napas encore énan sisse mois, li quitte lébras Lida pour alle lébras Pauline. Sitôt li fine tété, li crié pour Pauline prend li ; Pauline prend li, li arrête crié, li tranquille.

Lida firié : « Coment ! li oussi va plis content ça Pauline là qui moi qui so manman ! Napas môyen ça ! mo plis vaut mié napas énan pitit ! »

Zenfant là tombe malade. Docteir dire bisoin sévré li, dilait so maman napas bon (quiquefois li enceinte). Paulin tire pitit là lamains Lida, donne li av Pauline. Pauline même qui so manman asthére, soingne li, baingne li, donne li manze so lasoupe. Pauline mette pauve ptit garçon là dourmi dans grand lilit av li : « Comme ça là quand li bisoin quiqueçose lanouite, mo va sîr tende li plaingné. »

Lida à force li haï Pauline, naplis capave guette pitit là : lheire baba là trouve liziés so manman làhaut li, li crié coment dire corce li à force liziés là mauvais.

Qui vous croire ? Ene lanouite, coment tout doumounde dans lacase dourmi, Lida vine doucement doucement dans bord lilit Pauline, li souque pauve malhéré zenfant là dans son licou, li tranglé li. Li tourne doucement doucement dans so laçambe, li rente dans lilit, li couté, li couté : narien ! personne napas bouzé, tout doumounde dourmi même.

Lendimain, grand bo matin coq çanté, Pauline lévé. Li tourné, viré, li faire café, baba napas bouzé. Pauline rié : « Eh vous, baba, vous conne dourmi, oui ! » Soléye lévé, baba napas bouzé. « Eh vous, baba, vous fine manque lacloce azourdi ! » Pauline arrive à cote lilit, li tourne baba là, li guette li, li nèque crie. Ah mon Dié ! li tombe en grand par terre sans connaissance.

Paulin tende ça crié là av ça tapaze là, li fonce éne coup laçambe so seir. Li trouve son pauve pitit garçon liziés blanc blanc, çavire, lécorps noir ; li tâte li : « Ah ! mon Dié, Lida ! Lida ! nous pitit fine môrt ! » Lida rentré coment coup de vent, li prend pitit dans so lébras, li crié, crié ; li envôye éne coup de pied av Pauline qui touzours par terre là, li dire av Paulin : « Comme ça to va laisse ça malhérése là touye tout doumounde dans nous lacase ! » Paulin vine fou ; li lève Pauline, li çarze li lhaut so lédos, li amène li dans bois, li saute so dé pognés av éne lahace.

Pauve Pauline baingné av so disang nèque dire li :

« Ah ! mon frère ! To fine coupe mo dé pognés, moi, to seir ! mais bientôt to va pique av éne piquant bien réde ; lheire là to va mazine moi ! »

Paulin quitte li tout seil, li allé.

Quiquefois Pauline té pour mort là mème quand li tende brousses bouze bouzé ; li gueté ; li voir éne zoli ptit licien longue civé vine av li. Licien là hisse hisse so robe ; coment dire li dire li vini. Pauline sivré li. Licien marce divant. Li faire li passe éne bande pitit cimins en bas zarbes ; zaute arrive dans éne laplaine à côte ti énan éne belbel lacase. Licien zapé ; éne bande domestiques sourti dans lacase. Licien zape encore, coment dire li appelle zaute, zaute vini. Malhérése Pauline naplis capave marcé à force li faibe av tout ça disang li fine perdi là. Coment li tombe dans lherbe pour mort même, licien faire dé domestiques lève li dans zaute lébras, amène li dans lacase.

Ça té lacase éne léroi. Léroi là napas ti là, li ti alle laguerre éne laute paye ; mais touzours lheire li sourti pour alle loin même, sipas grand laçasse, sipas la guerre, li quitte so ptit licien lacase ; et ptit licien qui maîte dans laplace léroi, li même qui comande domestiques, li même qui coné qui son maîte voulé doumounde faire zisqu'à li tourné.

Licien faire zense là soingne Pauline. Mette li dans éne belle laçambe, donne li éne bon lilit, sembe matelas, zoriés, tout ça qui bisoin ; coupe licou maman poule, faire bon bouillon pour li, donne li bon divin rouze, empèce tapaze pour li capave bien posé, bien dourmi ; faire tout ça qui bisoin faire pour li guéri vitement.

Napas quinze zours passés, Pauline fine çava bien. Mais pauve zène fille, à côte so lamains !

Avlà léroi tourné, li assez laguerre. Ptit licien lheire li fine bien caresse li, amène li laçambe Pauline.

Pauline là ti zoli zoli même, vous côné. Léroi guette li, guette li, làdans ! li maillé même. Li dire so licien : « Si fait, Liétenant, to té bien faire ! » Licien là ti appelle Liétenant. Li bouze bouze laquée, li zapé pour montré li content.

Tou lézours léroi vine cause cause av Pauline. Li té va bien content dimande so lamain ; mais qui lamain li capave dimande li ? Pognés fine coupé, lamains napas ; li blizé s'en passé.

Approçant éne bananée comme ça fine passé. Léroi bisoin tourne laguerre. Avant li allé li donne son zordes Liétenant : « Fo coné bientôt même Pauline pour accoucé ; sitôt li fine gagne pitit faire éne doumounde écrire moi, donne moi so nouvelles, dire moi sipas ptit garçon sipas ptit fille. Soingne zaute bien, napas laisse manque narien ; toi même qui maîte quand mo napas là. » Liétenant bouze laquée pour montré li fine tendé. Léroi allé.

Auboute sipas quinze zours Pauline accouce dé zenfants. Ça ti dé ptit garçons. (Lheire Pauline senti li pour accoucé, li appelle saze femme pour ide li.) Ptit veillése dans laçambe, qui donne éne faye clairté. Zenfants vini, laçambe tout éclairé : çaquéne té gagne éne bel zétoile làhaut front ; saze femme blizé dire : « Napas bisoin dilhouile coco av zenfants là ; zaute lalimière av zaute! »

Liétenant faire écrire éne lette av léroi pour raconte li tout ça.

Coment domestique qui ti amène ça lette là fine arrive dans milié cimin, li lassé même ; li bisoin rente dans éne lacase pour boire dileau et laisse so lipieds posé. Ça ti lacase bonnefemme Laffe-laboue. Bonnefemme faire li causé. Domestique ranconte li tout son commission. Lheire là Laffe-laboue donne li manzé, donne li boire ; mais sipas qui feillaze li mette dans brèdes ; coment domestique encore après manzé là, sommeye pèse li, li tombe par terre, li dourmi. Laffe-laboue tire lette dans poce domestique, li lire lette, vitement li crire éne laute, li fausse signatire, li mette en place.

Lheire domestique lévé, li frotte so liziés ; li guette soléye. « Manman ! qui litemps mo fine perdi ! » Li touque son bâton, li dire merci bonnefemme, li taillé.

Lheire léroi lire lette là li beaucoup çagrin. Avlà ça qui té marqué là dans :

« Mon roi, Pauline fèque accouce éne ptit zacot av éne ptit licien. Maman sembe pitits çava bien. Nous aspère vou zordes. »

Léroi crire réponse :

« Quamême zacot, quamême licien, éne papa doite content so pitits. Soingne bien ça zenfants là. Lheire mo va tourne lacase, mo va guété qui mo pour faire av zaute. Léroi. »

Léroi donne ça papier là dans lamain so même domestique là, li dire li tourne lacase, taillé. Coment domestique arrive divant lacase Laffe-laboue, ça mauvais bonnefemme là ti après veille veille li dans bord cimin. Li arrête li, li dire li : « Eh vous, mon noir ! bien sîr réponse léroi qui vous amène lacase. Mais vous beau pressé mo voulé vous arrête éne pitit moment même : mo famille fèque envôye moi éne vié boutéye rhum zambourzois, nous bisoin goûte ça ensembe. »

Qui pauve noir là capave faire ! li blizé rentré. Laffe-laboue vide li éne grand verre rhum. Li nèque boire éne gorzée, verre çappe dans so lamain, li roule enbas, li dourmi.

Laffe-laboue prend lette dans son poce, li ouvert li, li lire li. Li pèse plime, lenque av papier, li crire éne laute lette.

« Coute bien ça qui mo comandé. Prend ça lhorreir Pauline là, zette li dohors av so dé pitits (bâtards). Mais coment naplis énan lamains av li pour tchiombô zaute, amarre éne làhaut son lédos, amarre laute dans so lostomac. Zaute fine tendé ; faire ça qui mo comandé. Léroi. »

Domestique lévé ; li croire rhum là qui fine casse li. Li honté, li prend so bâton, li allé.

Lheire dans lacase léroi doumounde fine coné ça qui zaute maîte comande zaute, iéna zense qui çagrin à cause Pauline ti bien bon, iéna qui content à cause zaute zaloux. Mais qui content, qui zaloux, narien ça : bisoin faire ça qui co-mandé [sic].

Liétenant firié : li côné zamais so maîte qui bon lékeir ti capabe commande éne mauvais quique çose [sic] coment ça. Zamais ça ! Mais li éne licien ; napas causé av li. Li zapé, li zapé ; ça fois là personne napas voulé acoute li.

Zaute tire Pauline dans so lilit ; zaute amarre son dé pitits làhaut li coment fine marqué dans lette, zaute amène li dans grand cimin, zaute pousse li. Liétenant napas voulé quitte Pauline, li sivré li.

Zaute marcé, marcé ; pauve malhéré Pauline ploré, Liétenant napas dire narien.

Avlà zaute arrive dans grand bois. Liétenant passe divant pour monte cimin. Coment zaute arrive dans bord éne ptit larivière, Pauline gagne soif, li baisse à zounoux pour boire dileau av labouce, lamains napas pour li boire dans lamains. Li pence so lécorps pour so labouce arrive av dileau ; avlà pitit qui té amarre dans so lédos cappe [sic] éne coup, pique dans dileau. Pauline zette so lébras dans dileau, quamême napas lamains pour attrape so pitit. Qui vous croire ! Ça ti éne dileau miraque. Coment ça dé lébras là plonze dans dileau, éne coup même, dé lamains pousse encore av zaute ! Pauline tchiombô so pitit, li embrasse li, li ploré, li crïe : « Merci ! merci Bondié. » Liétenant couri, zapé, roule par terre ; li coment fou à force li content.

Zaute marcé, marcé, marcé. Avlà trois zours zaute dans ça grand bois là, zaute arrive dans laplaine. Dans balizaze ça laplaine là, zaute trouve éne vié vié lacase couvert av vitiver, personne làdans. Là même zaute arrété. Pauline arranze lacase morceau morceau, li ramasse feilles, li faire éne bon lilit pour li av so zenfants, éne ptit lilit pour Liétenant, li faire so laprière, li allonze so lécorps, li dourmi.

Lendimain grand bomatin, li lévé, li assise làhaut so lilit, li maziné. « Qui mo capave faire ? A côte mo capave allé ? Mo naplis énan famille ; personne napas embrasse moi. Mo plis vaut mié resse tout seil ici dans ça vié lacase là : personne va vine cicane moi ; mo va élève mo zenfants tranquille ; Liétenant av moi nous va trouve éne magnière gagne manzé pour nous napas môrt faim. Pas vrai, Liétenant ? » Liétenant zappe av li, li bouze bouze laquée pour montré li content.

Laisse nous tourne av léroi.

Coment pauve zène homme là ti croire qui Pauline fine donne li éne zacot av éne licien aulière zenfants, li si tant çagrin qui li napas osé tourne dans so lacase ; li resse laguerre sipas cinque sisse bananées comme ça, à force so léqueir bourlé. Lheire là, li senti so léqueir commence console morceau ; li tourne lacase.

« A cote mo pitits ? A cote Pauline ? A cote Liétenant ? »

Zense là reste sec. Par bonheur pour zaute, lette léroi té garde dans tiroir bireau. Zaute couri çace lette là, zaute donne li dans lamain léroi. Léroi lire lette : son tour reste sec. Li carquille carquille so liziés, li vire vire papier là ; bien sîr zamais li qui té crire li, mais li même blizé tôné aforce lécritire là coment pour li ! Qui li a faire ? Li mazine maziné, avlà éne doutance av li : « Appelle moi domestique qui ti amène lette là. »

Quand noir là coné qui léroi appelle li, so léqueir alle loin, mo dire vous ; mais li blizé vini quamême so lazambe dérobé.

Léroi à force à force faire domestique li causé, fine tire tout son difil av li. Lheire là li napas lapeine pour coné coment tout zaffaire fine passé. Manman ! napas en colère ça qui li en colère ! Léroi nèque dire li éne parole même : « Malhéré ! » Domestique vire vire dé trois tours coment éne toupie, li tombe enbas, li mosse même. Léroi touque li dans so civés, li lève li en lair, li mette li diboute. « Amène moi lacase ça vié sourcier là ! marcé ! »

Lhére fine arrive lacase bonnefemme Laffe-laboue, léroi faire gardes cerne lacase, li fonce dans laçambe tout seil av domestique. Laffe-laboue té après assisé, li saute en lair. Léroi dimande av domestique : » Li même ça ? — Li même ça, mon roi ! » Léroi faire domestique amarre so lipieds, amarre so lamains, mette li làhaut latabe manzé. Li prend bouteille dilhouile làhaut tablette, faire baingne Laffe-laboue av tout ça dilhouile là. Domestique maziné : « Quiquefois léroi voulé faire salade av li ? mais domaze napas disel, napas dipoive, napas vinaigue ? »

Zaute sourti dans lacour. Léroi comande gardes mette difé dans quate coins lacase. Laffe-laboue làdans, guélé, guélé ; difé arrive av li, li flambé même coment éne flambeau bois de ronde qui péceirs allime làhaut récifs, so lécorps clate éne coup, li donne éne grand clairté, li mort même. Laisse divent fane fane so lacende !

Léroi envôye éne bande doumoundes rôde rôde nouvelles Pauline partout partout. Zense là tourné, viré, guété, causé, zaute napas trouve narién. Zaute blizé tourne lacase léroi dire li ça. Pauve léroi là çagrin même, li vine maigue.

Sipas dé bananées passe encore. Ene zour coment léroi ti laçasse dans bois, liciens léve éne cerf. Léroi tiré, li blesse li. Mais cerf napas tombé, lézailes av li, li bourré. Li allé, li allé, li allé : liciens bisoin quitte li à force zaute lassé, nèque léroi tout seil qui capave tini av li. Cerf taillé, taillé ; lheire li coné li fine quitte léroi morceau loin, li arrête ptit moment, li posé, li soufflé ; léroi vini, cerf dégazé. Avlà dé zours zaute ensembe ; coment soléye pour coucé zaute arrive dans balizaze laplaine. Térain ouvert divant li, cerf mété même ; léroi guette li loin loin divant, napas lapeine saye encore ; léroi tire éne coup de çapeau av li, li blizé rié, li crïe li : « Eh toi ! to cone balié oui ! to capabe s'en vanté. Laissé ! quiquefois éne laute zour nous pour zoinde encore. » Cerf loin, napas réponde narien.

Coment léroi tout seil dans bord laplaine là, li guété, li napas cone narien, zamais li té vine ça quartier là. Mais quiquefois li va trouve éne lacase pour posé pendant lanouite là, sembe morceau quiqueçose pour manzé : dipis dé zours là so vente comence gagne faim. Li marcé, li marcé, avlà li voir éne ptit laclairté dans loin. Li marce encore : ça ti éne ptit lacase couvert sembe vitiver. Lacase frémé ; léroi tape tape dans laporte. Li tende doumounde marce doucement doucement dans lacase, coment dire gagne peir. Li crié : « Ouvert, ouvert quand zaute bon léqueir ! mo gagne faim, mo lassé : soulaze moi, Bondié va soulaze zaute ! »

Laporte ouvert, léroi rentré.

Dans laçambe là ti énan nèque éne zène femme. Té commence faire sicour sicour ; léroi napas capave bien guette son figuire, mais li maziné ça éne figuire qui li coné ça, éne figuire coment dire figuire Pauline. « Aïo ! pauve Pauline ! à cote li astheire ! » Léroi dimande zène femme morceau quique çose [sic] pour manzé ; zène femme là tire dans garde-manzé patates av magnioc sembe éne morceau rôti iève. Li pose lassiette divant léroi lhaut latabe. « Pauve Pauline, li napas ti énan lamains, li, pour servi moi ! »

Côment léroi après manzé là li guette guette zène femme là tourné viré dans laçambe. Mais zène femme là napas osé guette li, coma dire li peir li. Avlà coment zaute touldé dans zéné là, léroi tende éne licien zappe zappé dans loin loin. « Pas possibe ! mais mo cone ça lavoix là ! Lavoix Liétenant, ça ! » Lavoix licien là approcé.

Léroi couté couté. Licien napas tout seil ; dé ptit garçons av li ; zaute aussi amise zappe zappé pour badine av licien. Léroi lève éne coup, li alle dibouté dans laporte.

Té lanouite astheire, faire noir noir même dohors.

Mais avlà léroi blizé frotte frotte so liziés acause li trouve quique çose [sic] qui zamais li té fine trouvé avant ça. Làhaut front ça dé ptits garçons qui après vini av licien, énan zétoiles. Zétoiles là donne si grand laclairté qui tout laplaine clairé coment dans lizour même, mo dire vous. Coment léroi après toné av ça miraque là, éne coup licien qui avec zenfants là senti li. Licien fonce dans lacase, li saute làhaut léroi, li ploré, li lice li, li zappé, li batte laquée, li roule en bas, li lice so lipieds, li saute dans so figuire pour lice li oussi, li touffe touffé, li fou. « Liétenant ! Liétenant ! toi ça, Liétenant ! » Léroi prend li dans son lébras, zaute dé ploré à force content !

Léroi vire éne coup, li fonce làhaut zène femme là, li prend li dans so lébras : « Pauline ! Pauline ! toi même ça, mon Pauline ! » Embrassé, embrassé, embrassé ! Mais assez donc ! assez faire doumounde bavé !

Qui mo bisoin ranconte zaute encore zenfants ? Napas lapeine pour coné ça qui pour arrivé dans so finition mo zistoire.

Lendimain grand grand bo matin avant coq canté [sic], zaute tout quitte vié vié lacase là pour tourne lacase léroi. Qui zaute en peine soléye napas encore lévé ? Zétoiles zenfants napas là pour claire zaute cimin !

Troisième zour zaute arrive lacase léroi. Zense là content : çanté, rié, crié. Ça qui té zaloux Pauline qui çante plis fort ; comme ça même ça, zenfants, éne zour vous va coné.

Grand merci ça dileau miraque là, Pauline énan lamains astheire, énan lédoigt pour passe bague mariage. Léroi dimande li so lamain, léroi passe bague dans so lédoigt.

Zaute faire éne diner, zenfant ! mais éne diner ! laisse tire bretelles, zenfants ! laisse ouvert zilet, mo dire vous ! laisse largue bouque (quilotte) par derrière.

Coment nous pour mette à tabe, avlà éne pauve malhéré rente lasalle manzé pour dimande çarité. Li traine traine so lécorps av bâtons, so liziés rouze rouze à force ploré, laguéle travers coment labouce posson fine dicire av lhameçon.

Pauline guette ça pauve malhéré là, li vine av li, li embrasse li. « Toi, ça, Paulin ! toi ça, mon frère ! »

Zaute faire li ranconte vitement vitement so zistoire, pengare lasoupe frès.

Lida té drogue li pour faire li mort à cause ça lagale là ti lassé gagne mari ; ça même so figuire travers éne côté. Mais Lida là éne zour, coment li dispite dispite av doumounde, li ramasse éne coup bâton pilon làhaut latête, li tombe sec, li mort. Paulin blizé sauvé, pengare zaute croire li même qui fine touye so femme. « Aïa ! bâton pilon qui ti touye li ! »

« Laisse nous diné, mo frère ! Vous pour reste av nous, napas bisoin en peine narien. » Coment mo vlé assise av zaute à tabe, zaute tire çaise par derrière ; mo tombe enbas ! Mo roulé même ! roulé, roulé, roulé ! mo arrête ici pour ranconte vous zistoire là.


 

 

 

XXV

ZISTOIRE YÈVE, LÉROI AV ZACOT

 

Ti éna éne fois éne léroi qui ti éna éne bombarbe [sic] dimiel làhaut éne pied dibois.

Ene yève assembe éne lérat fine comploté pour alle volor ça dimiel là. Yève enbas méte lafimée ; lérat làhaut coupe dipain dimiel. Avlà léroi vini, li crié :

— Qui cennelà qui làhaut pied après coupe mo dipain dimiel ?

Yève cause doucement av lérat :

— Dire to tout seil ; mo dans lafimée, li napas va trouve moi.

Léroi avance morceau loin, pengare so caneçon bourlé ; Yève faire éne bon bande lafimée, li sauvé.

Lhère lafimée fine tombé, léroi trouve lérat, li force li dicendé, li touye li.

Yève alle zoinde zacot, li dire li :

— Compère, mo coné a cote iéna éne belbel bombarde dimiel ; mais bisoin dé doumounde pour tire li. Quand vous content, anons faire zassociés : nous va partazé.

Zacot content, li sivré yève.

Lhére zaute fine arrivé, yève dire av zacot :

— Vous, compère, vou a monte làhaut pied pour coupe dimiel, moi, mo a reste enbas pied pour mette lafimée.

Zacot monté, yève mette lafimée, léroi vini.

Léroi crié :

— Mais qui cenne là qui encore làhaut pied après coupe mo dimiel ?

Yève cause doucement av zacot :

— Dire to tout seil ; mo dans lafimée, li napas va trouve moi.

Zacot rié ; li crie léroi :

— Eh vous, léroi ! guette dans lafimée ; napas peir bourle vous caneçon.

Léroi guette dans lafimée, li trouve yève, li touye li. Acthére là li dire Zacot dicendé.

Zacot rié, li réponde léroi :

— Sipas mo bête, moi ! Mo éna dé cimins : éne en haut, éne en bas. Sivré moi quand capabe.

Li saute dans boute brance, li saute dans éne laute pied dibois, li allé. Léroi reste sec.


 

 

 

XXVI

ZISTOIRE YÈVE AV LÉROI LÉLÉPHANT

 

Dans ça létemps là, léléphant qui ti léroi tout zanimaux. Mais ça pauve léroi là té si tant vié, si tant vié qui li naplis capave faire narien, oquipe narien : tout lazournée li nèque assisé labouce ouvert, bavé, bavé, coment éne ptit zenfant qui pousse lédents ; éne vié gaga même, mo dire vous. Maiz [sic] zanimaux faire semblant zaute croire qui labouce ouvert là éne rié ça ; zaute tout nèque dire : « Mais guette nous léroi coment li bon [sic] : li rié, touzours li rié. »

Lasaison sec fine vini. Laplie napas tombé, tout lherbe bourlé dans grand soleye. Yève rôde manzé, li napas trouve narien : lastrou napas, salade napas, léguimes napas, tout fine mort. Mais, vous côné, iéna malice av Yève !

Coment li trouve léroi Léléphant la bouce ouvert là, li veille veille lheire personne capave trouve li, li saute éne coup dans labouce léléphant, li rente dans so lécorps, li dicendé, li alle manze son tripes. Léléphant napas senti narien ; li touzours labouce ouvert, rié, rié même.

Yève éne mauvais zanimaux. Lheire li fine lassé manze tripes, li comence manze lékeir léléphant. Ça coup là léléphant arête son rié ; li fréme labouce, li mort même.

Lheire yève assez manzé, li voulé sourti ; napas môyen, lapôrte frémé. Qui li a faire ? Li tourne dans tripes ; li assisé, li maziné.

Par en dohors, zanimaux fine trouve léroi mort. Avlà zaute faire semblant çagrin, ploré, crié, plaigné. Zacot dire av zène léléphant qui ti pour vine léroi dans place so papa : « Mon roi, pour soulaze ein pé [sic] nous ladouleir, laisse nous empaille lécorps vous papa av boucoup boucoup lherbe senti bon, citronelle, feilles fouzères, racines vitiver, faham. Après, nous va amène li cimiquière ; mais va bisoin létemps pour li pourri : nous va capave console morceau ! Qui laperte affreise nous fine faire ! » Tout zanimaux nèque crie en bande : « Oui, mon roi, oui mon roi, laisse nous bourre lécorps vous papa av bon lapaille. »

Pitit lélephant content. Li dire zaute : « Ah ben ! quand zaute content, bourré. »

Zacot dire zanimaux : « Alle çace lherbe av feillaze, mo garde av moi lérat, tandrac, souris, centpieds, millepattes, léver pour vide ça grand grand lécorps là : bisoin tire son tripes, zété ; sans ça li pour pourri vitement même. »

Iève tende ça, li enroule so lécorps dans milié tripes. Zacot faire tire tout tripes, zette loin loin même, pengare zaute faire lacase léroi senti pi.

Lheire yève tendé, zaute fine tourne lacase léroi, li sourti dans milié tripes, li nétoye son lécorps, li souye bien prope, li couri dans cimiquière à côte zaute té après faire lenterrement.

Martin av cateau té fèque fini grand grand discours dans bord lafosse, yève fonce àcôte [sic] trou, li lève liziés en lair, li comence causé :

« Aïo !aïo ! mo frères, qui malheir Bondié fine envoye nous. Qui bon léroi nous fine perdi ! Et mo napas ti là pour fréme so liziés ! mo ti alle Trois Zilots àcôte [sic] tonton mo femme qui ti gagne grand malade même. Lheire mo tourné, qui mo tende dire : « Léroi, nous bon léroi fine mort ! » Aïo ! aïo ! laisse moi ploré. Zaute tout çagrin, mo frères, mo trouvé qui zaute tout senti la douleir ; mais personne, personne té capave coné coment moi qui bon lékeir, qui bon lékeir nous léroi ti gagné. Laisse, laisse mo liziés coule dileau. »

Yève sourti dans cimiquière ; li alle rôde cresson bord larivière.


 

 

 

XXVII

ZISTOIRE YÈVE AV COUROUPA

 

Ene zour papa yève ti passe à côte éne pied banoir. Côment li lève latéte, li voir éne nique mouces en pendant dans éne brance. Si pas qui li maziné, li monte làhaut banoir, li amarre éne lacorde autour nique mouces, li dicendé, li assisé, lacorde dans so lamain, mais li reste tranquille, napas bouzé.

Côma yève après assisé là, compére couroupa passé. Bon morceau létemps li guété : yève lacorde dans lamain, napas bouzé. Couroupa dire li : « Mais, compére, qui to après fére av ça lacorde là, donc ? — Napas causé, compére, laisse zenfants apprende ! to napas côné dans lécole ici ; mo méme qui engazé pour sonne lacloce : houite héres, zenfants rentré, mo sonné ; dix héres, zenfants sourti, mo sonné. Sisse piasses par mois, dimi balle douriz, dholl sembe pôsson salé : éne bon place ! Mais domaze mo blizé quitté : docteir dire moi çanze lair, alle lacampagne. — Ah ! ben, compère, quand to blizé allé, donne moi to place. — Mo pour allé azourdi méme quand mo trouve quiquéne pour mette dans mo louvraze. — Eh ben ! avlà moi. — Eh toi ! prend gare to manque lhére pour sonné, quand mo mette toi dans ça place là, oui ! — Napas peir, compère, zamais moi qui pour gagne réproce dans mo louvraze. Donne lacôrde. » Yève donne li lacôrde, li dire li : « Coute bien : talhére dix héres pour sonne dans léglise, toi aussi to sonné, hein ! coute bien.

Yève allé. Couroupa enbas banoir, lacôrde dans lamain, li couté, couté, couté. Avlà léglise sonné, couroupa tire lacorde : narien ! lacloce napas sonné. « Manman ! li dir ça lacloce là ! oui ! » Couroupa pendi làhaut lacôrde, tiré, tiré, sacouyé. Ene coup là brance cassé, nique mouces tombe en bas. Mouces là firié, sourti dans nique, fonce làhaut couroupa, pique li dans figuire, pique li dans lamain, dans lipieds, dans liziés, éne beirée même. « Aïo, manman ! » Couroupa vanné, mouces av li, baise li zousqu'à napas bon.

Si pas éne mois dé mois passé, couroupa fine guéri. Ene zour, côma li passe en bas éne bois palmisses, li trouve yève. So colère lévé : « Avlà toi, fanegace ; faut mo touye toi ! » Mais yève malin : « Et vous là, mon noir, vous fou crïe crïé fort comme ça ! Vous napas côné léglise ici, guette colonnes — ça té létroncs palmisses — moi même bédeau, mo a blizé pousse vous quand vous cause fort, oui ! » Couroupa reste séc, napas côné qui li va dire. Yève vire viré dans léglise, li tourne encore av couroupa, li dire li : « Et vous, compère, goûte ça dileau bénit là. » Ça té dimiel : dans son viré yève ti alle trempe so lédoigt dans éne sicoupe qui li té caciette en bas fouzére. Couroupa goûte dimiel là ; liziés viré : « Manman ! napas pelle bon dileau bénit ça ! Mais à côte zaute mette zaute dileau bénit dans léglise là ? » Yève améne li : « Avlà li là. » Ça té éne grand grand bombarde dimiel, mais so mouces dimiel encore làdans. Yève quitte couroupa, li dégazé méme. Couroupa approce côte bombarde là, li dire : « Mo envie fére mo lapriére, mo vaut mié prend morceau dileau bénit. » Li fourre lamain dans bombarde : mouces sourti côment éne lafimée, tombe par battant là haut li, tace av li mété même. Li fou, li roule so lécorps par terre, naplis bouzé, côment mort. Mouces croire li fine mort même, quitte li.

Dé trois mois passé, couroupa fine guéri. Ene zour yève alle rende visite lafille léroi. Côma zaute après cause causé, lafille léroi dire li : « Vous coné couroupa, vous ? — Vous dimandé sipas mo coné couroupa ? Coment mo napas coné li, li méme mo çouval ! Tantôt, quatre héres, si vous dans vous lafenète vous a trouve moi passé làhaut li. »

Yève sourti lacase léroi, li alle dans bois. Li ti coné à côte éne manman poule après couvé ; li prend trois dizefs gâtés, li mette dans so poce. Li alle dans cimin à côte couroupa pour passé, li assise lhaut éne roce. Couroupa vini, li trouve yève : « Fouti coçon ! zourdi là to napas pour çapé ; mo pour touye toi ! » Yève semblant ploré : « Aïo ! aïo, mon ami ! to napas pour gagne lapeine pour touye moi ; grand grand malade av moi, talhére mo à mort. Aïo ! aïo ! coment mo souffert ! Pardon, compère, pardon ! Vine donne moi lamain pour lévé ; mo vlé trainé pour alle lhoptal, sipas docteir va soulaze mo lécorps. Aïo, aïo ! difé dans mo lostoma ! aïo !! » Couroupa coment li vine à côte li, senti éne mauvais lodeir mazizi, mo dire vous. Ça té liéve qui té casse éne dizef gâté. « Mais coment to senti pi, donc ! napas capave tini av toi. — Aïo ! aïo ! mo frére, mo lécorps ça : mo pour mort, mo comence senti pi, aïo ! mo napas capave marcé ; porte moi lhoptal, mo frére : Bondié va soulaze toi, aïo ! » Couroupa bon keir, li prend li làhaut son lédos. « Donne moi éne labride, mon frére, mo trôp faibe, pendgare mo tombé. » Couroupa donne li éne labride. « Donne moi éne fouéte, mon frére ; av so lamance mo va montré toi à côte pour passé ; cimin lhoptal là difficile pour trouvé. Aïo ! lhére mo causé difé dans mo lagorze ; napas fére moi causé, mo frére, donne moi éne fouéte, aïo ! » Couroupa donne li éne fouéte.

Lhére yève làhaut lédos couroupa fine gagne labride sembe fouéte, li améne li dans cimin lacase léroi. Couroupa marcé, marcé : so manière couroupa marce doucement. Yève dire li : « Et toi ! lhoptal là pour fermé quatre héres, oui ! galpé, nous a manque laporte. » Couroupa marcé. Yève tire labride dans so labouce : « Mais galpé donc, quand mo dire toi. » Couroupa en colére : « Quand to napas tine tranquille, mo pour zette toi, talhére. » Yève rié : « Sayé, mo camrade, sayé. » Avla yève amarre li coups de fouéte piqué, piqué. Couroupa vlé zette li, napas fouti ; labride coupe so labouce, coups de fouéte tourdi li, li blizé galoupé. Zaute passe enbas lafenéte lafille léroi, yève tire éne coup d'çapeau.

Bord lamer napas loin ; yève faire li éne condiré oblize li ente dans dileau. Couroupa napas coné nazé, li vlé arrété, napas môyen, bourré méme, bourré, bourré. Dileau làhaut so latéte ; li batte batte lébras, li ouvert labouce pour crié, dileau entré, li nôyé.

Yève tourne à terre ; lhére son linze séc li alle lacase lafille léroi, li dire li :

« Couroupa là éne faye faye çouval ; mo fine vende li sembe éne manman houritte. »


 

 

 

XXVIII

ZISTOIRE CORPS-SANS-ÂME AV COLLE DES-KEIRS

 

Ti éna éne fois éne léroi qui te gagne éne mamzelle zoli zoli coment éne pied gouyavier fleir dans saison bananée ; éne ptit dilhouile, mo dire vous. Lheire zène zens gagne malheir guéte so figuire, zaute liziés tape av li : ça même zaute té appelle li la princesse Colle-des-Keirs, et éne famé lacolle, vous côné, éne lacolle qui zamais largue zozos qui fine maille av li.

Sipas dé trois cents lérois tout qualité té fine dimande so papa pour marié sambe li. Mais so papa napas voulé force li : « Mo va laisse Colle-des-Keirs li-même çosiré ; napas moi qui pour marié, li qui pour marié ; débrouille vous cari assambe li ; quand li dire vous « sifait », napas moi qui pour dire vous « napas » ; lheire tourterelle pour prend mari, napas martin qui arranze nique. » Colle-des-Keirs quand li tende so papa cause come ça, nèque embrasse embrasse li : « Si fait va ! moi qui gagne éne bon papa. » Ça même lacause qui papa Colle-des-Keirs ti appelle léroi Gâteau.

Ene zour, coment Colle-des-Keirs après promène dans calèce, çouvals emporté. Cocé saye arrête zaute, napas môyen ; té éne paire Bénosayres ; vous côné coment labouce dir av zaute : lherbe zaute paye qui cause çà. Larivière napas loin ; encore éne ptit moment même calèce pour çavire dans rempart ; Colle-des-Keirs dibouté pour sauté ; avlà éne coup là li entende éne lavoix qui crïe li : « Napas sauté, Mamzelle, napas sauté ! avlà moi. » Ene zène homme sourti éne coup dans brousses, fonce divant çouvals, pèse zaute dans zaute nénez, arrête zaute.

Colle-des-Keirs dicende dans calèce, li dire li comme ça :

— Grand merci, Missié, grand merci ! Vous même qui fine sauve mo lavie. Mais vous napas fine gagne di mal av ça mauvais çouvals là ?

— Qui dimal ça, Mamzelle ? Mo fine gagne bonheir empêce zaute touye vous, et vous dimande moi sipas mo fine gagne dimal ? Non, non, napas dimal qui mo fine gagné ; bonheir qui mo fine gagné !

Colle-des-Keirs vine rouze coment son côté letcis qui dans soléye. Li guéte zène homme là, li baisse liziés. Mo croire li fine mîr même ça coup là.

Ça létemps là cocé fine faire calèce tourne dans grand cimin ; li visite harnais, laroues, tout partout : narien cassé. Colle-des-Keirs monte encore dans calèce, zène homme monte av li :

— Zamais mo pour laisse vous tout seil av ça çouvals là dans lamains éne faye faye cocé coment ça. Mais quand mo là, vous capabe tranquille, mamzelle ; mo nom même doite donne vous couraze : mo appelle prince Peir-Narien.

Peir-Narien sembe Colle-des-Keirs causé, causé. Lheire zaute arrive lacase léroi Gâteau. Colle-des-Keirs embrasse embrasse papa, li raconte li tout ça : « Prince Peir-Narien fine sauve mo lavie, papa ! Quand vous napas après plore vous ptit fille qui content vous, li même ça, papa ! Coment nous va capave paye ça qui nous doite li, papa ! »

Léroi Gâteau guette guette zaute, li rié ; li dire Colle-des-Keirs :

— Quiquefois mo pour trouve éne magnière, mo pitit. Laisse mo sayé.

Li prend lamain Colle-des-Keirs, li prend lamain Peir-Narien, li mette ça dé lamains là ensembe, li dire zaute :

— Napas ça, zenfants ? Napas éne bon magnière arranze zaffaire là ? Causé.

Colle-des-Keirs ça coup là vine rouze coment éne mangue fizète dans matirité, li zette so lébras dans licou papa, li caciette so figuire dans zabot so cimise ; si pas qui li causé doucement, doucement ; personne napas capabe tendé. Mais Peir-Narien largue éne hip ! hip ! hurrah ! « Sifait va, papa, vous éne conneir, vous ! »

Mariaze fine décidé. Peir-Narien pressé même. Zaute mette éne bande coutirières dans louvraze : coude robes, coude cimises, coude peinoirs, cazavëcks, draps lilit, latêtes zoriés, serviettes figuire, serviettes lipieds, serviettes lamains, linze bain, tout tout ça qui bisoin. Peir-Narien tout lazournée lave lédos zouvrières là : « Mais travaille donc, zenfants ! travaille donc ! Zaute nèque hisse soléye : napas soléye qui bisoin hissé ; gouïe qui bisoin pour hissé ! »

Zour mariaze fine vini. Colle-des-Keirs napas té bien dourmi ça lanouite là, so latête morceau fére mal ; li monte làhaut largamasse grand bomatin pour gagne morceau lafraiceir. Coment li lévé pour alle mette so robe marié av bouquet fleirs loranzé, avlà li tende éne grand grand tapaze en lair làhaut so latête. Léciel ouvert éne coup ; éne gros zespèce zanimaux loulou saute lhaut largamasse, li lêve [sic] Colle-des-Keirs dans so lébras, li tape éne grand coup enbas av so lipied, li monte en lair coment éne boule lastique, li fonce dans niaze qui té amène li, niaze frémé ; zaute dérobé même. Servante Colle-des-Keirs, qui ti av so maitresse lav largamasse, reste sec ; labouce ouvert pour crié, narien sourti.

Lheire servante fine raconte ça léroi Gâteau av Peir-Narien, napas appelle çagrin, ça qui zaute çagrin ! crié, ploré, arrace civés, dicire linze : narien manqué ! Mais qui a faire ? Lheire zaute lassé, zaute blizé arrêté.

Peir-Narien monte lhaut montagne, guété, rôdé sipas li capave trouve niaze là. Dé trois fois niaze passe à côté li même ; mais li beau carquille carquille so liziés, niaze là trop épaisse, napas môyen trouvé coment son endidans.

Dans so lamisère là Peir-Narien ti éna nèque éne pitit soulazement : li content alle laçasse. Ene zour coment li ti dans milié grand bois li tende tapaze derrière ravenals. « Quiquefois éne cerfe ! » Li marce doucement doucement, li arrive laute côté ravenals, qui li trouvé ? Éne bice fèque touyé, et éne gros lïon sembe éne papa péroquet qui après laguerre pour gagne ça bice là. Peir-Narien tire couteau, li partaze bice là en dé, li dire zaute :

— Qui fére laguerre, donc ! zibier là assez gros pour dè [sic] doumounde. Mo fine coupe zisse en dé : partaze bon keir, çaquéne va prend so lamoquié.

Lïon av péroquet conten. Zaute dire Peir-Narien : « Sifait va, to gagne raison ! Mais pour to lapeine to fine arranze nous zaffaire, nous vlé faire toi éne cadeau qui va ide toi pour tire Colle-des-Keirs dans lamains ça loulou qui fine amène li dans niaze. »

Avlà lïon tire éne civé dans so latête, li donne li civé là, li dire li :

— Lheire to va voulé vine éne grand grand bel bel lïon coment moi, tchiombô ça civé là dans to lamain et dire éne coup : « Et toi, civé ! faire to louvraze, » et to va vine lïon. Lheire to va vlé tourne encore éne doumounde, to nèque pour dire : « Et toi, civé ! défaire to louvraze ! » To fine tende ; napas blié ; li napas difficile pour souvini.

Peir-Narien dire grand merci lïon.

Péroquet tire éne plime dans boute so lézaile, li donne ça plime là Peir-Narien, li dire li :

— Lheire to va voulé vine éne péroquet coment moi pour capave envole à cote to va content, to nèque bisoin tchiombô plime là dans to lamain et dire li éne coup : « Et toi, pilime, faire to louvraze, » et to va vine péroquet. Lheire to va voulé tourne encore éne doumounde, to nèque pour dire li : « Et toi, pilime, défaire to louvraze ! » Napas blié.

Peir-Narien dire merci péroquet. Zaute tout allé.

Lheire Peir-Narien fine tourne lacase, li rôde léroi Gâteau pour raconte li tout ça. Pauve vié léroi là ti allonze làhaut canapé acôte éne lafenéte ouvert. Tout lazournée dipis grand bomatin zisqu'à naplis capave trouve clair, ça même so place. Li touzours liziés enlair, sipas li a capave trouve niaze qui fine volor li so pitit.

Peir-Narien crie li : « Naplis létemps pour ploré, papa ! mo pour alle voir Colle-des-Keirs talhère même : Bondié fine soulaze nous, crire li ça qui vous content, moi-même qui pour amène li vous lette. » Et li raconte bonhomme Gâteau zistoire lïon av péroquet.

Bonhomme fonce dans son bireau, li pèse plime, lenque av papier, li crire éne coup :

« Ah ! mon pitit, mo cer pitit, qui ladouleir av moi ! Mo lékeir enbas roce. Quand Bondié coute mo laprière, li va laisse moi embrasse toi encore éne fois avant mo mort : ça même mo dimande li lizour, lanouite ! Peir-Narien qui pour donne toi ça lette là ; faire tout ça qui li va dire toi : cepté to vié papa, napas énan personne qui content toi coment li. »

Léroi mette son nom làhaut papier là, li donne lette dans lamain. Peir-Narien, li dire li comme ça : « Napas tardé pour vine apporte moi so nouvelles ! To côné mo pour mort quand çagrin là assise av moi ! » Pauve bonhomme ! laisse-li !

Peir-Narien monte lhaut montagne, avlà li voir niaze vini. Divent pousse li coment éne grand navire blanc : laisse li approce encore morceau. Ene coup là Peir-Narien prend plime péroquet dans so lamain, li dire li : « Et toi, plime ! faire to louvrage [sic]. » Qui vous croire ? So lécorps fonde éne coup : so lébras vine lézailes, so nénez éne labec, so linze làhaut li fine çanze en plimes ; li naplis éne doumounde, li fine vine éne grand péroquet gris. Niaze napas loin ; li envolé, li pique enlair même.

Peir-Narien rente dans niaze.

Niaze là ti arranzé coment éne vrai lacaze. Iéna laçambes, iéna colidors, iéna lescaliers, assembe laportes, assembe lafenètes ; mais tout ça napas faite av dibois coment lacaze qui làhaut laterre : tout quiqueçose taillé dans niaze même, coma dire dans coton fin fin coment éne lafimée. Peir-Narien blizé toné.

Peir-Narien rente dans vestibile : napas personne. Lescalier divant li, li monté. Arrive làhaut li trouve éne longue longue colidor av éne bande laçambes ; mais zaute tout laporte frémé. A cote Colle-des-Keirs ? Peir-Narien colle zoréye dans éne laporte ; li couté, li couté : narien. Li alle. Li colle zoréye dans éne laute laporte : narien. Li arrive dans troisième laporte : avlà li tende coma dire quiquéne après ronflé. Ça ti laçambe loulou. Son gros nénez boucé av larhime : li blizé dourmi laguéle ouvert. Quand doumounde faire zaute lacase dans milié niaze, touzours bisoin larhime av zaute : dimande zense Cirepipe.

Peir-Narien quitte la porte [sic] loulou ; li alle doucement doucement ; li arrive dans laporte éne laçambe à cote li tende coment dire doumounde après plaingné. « Bien sîr, là même, ça ! » Li ouvert laporte av so labec, li rentré : ça ti laçambe Colle-des-Keirs.

Colle-des-Keirs guette zozo là rentré, li croire quiquefois éne zozo qui loulou envoyé pour li amise cause av li. Mais coment li a capave content cadeau loulou ! Li pousse péroquet av lamain, li dire li : « Moi qui haïe to maite, moi qui va content toi ? Allé ! allé ! laisse moi plore tranquille. »

Ene coup là Peir-Narien dire av so plime - sourcier : « Plime, défaire to louvraze ! » Li napas encore fini causé qui li fine tourne éne doumounde. Colle-des-Keirs, manman ! lèvè [sic] éne coup ; li saute làhaut li, li zette so lebras dans so licou, li embrasse li, embrasse li : coment li goût ! coment li goût !

Lheire là, zaute commence causé. Peir-Narien donne Colle-des-Keirs lette so papa. Colle-des-Keirs lire lette : « Bien sîr mo va faire tout ça qui to va dire moi ! napas bisoin conseil papa pour coné qui ène fame doite touzours faire ça qui so mari commande li. »

Asthère là Peir-Narien dimande Colle-des-Keirs qui zespèce doumounde ou bien zanimaux ça loulou qui fine volor li là.

— Li éne zespèce doumounde qui napas éne doumounde, av éne figuire qui napas éne figuire, liziés qui napas liziés, labouce qui napas labouce, lécorps qui napas lécorps ; si pas moi qui li ; quiquefois name, mo croire ! Mo dimande li coment li appélé, li dire moi li appelle Corps-sans-Âme. Mais zamais mo pour sourti dans so lamains, à cause zamais personne va capave coné qui magnière touye li. Quand même coupe li par ptits ptits morceaux même, qui li en peine ? Morceaux là va zoinde encore, va colle ensembe. Pour touye li bisoin coné où li so name. Name dans éne dizef, dizef dans éne pizon, pizon dans lécorps éne tigue rouze, tigue rouze dans lécorps grande tigue blanc. Bisoin touye tigue blanc ; lheire tigue blanc fine mort, tigue rouze pour fonce lhaut vous coment vous encore lassé là, bisoin touye li oussi. Lheire là, pizon pour envolé ; bisoin sivré li, attrape li, touye li, prend dizéf [sic]. Pour so finition zaffaire bisoin prend dizef et casse li làhaut latête Corps-sans-Âme. Ça çoup là li mort même, li tombe sec. Mais qui doumounde qui va capave faire ça bande quiqueçoses là ?

— To dimandé qui doumounde qui va touye to loulou ? Mo croire quiquefois to fine blié mon nom, Colle-des-Keirs ! mo appelle Peir-Narien. Arranze paquets : avant trois zours mo pour tourne ici av dizef ça pizon là ; mo vo casse lomelette làhaut latête loulou. Arranze paquets, mo dire toi ! Mais napas létemps pour perdi ; laisse moi allé.

Zaute embrasse embrassé ; Peir-Narien commande so plime faire so louvraze, li vine encore péroquet, li dicende à terre.

Lheire li fine donne nouvelles pauve vié léroi Gâteau, li parti pour alle rôde tigue blanc.

Tigue blanc ti reste dans éne caverne éne grand montagne dans milié éne grang [sic] grand laplaine. Zamais personne passe laplaine là ; zaute blizé faire grand tour pengare tigue voir zaute. Dans bord caverne laterre blanc av lézos tout zanimaux qui tigue là fine manzé.

Pour arrive plis vitement, Peir-Narien ti çanze en péroquet ; li vine pose làhaut éne grand pié tambalacoque qui ti pousse àcote caverne. Li dicende doucement, li prend civé lïon dans so lamain, li crïe éne coup : « Et toi, civé, faire to louvraze ! » Avlà li vine éne grand grand papa lïon coment napas énan dé dans paye Maurice. Lheire là li largue éne crié : Manman ! coment dire tonnerre ; montagne même blizé tremblé : gros gros roce roule dipis enhaut zisquà [sic] dans laplaine.

Tigue ti après dourmi dans caverne ; li tende ça, li lève éne coup, li saute dohors. Lïon ti aspère li ; coment li sourti là, li fonce làhaut li. Napas pelle laguerre ça qui zaute laguerre ; mété, tapé, bourré ; zaute quimé, lécorps coule disang ; narien ça ; napas largué, zaute tacé mêmé [sic]. Ene coup là tigue pèse éne lapatte lïon dans so laguéle ; coment latête tigue enbas là, lïon sousque li dans licou derrière latête, sacouyé, sacouyé ; tigue blizé largue lapatte ; lïon saute làhaut so lédos, aplati li par terre, pésé, pésé, houn ! léreins cassé : tigue vire caye, li mort même.

Mais pauve lïon là li blessé même ; li lassé ; naplis éna divent av li. Coment li après lice lice so lapatte, avlà tigue rouze comence dégaze dans lécorps tigue blanc. Ene ptit moment même li va paré pour laguerre. Mais sipas vous croire qui Peir-Narien li bête ! Li prend so plime, li comande li faire so louvraze ; li tourne encore péroquet ; li envole éne coup, li pose enlair làhaut pied tambalacoque. Tigue rouze en bas reste gaga. Péroquet nèque dire li : « Aspère, aspère mo pose morceau : talheire nous pour guété. »

Létemps là loulou dans niaze senti coment dire so lécorps napas bien : « Si pas moi qui av moi donc ! mo brouillé brouillé. » Laisse li !

Lheire Peir-Narien coné tout so laforce fine tourne av li, li vine encore lïon, li fonce lhaut tigue rouze. Tigue rouze là té blizé plis piti, pour so lécorps capave tini dans lécorps tigue blanc. Lïon bisoin nèque trois quate coups pour fini li. « Ça éne tigue ! quiquefois éne çatte marron, mo croire ! » Ene dernier coup so lapatte, mo dire vous, lïon crève so garde-manzé. Li mort même : lïon ouvert li.

Loulou dans niaze blizé allonze làhaut lilit ; grand grand malade av li.

Coment lïon ouvert doucement doucement lécorps tigue rouze pengare pizon sauvé, pizon sourti éne coup dans laguéle tigue, pique en lair, envolé. Lïon galoupé, largué même pour sivré li ; mais quand ça qui éne zanimaux capave parié lacourse av éne zozo. Pizon divant, li gagnè [sic], li gagné, talhère même lïon pour perdi li dans so liziés.

Peir-Narien pèse éne coup so plime - sourcier, li crïe li : « Et toi, plime, faire to louvraze ! » Li vine péroquet. Li pique en montant pour so liziés, capave trouve plis dans loin : coma dire éne papa cervolant qui ronferonflé quand divent donné.

Pizon senti li approcé : li forcé, forcé même. Ah ouah ! péroquet enlair làhaut so latête.

Li plonze éne coup, li pèse li dans so milié lécorps. Ene coude labec assez : pizon flotte flotte enlair ; li balance làhaut éne cote son lézaile, li saye appiye làhaut laute côté, li tombe éne coup coment éne roce qui zenfant fine zette en lair. Péroquet ouvert li. Dizef làdans.

Li prend dizef dans so labec, li envole làhaut montagne, pour aspère niaze.

Avlà niaze dans loin. Divent pousse li, divent pousse li, li arrive proce. Péroquet ouvert lézailes, monte dans niaze. Li coné àcote bisoin passé, li rente laçambe Colle-des-Keirs. « Avlà moi, avlà dizef ! napas létemps pour causé ; sivré moi ! »

Li fonce dans laçambe Corps-sans-Âme. Loulou làhaut lilit ; divent courte courte dans so labouce, coma dire licien qui fèque force ène yève. Péroquet éne coup même casse dizef làhaut latète loulou. Qui vous croire ? Alà so lécorps commence fonde dileau. Li coulé, li coulé ; avlà niaze oussi qui largue so laplie. Talheire niaze là pour dérobé enbas zaute lipied. Péroquet nèque létemps crïe av Colle-des-Keirs : « Tini mo lapatte, tini mo lapatte : napas largué ! » Niaze dicire diciré, péroquet ouvert lézailes. Zaute dicende làhaut montagne dans éne ptit ptit laplie qui té so restant niaze là.

Qui mo bisoin dire zaute encore, zenfants ! Peir-Narien comande so plime défaire so louvraze, li vine doumounde, li prend Colle-des-Keirs dans so lébras. Mais zaute longtemps même, oui, avant zaute dicende dans montagne là.

Lheire papa Gâteau trouve Colle-des-Keirs, li fou ! li saute lahaut li, li manze li. Quand li lassé à force embrasse li, li embrasse li encore. Peir-Narien blizé rié ; li tire so fanme dans lamains bonhomme : « Eh vous, papa, vous pour fini so lazoues, oui ! Lazoues mo fanme, ça. »

Zaute appelle cousinier pour commande dîner. Manman ! manman ! pengare doumounde pour mort av tout ça manzé là, oui ! Napas môyen compté ça bande léplats qui làhaut latabe. Mais ti iéna éne ladaube pizons ! han ! Domaze lheire mo voulé goûte li, Peir-Narien flanque moi éne coup de pied, mo tombe ici.

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1888 Baissac Cirandanes

 

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Dileau diboute ? – Canne.

 

Dileau en pendant ? – Coco.

 

Pitit batte manman ? – Lacloce.

 

Boisdebène dans dileau ? – Zanguïe.

 

Cinque brances dans dileau ? – Zouritte.

 

Dé vannes dériére montagne ? – Zoréyes.

 

Mo lesprit par dériére ? – Navir àcause so gouvernail.

 

Baïonétte par dériére ? – Mouce jaune.

 

Pariaca dans dileau ? – Madameséré.

 

Manze par vente, rende par lédos ? – Rabot.

 

Poule ponde dans raquettes ? – Lalangue.

 

Guéle dans guéle, sette lapattes, quate zoréyes ? – Licien manze dans marmitte.

 

Cabinéts, cabinéts zisqu'à dans fétaze ? – Bambou.

 

Mo coné éne mamzelle li manze so tripes, li boire so disang ? – Lalampe.

 

Ptit bonhomme, grand çapeau? – Çampion.

 

Mo éna éne banne ptit bonshomes : zour zaute féte zautes tout habille en rouze ? – Piments.

 

Qui ti bouir prémier marmite dans péye Maurice – Difé.

 

Quate pattes monte làhaut quate pattes ; quate pattes allé, quate pattes resté ? – Licien làhaut cèse.

 

Béf crié dan milié dé montagnes ? – So toussé éne doumounde gros lazoues.

 

Manze noir, rend rouze ? – Fisi.

 

Mo bassin li séc, mette éne la paille li bordé ? – Lizié.

 

Tambour lor enbas latére ? – Safran.

 

Serpent marcé, lésse so dizéfs ? – Ziraumon.

 

Mo envôye éne lette, mo coné lhére décacétte li ? – Lhameçon.

 

Mo gagne éne çouval, mo beau fréme li dans léquirie so laquée touzours dohors ? – Lafimée.

Mo lacase endans peintire en zaune, en dohors peintire en blanc ? – Dizéf.

 

Lacorde marcé, béf dourmi ? – Ziraumon.

 

Brédes sonzes dans dileau ? – Gouramié.

 

Mo lacase peintire en zaune, endans mo éna éne banne ptits mazambiques ? – Papaye mîr.

 

Mo misire éne latouéle zamés mo trouve so lafin ? – Mo marce dans grand cimin.

 

Asoir mo trouve éne banne lagrains dans mo lapléne ; lhére mo lévé mo naplis trouve zautes ? – Zétoiles.

 

Qui ça Moussié là qui améne so lacase làhaut so lédos ? – Couroupas.

 

Nhabit napas quilotte ? – Cancarlat.

 

Mo lacase plein lafenétes, éne laporte ? – Lédé coude.

 

Mo éna disse ptit bonhomes, tout zautes latéte blanc ? – Zongues.

 

Quate pilé, éne vané ? – Çouval pousse mouces : so lipieds pilé, so laquée vané.

 

Mo noir dans mo bonhère, mo rouze dans mo malhére ? – Cévrette.

 

Mo rouze dans mo bonhère, mo noir dans mo malhére ? – Lagrain café.

 

Blanc dans guinée ? – Douriz dans marmite.

 

Manman guinée zoué viélon, tout ptits blancs dansé ? – Marmite douriz làhaut difé.

 

Mamzélle làhaut cimin, tout doumounde qui passé embrasse so labouce ? – Lapompe.

 

Mo éna éne barique av dé qualités dileau ? – Éne dizéf.

 

Courone dans mo latéte, zéprons dans mo lipieds mo léroi dans basse cour, mé mo napas léroi ? – Côq.

 

Coupe mo vente, ous a gagne mo trésor ?  Éne grénade.

 

Tapis lareine touzours ouvert, zamés pliés ? – Grand cimin.

 

Mo éna lacase, asoir li vide, lazournée li plein ? – Soulié.

 

So rôbe mô grandmanman azoute azouté boute en boute ? – Létoit bardeaux.

 

Mo lacase tout en bardeaux, endans éne banne ptit mazambiques habille en blanc ? – Zatte.

 

Mo zétte li blanc, li tombe zaune ? – Dizéf.

 

Rente par laporte, sourti par lafenéte? – Possons dans laséne.

 

Metté, lévé, tapé ? – Saye souliers néf.

 

Ménace doumounde, napas causé ? – Lédoigt.

 

Boidebène làhaut rempart ? – Moustace.

 

Pitit crase manman ? – Laroce cari.

 

Pitit pile manman ? – Bâton pilon.

 

Qui lalangue qui zamés té menti ? – Lalangue zanimaux.

 

Mo grandmanman zamés oulé dourmi làhaut so natte, li quitte so natte li dourmi par tère ? – Ziraumon.

 

Mo zétte mo mouçoir dans dileau, zamés mo capave mouille li ? – Feille sonze.

 

Lhére mo encolère, mo vomi difé ? – Canon.

 

Attrape li mo alle çace l'aute ? – Ça mème lamain dire av labouce lhére aprés manzé.

 

Mo guétte li, li guétte moi ? – Laglace.

 

Éne banne sale, éne banne prope ? – Latére av léciél.

 

Quaméme fére çaud, mo touzours frés ? – Lézard.

 

Ça banane là, mo beau manzé zamés mo capave fini li ? – Grand cimin.

 

Pitit noir batte grand noir ? – Piment.

 

Mo alle lavente, mo acéte plein noirs, mo tourne lacase, mo servi zautes néque éne éne ? – Éne paquét gouïes.

 

Mille tourous dans éne tourou ? – Lédé coude.

 

Tout mo camrades enbande av moi, mo allé, zautes resté ? – Posson maillé dans lhameçon.

 

Cote mo allé li sivré moi ? – Mo lombe.

 

Éna quate fréres, dé grand dé pitit ; zautes tout galpé ensembe ; pitit divant, zamés grand capave gagne zautes ? – So quate-laroues éne calèce.

 

Dé fours campagne dans milié lapléne ? – Tourous nénez.

 

Lapeau mort condire vivant ? – Souliers.

 

Mo alonze li li alonze moi ? – Natte.

Figuire éne zenfant caciette enbas labarbe éne bonhome? – Coco.

 

Tout soldats mo réziment nhabits vért bonéts rouze ? – Framboises.

 

Éne bande béfs là-haut montagne, zautes manze roces zautes quitte lhérbe ? – Lipoux.

 

Mo ena cinque ptit bonhomes, dé baingné trois guété ? – Mouce nénez av lédoigts.

 

Zamés mo té capave trouvé ça qui gagné dériére mo lacase ? – Mo dériére latéte.

 

Mo dé ptit bonhomes marce ensembe, çaquéne so tour divant ? – Mo lipieds.

 

Trois ptits noirs guette vente zaute manman bourlé ? – Lipieds marmitte.

 

Tambour dansé dans milié so la cour ? – Dinde.

 

Quate noirs aporte éne gros noir ; quate noirs napas transpiré, gros noir qui transpiré ? – Boudin làhaut gri.

 

 Mo lacase endans peintire en rose, en dohors peintire en vert av éne banne ptit mazambiques làdans ? – Moulondeau.

 

Moulin marcé quate fois par zour ? – Labouce.

 

Tambour divant, pavillon dériére ? – Licien : so labouce zapé, so laqué diboute.

 

Enne banne mamzélles dans bitation, tout zaute linze dicire diciré ? – Pieds banane : touzours zautes feilles diciré.

 

Sicoupe dans dileau ? – Laline.

 

Mo marcé li marcé, mo arété li marcé ? – Mo monte.

 

Mo bonnefanme à côte li passé lésse so lacrace? – Couroupas.

 

Môrs condire vivant ? – So mors çouval.

 

Mo éna éne zarbe, quand li éna feilles li napas racines, quand li éna racines li napas éna feilles ? – Navire.

 

Zautes fére éne pitit tourne làhaut vente so manman zisquà li vomi ; son vomi nous manzé ? – Moulin maïe.

 

Ça qui mo fine trouvé, Bondié napas fine trouvé ? – Mo fine trouve mo méte, Bondié napas fine trouve pour li.

 

Quate pattes làhaut quate pattes aspére quate pattes ; quate pattes napas vini, quate pattes allé, quate pattes resté ? – Çatte làhaut cése aspére lérat ; lérat napas vini, çatte allé, cése resté.

 

Éne fou, dé sec, dé mou, quate roule dans laboue ? – Éne vace : so laquée fou, so cornes sec, so zoréyes mou, so lipieds dans laboue.

 

Boutéye endans, divin dohors ? – Zanblongue.

 

Casse bancal dans bord canal ? – Gournouïes.

 

Tambour larzent enbas latére ? – Zinzembe.

 

Tapis mo grandppâ plein pinaises ? – Léciel av zétoiles.

 

Tabaquiére mo grandppâ touzours crié ? – Monte.

 

Mo grandmanmân fére éne pont, li tout sél capave passe làhaut là ? – Zergnée.

 

Quand mo laporte ouvert li fermé, quand li fermé li ouvert ? – So laporte éne cimin qui passe làhaut lérails.

 

Vivants napas causé, morts causé ? – Barvades.

 

Mo marce dans éne ptit cimin, zamés mo va posé, zamés mo va tourné ? – Larivière.

 

Tout so noirs mo papa zautes lipieds torte ? – Liciens fisi.

 

Mo éna éne grand bande marmaille ; soléye lévé zautes caciéte, soléye coucé zautes sourti ? – Zétoiles.

 

Li éna lédents li napas labouce, li capave manze lanouite lézour sans posé ? – Lascie.

 

Brédes dourmi ? – Ziraumon.

 

Brédes galpé ? – Yéve.

 

Touzours li manzé zamés li avalé ? – Moulin cannes.

 

So lésprit mo ptit noir dans so nénez ? – Licien.

 

Touzours li marce latéte en bas ? – Coulou soulié.

 

Lhére mo alle baingne larivière mo lésse mo tripes lacase ? – Latoéle matelas.

 

Lhére mo alle larivière mo çanté, lhére mo tourné mo ploré ? – Barique galére.

 

Mo boire dileau àcause napas dileau ? – Navire tombé au séc.

 

Si zautes vini zautes napas va vini, més si zautes napas vini zautes va vini ? – Doumounde plante pitits pois : li pére pizons vine manzé.

 

Tourou sans fond ? – Bague.

 

Mo dibouté li alonzé, li alonzé li dibouté ? – Lipied doumounde.

 

Mo éna éne ptit noir quand pas métte li so langouti li napas travaille? – Gouïe bisoin difile pour coude.

 

Mo lacase éna belbel couvertire, més éne poteau méme qui tini li ? – Parasol.

 

Mo lacase longue longue, tout so laçambes rond et partaze en longuére ? – Bambou.

 

Mo éna éne qualité comandére qui touzours mort sembe so fouéte làhaut so zépole ? – Lérat touzours mort av so laquée.

 

Mo éna éne lacase, quand mo fine ouvért li, zamés mo capave férme li encôre ? – Bigorneau.

 

Cicot dans milié lapléne ? – Lombri.

 

Dans tout lacases so place mo bonne fanme diboute dans coin ? – Balié.

 

Mo zétte laséne, mo léve éne gros posson, més moi tout séle qui a manze li ? – Mo fanme.

 

Éna éne mamzélle, li sivré moi partout més zamés mo capave embrasse li ? – Mo lombe.

 

Blanc napas capave travaille sans noir ? – Plime bisoin lenque.

 

Mo çaud mo napas transpiré, mo frés mo transpiré ? – Gargoulétte.

 

Mo zétte li en lére li tombe en bas, mo zétte li enbas li monte en lére ? – Boule lastique.

 

Mo touffe li, li touffe moi ? – Ladoulére.

 

Pavé làhaut, pavé en bas ? – Tourtie.

 

Latére blanc, lagrains noir ? – Papier sembe lécritire.

 

Lamain sémé, liziés récolté ? – Crire av lire.

 

Longue labarbe, courte laquée ? – Cévrétte.

 

Plonzé, lévé, séc ? – Feille sonze.

 

Mo envôye mo ptit noir comission, zamés li tourné ? – Couderoce.

 

Asoir li promné partout, grandzour so latéte en bas, so lipieds en lére ? – Soursouris.

 

Mo grandmanman li beau fére nattes tout so pitits dourmi partére ? – Ziraumon.

 

Mo zoinde éne grande bande doumounde, quand mo loin zautes dire moi bonzour, quand mo proce zautes napas dire narien ? - Gournouïes dans bôrd dileau.

 

Li éna quatorze pieds dipis so lécou zisqu'à dans so léreins ; quand vous misire tout so lécorps li iéna néque éne pied dimi ? – Homard.

 

Mo beau léve li enlére, li touzours bas ? – Lébas.

 

Si vous lavé pas, préte moi li ; si vous lavé, napas prété ? – Battoir.

 

Mo éna trois gros noirs qui travaille touzours ensembe, zamés zautes avancé zamés zautes arquilé ? – Cylindes moulin.

 

Li napas éna laviande, so lézos làhaut so disang ? – Barique divin.

 

Mo louvraze zamés fini? – Ramasse vérres boutéye.

 

Iéna éne banne bébétes qui travaille dans méme lendroit, zautes tendé éne à l'aute, més zamés zautes capave trouve zaute figuire ? – Moutoucs.

 

Iéna éne banne mamzélles dans bôrd cimin, zautes tout latéte enbas ? – Pieds banane.

 

Mo envôye éne ptit noir comission, sitôt li fine gagne laréponse mo coné ? – Lhamçon.

 

Mo éna boucoup lassiétes bien fin, zautes beau tombé, zamés cassé ? – Feilles.

 

Mo éna dé zoli bassins, çaquéne éne lilote dans milié, lherbe dans bord ; quand zautes bordé vous trouve so dileau coulé çaquéne so coté, més canal qui fourni dileau dans bassins là vous napas capave trouvé ? – Liziés.

 

Pèse mo vente vous a gagne bouillon ? – Fisi.

 

Mort porte vivant ? – Pirogue.

 

Mo éna éne bassin, tout zozos qui vine boire làdans nôyé ? – La lampe av papions.

 

Mo beau pitit, mo fort ? – Rotin.

 

Bonhome noir latéte rouze ? – Boutéye divin.

 

Mo zozo éna néque éne lizié, et so lizié dans so laquée ? – Poélon.

 

Li encore ptit ptit, déza lagale av li ? – Margose.

 

Mo batte li li bâ moi, mo bâ li li batte moi ? – Mo fanme.

 

Longtemps mo lédoigt té enbas lombe, li comence bourlé dans grand soléye? – Pouce.

 

Ça qui ti voir li, napas li qui ti prend li ; ça qui ti prend li, napas li qui ti manze li ; ça qui manze li, napas li qui ti gagne baté ; ça qui ti gagne baté, napas li qui ti crié ; ça qui ti crié, napas li qui ti ploré ? – Ptit noir féque coquin mangue: So liziés qui té voir, napas so liziés qui té prend; so lamain qui té prend, napas so lamain qui té manzé; so labouce qui té manzé, napas so labouce qui té gagne baté; so léreins qui té gagne baté, napas so léreins qui té crié ; so labouce qui ti crié, napas so labouce qui ti ploré.

 

Grand zoréyes, ptit liziés, lapeau verni ? – Soursouris.

 

Mo léve so cimise, mo trouve so civés ; mo léve so civés, mo trouve so lédents ; més napas so lédents qui pour manze moi, moi qui pour manze so lédents ? – Éne maïe.

 

Mo lasalle tapisse en rouze ; éne banne ptit fautéyes blanc làdans ; doméstique souye zautes av ciffon rouze ? – Labouce, lédents av lalangue.

 

Nénez Madame anglés enbas la terre ? – Rave.

 

Mouce dans dilait ? – Ningresse habille en blanc.

 

Avant mo prend li, mo tâte so civés, mo misire so trou ? – Ça peau castor.

 

Trois fréres, néque éne lazoue ? – Ene marmite.

 

Mamzelle dans bord cimin, tout dimounde qui passé tâte so tétés ? – Ene pied papaye.

 

Vente làhaut vente, ptit boute dans fente ? – Pitit tette manman.

 

Grandppâ dans lacase, so labarbe touzours dohors ? – Lafimée.

 

 </CM>

</BODY> 

 

 

 


 

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auteur=1892_antelme_1892

</HEAD>

 

<BODY>

 

1892 Antelme 1892

 

PHILOSOPHIE CREOLE

 

REFLEXION SUR LE CYCLONE DU 29 AVRIL 1892 PAR UN VIEUX NOIR DES « <CM>TEMPS MARGOZE</CM> »

 

 

Page 95

 <CM>

Di'pi létemps Margoz, tous grand'moune après dire

Sac fois qui mous' dimiel né pli don' bon lacire

Coup d'vent forme ein coup acot' soleil lévé,

Tomb' dans paye Mauris feir tout zens la'crié,

Pa Lindor l'aut zédi, té fin tour couroupa

Al' cacié dans pié mangue, enbas lacas' caria ;

Mous' zon' né pi piqué, zot coument band malbar

Qui sorti dans bateau pour all' promné Bazar.

Bon Dié té dire av' zot « Zot tout piti piti,

Amar' zot langouti, coup d'vent pour vin' midi. »

 </CM>

 

Page 96

 <CM>

Zézé guet couroupa, li dir tout ça bêtise,

Li prend so la guitar, all' guett' Mamzel Elise.

Béber té pli malin, li ramass' son bottine

Ein bon topet divin assamb ein boit' sardine,

Li mont' la rie Rempart jousqu'à la rie Madam',

La forc' ne pi eina, li siz' lor macadam.

Grandmoune té fin' dir' li, « guett' bien ça zéreigné

Li ramass' son difil, zaffer là pour soffé ».

 

Destemps M'sié Zérémi, té governer dé lil'

Té gagne ein zour zédi, ein coup d'vent fin d'Avril.

Vié doumoun qui con' ça, té fin' dir' nous zenfan,

Zamais té tour quiqçoz' coument ça l'ouragan.

Zot na pas té menti, ça cou d'vent té vini

Vendrédi lot sémen, sir doit' fin' touy' Fifi.

Quand mêm' so la vie dir', mo bien sir li fin' mort

Zousqu'à nous tous crévé, zamais va tour encor

 </CM>

 

Page 97

 <CM>

Ein sacré tirbouillon, assamb grand boul' difé,

Qui sourt' dans léciel, tomb' lor lacas' cassé,

Bourl' tout la rie Madam', zousqu'à dans camp Tringbar.

Big big colon' en fer, qui touzours té vantar

Bisoin pilié latêt, coument mauvais diboi.

Aster doumoun conné qui ça qui zot' léroi,

Dilo mêm', mo papa, fair navir' mont' souval,

Dilo feir zot dansé coument dir' zot dans bal.

Big big noir dans la rie léquer né pi baté

Avec blancs acot zot lavie, assamb ça tirbouillon.

Mo mêm' mo té bien croir', mo ti a boir' ein bouillon

Si mo pa té cacié derrière ein pié maçon,

Ça qui apel ein zaffer, qui ou dir' pa Zozon ?

 

Boucoup doumoun té croir' ça comenc'ment l'hiver,

Rés'ment dans mon lacour einan bon vetivert,

Assamb' lapaill' vacoa pour' mo couvér mo toit

Zézé vas' té [va asté] laccord', Paulin assamb' François

Va donn' môa ein coup d'main pour mett' golet' en place.

Bon Dié té en colèr' qui to dir' Boniface ?

Doumoun té trop méçant né pi dir' la prière

Pass' zot létemps coquin zousqu'à dans cimitière.

 </CM>

 

Page 98

 <CM>

Fifi av' so névit' promné dans camp Barvat

Assamb' ein léquer dir' coument bonbom' Maral

Nec ein doumoun li peir serzent Ristikéli

Lerest li fout pas mal, quand li coquin cabri.

Qirpip' ein p'tit noir appel' vilain Taureau

Bisoin bour' dans laloi quand li guett' Diloseau,

Envil' boucoup doumoun né pi oulé travail,

Défonç' tous poulaillers, coquins tous zène volailles.

Blancs dans l'agazet' zour tout son camrade

Assamb' grand grand parol' crié coument pintade

Sac fois qui vié doumoun' oulé cauz' zot raison,

Zot laguer av' népée coument nous av' bâton.

La vie bien bon quiqçoz' mais zens là « ci pas môa ».

Pa amar zot léquer assamb difil lasoie

Docter sensé savant pic tout Bon Dié malbar.

La vériol commencé zot fout ein « cabardar »

Ler là bon Dié té dir « asper ein pé mo noir,

Avant lémoi fini môa feir zot oussi voir »

Si Zési té sosir eina té va çapé

Mais bon coument mauvais tout pay' les pots cassés,

Narien coument Mauris eina bien bon latère

Ein zour nous va gagn, l'arzent sourt' Anglétère.

L'ot zour mo dir mo femm' « Zézé n'a pas çagrin

Dimin quand coq çanté, dimin, bien grand matin,

 </CM>

 

Page 99

 <CM>

To apport' ça papier sez Misié Lagazet

Toi dir' li qui mo mêm' qui apel bonbom' Lélet

Qui mo ti oulé écrir' quand mêm' ein p'tit morço

Pour qui doumoun pas dir' « Crool' c'est un zozo. »

 </CM>

</BODY> 

 

 

 


 

<HEAD>

auteur=1897_l'albion_17_décembre_1897

</HEAD>

 

<BODY>

 

1897 L'Albion                        17 décembre 1897

 <CM>

Rs 55,000 pour donne piblique!!!

 

Cadeau qui Magasin Singer donné pour Noël banané!!!

 

Vrai valère eine billet Trésor Singer !!! Qui ci ça ein biyet Trésor (Singer)? Ça eine vrai biyet et lontant pareil common tout ça  biyet gouvernement Maurice la, mais qui fine marqué dans so lédo ça nom “Singer”, qui tout dimoune conné. –Zote croire qui dans 950,000 Roupies qui dimoune fine payé Magasin Singer dipis mois Jillet 1883, jousqu'à aster là, capable gagne encore 550,000 Roupies en biyet marquer Singer qui encor déhor. Ouv'lé donne eine souvenir SO BANNE CLIAN MAURICIEN parce qui éna plis qui 14 banané qui zote appiye li plis dipis ça grand diffé qui ti éna en 1893 et aussi parce que Magasin Singer toujours gagné, so maîte sozir ça la fin l'anné là qui plin bénédiction, ecque bon sentiment li fine décidé qui dipis le 15 Décembre 1897 jusqu'a le 15 janvier 1890 tout seil, tout ça qui amène eine biyet trésor Singer va éna droit pour asté Rs 5.50 marçandise avec eine biyet de Rs 5 et capable asté pour Rs 11.00 marçandise avec eine billet Rs 10 mais touzour ce qui marqué Singer derrière zot lédo. “Condition” ça cado la necque pour dimoune qui va asté marçandise contan dipis le 15 Décembre 1897 jousqu'a 15 janvier 1898, mais ce qui paye par morço et ce qui loué marçandize dipis le 15 Décembre 1895 jousqu'a 15 Janvier 1898, mais ce qui par morço et ce qui loué marçandize na pas capable gagne ça –Tout marçandise qui éna dans “Magasin Singer”, et tout ce qui fecque arrivé par la malle française pour Noël ecque banané capable asseté et paye dans sa manière la pendan ça manière ;a pendant ça bon mois la. Tout prix marçandise dans Magasin Singer dipis 1894 na pas fine augmenté pendan ça bon mois - la. Tout prix marçandise dans Magasin Singer dipis 1894 na pas fine augmenté pendan ça bon mois-là, laho çaque marçandise zote ziste prix marqué. –Ou doite rode dans tout biyet qui ou éna et ce qui ou va gagné, tout vrai billet “Singer” pour profiter ça bon ocazion là.

</CM>

</BODY>

 

 

 


 

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auteur=1920_decotter_1920

</HEAD>

 

<BODY>

 


N. Decotter: Les Proverbes français expliqués, avec leurs équivalents en anglais – augmentés parfois de proverbes créoles – compilation entreprise à la demande d'un grand nombre de professeurs mauriciens. Maurice : the general printing & stationary cy. Ltd. 1920
 

 

<CM>

1.            Li ène zozo manioc.

2.            Langouti dans pignon dinde.

3.            Rode la gale pour graté.

4.            Tape dans la tère dire.

5.            Li soule so bontemps.

6.            Ene cabo lendourmi.

7.            Si la mer ti bouï, ton posson ti va cui.

8.            Li comman çate, li èna sète la vie.

9.            Quan caraye vide zami fané.

10.          N'a pas éna mouillage dans la vie.

11.          Papaye fin coulé.

12.          Sa caine conne so doulère. / Quand montagne bourlé tout di moune conné, quand le kère bourlé, personne na pas conné.

13.          Li même bourique l'état.

14.          Dans mariaze li sien témoin gagne baté.

15.          Bon bagou sape la vi.

16.          Li fin glissé.

17.          So romance éna nèque ène couplet.

18.          Li fère so plorère.

19.          Pangar ou croire vente zaco pourri a cose ou trouve li vert.

20.          Li toc-toc.

21.          Quand coze anglé passe partout. / Mète di luile dans la lampe.

22.          Batté rendé n'a pas fère mal.

23.          Zordi casse en fin, dimin tape langouti.

24.          Zaco na pas guette so laqué.

25.          Li risse so la corde.

26.          Ça na pas mo cari.

27.          Balié nèfe balié propre.

28.          Casse dibois pointe avec ène doumoune.

29.          Zourdi casse en fin, dimin tape langouti.

30.          Ourangue-outan qui so parain.

31.          Langouti dans la maille. La boue dans la tisane. Za fère sale… Za fère pi.

32.          Li pagaille bien.

33.          Li encore gaga.

34.          Na pas èna belle mantère.

35.          Li li boire ; moi qui sou.

36.          N'a pas so zoli qui mo bisoin.

37.          La langue n'a pas lézo.

38.          Li fine tranglé.

39.          Pierre à l'huile ec razoir.

40.          Margoze marce avec so bouillon.

41.          Quan diab dans ène quilote li la pène sourti.

42.          Faire li faire zinga.

43.          Li dans la terre dire.

44.          Li rode li pou. Rode lipou-poule, rode lipou dans la paille.

45.          Li na pas bon pour tate poule.

46.          Anguille content la boue.

47.          Gro anguille manze tard.

48.          Tro boucoup zamé ti gaté.

49.          Ça qui ti bon faire zamais ti mal faire.

50.          Lhère vous alle baigné, amène coto maïe.

51.          Li fine vergue. Faire li pot.

52.          Casse so maïe avant li fine mire.

53.          So la case en bas pont.

54.          Gagne la pipie.

55.          Qui fine goute larac, zamais perdi so gout.

56.          Piman piti mé li èna so valère.

57.          Bonavini.

58.          Li pour marié, mais quiquefois bague mariage glisse dans lédoit.

59.          Li éna larouille dans coin zoreille.

60.          Li fin vende so cosson. Li fin casse en fin.

61.          Faire lonère.

62.          Gros boute dans so lamain.

63.          Li gagne mal dé mer.

64.          Ène la paille na pas passé.

65.          Li fine ponde ça ène cou même.

66.          Laqué béf zamais ti tombé.

67.          Ptit lasoif, ptit coco ; grand lasoif, grand coco.

68.          Li ti croire canard dourmi.

69.          Li lao la colle.

70.          Nèque la bave qui èque li.

71.          Moustique pitit, mais quand li çanté ou zoreille plein.

72.          Alle acoute lé son.

73.          Li ène tétère. Li pique sousouna.

74.          So vante gros.

75.          Lère poule va pousse lé dent.

76.          Zote manze dans même gamelle.

77.          Lé ra miské garde so lodère.

78.          Fofère li vomi.

79.          Di sel zamé dire li salé.

80.          Formi ti touye leléphant.

81.          So ladition zamé mal.

82.          Rode latête lamorie.

83.          Fère fangouni. Faire l'embarras.

84.          Li fouka fouka. Li pagla.

85.          Bef zamé trouve so corne trop lourd.

86.          Li souqué.

87.          Li éna ène moutouc dans so la tète.

88.          Casse dans pié.

89.          File dans vavangue. Li glissé.

90.          Zourdi soule bon temps, dimain pagayé.

91.          Li sourti Saint Antoine li alle Mardé Virin.

92.          Li pour donne ou di lo coco, ou fine sape li loin.

93.          Li fine maille lao la cole.

94.          Canapé aspère li. Na pas éna bouillon pour li.

95.          Lé den bête.

96.          Mo soigne piti mo papa.

97.          Li mème défin terrible.

98.          Mète sarette divan milé.

99.          Ou trouve misère dourmi n'a pas bisoin gratte so lé do.

100.                  Çate qui fine bourlé père la cende.

101.                  Aceté dizef dans vante poule.

102.                  Batté rendé.

103.                  Çate na pas là le ra dansé.

104.                  Quand ou conne cause anglé ou passe partout.

105.                  Quand ou misère ou coman l'enclime, la masse tape lao ou.

106.                  Ene gros feille.

107.                  En attendant lapin manze salade.

108.                  Sape dans marmite tombe dans diffé.

109.                  La boëte réquin.

110.                  Zéné coman zaco dans rondaze.

111.                  Li laçasse zozo paliaca.

112.                  Ene la raie.

113.                  La guèle gros, lé dent na pas.

114.                  Lizié na pas èna balizaze.

115.                  Li zète grand laseine pour trape candioc.

116.                  Pitit timbalo.

117.                  Ene matiapa.

118.                  Na pas montré vié zacots fère grimace.

119.                  Lesprit zaco.

120.                  Casse so la guêle dans so la bouce.

121.                  Doite fine gagne di fé quique part.

122.                  Li mal fagoté.

123.                  Sec dans la case, di sel même na pas dans la calbasse.

124.                  Zamé nous ti manz dans même marmite.

125.                  Éna la bouce av li. Éna bagou av li.

126.                  Li vlé boire so di san.

127.                  Li fin monte là haut tablette.

128.                  Li même gros la cloce.

129.                  Boire, manzé, sans guète divan derrière.

130.                  Conseillère na pa lé payère.

131.                  Li manze pizon.

132.                  Manque la gale pour graté.

133.                  Manqué na pas conté.

134.                  Li fine boire dilé tigue.

135.                  Li fine gaga.

136.                  La pèce cabo.

137.                  Li fin tombe à gauce.

138.                  La prière martins.

139.                  Amisé avant nous more.

140.                  Posère canapé.

141.                  Ène couto moussana, li coupe dé coté.

142.                  Li mal fagoté.

143.                  Li gro kère.

144.                  Mo assé av li.

145.                  Sega av tamtam tou le dé ti mort ensembe.

146.                  Dé bef la guère dans di sabe, saquène guête so lizié.

147.                  Mo va tombé lévé pour ou.

148.                  Défin lespoir ti mort entre dé rosse.

149.                  Lizié touzours bête.

150.                  Quand diable alle la messe li cassié so la qué.

151.                  Quand diable vlé prand ou li cose bon Dié av vou.

152.                  Mo macote.

153.                  Ene zangarnah.

154.                  Ça qui dourmi na pas pense manzé.

155.                  Quand mo trouve li mo vante fine plein.

156.                  Zote fine gate zami. Zote fine brouille cari.

157.                  Bagasse boucou, flangourin pitiguine.

158.                  Zanse même léquérie.

159.                  Zafère mouton na pas zafère cabri. / Na pas soufflé di fé en bas marmite qui na pas pour ou.

160.                  Zamé prend mousse av vinaigue.

161.                  Mo bouï gouni. Mo dans la maille. / Mo langouti dans pion dinde.

162.                  Dilo qui dourmi touye dimoune.

163.                  Li comance floter.

164.                  Li fére moi bavé.

165.                  Li amène bef Vohémar.

166.                  Batte la main zamé rendé.

167.                  Bon valé la soupe salé.

168.                  Cape lécole.

169.                  Li guété avant touce li.

170.                  Rôde lipou poule.

171.                  Ala matelot vini.

172.                  Li pa tremblé.

173.                  Ena dilo dans la cour.

174.                  Larzan bondié la terre.

175.                  Guète bien ou zafère.

176.                  Quand pran tro boucou li glisé.

177.                  Dégaze ou name.

178.                  So name dans la callebasse.

179.                  Na pas di luile dans so la lampe.

180.                  Ene tangaze.

181.                  Li va gaigne ça qui li bisoin.

182.                  Piti zoreille grand la bouce.

183.                  Mouce zone piti mais li pique raide.

184.                  Ene lo capitaine.

185.                  Couzoupa pas capab donne conseil.

186.                  Ti couto coupe gros ziraumon.

187.                  Nous dé caleçon na pas éna divan derrière.

188.                  Prète na pas dire la messe dé fois.

189.                  So la tète coman rosse.

190.                  Na pas mète néné dans sa qui to na pas coné.

191.                  Na pas cone personne.

192.                  Vaner.

193.                  Çape li dans malère.

194.                  Bibasse li dou so loyan qui li.

195.                  Dans tangaze.

196.                  Mo lékère en bas roce.

197.                  Mète pitit albert av li.

198.                  Dégaze mo name.

199.                  Casse en fin.

200.                  Li pour entère tout dimoune.

201.                  Li croire tou dimoune so camrade.

202.                  Li casse la marre raide.

203.                  Fine fagoté coman marani.

204.                  Manze nou golette ici dans lé ciel nou va lé roi.

205.                  Li pas éna boucou langouti.

206.                  Li fère lé crainte. Li pique en descendant.

207.                  Li coman couroupa lao di sabe.

208.                  Ene bosco.

209.                  Lesprit zaco.

210.                  Li pa malin.

211.                  Zot comman li sien ec çate.

212.                  Vante zaco vert mé li na pa pourri.

213.                  Moi qui comandé.

214.                  Zote fine fère li voir trente six sandèles.

215.                  Ene ptit coudesipion.

216.                  Li tiombo bien.

217.                  Li ène gobère.

218.                  Zégouie passé, di fil sivré.

219.                  Mari courte bote, fame longaille. / Ene toupie av so la corde.

220.                  Li en bas en bas zamé li guète ou drète.

221.                  Li amère.

222.                  Mariaz coto maïe.

223.                  Sac vide n'a pas capabe tini diboute.

224.                  Na pas zéné.

225.                  Sa quène débrouille so cari.

226.                  Di lo na pas prand la o brède sonze.

227.                  Ene zozo dibois. Ene zozo granbois. Zozo manioc.

228.                  Li ène lémétère.

229.                  Défin terrible.

230.                  Di lo bouïe mète brède.

231.                  Ena toujours quique zistoire.

232.                  Tombe en ba lao.

233.                  Tanque èna namcame tambour tapé.

234.                  Lère pique séga qui arranze zafère.

235.                  Toulézour n'a pas fête cinois.

236.                  So fouca lévé.

237.                  So fouca fin passé.

238.                  Alle cose ec li ou va tende lé son.

239.                  Fère tioula, faire kissekisse.

240.                  Tombé lévé pour ène dimoune.

241.                  Mette difé. Faire kissekisse, fère tioula.

242.                  Na pas badine dans dilo quand na pas cone nazé.

243.                  Aspère lièvre dans marmite avant cosé.

244.                  Lé roi na pas so cousin. Li vantard coman trouloulou.

245.                  Çape dans poilon tombe dans difé.

246.                  Quan éna zoli filles gaigne coude sapo.

247.                  Na pas éna macatia rassi qui na pas trouve so fromaze.

248.                  Li ène la tête so papa.

249.                  Roce pas capave fère dimoune.

250.                  Li ène médame.

251.                  Li ène lespri zaco.

252.                  Dé glissère.

253.                  Na pas toi sansie qui pour boire mo disan.

254.                  Ene metère dimiel. Mo na pas mouce pour ou mète di miel ec moi.

255.                  Ene bon bougue.

256.                  To va vine serce dilo dans mo la cour.

257.                  Li pour passe en bas to néné.

258.                  Alle dimande la case mon père.

259.                  Li souqué. Li amère.

260.                  Ça pour toi, ça pour moi.

261.                  Coman cancarla ène derrière l'autre.

262.                  Li ène mète dans manzé boire.

263.                  Li fine vergue.

264.                  Li fine gagne so pile. Zote fine caresse li.

265.                  Calebasse vide, li sec dans la case.

266.                  Débrouille ène cari.

267.                  Na pas guète zozo par so plime. / Vente zaco blé mé li na pas pouri.

268.                  Zafère pour sale.

269.                  Li près pour monte lao tablète.

270.                  Lastique ène dimoune.

271.                  Li ène gros feille.

272.                  Li éna ène zanre gobère.

273.                  Li dans zanre Marani.

274.                  Li file dans vavangue.

275.                  Misère coman rosse.

276.                  Mariaze na pas pariaze.

277.                  Mousse zone fine pique li.

278.                  Na pas capabe tire dilo dans rosse.

279.                  Guète bien ou zafère.

280.                  Mo pas capabe guète li.

281.                  Zamé li amère.

282.                  Piti couto coupe gros ziromon.

283.                  Li vilain coman lipou.

284.                  So la langue éna di miel.

285.                  Bon cozé na pas coute sère.

286.                  La langue na pas lézo.

287.                  Grand prométère pti donnère.

288.                  Mo pa ti manque li.

289.                  Na pa éna catéra la dans.

290.                  Na pa vande dizef dans vante poule.

291.                  Mo pa èna ène piman.

292.                  Tape dans zanre pintade.

293.                  Li macotte.

294.                  Li fine tape dans la terre dire.

295.                  Ene malin bougue. Ene couto.

296.                  Di mal na pas èna l'odère.

297.                  Na pli lé temps margoze.

298.                  Li dans la maille.

299.                  Ene lote zistoire.

300.                  Li colle èque moi.

301.                  Li cone boufé.

302.                  Paleto désiré mais bon tapeur.

303.                  Na pas ti bisoin embrace so li pié.

304.                  Gobe mousse.

305.                  Bon bagoutère.

306.                  Li pour dansé.

307.                  Mo va carèsse toi.

308.                  Çacaine so badinaze.

309.                  Mète di luile dans la lampe. Coze anglé.

310.                  Li fou fou.

311.                  Ene manzère pti zanfans.

312.                  Pierre à l'uile avec razoire.

313.                  Nous na pli reste vis-à-vis.

314.                  Pas capabe avale Piterbote.

315.                  Acote pran là, ça pour li sa !

316.                  So di san touzour bouï.

317.                  Bingali cone la cole.

318.                  Patate capabe remplace manioc.

319.                  Zistoire mari ec fame.

320.                  Fouqué crié lao la caze.

321.                  Saplé dans la main, venzance dans lé kère.

322.                  Li ène zangarna.

323.                  Vante avan bon Dié.

324.                  Poze zéro, rétien tout.

325.                  Ça caine guète so li zié.

326.                  Coman cone gou cari si na pa gouté?

327.                  Piti timbalo manze dizef.

328.                  Na pas guète zozo par so plime.

329.                  Batté rendé zamé fère mal.

330.                  Li coman la cayane ; li na pli passé.

331.                  Piman piti mais li rende service.

332.                  Ou pas capabe contente ou fame ec ou belle mère.

333.                  Nous va zoine en zour. Tou manière nou va zoine.

334.                  Li croire li ène colonne.

335.                  Li soule so bontemps. Li manque la gale pour graté.

336.                  Li dans la maille. Léquère en bas roce li dans la tangaze.

337.                  Zanfans misère na pas éna zoreille.

338.                  Crace en lère tombe la haut nénez.

339.                  La graine allelouya.

340.                  Ene sainte Nana.

341.                  Quand ou va marié mo va monte vou la cousine.

342.                  La paille na pas passé.

343.                  Fine casse en fin. Fine vande so coçon.

344.                  Moustique piti, mais lère li çanté ou zoreye plein.

345.                  Fère lé crainte.

346.                  Li quème quème.

347.                  Na pas éna ène pistace.

348.                  Zacot na pas guète so la qué, li guéte pour so camrade.

349.                  Batté randé.

350.                  Zette fine désabille li.

351.                  Çacaine so tour.

352.                  Ene la raie.

353.                  Rode li pou.

354.                  Na pas brouille la boue.

355.                  Li pas manze so la boëte là.

356.                  Quand fine boire dilo Grandrivière blié camrade. / Li lève la qué.

357.                  Mo va tire so di fil.

358.                  Aspère iève dans marmite avan cosé.

359.                  Li amène la vie.

360.                  Zot fin brouille cari. Fine casse cordon.

361.                  Zot naze en grand.

362.                  Casse la caze.

363.                  Emballe li.

364.                  Fère cado.

365.                  Manze en bas en bas.

366.                  Boire tandis la fontaine coulé.

367.                  Li cone so ladition.

368.                  Li fine maillé.

369.                  Vantar coman trouloulou.

370.                  Vantar èque paletot camrade.

371.                  Quan poule va pouce lédent. Dimance rouze.

372.                  Amisé avant nous mort.

373.                  Li sape loin.

374.                  Bon bagout çape lavie.

375.                  Bagasse boucou flangourin pti guine.

376.                  Ça pour toi, ça pour moi.

377.                  Fo cone bien biter.

378.                  Doucement na pas empèce arriver.

379.                  Nou va zoine. Moi bite èque li.

380.                  Quand la viande salée fini, bizen manze zambon.

381.                  Li pas bon pour tate poule.

382.                  Mette di luile dans la lampe. Cose anglé.

383.                  Patience guéri la gale.

384.                  A force sicané mousse piqué.

385.                  La misère na pa ène vice mé li ène famé clou.

386.                  Mo fine bourlé.

387.                  Souqué. Li souqué. Li èn flère.

388.                  Brouille dilo pour fère la boue.

389.                  Zète grand la seine pour pran candioc.

390.                  La mare moque la boue.

391.                  Piti timbalo manze di zèfe.

392.                  Guête bon Dié travers. Li guête bord la mer.

393.                  Comance macote.

394.                  Ene coco. Ene grand dilo.

395.                  Zan marie bête-bête.

396.                  Li apé file èque toi.

397.                  Pique sousouna.

398.                  Sape dans marmite tombe dans difé.

399.                  Ça qui tini poëlon qui cone so prix la gresse.

400.                  Na pas capav montré vié zacot fère grimace.

401.                  La masse tape touzours lao lenclime.

402.                  Li fine avale la qué çate.

403.                  Li fine glissé.

404.                  Na pas bisoin soufflé diffé enbas marmite qui na pas pour ou.

405.                  Na pas éna macatia raci qui na pas trouve so fromaze.

406.                  Fère touc-touc.

407.                  Ene piquant raquette.

408.                  Dans vié marmite fère bon la soupe.

409.                  Fine dérobe li.

410.                  Fine bisoin tombé.

411.                  Bourré. (vulgaire)

412.                  Ene piti bon Dié.

413.                  Batte la main zamé rendé.

414.                  Batté rendé.

415.                  Bon bagout çape la vie.

416.                  Çouval na pas marcé avec bourique.

417.                  Sac vide pas capave tini diboute.

418.                  Grand prométère, piti donnère. / La langue na pas lézo.

419.                  Rode cozé. Rode la bousse.

420.                  Quand la mort vini ou pense ou la vie.

421.                  Ene rise jockey.

422.                  Mo pas pi èna divan derrière.

423.                  Diabe dans filao. Guête ou zafère.

424.                  Serman carcassaille.

425.                  Si lé ciel tombé tout mouce va maillé.

426.                  Azourdi tout marmite diboute lao difé.

427.                  Couto moussana.

428.                  Coude pié na pas empèce coude corne.

429.                  Ene zafêre pavillon baton brède.

430.                  Dance temps nous ti garde mouton. / Dance temps qui bèfe ti çouval.

431.                  Li fère so la gazette, li amène li partout.

432.                  Moulin vapère fine touye moulin di vent.

433.                  Çate boire di luile enbas la tabe.

434.                  Fouille batate avec nénez.

435.                  Quan vante crié zorèyes sourdes.

436.                  Fère touc-touc.

437.                  Na pas toi sansie qui pour boire mo diçan.

</CM>

</BODY>

 

 

 


 

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auteur=1920_leoville_l'homme

</HEAD>

 

<BODY>

 

1920 Leoville L'Homme 

 

<CM>ZOZEF ZAN</CM>

 

Ce texte inédit écrit au crayon au verso d'un poème semble être le seul poème écrit en créole par Léoville l'Homme. Il ne nous a pas été possible de dater avec précision ce texte.

 <CM>

Zozef Zan, n'a pas faire to malin,

Mo fine comprend qui to oulé.

To prend moi pour ène ti fille la vie.

Missié Zozef, n'a pas faire lé fanor !

N'a pas croire qui to pipengaille

Qui pou file la-haut mo tonnelle.

 

Toë'ne [sic To ë'ne] vagabond, n'espèce milate,

Si to marié, to famme à misère.

To fer vantar parce qui to la peau

Couler goyave quand li fine mir.

Mo préfère Zamor quand même'li notr.

Avlà ène zhomme, li, li travaille

 

Quand même so civé pas bien droite,

So lé bras fort, so lé quér bon,

Si nous gagne pitit, au moins so vente

N'a pas pou reste sans manzer.

Li a donn' moi rob', quand même zaconat,

N'a rien, mais moi va content li !

 

Li a content moi. Pou nourri moi,

Li a capav travaille bourloque.

Quand li a rentré à soir,

Mo li quer va manze, manze li,

Tellement mo content li.

Zozef Zan, to pipengaille

N'a pas pou file lé haut mo tonnelle

 </CM>

 

 

Sources : Archives presonnelles de M. Daniel L'HOMME

Cité in R. Furlong : « Léoville L'Homme : monographie », Mémoire de Maîtrise, UER Nice 74.

 

</BODY>


 

<HEAD>

auteur=1925_soulsobontemps_1925

</HEAD>

 

<BODY>

 

1925 Soulsobontemps

 

PHILOGENE SOULSOBONTEMPS

 <CM>

ZISTOIRE TRÉSOR

 

BONNE FEMME MAGON

 </CM>

 

IMPRIMERIE GRANDPORIENNE

Bois des Amourettes

Vieux-Grand-Port

ILE MAURICE

1925

 

 <CM>

            Ena quique fois vingt, trente bananées dans bois dans bois, paraze vié Grand Port, eine vié bonne femme té resté : dimounde té appelle li : « Bonne femme Magon ». Li ti tellement vié qui tout so la peau ti frisée comment eine bringelle sec la haut pied, et li ti casse en deix zisqu'à qui so nénez ti touce so zénouz.

            Bane blancs qui vine promener vié Grand Port, saison d'hiver, pour guette place à côte français longtemps ti pette anglais, toujours ti alle rode bonne femme là pour faire li causé, parcé qui l'heire bataille l'île la Passe maman Magon ti eine p'tit fille douze ans et ti fine tourve bateau anglais couler.

            Boucoup dimounde ti prétend bonne femme Magon ti eine sourcier et qui, à soir, dans grands marées noires, li té alle faire so loup-garou ; mais vous connais ena des zences content blague blagué et souvente fois fini bonavini répitation bon bon dimounde ; bonhomme papa touzours té dire moi qui ça vié grand manman là té eine grand dimounde, qui li ti conne eine bane médecines pour la fièvre, tambave p'tits zenfants, toussé, dyssenterie, tout çà là. Bonne femme là ti alle rode souvent, paraze cimitière, toutes sorte qualités l'heirbe pour li ranze so médecines ; çà même dimounde té dire li eine sourcier.

            L'heire mo té pitit, touzours nous ti respect bonne femme Magon ; quand nous zouinde li or cimin nous té crié li : « Bonsoir grand manman. » - « Bonzoir zenfants. » - Mais dépis tout çà bane mozambiques là alle l'école, dépis l'auto fine vine partout dans paye Maurice, zenfants à c't'heire n'a pis comment longtemps ; zote fou pas mal ave tout, zote n'a pis écoute aucaine causé grand noir, zote fronté comment sais pas qui ci-çà, zote n'a pas respect n'a rien !

            Bonne femme Magon ti bien vié, la rente eine bon blanc ti faire li té fine arrêtée, blanc là té fine mort ; li té fine vine misère misère, comment lé rat misqué qui n'a pas gagne eine trou pour rester. Faitaze so vié lacaze ti fine allé dans eine coup de vent ; so mirailles ti fine casse, cassées, té gagne eine bane trous à côte zenfants mal élevés ti alle guette li à soir pour zote hisse so la corde.

            Bonne femme ti sipporte so malheir ; zamais li ti plaigné, zamais li ti dimande eine cace personne. Mais plis li allait, plis so misère té grand ; so robe ti en cerpie ; so sal té fine vert-gomon, dicire diciré ; so gros pouces li piés ti riés par so trous savates.

            Personne n'a plis té dire li bonzour ; personne té çagrin li, zenfants cicane cicane li, envoye li coup de la peau banane, personne n'a pas dire n'a rien. Qui qualité lé temps nous vive, oui-va !

            Dans village Trois Seirs, quatre mille distance Vié Grand Port, ti éna eine zeine garçon appelle : Iderce ; ti eine fin pécheir, eine travailleir, eine garçon bien droite. Li té content eine p'tit milatresse-zaune-d'or qui té appelle : Cécily ; fille patron eine côtier tablissement Rice-en-Eau, qui té reste la Ville Noire à côte grand pont m'sié Lézize. Mamzelle là oussi ti bien content Iderce, mais so papa té vantard et plein l'ambition parcé qui so fille ti gagne la peau couleir mangue mire, et civés comment femme malbare ; et pis parcé qui li ti gagne morceaux cannes or eine p'tit carreau la terre m'sié Dalais ti fine donne li. Çà, eine faille pécheir n'a rien di tout ! eine vacabond ! zamais li va vine to missié ; to va madame eine firmier ou bien eine colombe bitation ! » Cécily ploré, mais qui li pour faire.

             Temps en temps Iderce ti zouinde li zours bazar Mahébourg ; ou bien la case eine famie qui té faire danser ; mais quand bonhomme Mélysée ti tourve zote ensemble, li té quimé, et, à soir, li ti faire grand tapaze dans so la caze. Li n'a pas ti osé dire n'a rien Iderce parcé qui garçon là té eine bel noir capable fou li eine mauvais baté ; mais li ti lingue li bonavini si li ti tourve li mazine Iderce.

            Garçon là ti gagne l'amour propre. Li maziné : faudrait mo gagne eine bon place par là ; li rodé, mais aucaine l'ouvraze capabe faire so zaffaire, nèque p'tit p'tit place : commis-caca ou bien garde-la-police… ça la n'a pas oulé !

            Eine zour, comment Iderce passe à côté vié Grand Port, li tende eine tintamarre or cimin ; qui li tourvé : Bonne femme Magon fine renversée or la route, zenfants entoure li ein pé crié : « Li fine soûe ! li fine soûe ! à nous fou li dans la mer ! » Pôve bonne femme là ti gagne eine tourdissement, li ti fine tombée ; bane mauvais zenfants ti croire li fine boire parce qui zote ti fine tourve li sourtie la boutique cinois, à côte li ti fine alle rode so deix trois commissions pour li couit so manzé ; zote ti fine race so tente ave li, ti fine fane tout so douriz, tout so lentis par terre, zote ti ein pé prend li par so li pieds pour alle zette li dans la mer.

            Iderce tourve ça, Manman ! eine colère lève ave li : li tire so sangue, li saute or zenfants là, li pette zotte, li faire zotte fané, n'a pis eine tout seil or cimin. Li lève pôve bonne femme ti fine vire caille, li prend li dans so les bras, li amène li dans so pôve vié la caze ; li acété ein pé rhum, li frotte li, li faire li boire morceau, zisqu'à li fine révini. Li reste à côte bonne femme là-dans, mette li dormi. Voilà l'heire li pour aller, bonne femme appelle li, dire li coume çà : «  Ecouté, Iderce, to eine bon zenfant, to tout seil fine pitié moi ; dépis défint misié Fadeille, personne n'a pi guette moi ; Père même ave sembe maseirs n'a pas plis prend moi compte plisse qui eine roce dans milieix la mer : eine bane créoles ti ein pé causer en bas la boutique cinois, eine tout seil n'a pas fine lévé pour pousse ça bane vauriens fine zette moi par terre. Bon Dié va pini zote, Bon Dié va béni toi ! Mais, quand même mo misère, mo capabe bien récompense toi : size là, écoute mo causé : Mo connais to content Cécily, Cécily content toi : mo connais so papa n'a pas v'lé zote marier parce qui li trop l'ambition ; si to ti gagne deix trois caces, sire li ti va vine rode toi pour so Mamzelle… Pôve bonne Femme Magon n'a pas lé sou, mais li conne boucoup quique çoses, si to capabe promette moi amarre to la langue, et si to éna lé queir, mo pour dire toi qui manière to pour capable gagne la monnaie dé quoi aceter bonhomme Mélysée, ave so la caze, so beifs, so cannes, so Mamzelle. To capabe ? To promette ? »

            Iderce réponde : « Oui grand manman, causez ! »

            - « Acoute moi bien, lé temps défint bonhomme Magon, li té matelot bord corvette eine fameix capitaine qui té appelle Capitaine Montvert : çà capitaine Montvert là ti eine noir n'a pas badiné, li même ti plis baise baise anglais l'heire la guerre dans l'Inde. Quique fois trois mois avant la prise dé l'île, li ti fine tace dans fesses eine gros bateau anglais zisqu'à anglais là baisse so pavillon ; capitaine Montvert monte à bord, faire descende tout dimounde dans canotes, prend zote prisonniers  or so bateau, après li mette diffé dans bateau anglais faire li sauter comment bouçon çopine soda. Mais, avant ça, li ti fine rente assembe Magon dans cabine çà capitaine anglais, et té fine prend eine coffe fer té plein sembe pièces l'or. A soir l'heire la nouite noire, li té mouille en pleine mer divant l'île au Serpents ; touzours assembe Magon tout seil, li ti prend trésor anglais là ave zote dans eine canote, et tous les deix té alle débarque or çà l'illote là. Magon ti raconte - moi té bien difficile pour descend à terre, et qui zamais personne té va maziner dimounde té capabe débarque là ; faudrait té gagne lé queir comment capitaine Montvert. Ça brave capitaine là ti conne eine caciette à côte longtemps banes pirates ti mette zotte trésors : ça ti eine caverne à côte la mer té touzours entré comment eine tirbouillon : mais l'heire marée l'équinoxe la mer ti alle loin, dimounde alorsse té capabe entre dans ça caverne là. Ça ti tombe ziste ça jour là, dans mois septembre, ena cent ans. Zotte tous les deix çarrié ça coffe fer là, zotte entré dans fond caverne, zotte lève coffe, zotte mette li dans eine grand trou en l'air dans roce à côte la mer zamais té capabe monter dans plis gros lé temps. Mais l'heire zotte ti pour sourti, la mer ti fine rémontée, zotte ti manque morts tous les deix.

            L'heire commandant té tourve ça li té dire sembe Magon : « Faudrait pas mo tire eine plan ! » Li ti calquilé, li ti misiré, li ti marce marcé, eine coup li dire Magon : « Caciette trésor là, doite ziste ici ; alle çasse l'ancre qui tini canotte, amène li ici pour nous capabe gagne eine marque : to nèque canotte asembe ça badamier dans bord la mer, éna eine longue la corde nous fine aménée. » Magon écoute so commandement ; li amarre canotte asembe badamier, li amène l'ancre. Commandant prend l'ancre, li enfonce li ziste or place qui té marque trésor, li dire Magon : «Comme ça quand nous va oulé vine rode nous trésor, nous n'a pas besoin spère marée l'équinoxe qui nèque vine deix fois dans eine bananée ; nous nèque répère ça pied badamier bord la mer là, nous partis dreite divant li, nous compte quarante quatre pieds, nous va tombe là-haut l'ancre, nous va nèque fouillé, nous va zoinde trou dans caverne ; roce là-haut n'a pas bien épais.» Zotte tourne à bord corvette, commandant mette la voile, tourne au port pour répare so zavaries.

            V'là eine coup, dans mois décembre, anglais vini, zotte prend paye, Capitaine Montvert gagne l'ordre lé roi tourne vitement en France, té bisoin allé ; li té dire Magon, qui ti fine valide dans dernier bataille Trou-Fanfaron : « Mo allé, mais mo pour tourné dans eine banané, n'a pas cause personne zaffaire trésor. » Magon té mort l'année après : l'heire Père ti donne li confession, li ti dire moi ça sécret là pour mo capabe dire commandant Montvert tout en place si li tourne rode so trésor. Mais mo té tendé, longtemps après Magon fine mort, qui anglais ti fine touye so brave capitaine dans eine barraze la rivière là-bas en France. Zamais mo fine dire personne ça zaffaire là ; mais à c't'heire, commandant fine mort, zamais personne so famie fine tourné, trésor là pour perdi pour tout dimounde, plis vaut mieux mo faire to profiter, parcé qui to eine garçon bon lé queir et bien honnète. »

            Iderce fine gaga, li coute bonne femme Magon causé ; li dimande li questions. Lendemain, avant soleil lévé, li prend so pénice, li çarze biscouits, conserves la viande, posson salé, tout ça là : li amène la pince, piquant-pioce, pétard la mine ; li largue la voile sans dire n'a rien personne, li allé !

            Li voyazé cinq jours ; di vents té contraires. L'heire arrive ça l'Ilotte Serpents là, ça qui eine tablatire pour débarquer : la houle tape or roces dans bord comment dire or brizants ; Iderce mazine manque couraze : « Eh zote là ! zences longtemps là ti éna lé queir oui ! »

            Enfin, encore ene coup de couraze, li sauté ; la mer passe or li, fouette li or roces, dicire so la viande ; li tiombo, li n'a pas largue la corde so pénice, li maille avec sambe roces, li hissé ; encore eine gros la houle vini, lève li ave so pénice, zette li or l'illote ; pénice défoncée, tous so commissions trempées ; mais n'a rien, li fine débarqué, li capabe dire : « Merci Bon Dié !» L'heire pour tourner li va guetté qui manière bisoin bouce trous dans pénice.

            Rode badamier à c't-heire ? N'a pi eine tout seil, pas eine so la grain ! Boursailles tout seils. Li marce partout, li rodé ; nèque lézards qui sauvé par tous côtés. Midi, soleil bourlé di l'eau coulé dans tout so lé corps, di l'eau pour boire n'a pas ! Li n'a pas ti fine mazine ça ! Comment li pour faire ? Li commence tracassé ! Rheisement à la fin li découvert eine qualité pit qui ti comment dire capabe gagne deix trois bariques di l'eau. Iderce boire.

            Quinze zours passé, Iderce n'a pas fine tourve aucaine trésor ; li zoure Manman Magon ; li maziné li pour mort or ça l'illotte là ; biscouits fine fini, di l'eau ein pé sec dans pit. Grand merci li fine amène so la ligne, li capabe la pèce ein pé posson, li faire grillé, li manzé ; mais la fièvre pette li : so la force ein pé aller !

            Eine coup li maziné touzours Cécily té dire li faire eine la prière Sainte-Rita quand li bisoin eine grand quiqueçose. Li tombe à zénoux, li faire eine bon la prière ça sainte là… qui vous croire ? Eine coup, comment li faire so dernier signe la croix, eine zozo paille-en-queie sourtit dans eine trou roce en bas l'herbe, li envole eine drôle qualité manière, ave eine drôle qualité crié, li fonde dans ciel. Touzours Iderce ti maziné ça zozo paille-en-queie là ti nèque Saint-Esprit même-ça !

            Iderce guette dans ça trou là… li tourve bague ça l'ancre bonne femme Magon té dire. « Bonne femme là té connaît oui ! » La force Iderce tournée ; li prend piquant-pioce, li attrape la pince : toc ! toc ! bing ! bangue ! la piqué, li fouillé, li mette eine coup dynamite : « La mine, oh ! … bigoud … baouw ! » Zozos sauvés tous côtés ! Roces fané dans lé ciel ! Encore eine coup de la pince, v'là la terre grène eine coup, découvert eine grand trou. Iderce allime eine la bouzie, amarre la corde dans so lé reins, li discende dans trou.

            Li n'a pas bisoin alle bien fond pour li tappe ave ça coffe fer bonhomme Montvert là. Li amarre li bien sembe la corde, li rémonte en l'air, li hissé. V`là coffe l` or l'herbe. Deix coups de la pince, coffe ouvert, pièces l'or fané comment caca milet là-haut port. Liziés Iderce mani mani, li mazine li pour vine fou !

            « A nous çarze pénice garçon ! » Coffe fine bien amarré dans fond pénice ;  trous fine boucés ; mais qui manière pour mette pénice là dans la mer, encore comment li lourd là, sirement la houle ça crase li eine là haut roces. Iderce maziné, faire encore eine p'tit Salie-Marie, Sainte-Rita, Saint-Esprit tourve ave li : li gagne deix trois pétards la mine encore ; li fouille bane trous dans roce à côte l'illotte plis basse, li mette la mine, li allimé : « Baouw ! » Eine gros morceau roce tombe dans la mer, v'là eine petit la rade Iderce fine taille dans l'illotte : li hisse so pénice, li poussé, pénice entre eine coup dans dé l'eau, ballotté ; Iderce saute dans bateau, pousse roce ave la fouine, appiyé, bateau sourtit dans trou, prend la houle, zeine homme largue la voile, voilà li allé !

            Mais qui misère li passé : Pénice faire dé l'eau, tout lé temps li bisoin tirer vider ave sembe coco. L'heire à soir, li aborde la Pointe Piments : li hisse so pénice or di sabe, li alle la boutique çinois, li acété commissions, li boire eine bon bouteille di vin, li rémonte dans son bateau sans personne tourve li, li allé. Plances bateau fine gonflées ave dé l'eau de mer, zote n'a plis secs, di l'eau n'a pi entré. Bon vent derrière, trois zours après, dans la nouite, li ti tourne dans so mouillaze, Trois-Seirs.

            Iderce débarque so trésor, cacié li bien dans so la caze, grand matin, l'heire coq çanté, li courri la caze bonne femme Magon Vié Grand Port.

            Bonne femme Magon bien content tourve li, bien content tendé li fine gagne trésor ; mais li dire li malheir fine arrivé lé temps li n'a pas là.

            Cécilly fine ploré, croire li fine coulé en dehors ; personne n'a pas conné à côte li fine allé ! V'là après eine sémaine, zour banané cinois, plein cinois fine vine promené dans l'auto Mahébourg. Maître eine grand la boutique cinois Rose Belle, fine tourve Cécilly comment li passe la Ville Noire, li fine content li, li fine dimande so Papa ; bonhomme Mélysée connaît  cinois là éna boucoup la monnaie, li accepté ; Cécilly ploré, li n'a pas oulé, so papa batte li, force li.

            P'tit fille là alle plaine ave semble m'sié l'abbé ; mais m'sié l'abbé qui fine baptise ça cinois là, et qui content li parce qui tous les bananés li envoye li eine bane commissions ave l'arzent pour so les pauvres, m'sié l'abbé criye ave ça p'tit fille là dans confessionnal, dire li li bisoin écoute so papa, marié ave sembe ça cinois Rose Belle : « Cinois bon maris » li dire li.

            P'tit fille ploré : li mazine Iderce ; mais li croire Iderce fine mort, qui li pour faire ? Li bisoin bossé, li bisoin accepté.

V'là Iderce vini ziste zour mariage ! ça qui eine zaffaire mo dire vous !

            Iderce emmerdé, aprle li pour alle touye cinois. Bonne femme Magon calmé li, li maziné, et pis li dire li :

            « Ecouté garçon : Mariaze la police eine heire ; mariaze l'église deix heires. To n'a pas éna lé temps pour perdi, ta l'heire sept heires. Faudrait empèce mariaze là faire zourdi. Faire eine manière alle la case Mélysée, to va dire to vine faire compliment la mariée : to alle là-bas l'heire dézeiner, zotte va bisoin invite toi ; arranze to zaffaire to zette deix trois pinces la poude mo pour donne toi là, dans manzé cinois. »

            Bonne femme Magon donne li eine la poude : Iderce allé.

            Dix heire li tape la porte la caze Mélysée ; bonhomme ouvert, li saisi ; Cécilly mazine perdi so la vie ! Iderce batte batte liziés assembe li, p'tit fille comprend, li reste crainte.

            « Mo ti alle travaille à côte M'sié Lincoln, P'tit Cap ; v'là eine coup mo tendé vous pour marié, Mamzelle Cécilly, mo fine oulé faire vous compliment et boire vous la santé ave la santé vous missié cinois. »

            Mélysée n'a pas manze ça la bouette là ; li fine tourve Iderce signale so p'tit fille ; mais cinois là qui couyon couyon comment tout bane cinois, nèque rié ; li casse paquets di bois sembe Iderce, li faire li rentré, li dire li :

            « Ça ous éna raison, ça Missié ! zourdi tout dimounde content, bisoin ous oussi vous content, ous dez'né assembe pou nous, bon di vin, bon bon la liqueir, mo donné pou ous. »

            Iderce tape matelot ave cinois.

            « A côté pour vous mo oulé sizé, missié cinois, mo même pour donne vous boire. »

 

Cinois content li, li rié, Iderce size côte li a table ; li faire farces, li faire cinois boire boire. Eine coup, comment personne n'a pas guette li, li zette la poude bonne femme Magon dans manzé cinois. Compère n'a pas tourvé, li manzé, li balié so l'assiette zisqu'à dernier grain douriz. Zotte manze gâteaux, zotte boire café, zotte boire la liqueir, zote fime bel bel sirouttes comment bane blancs travaillent la banque.

            Eine coup, cinois faire eine vilain qualité grimace : li bouze bouzé or so çaise comment dire pices montent assembe li : Cécilly qui size à côte li tende comment dire eine bane di l'eau ein pé brouillé dans so vente ; eine l'odeir ous - a - tendé lévé, casse nénez dimounde !… Camila n'a plis capabe tini, li lévé, li galouppe dans la cour, li rode p'tit la caze, li foncé, mais li n'a pas gagne lé temps tiré so linze, li largue tout so malpropre sans so quilotte. Ça qui appelle eine caca-la-chaux ça ! Cinois gueilé, comment dire piment mire écrasé qui sourtit par so trou maye. Li crié :

            «  O sicours ! o sicours ! eh ! eh ! appelé doumoune ! Mo caca di l'eau diffé don, mo mami ! Eh ! Eh ! Aïo ! Aïo ! locataire, locataire, appelé ça pour moi beau-père… ça pour moi madame… aïo… aïo !… »

            Locataire dans la cour, zences dans dépendances, tendent ça, zotte fou eine rié ! Mais cinois là si tant gueilé à la fin zotte alle rode bonhomme Mélysée.

            La porte crocée en d'dans ; cinois fine faible comment eine zairignée fine tire so di fil, li n'a pas même gagne la force ouvert ; bisoin prend eine longue couteau la cousine, faire saute crocet.

            Qui mo pour dire vous… Cinois ? li dans trou… baigné dans so malpropre ! So liziés fine dans zenre boutonnière faux-col canzé, so la voix né pi sourtit :

            « Beau-père… beau-père… ça mo pour mort… ça caca trop boucoup… appelé doquitaire… doquitaire… »

            Papa Mélysée bourre la pharmacie Missié Dégaye ; tous zinvités fine entoure latrine à côte ça pauvre cinois là ein pé pirzé comment dire li fine avale deix bouteilles dé l'houile boire.

             Pendant ça lé temps, Iderce raconte Cécilly tout so zistoire trésor ; zotte sauvé par eine p'tit la rie, zotte saute dans eine l'auto, zotte fou moi le camp… Souillac !

            M'sié Dégaye té donne eine fameix médecine. Cinois n'a pas té mort, mais ça ti eine zaffaire pour tire li dans ça p'tit la caze là… et mo prie vous croire qui malbare m'sié Maingard ti bien gagne so lazournée quand lendimain li fine passe là dans ave so balié !

            Pauvre cinois, bisoin mette li tout ni comment so manman ti faire li, amène li dans la çambe bain ; zette séaux di l'eau là-haut so lé corps ; frotte li ave savon baigne liciens, ave di l'eau cologne, mais li ti reste senti pi quand même.

            Enfin, li rente dans eine vié costime bonhomme Mélysée : costime trop grand pour li, faire mazine ça soldats qui rentent dans la coques bigorneaux.

            « Eh ! qui côté mo Madame ? Fini tard ! fini tard ! Cécilly à côte pour ous ?… à nous aller l'église hein ! »

            Rode Cécilly ! li fine fonde ! Tout dimounde tracassé, tonnés mais eine forzeron Beau Vallon nèque rié, li dire cinois :

            « Qui vous bisoin tracassé, don, compère ! Cécilly fine fou moi le camp assembe Iderce dans l'auto ! zotte loin à c't'heire ! Alle rodé à côté ? »

            Bonhomme Mélysée fou en qualité emmerdé… li zouré ! Cinois tellement fou, li recommence faire dans so linze, li nèque dire :

            « Guetté ça djan foutte ! Pour moi li donné boire ! ça même pour moi li donné manzé ! li même faire moi caca ! caca ! ça pour moi dans latrine mos tripes, mo caca, pour moi madame dans l'auto li coquin ! Beau-père ! beau-père ! allé çassé la Police don ! »

            Mélysée tourne so colère sembe cinois :

            « Espèce faye cinois, vous - même la cause ! Vous même fine engaze li dans mo la case ! tant pis pour vous ! Alle caca !… »

            N'a pas té bisoin dire cinois deix fois, li nèque bourré dans fond la cour ; capabe tende li crié dans privé :

            « Locataire ! locataire ! allé cercé doquitaire don mon ami ! qui to rié ? cramouade gagné di mal to rié ! coçon ! malappris ! djanfoute ! »

            Lé temps là, deix zamoureix té fine arrive Souillac. Zotte alle la case bonhomme Adophe, eine tonton Iderce, qui té fèque tourne Zambèse à côte li té fine travaille houillère or eine tablissemment là-bas.

            Bonhomme Adophe bien content tende tout ça zaffaire là. Li embrasse Iderce. Zotte tous les trois neque rié l’heire zotte mazine cinois qui zotte fine laisse malade comment eine bébète, fermé dans privé.

            Lendimain, bonhomme Adophe alle tourve Mélysée Mahébourg :

            « Ecouté, Mélysée, mo fine gagne eine bon paquet l'arzent l'aute paye : mo donne vingt cinq mille piastes, là banque mo neveix Iderce, to vlé donne li to Mamzelle ? »

            L'heire papa Mélysée tende parle 25.000 piastes, li gaga :

            « Sire mo bien content marié mo fille sembe Iderce ! Grand merci li fine donne la fouarre ça faye cinois là ! A nous boire eine grog santé nous zenfants ! A côte zotte ? »

 

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            Eine mois après, zotte fouette eine la noce Mahébourg, mo dire vous ! Casse la case !

            Bonne femme Magon, bien habillée dans eine belle robe la soie noire, té donne lé bras Iderce pour condire li l'autel. Tout dimounde zotte guette li, zotte bien camis !

              Tous banes créoles Grand Port dépis P'tit Sabe zisqu'à Bois d'Oiseaux té fine invités.

            Cinois Rose Belle tout seil n'a pas té là ; quique fois so vente n'a pas té fine encore bien.

            Après zotte premier feillaze, zeines mariés ti allent reste dans eine belle la case, villaze Trois-Seirs ; Iderce té fine aceté eine bon morceau la terre, mais li té aceté, oussi eine fameix bateau qui touzours, dépis té gagne régates Mahébourg.

            Comment li té eine bon garçon, li té fine prend bonne femme Magon ave zotte et fine soigne li bien comme il faut, comment zotte vié grand manman, zisqu'à ce qui bonne femme passe boute.

-        Aïo ! mon blanc ! li tard oui ! guette à soir fine vini, mo ein pé blagué coume ça !… Marie Zane tà l'heire va prend ave moi si mo n'a pas amène so commissions pour li couit mous manzer…

Bonsoir Missié ! Bonsoir Madame ! Bonsoir p'tits Mamzelles !

 </CM>

 

PHILOGENE SOULSOBONTEMPS

 

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auteur=1929_L'Essor_15_novembre_1929

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1929 L'Essor              No 121, 15 novembre 1929

 

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FOLK-LORE

 

POU' ZÉNIE

 

Qui to oulé ? qui éna ? qui faire ?

En bas pied mangue to vine cizsé ?

N'a péna zour, n'a péna l'hère

Mo zoreille tende to causé.

 

Ena l'aut' place à côte mam'zelles

Are zènes gens rié, dansé :

Moan, mo la case touzours tout sèle,

Assemb moan qui to vine sassé ?

 

Na péna l'arzent dans mo poce,

Mo lipieds pas conne mette souliers,

Mo néné plate, mo civés brosse,

Qui faire are moan to batte liziés ?

 

Pas bizin tracasse mo la vie,

Assez pointères dans grand cimin !

Sourte divant moan, Mam'zelle Zénie,

Zozo bulbul pa' oquipe martin.

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POLYTE G.

 

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